Gilbert Phelep : « La justice sociale, je l’ai en moi depuis tout jeune » (Le Télégramme, 18 janvier 2023)

Photo de Gilbert Phelep – Le Télégramme, Marin du Coëdic

Gilbert Phelep : « La justice sociale, je l’ai en moi depuis tout jeune »

Publié par Hélène Caroff le 18 janvier 2023 

 

À bientôt 65 ans, Gilbert Phelep compte 46 ans de syndicalisme dont neuf en tant que responsable de l’union locale quimpéroise de la CGT. Engagé toujours, responsable de la section retraités, il sera dans les rangs de la manifestation, ce jeudi 19 janvier.

Quel est votre parcours ?

Je vais avoir 65 ans. Je suis retraité de France Télécoms, j’étais agent des lignes. J’y ai travaillé pendant 41 ans. Je suis permanent à la CGT de Quimper depuis 1992, j’ai été responsable de l’union locale pendant neuf ans et, désormais, je suis responsable de la section retraités.

De quand date votre engagement syndical ?

J’ai adhéré à la CGT à 19 ans. J’étais parti de Lanvéoc, avec un ticket de métro en poche, pour travailler à Paris. Le collègue CGT m’a directement demandé : « Le Breton, tu dors où ? ». Et quand il a vu, après quelques jours, que je ne mangeais plus à la cantine car je n’avais plus d’argent, il m’a prêté des sous. Cette aide, j’en suis encore ému. Ça m’a fait me syndiquer. J’avais envie d’aider, de travailler pour des personnes en difficulté.

Était-ce là vos premiers contacts avec le monde syndical ?

Non mais c’est ce qui m’a fait sauter le pas. La justice sociale, je l’ai en moi depuis tout petit. J’ai perdu mon père à 9 ans, ma mère nous a élevés seule, ma sœur et moi, je l’ai vue laver le linge des riches au lavoir. Maintenant, j’arrive à 65 ans et mon objectif est, toujours, de pouvoir aider. Je suis aussi bénévole au Secours populaire et à la Banque alimentaire de ma commune, et membre de Finistère Habitat. C’est un engagement de tout temps. Il y a tellement d’individualisme, aujourd’hui. Il n’y a que le collectif qui peut aider à changer les choses, en ces temps où il y a de l’argent pour certains, de la galère pour d’autres et des gens au milieu qui se disent qu’ils ne s’en sortent pas trop mal.

Quels sont les mouvements sociaux qui vous ont marqué ?

Il y en a plusieurs. Il y a eu 1995, une année très forte avec le plan Juppé.

Il y a eu 2006, contre le CPE et le CNE, où tout le monde était dans la rue, ensemble. Il y avait entre 8 000 et 10 000 personnes à Quimper, ça n’est pas rien. Il a eu aussi le 1er mai 2002, où plus de 10 000 personnes ont marché dans les rues de Quimper, en protestation contre la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle mais aussi en hommage aux personnes tuées au conseil municipal de Nanterre.

Que pensez-vous du mouvement du 19 janvier ?

Les jeunes ne se sentent pas concernés par la réforme des retraites, ils se disent qu’ils n’auront pas de retraite. Pourtant, ils le sont. Demain (jeudi, NDLR) il y aura du monde dans la rue pour défendre leurs droits, pas que des retraités ou futurs retraités. Il faut leur redonner confiance. Il y a eu plusieurs journées d’action en 1995, en 2006. On a mis Juppé par terre, on a mis Villepin par terre, on mettra Borne et Macron par terre. Rien n’est venu tout seul. Tous les acquis, les congés payés, les 35 heures, nous les avons obtenus grâce à l’action sociale et populaire. On peut inverser la tendance, on peut faire reculer le gouvernement.

Croyez-vous sincèrement que l’on peut inverser la tendance?

Oui. Demain, après-demain et dans les jours à venir.

 

 

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