Fin de la vie chère: demandez le programme… de Fabien Roussel! (L’Humanité, 5 février 2022)

L’analyse. Fin de la vie chère : demandez le programme !

Fabien Roussel, le candidat communiste à la présidentielle, a présenté 180 propositions. Au volet social, la hausse généralisée des salaires, la baisse des factures et du temps de travail, des « réformes heureuses pour les classes populaires » financées par la mise à contribution de la rente inouïe du capital.

Samedi 5 Février 2022 – Julia Hamlaoui – L’Humanité

En tout 180 propositions, 6 objectifs et 3 « moyens », déclinés en 128 pages. Avec son programme « La France des jours heureux », le candidat du PCF à la présidentielle, Fabien Roussel, met en avant ses « différences ». Il ne manque pas, au passage, de s’amuser d’être repeint en « candidat de la gauche préféré de la droite » : « Ils n’ont pas dû bien lire mon programme », sourit-il. Surtout, le député en a « marre des propositions punitives, des promesses d’austérité, d’économies… Je propose des réformes positives, heureuses pour les classes populaires », avance-t-il. Si son programme dessine un changement global, des questions démocratiques à la lutte contre les discriminations, il veut « faire de la lutte contre la vie chère et pour le pouvoir d’achat le cœur de la présidentielle ».

« Éradiquer le chômage et la pauvreté »

Au rang de ses « différences » avec une partie de la gauche, il en est une que le candidat du PCF met régulièrement en avant : il rejette absolument le « revenu universel ». « Nous voulons passer d’une France des bas salaires, du chômage et des allocations à une France du travail et d’un revenu élevé qui en est issu », explique le député du Nord, qui défend un « droit universel au travail » avec un nouveau service public dédié. Mais sans création d’emplois, « ça ne marchera pas », prévient d’emblée Fabien Roussel, qui a fait de la réindustrialisation une priorité, avec notamment un « moratoire » sur les délocalisations. Pour « travailler tous », il s’agit aussi de « travailler moins », avec la semaine de 32 heures et la retraite à 60 ans. De quoi, en outre, « restituer aux salariés les gains de productivité qu’ils réalisent ».

Icon QuoteNous défendons un “droit universel au travail” avec un service public dédié. sans création d’emplois, ça ne marchera pas.  Fabien Roussel, candidat PCF

Le candidat propose aussi d’investir dans les services publics à hauteur des besoins, avec la création de 500 000 postes de fonctionnaires. Le secteur associatif ne serait pas en reste avec « 100 000 emplois d’utilité publique ». Quant aux revenus, sont défendues la hausse du Smic à 1 500 euros net « tout de suite », une revalorisation des pensions à 1 200 euros minimum, une augmentation de 30 % dans la fonction publique, mais aussi la mise en place de « conférences salariales dans toutes les branches ». Concernant les écarts de salaires entre les hommes et les femmes – « toujours de 16 % en moyenne » –, le candidat prend l’engagement de les éliminer « en six mois dans le public et en un an dans le privé », quitte à recourir à des administrateurs judiciaires.

« Un pacte pour la jeunesse »

C’est autour d’un « pacte pour la jeunesse » que Fabien Roussel avait fait sa rentrée en septembre dernier. Celui-ci figure désormais en bonne place dans son programme. L’objectif ? Un « système zéro jeune au chômage », décrit le communiste, qui ne veut « pas d’une solution à 500 euros avec un emploi précaire pour six mois comme le propose Macron », mais « une convention de sécurisation individuelle qui assurera soit un emploi, soit une formation ». Outre l’ouverture de nouveaux droits comme l’accès au RSA avant 25 ans, un « revenu étudiant » entre 850 et 1 000 euros, ou la gratuité du permis de conduire, un dispositif de prérecrutement dans la fonction publique serait créé.

« Que les gros paient gros »

La pandémie n’a pas vidé tous les porte-monnaie : les cinq premières fortunes de l’Hexagone ont doublé pendant la crise, selon le dernier rapport d’Oxfam. « Que les gros paient gros et les petits paient petit », aime à répéter le prétendant du PCF à l’Élysée, qui cite régulièrement un autre rapport. Celui de la commission des Finances de l’Assemblée montrant que, déjà, « en 2017, les 358 198 foyers redevables à l’ISF ont déclaré un patrimoine net taxable de 1 028 milliards d’euros ». « 1 000 milliards d’euros et il n’y aurait pas d’argent pour répondre aux besoins du pays ? » s’impatiente le député, qui prévoit de rétablir et tripler l’impôt sur la fortune. En parallèle, celui sur le revenu, avec 15 tranches, serait rendu plus progressif, tout comme la fiscalité des donations et successions.

Quant aux entreprises, le candidat propose d’appliquer la même logique avec un nouvel impôt sur les sociétés progressif et modulé en fonction de critères économiques, sociaux et environnementaux. Face à l’évasion fiscale, un « prélèvement à la source des bénéfices des multinationales » serait mis en place et une COP fiscale proposée. Mais le candidat entend également s’attaquer aux « vraies charges » qui pèsent sur les PME. Non pas les cotisations sociales comme le répètent la droite et le Medef, mais « les taux d’intérêt élevés », les primes d’assurance « insupportables » ou encore les factures d’électricité qui s’envolent. Pour « reprendre la main », la nationalisation de deux banques (BNP et Société générale), d’une compagnie d’assurances (Axa) mais aussi d’EDF et d’Engie est prévue.

« De nouveaux traités pour l’Europe »

Règle des 3 %, réduction du déficit et de la dépense publique… « Ces traités européens sont morts, rendus caducs par la pandémie. Nous devons donc en réécrire de nouveaux », assure Fabien Roussel, qui affiche l’objectif de « sortir de la soumission à l’oligarchie financière ». Au-delà du « refus de payer la dette liée au Covid », il souhaite remettre la main sur la Banque centrale européenne, aujourd’hui indépendante. « La BCE a fait tourner la planche à billets : 1 800 milliards d’euros ont été injectés dans l’économie entre 2020 et 2021, dont 290 milliards pour la France. Mais ils sont passés par les marchés financiers, on ne fait pas ce que l’on veut avec », déplore le parlementaire, estimant indispensable « que la BCE prête directement aux États pour investir dans la transition écologique, les services publics, la réindustrialisation ».

« 6 % du PIB pour le climat »

Un « pacte pour le climat et l’urgence sociale » à l’échelle de l’Europe fait aussi partie des mesures mises en avant par le PCF sur la question environnementale. « Comme le proposent les chercheurs du Giec, nous voulons consacrer 6 % du PIB pour le climat, soit pour la France 140 milliards d’euros, et 900 milliards pour l’Union européenne », détaille Fabien Roussel, qui sur ce terrain se distingue de ses concurrents de gauche par sa position tranchée sur le nucléaire. « Nous voulons une énergie électrique décarbonée, pilotable, stable. Il n’y a pas à tortiller, c’est ou l’hydraulique ou le nucléaire, pour nous ce sera les deux », s’exclame-t-il, plaidant pour un « mix énergétique » comprenant 6 nouveaux EPR. Changement de modèle agricole – favorisant le bio, les circuits courts, avec un objectif de 500 000 agriculteurs d’ici à 2030, une nouvelle PAC – et développement des transports en commun (investissement de 50 milliards d’ici à 2030 et gratuité pour les jeunes et les salariés) figurent également en bonne place parmi les 180 propositions. « S’il y a le feu à la planète, martèle le candidat, il faut y mettre les moyens, mais cela ne doit pas se faire contre les classes populaires. »

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :