Nous ne laisserons pas l’extrême-droite salir la mémoire de nos camarades engagés dans la Résistance.
Yves Mervin, ancien militaire, reconverti « historien » de propagande, sympathisant d’un nationalisme breton de droite anti-communiste ou d’extrême-droite, a récemment publié un livre contre la Résistance et à la gloire du prêtre nationaliste breton collaborateur « Jean-Marie Perrot, 12 décembre 1943, un crime communiste ».
Il a encore fait publier cette semaine dans le Ouest-France et le Télégramme un droit de réponse sur un article du 8 décembre sur sa conférence d’hommage à l’Abbé Perrot et à son combat pour la collaboration avec l’occupant nazi.
L’auteur parle de la part de la résistance d’« assassinats y compris de jeunes enfants, de viols« , accomplis par la Résistance. Les communistes mangeurs d’enfants, ça rappelle des souvenirs…
Yves Mervin avait déjà cherché à salir la Résistance pour blanchir a contrario les partisans de la collaboration dans un livre publié chez Coop Breizh intitulé « Le joli mois de mai 1944 ».
Un livre où il défendait que « la Résistance a fait plus de morts chez les Bretons que chez les Allemands » et que « globalement, la Résistance a été plus nuisible qu’utile » (propos relatés dans un article de Ouest-France).
La conférence d’Yves Mervin pour dénoncer « le crime communiste » qu’aurait représenté selon lui l’exécution de l’Abbé Perrot, le 9 décembre dernier à Quimper, dans une salle du diocèse à la Chapelle Saint-Laurent, a justement alimenté la polémique, suscitant l’indignation de plusieurs associations et personnalités comme l’élue communiste de Quimper Yvonne Rainero qui avait également réagi dans un communiqué publié sur le site internet du PCF Finistère, « Rouge Finistère » et que nous citons à nouveau ici:
« ll est choquant, en ces temps où une extrême-droite décomplexée trouve un écho complaisant pour ses discours de haine et de xénophobie, d’apprendre que, sous le patronage de l’évêché, va se tenir dans une chapelle de Quimper, ville qui porte jusque dans sa préfecture le souvenir de Jean Moulin, une conférence dont l’objet est clairement de réhabiliter la collaboration et de salir la Résistance. Le site d’extrême-droite Breizh-info qui la sponsorise ne s’y est pas trompé. Il ne s’agit pas ici d’apaiser la mémoire, mais bien de revisiter l’histoire. Ce n’est pas un hasard si la sinistre milice armée bretonne constituée pour combattre la Résistance a pris en 1943 le nom de Bezen Perrot en hommage à cet abbé qui exprimait sa sympathie pour les régimes amis d’Hitler en Europe centrale et dont la proximité avec la collaboration ne fait aucun doute. La Bezen Perrot incorporée dans la SS hitlérienne a semé la terreur et la mort en Bretagne, poursuivant son parcours sanglant jusque dans sa fuite avec les armées nazies à la Libération. L’un des acteurs de cette réécriture de l’histoire n’hésite pas à traiter d’assassins les résistants communistes. C’est la résistance au nazisme dans son ensemble qu’il prend pour cible. La résistance communiste y a joué un rôle essentiel, le Finistère en a été un bel exemple. La tenue de cette conférence est une insulte à la mémoire des deux jeunes communistes Pierre Jolivet et Émile Le Page, premiers résistants fusillés à Quimper par les Allemands, ils avaient 19 et 20 ans, cela s’est passé au champ de tir de La Tourelle, à proximité de la chapelle Saint-Laurent.
Elle est une insulte à la mémoire de tous les résistants communistes de ce département, et dont beaucoup étaient bretonnants. Elle est aussi une insulte à la mémoire de ceux qui se sont engagés dans les combats de la Résistance au nom de leur foi comme le frère Joseph Salaün du Likès.
Ne laissons pas les héritiers des mouvements racistes et antisémites qui proclamaient dès 1938 « La France aux Juifs, la Bretagne aux Bretons » répandre leurs idées malsaines.
Yvonne Rainero, élue communiste de Quimper »
Rappelons que si en effet l’abbé nationaliste Jean-Marie Perrot a bien été exécuté par un jeune résistant communiste à Scrignac, c’était suite à une décision prise conjointement par les services de la France Libre à Londres (et donc la Résistance gaulliste) et la Résistance intérieure pour plusieurs raisons:
– L’Abbé Perrot était un ami politique et personnel de nombreux nationalistes bretons promouvant la collaboration politique et militaire avec les Nazis, Olivier Mordrel, Célestin Lainé, Raymond Delaporte, Yann Bricler, Debauvais, etc, et il les recevait dans son presbytère à Scrignac, comme du reste de nombreux officiers allemands avec lesquels pour certains il entretenait des relations avant la guerre. Cette présence d’officiers allemands et de collaborateurs dans une région acquise à la Résistance, et tout particulièrement à la résistance FTPF et communiste, était un danger pour les patriotes.
– Cet abbé avait dénoncé à des collaborateurs bretons alliés aux nazis les activités patriotiques de Résistants et militants communistes de Scrignac, telle Mme Duperrier, sympathisante communiste, et son mari, communiste, qui avaient fait diffuser « La Marseillaise » par un haut-parleur de la place de Scrignac le jour du débarquement allié en Afrique du Nord et qui mobilisaient la population contre les Allemands. Jean-Marie Perrot publiait aussi de nombreux articles anticommunistes dans la revue Feiz Ha Breiz tenu par son ami Herri Caouissin, futur adhérent du Front National, alors que la répression de la police française de collaboration, des milices, et de l’armée d’occupation allemande et nazie faisaient rage contre la Résistance communiste, et que le discours de croisade contre le bolchevisme était un des ressorts idéologiques les plus utilisés du soutien au nazisme et à la collaboration.
– A l’occasion des obsèques de l’Abbé Perrot, célébrées sous la garde des soldats allemands et en présence des dirigeants nationalistes collaborateurs bretons, Lainé et son ami Ange Péresse firent serment de le venger et de baptiser l’unité de supplétifs SS rattachée à la police de répression anti-résistante allemande qu’ils avaient créée et qui s’appelait le Bezen Cadoudal, du nom du chef chouan morbihannais qui combattit ardemment la République et la Révolution, du nom de Bezen Perrot. Rappelons que ce Bezen Perrot, où sévirent une soixantaine de jeunes militants nationalistes bretons d’extrême-droite, fut responsable de plusieurs centaines d’arrestations, de tortures, d’exécutions sommaires ou de déportations en camps de concentration contre des Résistants bretons dans les mois de la Libération de la Bretagne. Les résistants du village de Scrignac et des environs, dans les Monts d’Arrée, furent parmi les premières victimes du Bezen Perrot, et du Kommando de Landerneau et de la répression nazie l’année 1944. Plusieurs résistants de Scrignac ont été arrêtés et fusillés par les Allemands : Jean Priol, Jean-Marie Le Fur, Joseph Salaun, Joseph Salaun, les frères Paul et Valentin Poher, Francis Kervoelen et André Édouard Guillou, Robert Boucher. D’autres sont morts en déportation comme François-Marie Coant. Mais ceux-là n’intéressent pas Yves Mervin.
Le devoir de mémoire concernant la collaboration bretonne et les crimes de ces centaines de collaborateurs bretons nationalistes ne doivent pas masquer que la Bretagne fut avant tout une grande terre de Résistance: on parle de 2 700 résistants bretons fusillés, de 1 000 résistants bretons tués au combat, de 3 743 déportés pour actes de Résistance dans les cinq départements bretons.
Et au sein de cette Résistance populaire intérieure qui appuya considérablement la Libération du territoire et la progression alliée en Bretagne et permit de fixer les troupes allemandes en Bretagne pour faciliter la progression alliée en Normandie, la résistance populaire F.T.P.F organisée par le Parti communiste clandestin composa le principal mouvement de Résistance en effectifs, et celui qui engagea le plus tôt la lutte armée contre l’Occupant fasciste, nazi, et ses collaborateurs d’extrême-droite, partisans de Vichy, des groupes collaborationnistes, dont ceux de la mouvance nationaliste bretonne.
La Fédération du PCF Finistère, 23 décembre 2023.