1920-2020: 100 ans d’engagements communistes en Finistère-20/ Emile Le Page (1922-1942) et Pierre Jolivet (1921-1942)

1920-2020: 100 ans d’engagements communistes en Finistère:

77/ Emile Le Page (1922-1942) et Pierre Jolivet (1921-1942): les premiers résistants fusillés à Quimper étaient des postiers communistes.  

 » Ils furent à un mois d’intervalle fusillés au stand de tir de La Tourelle à Quimper où une plaque commémorative rappelle leur mémoire : Pierre Jolivet le 5 juin 1942, Émile Le Page le 8 juillet 1942, le premier avait 20 ans, le second 19 ans. Tous deux, militants des Jeunesses communistes, adhèrent au parti communiste en 1939, au moment de son interdiction. Ces jeunes postiers auxiliaires de Quimper sont des résistants de la première heure.  Ils font partie des premiers groupes résistants du parti communiste dans l’Organisation Spéciale (O.S.) reconnue comme unité combattante dès octobre 1940 et mise en place en Bretagne par Robert Ballanger, puis dans les FTPF, qui prennent la suite de l’O.S.  Dans un rapport d’avril 1941, le préfet du Finistère place au premier rang des « adversaires de la Révolution Nationale » les communistes « aussi actifs qu’irréductibles ». En août 1941 les autorités militaires allemandes le somment d’agir contre la recrudescence des attentats et des sabotages dans le département.

Avec leur groupe, Émile Le Page et Pierre Jolivet participent aux distributions de tracts et journaux clandestins et dès janvier 1941 aux premières actions directes contre l’occupant : sabotages, attentats contre la caserne de la Wehrmacht, contre le Soldatenheim, foyer du soldat allemand, de Quimper. Ils préparent l’attentat contre le siège de la LVF, leur groupe l’exécutera sans eux en juin 1942. Car entretemps ils ont été repérés, sur dénonciation, lors d’une distribution de tracts appelant à manifester le 1er mai 1942. Arrêtés par des policiers français et torturés à la prison de Mesgloaguen, ils sont remis aux Allemands, condamnés à mort et fusillés, Pierre Jolivet le 5 juin, Émile Le Page, le chef de groupe, le 8 juillet. Leur groupe FTP continuera sans eux ses actions : contre le local de la LVF en juin 1942, contre le bureau d’embauche pour l’Allemagne en octobre, contre la Kommandantur et la poste militaire allemande en janvier 1943.

Alain Le Grand, dans son ouvrage sur la Résistance dans le Finistère, faisait état de nombreux témoignages disant que, loin de donner un coup d’arrêt à la résistance locale, leur exécution poussa d’autres jeunes à suivre leur exemple ».

Yvonne Rainero, secrétaire de section du PCF pays de Quimper

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Pierre Jolivet et Emile Lepage furent les premiers patriotes quimpérois qui tombèrent sous les balles d’un peloton d’exécution. D’autres résistants communistes furent aussi victimes de l’occupant et des autorités de collaboration: Charles Le Port, d’Ergué-Armel, le ferblantier de Penhars, Arthur Quéinnec, Kergornna, Jean Bernard, résistant de la première heure, capitaine FTP, condamné par la section spéciale de Rennes et déporté, comme son jeune frère Yves, arrêté en classe au lycée de Pont L’Abbé en octobre 194, André Quiniou, dirigeant de la JC avant guerre, un des responsables avec Jean Bernard du PCF clandestin à Quimper, arrêté et torturé par des policiers français.

Émile Le Page est né le 19 août 1922 à Quimper (Finistère). Fils de Émile Marie Lepage, zingueur, et de Jeanne Émilie Hopp, ménagère, Émile Le Page, ou Lepage d’après son acte de naissance, célibataire, était aide postier à Quimper. Selon Eugène Kerbaul il fut l’un des dirigeants finistériens en 1939 des Jeunesses communistes, avant d’intégrer en 1939 le Parti communiste. Participant d’abord à la restructuration dans l’illégalité du parti, il fit partie des premiers groupes de l’Organisation spéciale (OS), branche militaire du Parti communiste clandestin en septembre 1941.

Pierre Jolivet est né le 6 septembre 1921 à Quimper (Finistère). Fils de Jean Laurent Jolivet, boulanger, et de Marie Signor, ménagère, Pierre Jolivet, employé comme postier auxiliaire, il adhéra en 1937 aux Jeunesses communistes, avant d’intégrer en 1939 le Parti communiste, année de sa mise au ban de la politique française par le gouvernement Daladier. Il continua la lutte en participant d’abord à la restructuration dans l’illégalité du parti puis entra à l’Organisation spéciale du PCF avant de s’engager dans les Francs-tireurs et partisans (FTP) dès leur création dans le département du Finistère. 

Avec leur groupe, dont Émile Le Page était le responsable, ils ont participé dès janvier 1941 à des sabotages, des attentats contre la caserne de la Wehrmarcht, contre le Soldatenheim de Quimper, ils ont préparé l’action contre le siège de la LVF que leurs camarades effectuèrent sans eux en juin 1942. Ils furent arrêtés le 8 mai 1942 à Quimper par des policiers français: ils avaient été repérés distribuant des tracts appelant à manifester le 1er mai 1942. Ils distribuaient des tracts clandestins du PCF appelant à la résistance tout en distribuant le courrier.

Chef de groupe en mai 1942, Émile Le Page fut arrêté par la police française pour infraction aux décrets lois du 26 septembre 1939 concernant l’activité du Parti communiste. Sa mère réussit à prévenir les membres de son groupe lors de son arrestation.

Interné à la prison de Quimper, Émile Le Page fut torturé comme Pierre Jolivet, arrêté le 5 mai à Paris, où il venait de partir occuper un emploi aux P.T.T également, puis livré à l’autorité allemande d’occupation par la police française collaboratrice, à nouveau torturé, et changea de quartier à partir du 5 mai. Il fut condamné à mort par le tribunal militaire allemand FK 752 de Quimper le 30 mai 1942 pour « propagande communiste ».

Défiant les juges, Pierre Jolivet leur a jeté: « Vous allez tuer un communiste, mais vous ne tuerez pas l’idée et vous perdrez la guerre ». Lors des visites que lui rend sa mère, il parle de l’armée soviétique qui écrasera les hitlériens. Durant les entretiens, il gardait toujours les mains derrière le dos. Il ne voulait pas que sa maman voie ses doigts déformés par la torture.

Pierre Jolivet a été fusillé le 5 juin 1942 (ou le 6 juin selon le DAVCC) au stand de tir de La Tourelle à Quimper. Les habitants demeurant aux alentours du champ de manœuvres entendirent chanter « La Marseillaise ». Quelques jours plus tard, Madame Jolivet se voyait remettre ses vêtements à la prison. « Il est parti dans un camp », lui dirent les nazis.

Émile Le Page a été fusillé 8 juillet 1942 au stand de tir de La Tourelle à Quimper, un mois après son camarade Pierre Jolivet.  Émile Le Page et Pierre Jolivet étaient les premiers résistants fusillés à Quimper. 

Le 14 juillet 1942, un rassemblement est convoqyé au cimetière d’Ergué-Armel auprès de la fosse commune où leurs corps avaient été jetés, les gendarmes sont là pour empêcher les familles et les courageux patriotes d’accéder au cimetière pour célébrer les résistants.  La tombe des deux héros devient un lieu de pélerinage. Chaque jour, des mains anonymes y déposent des bouquets. 

Leurs corps ne furent rendus aux familles que le 2 octobre 1944 pour des obsèques officielles auxquels participa une foule impressionnante.

Depuis, les corps d’Émile Le Page et Pierre Jolivet reposent au cimetière Saint-Marc à Quimper dans une sépulture commune

La stèle en mémoire de Pierre Jolivet et Emille Le Page avait été dressée à la demande des camarades du PCF Quimper et nous ceux-ci avaient aussi obtenu en 1985 que 2 rues contigües dans le quartier de Créach Gwen où est la direction départementale de La Poste portent les noms de nos deux camarades. L’inauguration de la stèle eut lieu en novembre 1990 avec Gaston Plissonnier et Daniel Trellu.

Pierre Jolivet et Emile Le Page ont donné aussi leur nom à la cellule des PTT du PCF dont sont encore issus plusieurs de nos camarades.

Le 27 mai 2015, la section communiste de Quimper invitait à se retrouver devant la stèle dédiée à Emile Le Page et Pierre Jolivet pour un hommage à toute la Résistance:

« Ces deux jeunes postiers communistes engagés très tôt dans la Résistance, appartenaient aux FTPF (Francs Tireurs et Partisans Français). Arrêtés par des policiers français, torturés, puis remis aux occupants, ils ont été fusillés à Quimper, au champ de tir de la Tourelle, en juin et juillet 1942. Ils avaient 19 et 20 ans. Ce sont les premiers résistants fusillés à Quimper. Au cours de cette cérémonie, une gerbe sera déposée et un jeune lycéen lira un poème de Paul Éluard » (Ouest-France, 26 mai 2015)

Sources:

Yvonne Rainero et Piero Rainero, site de la section PCF de Quimper:  http://quimper.pcf.fr/71327

Dictionnaire des militants du Finistère d’Eugène Kerbaul,

La Résistance dans le Finistère d’Alain Le Grand

Le dictionnaire des fusillés du Maitron: Alain Prigent, Serge Tilly sur Emile Le PageBiger Brewalan, René-Pierre Sudre sur Pierre Jolivet

 

 

Stèle dédiée à Pierre Jolivet et Émile Le Page, place Blaise-Pascal à Quimper (à la Tourelle, en haut de la rue Pen Ar Stang). Cette stèle avait été dressée à la demande du PCF et nous avions aussi obtenu en 1985 que 2 rues contigües dans le quartier de Créach Gwen où est la direction départementale de La Poste portent les noms de nos deux camarades. L’inauguration de la stèle eut lieu en novembre 1990 avec Gaston Plissonnier et Daniel Trellu.

 

 

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