« LES ENJEUX DE LA RECONNAISSANCE DE L’ÉTAT DE PALESTINE
Ainsi donc, la France s’apprête-t-elle à reconnaître l’Etat de Palestine.
La « patrie des droits de l’homme » sera le 149ème État du monde (sur 193) à prendre cette décision, 37 ans après la proclamation de la « Déclaration d’indépendance de l’Etat de Palestine » par l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), alors présidée par Yasser Arafat, à Alger (15 novembre 1988).
On ne peut que regretter l’attentisme et le perpétuel renvoi à un hypothétique « bon moment » manifesté à cet égard par nos dirigeants successifs.
Pour autant, plutôt que de s’appesantir sur les regrets, il est plus productif d’examiner les dynamiques positives pouvant découler de cette initiative diplomatique, « a priori » bienvenue.
️Le premier enjeu à prendre en considération me semble être l’appropriation de la signification politique de cet acte solennel par les citoyennes et les citoyens français comme par l’opinion publique internationale.
En faisant ce choix, la France réaffirme officiellement qu’il existe, en droit international,
– une autorité politique palestinienne -« l’Autorité palestinienne »-;
– un territoire palestinien -la Cisjordanie, Jérusalem Est et la bande de Gaza-;
– enfin, une population sur ce territoire : le peuple palestinien.
Cela paraît banal, sauf qu’il s’agit précisément de réalités essentielles battues en brèche par l’occupant israélien, qui prétend depuis des lustres qu’il « n’a pas d’interlocuteur avec qui négocier », qui a annexé Jérusalem, colonise la Cisjordanie et prétend expulser les Gazaouis de leur territoire anéanti et les déporter hors de Palestine !
Décider, pour la France, d’entrer officiellement en relation avec l’État de Palestine doit donc comporter l’engagement d’expliciter en toute clarté, nationalement et internationalement, la portée politique de sa prise de position. Et, à plus forte raison, faut-il cesser de traiter en quasi-délinquants celles et ceux qui se mobilisent pacifiquement pour le respect des droits fondamentaux des Palestiniens.
️Un autre enjeu, qui découle de ce qui précède, est l’action que va entreprendre la France pour contribuer à passer du slogan de « la solution à deux États » à sa concrétisation.
Cela passe par le refus de l’insoutenable impunité dont bénéficie sans discontinuité le pouvoir israélien, fût-il dirigé par un criminel de guerre frappé d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale .
À cet égard, on est en droit d’attendre de Paris, dans ce nouveau contexte, qu’il use de son influence au sein de l’Union européenne, pour que celle-ci opère un véritable tournant dans ses relations avec Tel-Aviv, en suspendant jusqu’à nouvel ordre l’ « accord d’association » ultra-privilégié dont Israël est le seul pays au monde à bénéficier.
️Enfin, si le but à atteindre est bien d’arriver à une situation où les deux États, souverains, vivant côte à côte et en sécurité, soient mutuellement reconnus par tous les États de la région, la condition de cette normalisation diplomatique est la conclusion d’un accord de paix entre Israël et l’Etat palestinien.
Nous en sommes loin !
Que signifient, dès lors, ces propos sibyllins d’Emmanuel Macron, accolant à son initiative de juin prochain avec l’Arabie saoudite le projet de « finaliser le mouvement de reconnaissance réciproque par plusieurs pays » ?
Cela ressemble furieusement aux « Accords d’Abraham » lancés
par Donald Trump 1…pour priver les Palestiniens de leur dernier
atout : sans État palestinien, pas de porte ouverte pour Israël sur toute la région !
Troquer la reconnaissance de l’Etat de Palestine contre la relance du plan Trump auprès des dirigeants arabes constituerait un sommet d’hypocrisie ! Espérons qu’il n’en sera rien. »