Parole à Eugène Davillers Caradec, 22 ans, possible futur élu communiste à Morlaix.

Eugène Davillers Caradec a 22 ans. Après son collège au Château, son lycée à Tristan Corbière et des études d’anglais à l’UBO de Brest, il est actuellement service civique en collège. Sa mère est morlaisienne, mais il est né à Nogent-sur-Marne dans le 94. Il arrive à Morlaix, il y a douze ans. Passionné de musique, guitariste, s’intéressant aussi au cinéma et à toutes les formes d’art, aux sciences, à la philosophie, et à la littérature, ses grands livres du moment sont « Sur la route » de Jacques Kerouac, « Le Roi des Aulnes » de Michel Tournier, « Crime et châtiment » et « L’Idiot » de Dostoïevski, et « L’Étranger » d’Albert Camus.  Eugène est militant communiste et candidat sur la liste de Morlaix Ensemble.

Eugène, pourquoi tu as adhéré au Parti communiste?

La recherche de justice, d’équité dans la répartition des richesses. Les communistes portent depuis toujours des valeurs dont je me sens proche, et qui s’incarnent dans les gens et leurs actes. Je pense notamment à ces grands noms qui ont porté des réformes telles que la mise en place du système des retraites par répartition, la sécurité sociale. Je me sens proche aussi des valeurs socialistes d’avant-guerre qui ont construit un monde de solidarités et de biens communs que l’on est en train de casser méthodiquement aujourd’hui. Il y a quelque chose qui me plaît dans le PCF, c’est la stabilité temporelle. On sait à qui et à quoi on a affaire. Ce n’est pas un parti volatile, hétéroclite, d’intrigues pour le pouvoir. Il est ancré dans des valeurs saines. Il y a de nombreux partis nouveaux à l’identité hybride, qui se cherchent, sont subordonnés à des ambitions individuelles, minés par les conflits. Ce n’est pas le cas du PCF. Je me reconnais dans l’image de la politique que peuvent véhiculer Ian Brossat ou Fabien Roussel. Je déteste l’identification du PCF au stalinisme, c’est tellement énorme comme raccourci, tellement oublieux des riches personnalités qui ont apporté plein de choses à la société française. Je ne suis pas là par hasard, les valeurs de mes parents, mon arrière-grand père communiste, un grand-père socialiste bon teint, partisan de la laïque. Lors de la première réunion du PCF à laquelle j’ai assisté comme nouvel adhérent, j’avais la boule au ventre. C’était il y a 2 ans. J’avais 19 ans. Mais on ne m’a jamais mis dans une case « jeune branleur », mais j’ai rencontré des gens à l’écoute, attentifs aux idées nouvelles, mais si ils ont de l’expérience et des bases solides. Les gueules du PCF à Morlaix sont bien connues, présentes à toutes les manifestations, elles se définissent dans leurs actes. Beaucoup de ces militants sont engagés aussi dans le monde associatif, la solidarité. Ils ont un souci formateur sans vouloir nous modeler à leur image. Il y a la possibilité d’être libre dans cette organisation qui pousse à s’émanciper intellectuellement. Les gens ont l’impression que l’engagement partisan rime avec contraintes de pensée, de choix, d’actes, alors que c’est complètement l’opposé si j’en croie mon expérience.  Conseils, dialogue, bienveillance. J’ai voté FI en 2017 mais j’ai été séduit depuis par la stabilité temporelle, l’expérience, l’absence de culture de la personnalité au PCF.

Pourquoi as-tu accepté d’être candidat sur la liste de Morlaix Ensemble?

Je suis d’un naturel curieux, cela m’intéressait de vivre cette aventure collective de l’intérieur. Morlaix Ensemble m’apparaît comme un groupe très divers, avec des connaissances et des expériences complémentaires dans des domaines différents (l’écologie, le social, l’économie, la gestion de la mairie), un groupe où les gens sont humains avant tout, pas étrangers à eux-mêmes et à leurs valeurs. Derrière l’engagement politique, il y a les vies quotidiennes, les difficultés sociales, la communauté, les intérêts. Le but n’est pas que de gagner sur une élection. Gagner, pourquoi, à quelles fins, voilà ce qui compte, et surtout réaliser ce sur quoi on s’est engagé. Faire des choses pour les plus démunis notamment, penser la ville comme un tout, un organisme. Morlaix Ensemble, pour moi, c’est un ensemble de personnes engagées dans l’associatif, le social, avec un souci de l’humain et du respect de l’autre inhérent à ce groupe. La vraie victoire, elle se connaîtra au bout de 6 mois de mandat. L’important, c’est de gagner le cœur des habitants.

Jean-Paul Vermot, c’est un bon gars, un mec qui est calé en gestion et en économie, qui est prêt à gérer la mairie, a le respect des habitants. Je me fais fort de dire qu’il ne va pas tromper nos attentes. C’est quelqu’un d’agréable, il a l’oreille, les yeux, le sourire. Il ne prend pas les gens de haut.

Quelles doivent être les priorités du mandat si on gagne les élections à Morlaix pour toi?  

– La jeunesse. On a une jeunesse qui se perd un peu à Morlaix. Il faut les aider à trouver un emploi, un logement, des études.

– Ploujean. Le bourg est en train de mourir. Cela me paraît super important de mettre en œuvre une politique volontariste pour le revitaliser.

– La bonne gestion économique de la ville. Assurer sur l’essentiel: transport en commun, infrastructures, écoles. Le projet de rénovation intégrale du musée a un coût énorme pour la ville. Il y avait peut-être d’autres priorités. Il faut en finir avec des investissements qui ne visent qu’à améliorer la vitrine, à attirer le tourisme.

Que révèle pour toi la crise du Covid?

Qu’on est incapables de gérer nos relations avec mère-nature. Les virus viennent de la destruction des habitats naturels, de la mise en contact avec des milieux que l’on a pas connu habituellement. Ils risquent de se multiplier avec la destruction de la biodiversité, les abattoirs et élevages industriels.. La preuve que l’effet papillon existe.

Quels sont pour toi les défis du 21e siècle?  

– L’accès à l’énergie, le nerf de la guerre. D’ici 2050, il n’y aura presque plus de pétrole. D’ici 10 ans, Canada et Brésil vont déterrer jusqu’à 40% de la production mondiale d’hydrocarbures. Derrière cela, il y a des questions scientifiques et technologiques – comment trouver de nouvelles sources d’énergie? – des questions sociales, économiques et écologiques.

– L’éducation. Il n’y a jamais eu de révolution dans un domaine quelconque sans révolution d’abord dans l’éducation. Il y a des modèles éducatifs qui permettent de développer les potentiels créatifs, intellectuels et humains des enfants et des jeunes sans tout miser sur la compétition, en développant la coopération.

– La limitation de la course aux armements

De quoi rêves-tu pour toi?

Depuis mes douze ans, cela n’a pas changé: être une rock star!

Propos recueillis par Ismaël Dupont, 29 mai 2020

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