Le Télégramme
Par Guirec Flécher Le 23 juillet 2025
Mardi 22 juillet, la majorité municipale de Pont-l’Abbé a décidé, à l’unanimité, de ne pas soumettre à délibération une motion intitulée « Urgence de la paix et reconnaissance de l’État de Palestine ». Une décision qui suscite colère et incompréhension dans les rangs de l’opposition.
La motion proposée par les groupes Pont-l’Abbé au Cœur et Pont-l’Abbé verte et solidaire (ici en photo) sur la Palestine, a été rejetée par la majorité municipale. (Le Télégramme/Guirec Flécher)
De la déception et de « l’incompréhension ». Ce mardi 22 juillet 2025, la majorité municipale de Pont-l’Abbé a décidé, à l’unanimité, de ne pas mettre à délibération une motion dénommée « Urgence de la paix et reconnaissance de l’État de Palestine ». Celle-ci avait été proposée par mail, mercredi 16 juillet, par les groupes d’opposition Pont-l’Abbé au Cœur et Pont-l’Abbé verte et solidaire. Après en avoir pris connaissance, le groupe majoritaire a estimé que le texte était trop « politisé » pour être examiné au sein du conseil municipal. Le maire, Stéphane Le Doaré, ayant invité les élus de l’opposition à « saisir les parlementaires, dont c’est le rôle ».
« Le texte est factuel »
Mardi soir, cette position a été vivement contestée par les élus, porteurs de la motion. « Le texte est factuel et à aucun moment vous ne verrez apparaître dans celui-ci le terme de génocide, alors que c’est ce terme qui peut aujourd’hui faire débat », a indiqué Frédéric Le Loc’h. Ce dernier a rappelé l’ampleur de la crise à Gaza (60 000 morts, principalement des civils), la mobilisation citoyenne, et le fait que d’autres communes, de droite comme de gauche, avaient adopté des motions similaires. « Retirer la possibilité de délibérer de cette motion, parce que vous en avez décidé en amont de ce conseil, permettez-moi de vous dire que ce n’est pas très démocratique », a tonné l’élu du groupe Pont-l’Abbé au Cœur.
Stéphane Le Doaré a réaffirmé que le texte « n’était pas présentable » en l’état. « Ça n’enlève en rien le fait que l’ensemble de ce conseil municipal -et Pont-l’Abbé doit en être fière- participe à la solidarité internationale », a-t-il argumenté. Ce dernier a également reproché à l’opposition de ne pas être revenu vers lui pour une contre-proposition.
Une motion alternative espérée
De son côté, Véronique Blanchet, conseillère de la liste Pont-l’Abbé verte et solidaire, a exprimé sa déception : « En refusant cette motion, j’étais pratiquement persuadée que vous en proposiez une autre. Je l’aurais volontiers signée ». « Mais le mandat n’est pas fini », a conclu le maire, laissant entendre que le débat pourrait être relancé ultérieurement.
Fin de l’article du Télégramme

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Un conseil municipal nauséabond

Par Véronique Blanchet, élue communiste de l’opposition (liste verte et solidaire) Pont-l’Abbé. 26/07/2025
Mardi 22 juillet, lors du conseil municipal, nous savions déjà que la motion proposée, pour l’urgence de la paix et reconnaissance de l’état de la Palestine, serait rejetée. En effet, nous avions reçu un mail du premier magistrat de la ville nous stipulant qu’il avait réuni le groupe de la majorité qui avait décidé à l’unanimité dixit : « ce texte trop politisé n’avait pas sa place dans notre instance »…nous vous invitons à saisir les parlementaires dont c’est le rôle ».
La motion rejetée est en lecture ci-dessous. Au-delà de son contenu qui ne peut être contesté et rédigée de façon à faire consensus, de l’épouvantable quotidien de la population gazaouie, de l’intensification des violences dans toute la Cisjordanie, menaçant et affamant les enfants, ma stupéfaction et ma colère restent entières. Je suis repartie de ce conseil sans réponse à mes questions : comment cette majorité municipale a pu rester muette et insensible à nos appels répétés et argumentés de longues minutes, en début de séance ?
Comment peut-on nous dire que notre texte est trop politisé quand des milliers d’enfants innocents sont tués par l’armée de Nettanyahou ou meurent de faim ?
Comme je l’ai dit, je m’attendais à ce qu’une motion soit présentée par la majorité municipale. Peut-être plus à leur gout, moins « politisée » pour reprendre leur thème, en tout cas, je m’attendais à une réaction de leur part, au moins un appel solennel à la paix, un arrêt des massacres, un signe d’humanité au moins ! Rien, pas un regard, pas un mot, le néant abyssal !
C’est terrible ce monde où plus rien n’émeut, ne touche, où on a tellement envie d’être que tranquille qu’on en devient glaçant et insensible. Après tout, Gaza c’est loin…Un peu plus que l’Ukraine, c’est vrai.
Depuis, le président de la République vient d’annoncer que la France reconnaitra l’Etat de Palestine en septembre. En espérant que cette annonce soit suivie immédiatement de faits concrets, pour aider la population avant qu’il ne soit trop tard et que des mesures sanctionnant Israël politiquement et économiquement soient prises.
J’aimerais quand même savoir ce qu’ont pensé mes collègues de la majorité après avoir pris connaissance de cette annonce. Ont-ils continué de penser que tout cela ne les concernait pas, comme mardi soir ? Ah oui, lors de ce conseil affligeant, cette même équipe d’élus majoritaires, souhaitant mettre en place un système de vidéoprotection, a voté pour (moins une abstention), l’appel à projets « sécurité-pacte Finistère 2030 » permettant d’obtenir du Conseil Départemental le financement de 50% des dépenses dans la limite de 50000€. A Pont-l’Abbé, la priorité est la tranquillité, pas la paix, c’est trop politique !

