22 août 2022 – 80 ans après son exécution au stand de tir de Balard à Paris par les Allemands, poignant hommage à notre camarade résistant communiste brestois Carlo de Bortoli au cimetière de Kerfautras à Brest

22 août 2022 – 80 ans après son exécution au stand de tir de Balard à Paris par les Allemands, poignant hommage à notre camarade résistant communiste brestois Carlo de Bortoli au cimetière de Kerfautras à Brest

80 ans après, au moment où les héritiers du fascisme et de la collaboration sont extrêmement forts en Italie et en France, le devoir de mémoire –
22 août 2022- cimetière de Kerfautras à Brest, en présence de plusieurs camarades du PCF et notamment de la section de Brest, de son secrétaire de section Jean-Paul Cam, secrétaire départemental du PCF, tout près de la tombe d’Édouard Mazé (« Un homme est mort » … L’ouvrier cégétiste tué lors de la répression de la manifestation du 17 avril 1950 par les gardes mobiles et les gendarmes qui avait fait en outre une vingtaine de blessés), très émouvant hommage à Carlo de Bortoli, résistant communiste brestois fusillé à 33 ans le 22 août 1942 par les Allemands au stand de tir de Balard dans le 15e arrondissement de Paris, après avoir été arrêté et torturé par la police française à Brest, « chargé » par elle en tant que militant communiste pris avec des tracts, emprisonné à la prison de Pontaniou de Brest et à Quimper, où sont venus le voir son épouse et ses enfants, puis à Fresnes, et un hommage aussi à sa femme, Aline de Bortoli, militante communiste elle aussi, qui résistait avec lui, et a continué à le faire après sa mort a Brest et dans les Côtes d’Armor, poursuivant ses engagements après guerre, notamment à la CGT, au PCF et à l’ANACR.
L’historien et chercheur Gildas Priol qui avait été a l’initiative de la cérémonie et de son organisation a introduit l’hommage en présentant le rôle des FTP et de l’OS du PCF au sein du tableau global de la résistance brestoise, qui avait de nombreux réseaux et composantes, suivi des enfants de Carlo et Aline de Bortoli, Sonia et Edgar, présents au côté des petits-enfants et arrière petits-enfants, et de Anne Friant Mendres, présidente de l’ANACR 29 et fille du résistant Jacob Mendres, ami et camarade de Carlo de Bortoli.
Eric Guellec, adjoint PCF de Brest, aux anciens combattants et cérémonies patriotiques, et Anne Friant, ont ensuite remis une gerbe de fleurs devant la tombe d’Edgar et d’Aline, décédée dans le pays bigouden, ainsi que Edgar et Sonia les enfants, devant le porte-drapeau de l’ANACR, Roger Berthelot.
Sonia, la fille de Carlo et Aline de Bortoli, a rappelé l’importance de se mobiliser aujourd’hui comme hier et demain pour la Paix.
Photos et commentaire Ismaël Dupont, secrétaire départemental du PCF Finistère, présent à la cérémonie pour rendre hommage à l’engagement dans la résistance de nos camarades Carlo et Aline de Bortoli.

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Pour en savoir plus sur Carlo de Bortoli, la notice de Gildas Priol: https://www.resistance-brest.net/article1108.html
Carlo (Charles) Antonio De Bortoli, émigré italien en 1925, est mosaïste à Paris. Il y rencontre une bretonne, Aline Morin qu’il épouse en 1931. Quelques années plus tard, la famille s’installe à Saint-Brieuc où naît leur fille Sonia en 1934. Toujours plus à l’ouest, on retrouve les De Bortoli à Brest en 1935. Ils s’installent à Lambézellec au 48 rue Jean Jaurès. Impliqué dans le militantisme, Carlo est l’un des responsables de l’Union Populaire Italienne (U.P.I) de Bretagne, qui regroupe les antifascistes transalpins. Il y rencontre Luigi Pezziga et tous deux adhèrent au Parti Communiste Français en 1936. L’année suivante, Carlo se spécialise dans les devantures et monuments funéraires. En 1938, il se rend au commissariat de Police de Lambézellec pour faire une demande de naturalisation et son second enfant, Edgard, voit le jour. Peu après la famille s’installe définitivement au 47 rue François Rivière. En 1939, il fait voter par les Italiens de l’U.L.P une motion où ils s’engagent à défendre la France contre toute attaque fasciste, y compris de l’Italie mussolinienne. A la déclaration de guerre, il souhaite incorporer l’armée française mais trop suspect, cela le lui est refusé.
Au lendemain de l’entrée des allemands à Brest, le 20 juin 1940, plusieurs réunions du P.C.F sont organisées à Brest. Carlo et Aline De Bortoli assistent à celle de chez les Goasguen, en présence de Raymonde et André Vadaine ainsi que Jules Lesven. Tous sont partants pour continuer le militantisme clandestin pour le parti. Au début 1941, il devient l’un des responsables du Triangle de direction du P.C.F pour le secteur du Bâtiment. Comme tous les français occupés, qui plus est dans le bâtiment, il est contraint de travailler pour l’occupant. Il participe cependant à la formation et à l’organisation de la résistance communiste parmi les ouvriers, avec Pierre Corre. Il intègre à sa création, l’Organisation Spéciale (O.S) au début 1941 et effectue des sabotages, notamment à l’École Navale où il est employé en février 1941. Carlo diffuse la presse clandestine du mouvement ainsi que les tracts. En mars 1941, il aurait participé avec Jules Lesven à l’immersion dans la rade de trois ou cinq corps de soldats allemands, abattus par l’O.S dans une embuscade au port de commerce.
Alors qu’il se rend chez Henri Moreau avec Yves Prigent, Charles Cadiou et Mathurin Le Gof, Carlo est arrêté le 28 avril 1942 par deux policiers brestois. Carlo subit un interrogatoire musclé par la police française qui tente de lui arracher des informations. Après quoi, il est livré à l’armée allemande avec ses camarades. Interné dans un premier temps à Pontaniou, il est traduit devant le Conseil de Guerre allemand de Brest. La déposition du policier français responsable de son arrestation accable Carlo qui était porteur d’une valise avec du papier destiné à l’imprimerie clandestine des communistes. De Bortoli, lucide sur son sort, endosse la responsabilité des divers actes de la résistance locale pour clore les enquêtes ou lever des soupçons. Il est alors condamné à mort le 14 mai 1942.
Il est ensuite interné à Quimper et Rennes, du 25 juin au 24 juillet, et enfin à Fresnes du 27 juin au 22 août 1942. Carlo De Bortoli est fusillé à Paris le 22 août 1942 au stand de tir de Balard dans le 15e arrondissement de Paris. Sa dépouille est jetée dans une fosse commune du cimetière parisien d’Ivry le jour même
. En 1948, son épouse fait rapatrier sa dépouille à Brest. Une cérémonie civile et militaire se déroule dans la chapelle ardente du cimetière de Saint-Martin avant qu’il soit inhumé, le 7 févier au cimetière de Kerfautras.
À titre posthume, pour son engagement dans la clandestinité, il reçoit la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile d’argent le 24 avril 1947 puis la médaille de la Résistance le 24 septembre 2014. En sa mémoire, une rue de Brest porte son nom depuis le 22 mars 1997.
La sépulture de Carlo De Bortoli se trouve dans le cimetière de Kerfautras à Brest
Publiée le mercredi 4 mars 2020, par Edgard De Bortoli, Gildas Priol, mise à jour vendredi 22 juillet 2022
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Aline de Bortoli:
Née le 15 juillet 1908 à Bréhand (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor), morte le 21 avril 2004 à Lesconil (Finistère) ; aide-soignante ; militante communiste, résistante FTPF, vice-présidence de l’ANACR du Finistère ; femme de fusillé.
Aline Morin naquit à Bréhand (Côtes-du-Nord), petit village situé entre Moncontour et Lamballe, de parents agriculteurs, Pierre Morin et Marie Glâtre. Le couple avait six enfants dont deux moururent en bas âge. Ses parents louaient leurs bras, lui tantôt pour tenir une petite ferme, tantôt comme cantonnier, ouvrier agricole ou docker au déchargement du charbon au port du Légué à Saint-Brieuc Sa mère se rendait souvent à Paris comme employée de maison.
En 1925, à dix-sept ans, pour aider ses parents à construire leur petite maison, Aline Morin monta à Paris rejoindre sa sœur Marie. Elles travaillaient toutes les deux dans les hôtels, les restaurants, les cliniques. En deux ans, la maison fut payée intégralement. Quatre ans après son arrivée dans la capitale, elle fit la connaissance de Carlo de Bortoli fils de paysans pauvres ayant cinq frères et sœurs. Il était venu à Paris à quinze ans avec son père Angelo, militant socialiste antifasciste italien, conseiller municipal « bousculé » et menacé par ses collègues car il ne saluait pas le portrait de Mussolini à la fin du Conseil municipal, emprisonné sous Mussolini pour ses idées, fuyant le régime fasciste et la misère pour faire vivre la famille restée au pays. Ils se marièrent le 23 mai 1931 à Paris VIIIe arr. et eurent deux enfants : Sonia le 8 décembre 1934 à Saint-Brieuc, et Edgard le 7 juillet 1938 à Brest. Le couple s’était installé en Bretagne, en septembre 1935 à Brest où Carlo travaillait comme artisan mosaïste-carreleur,
Ils militèrent dans de nombreuses organisations : l’Union Populaire Italienne, la Ligue des Droits de l’Homme, le Parti Communiste Français, le Secours Populaire Français, la CGT, la Ligue Antifasciste, le Comité Mondial pour la Paix, le Soutien de l’Enfance.
Elle entre au PCF en octobre 1939 alors qu’il vient d’être interdit par le gouvernement Daladier après avoir commencé à militer dans la solidarité avec l’Espagne Républicaine de 1936 à 1939.
Le 6 septembre 1939, Carlo tenta de s’engager dans l’Armée Française mais il fut refusé car il avait conservé sa nationalité italienne. Il liquida alors sa petite entreprise, redevint ouvrier pour être plus libre de ses mouvements.
Après la guerre éclair de mai-juin 1940, Aline et son mari entrèrent dans la Résistance. Leurs premières actions furent d’ empêcher les militants de rejoindre l’Angleterre, puis, plus tard, de convaincre les hommes de ne pas partir travailler en Allemagne.
Aline commença sa propagande de résistance par une distribution de tracts du PCF en juillet 1940, tract dénonçant la trahison du gouvernement Pétain à Vichy et la collusion du vieux maréchal avec l’occupant allemand et ses chefs nazis.
Aline De Bortoli se fit embaucher à l’Arsenal de Brest et Carlo à l’École navale, pour faire des sabotages. Aline animait des groupes de femmes, organisait des manifestations devant la mairie pour réclamer du pain, du beurre, de la viande pour les enfants, distribuait des tracts, parfois avec sa fille, à la sortie des cinéma, tracts dénonçant la collaboration. Elle hébergeait des responsables de la Résistance, dont Robert Ballanger, inter-régional du PCF pour la Bretagne, et Alain Le Lay, responsable régional quelques mois pour le Finistère, mort en déportation à Auschwitz, et assurait d’importantes liaisons entre les groupes FTP. Les réunions de femmes étaient de plus en plus réprimées
Carlo De Bortoli fut arrêté dans la rue le soir du 28 avril 1942, avec trois camarades alors qu’il portait une valise pleine de papier blanc pour imprimer les tracts du 1er mai. Carlo fut condamné à mort par un tribunal allemand sur les témoignages de policiers français, pour faits de Résistance et pour propagande communiste. Aline essaya de le faire évader, en vain. Le 22 août 1942, il a été fusillé au stand de tir place Balard, puis enterré au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine, dans le Carré des Fusillés.
Aline De Bortoli resta trois ans sans nouvelles de son mari, elle n’apprit son exécution qu’à la Libération.
Dans un premier temps, après l’arrestation de Carlo de Bortoli, Aline dût chercher du travail et en trouva à l’arsenal, près de la prison allemande de Pontaniou où était détenu son mari. Elle effectua là des sabotages de camions allemands par des coupures de pneus notamment. Elle tenta de faire évader son époux, et, selon Eugène Kerbaul, manquera de peu d’y réussir. Charles restera emprisonné à Pontaniou du 15 mai au 1er juillet 1942… (1918-1945, 1640 militants du Finistère, Dictionnaire biographique de militants ouvriers du Finistère élargi à des combattants de mouvements populaires de Résistance – Eugène Kerbaul)
Elle continua la lutte sous le pseudonyme de « Térésa » prénom de sa belle-mère et devint responsable du « Comité des Femmes Patriotes » de Brest, alors composé exclusivement de femmes communistes qui en avaient pris l’initiative. Elle continue sur ces périodes, jusqu’au 9 février 1943, d’importantes liaisons PCF-FTP, mais, devant la menace d’être arrêtée, elle se réfugia chez sa marraine, dans son village natal de Bréhand, en février 1943. La police allemande la recherchait à Saint-Brieuc, où vivait sa mère.
Elle y resta jusqu’en octobre 1945, travaillant dans les fermes pour vivre, poursuivant son activité comme agent de liaison entre les maquis FTP (Bréhal et Montoncour), leur fournissant des renseignements sur l’ennemi, du ravitaillement, des vêtements, diffusant tracts et journaux du PCF, du Front National de Libéation, et des FTP à la population. Son rôle était aussi d’aller chercher à pied et de raccompagner des résistants à la gare de Lamballe, à sept kilomètres et de nuit, et d’organiser des réunions clandestines de la Résistance.
A la Libération, Aline de Bortoli a le grade de adjudant F.T.P.
De retour à Brest, elle retrouva son appartement, intact malgré les ravages dus aux bombardements alliés sur la ville. Aline vécut de petits emplois jusqu’à ce qu’elle entre à l’hôpital Ponchelet de Brest comme employée d’abord puis ensuite comme aide-soignante. Elle fit le choix de ne pas se remarier pour se consacrer à ses enfants et ses activités militantes. En 1946, elle fit la connaissance de ses beaux-parents.
Elle devint responsable de l’Association Nationale des Familles de Fusillés et Massacrés de la Résistance pour le Finistère, à l’Union des Femmes Françaises, milita activement au syndicat CGT des Hospitaliers et à l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance – ANACR – dont elle était encore Vice-présidente jusqu’à son décès. Elle était « combattant volontaire de la Résistance ».
En 1950, elle s’installa à Lesconil où elle fit construire une petite maison, pour sa retraite et sa famille.
Son dernier combat, elle le mena pour le maintien du nom de Jean Moulin au fronton du Lycée Professionnel de Plouhinec.
Inhumée au cimetière de Lesconil le 24 avril 2004, Louis Le Pape lui rendit hommage en retraçant le parcours de sa vie militante.
Sources:
Maitron – Article de Annie Pennetier Pour citer cet article :=AT0WqUphvt-LMoOerSLr6VTQ-EfIJQNxwLk02JVcezgV7u4ETY9mSk3nsKivXQrEaOIP7PCK7qZkJ4eSps5fw1gWZPriQALMhT1nyAGWW3Db-9agn8SFFsacE--OawVZqgnB27AEY2A97LbGzU1-GYcLbKQSxXeCnFLgG1a2SR5NUelp_fNo" target="_blank" rel="nofollow noopener" data-cke-saved-href="https://l.facebook.com/l.php?u=https%3A%2F%2Fmaitron.fr%2Fspip.php%3Farticle206871%26fbclid%3DIwAR1UxNMikpM-m1FOGgnL5jV6zBe1nOsKXoou1NGFU-EARpZjcpI9SoExOL4&h=AT0lOzTtcH5R7zFThuW5Be1KMKVqdIerkrjsG7nm6SkTDqA_IY8aZj_h8ZCxju1ygzrxjWFtOdkE6hlH4XviSaymeSa84oym-_VfDrhzvOZaS3OQY1l806fsKeQCdYEJwMhKgtyBqLiMFNnI_SBX&__tn__=-UK-R&c=AT0WqUphvt-LMoOerSLr6VTQ-EfIJQNxwLk02JVcezgV7u4ETY9mSk3nsKivXQrEaOIP7PCK7qZkJ4eSps5fw1gWZPriQALMhT1nyAGWW3Db-9agn8SFFsacE--OawVZqgnB27AEY2A97LbGzU1-GYcLbKQSxXeCnFLgG1a2SR5NUelp_fNo">https://maitron.fr/spip.php?article206871, notice DE BORTOLI Aline, née MORIN par Annie Pennetier, version mise en ligne le 8 octobre 2018, dernière modification le 10 octobre 2018. SOURCES : Louis le Pape : ancien maire de Plobannalec-Lesconil, Président du Comité Bigouden le l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance, ANACR, texte d’hommage auquel cette notice doit beaucoup . — Témoignage de son fils Edgard De Bortoli, 2018.
Eugène Kerbaul 1918-1945, 1640 militants du Finistère, Dictionnaire biographique de militants ouvriers du Finistère élargi à des combattants de mouvements populaires de Résistance.

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