Category: Mémoire PCF

Le jeudi 8 mars au cimetière de Huelgoat à 15h45, le PCF rendra hommage à Fernand Jacq, médecin des pauvres et élu et militant communiste du Huelgoat, fusillé par les Nazis le 15 décembre 1941

Le 8 mai 2025, 80 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, nous rendrons hommage avec la section PCF Carhaix-Huelgoat et la fédération du Parti communiste du Finistère à notre camarade Fernand Jacq devant sa tombe au cimetière de Huelgoat à 15h45.
Avant le rassemblement unitaire de Tredudon-le-Moine à 17h pour la Paix, la Justice sociale et contre le fascisme.
Né à Granville (Manche) le 12 janvier 1908, Fernand Jacq est issu d’une famille de fonctionnaires (père douanier, mère employée des PTT). Ses parents quittent peu après sa naissance la Normandie pour la Bretagne et Fernand grandit en Finistère, dans la petite commune de Pleyber-Christ.
Élève studieux et brillant malgré une santé fragile, il s’oriente vers des études de médecine et sort diplômé de la faculté de Rennes, ville où il rencontre sa femme. En 1933, il revient dans le Finistère, d’abord à Querrien, puis s’installe au Huelgoat comme médecin, terminant sa thèse de doctorat en médecine en 1934.
Communiste, sa mère écrit en 1945 dans une brève biographie de son fils, qu’elle l’interrogea avant guerre sur son engagement politique. Il lui répondit : « Parce que j’ai eu faim ! et que je travaille pour qu’il n’y ait plus de misères ».
En effet, dès 1930, Fernand Jacq adhère au Parti Communiste Français alors qu’il est étudiant à Rennes. Il devient conseiller municipal au Huelgoat en 1935, puis participe à sa restructuration après son interdiction en septembre 1939. Il fut élu municipal à Huelgoat de 1935 à 1939. En 1935, la liste communiste aux municipales, composée de huit artisans, quatre cultivateurs, un instituteur et deux retraités, avait devancé la liste SFIO, obtenant ainsi trois élus. En 1937, Fernand Jacq était candidat du PCF aux cantonales à Huelgoat ; il se désista en faveur de Pierre Blanchard (SFIO), élu au second tour avec 55 % des voix face au radical François Le Dilasser.
Fernand Jacq était en même temps secrétaire de la section de Huelgoat, membre du comité régional du PCF.
L’arrivée de la guerre
Lorsque la guerre éclate, Fernand Jacq est contrarié de n’être pas mobilisé. Il est réformé pour raison de santé mais adresse un courrier au préfet du Finistère par lequel il demande d’être incorporé dans un régiment quelconque. Il souhaite, d’après le témoignage de sa mère, être aux côtés de ses camarades dans le combat. Toutefois, sa demande est rejetée et il est contraint d’attendre l’arrivée des Allemands au Huelgoat.
A l’arrivée des troupes d’occupation à Pont-Aven, commune de résidence de ses parents, un notaire menace et rappelle les engagements politiques de Fernand Jacq au père de ce dernier. Il déclare espérer que le médecin sera bientôt fusillé. La famille vit alors dans une inquiétude perpétuelle. Le médecin est en effet déchu de son mandat politique par le Gouvernement de Vichy. Le médecin est empêché par les Allemands et sa mairie collaboratrice de circuler en voiture dès la fin 1940 (il n’a pas de bons d’essence pour ses déplacements). » Qu’importe, il est allé de village en village, à pied ou à bicyclette, dans la boue ou la neige, apporter aux malades soins et réconfort moral. Sensible au courage quotidien des paysans des Monts d’Arrée arrachant à une terre ingrate une maigre subsistance, il en est aimé à cause de sa simplicité et de sa générosité » (Fernand Grenier).
Naturellement, Fernand Jacq rejoint la Résistance en adhérant en 1941 au Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France. Il procède à de nombreux recrutements et est l’un des organisateurs des premiers groupes de FTP (Francs-Tireurs et Partisans) dans le Finistère. En juin de la même année, il est désigné comme responsable départemental du Service Sanitaire et réussit rapidement à mettre sur pied les éléments d’une organisation qui rend de grands services à la Résistance.
Arrestation et internement
Fernand Jacq est arrêté le 3 juillet 1941, probablement victime d’une des innombrables lettres de délation envoyées aux autorités sous l’Occupation. Il est immédiatement conduit dans le camp d’internement de Choisel, à Châteaubriant (Loire-Inférieure), section politique, baraque 7. Voici son témoignage le lendemain de son arrivée (correspondance à ses parents) :
Dans les lettres suivantes adressées à sa famille, le Docteur Jacq ne renie jamais ses engagements et redit sa fierté de partager le sort de millions d’Hommes, d’être enfermé à Choisel au milieu de camarades constituant « l’élite de la France ». Il écrit aussi : « Il y a plus d’intelligence ici que dans n’importe quel lycée de France et nous vivons dans l’attente d’un avenir que nous sentons très proche, avec la certitude de la victoire ». Toutes ses lettres dénotent d’une grande foi en l’avenir et la victoire finale du camp de la Liberté.
L’abattement n’est donc pas de mise et Fernand Jacq est très actif dans le camp. Il dispense durant sa captivité des cours de breton pour les autres otages du camp et met en place une chorale bretonne.
Côté population, il faut aller chercher dans la correspondance préfectorale pour mesurer l’émoi suscité par l’arrestation du médecin. En décembre 1941, en effet, deux courriers du Sous-Préfet de Châteaulin sont transmis à son supérieur direct, le Préfet du Finistère.
Il demande la grâce du Docteur Jacq, assortie d’une mesure d’éloignement du département.
La raison de cette démarche volontariste du Sous-Préfet transparaît clairement dans ses écrits. La population « … commence à le (Fernand Jacq) considérer comme un héros ». La libération par les autorités à la période de Noël « … dissipera définitivement le malaise dont j’ai pu être témoin depuis quelques semaines au cours de mes tournées dans la région susvisée ».
L’arrestation de Fernard Jacq choque donc bien la population du Huelgoat, à tel point que le Sous-Préfet de Châteaulin semble craindre que son maintien en détention ne constitue un danger dans le rapport des autorités avec la population locale.
Cette initiative du Sous-Préfet restera toutefois lettre morte, intervenant trop tardivement.
Les Neuf de la Blisière
En effet, à la suite d’attentats à Paris, les Allemands décident de fusiller 100 otages ; neuf seront pris dans le camp de Choisel. Parmi eux figure Fernand Jacq, désigné par Vichy en tant qu’otage à fusillé parce que militant communiste. Vers midi, le 15 décembre 1941, les feldgendarmes conduisent les neuf otages en plein cœur de la forêt de Juigné, au bord de l’étang de La Blisière où ils sont exécutés aux alentours de 15 heures.
Au moment du départ des otages pour le lieu de l’exécution, les prisonniers du camp de Choisel s’étaient mis à entonner la Marseillaise, certains chantèrent le Bro gozh ma zadoù (hymne national breton), d’autres enfin entonnèrent l’Internationale en breton.
L’espoir et la résistance à l’oppression ne quitta pas ces hommes comme en témoigne encore la dernière lettre de Fernand Jacq, lettre d’adieux rédigée à ses parents le jour même de l’exécution.
Fernand Jacq ne manque d’ailleurs pas de rappeler dans cet écrit que lui et ses camarades ne sont pas les premières victimes de l’occupant au camp de Choisel et commémore les fusillés du 22 octobre 1941. Ce jour là, en représailles à l’assassinat du commandant de Nantes, le Feldkommandant Fritz Holtz, les Allemands avaient fusillés 27 détenus du camp de Choisel dont le jeune Guy Môquet (17 ans).
L’émotion est grande à la mort du médecin du Huelgoat. Les premiers témoignages d’afflictions des proches de la famille en attestent bien sûr, mais c’est à la libération qu’on mesurera l’impact qu’eurent ces exécutions arbitraires de civils parmi la population française.
Médecin de campagne, médecin des pauvres, profondément humaniste, Fernand Jacq était considéré comme une sorte de « saint laïc » à Huelgoat, dans la montagne rouge de l’Arrée. Au camp de Châteaubriant, il avait ouvert des cours de breton et monté un groupe de chant choral. Il était très estimé dans toute la région d’Huelgoat où il fit campagne pour le développement de l’hygiène. Acquise aux communistes dès 1921, la mairie du Huelgoat fut marquée par la dissidence de Corentin Le Floch (ancien SFIO et PCF), avant de devenir le fief d’Alphonse Penven entre 1945 et 1989. Selon Pierre Guyomarh, ancien FTP, cité par Fernand Grenier (Ceux de Châteaubriant), la mort de Fernand Jacq va susciter « une vive recrudescence de l’activité patriotique dans tout le Finistère et fera lever de nombreux combattants décidés à venger Jacq et à chasser l’envahisseur ».
Extrait de l’ultime message de Fernand Jacq:
« La mort naturelle libère l’humanité de ses fragments usés; la mort violente donne par réaction une énergie nouvelle à cette humanité. Toute ma vie, j’ai lutté contre la guerre et pour une vie meilleure, pour le progrès. Les morts sont de grands convertisseurs. Ma mort sera utile… »
Fernand Jacq après l’exécution des 27 otages communistes et cégétistes à Châteaubriant le 22 octobre 1941 avait refusé, au camp de Choisel, avec la grande majorité des 700 détenus (seuls 20 firent exception), de signer une déclaration d’allégeance à Pétain qui aurait pu le sortir des listes d’otages potentiels à fusiller en cas d’attentat contre les troupes d’occupation allemandes.
Il est fusillé le 15 décembre alors qu’il n’a que 32 ans avec un autre docteur, Louis Babin, l’instituteur Paul Baroux, le charpentier Maurice Pillet, le secrétaire de la fédération CGT des Produits Chimiques René Perrouault, Adrien Agnès, agent technique, les métallos Raoul Gosset et Georges Vigor, le jeune ouvrier Georges Thoretton.
Quand son nom est prononcé pour l’appel des condamnés, Fernand Jacq travaille à une étude avec les médecins Ténine et Pesqué sur la médecine sociale.
« Les neuf appelés sont amenés devant le bureau. Ils sont aussitôt enchaînés. Ils montent dans les camions, la tête haute. Le 22 octobre se renouvelle avec la même émotion. La « Marseillaise » éclate puis le « Chant du Départ ». Tout le camp chante avec eux, jusqu’à ce que disparaissent au tournant de la route les deux véhicules… C’est aux abords de la forêt de Juigné, en un lieu enchanteur, La Blisière, que le crime va être consommé ». Les Allemands, rapporte le grand résistant communiste Fernand Grenier dans Ceux de Châteaubriant voulaient éviter de faire traverser Châteaubriant aux condamnés pour les emmener à la sablière comme les 27 fusillés du 22 octobre tant l’émotion était grande dans la ville de Loire-Inférieure après ce crime. Ils avait décidé d’assassiner au fond d’un bois, loin de toute agglomération. Les 9 condamnés à mort communistes furent attachés aux arbres dans la forêt. Le crépitement des balles fut entendu des fermes proches. Le même jour, Gabriel Péri tombe au Mont Valérien et Lucien Sampaix, secrétaire général de la rédaction de l’Humanité, à Caen.

Jeudi 8 mai 2025: retrouvons-nous à Berrien pour un rassemblement pour la Paix, les valeurs du Conseil National de la Résistance et contre le fascisme à Tredudon-le-Moine en Berrien

Jeudi 8 mai 2025: retrouvons-nous à Berrien pour un rassemblement pour la Paix, les valeurs du Conseil National de la Résistance et contre le fascisme à Tredudon-le-Moine en Berrien
80 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, la victoire contre le nazisme et le fascisme, les bombardements nucléaires américains contre les villes japonaises de Hiroshima et de Nagasaki, 80 ans après la création de la Sécurité Sociale et du programme des Jours Heureux conçus par le Conseil National de la Résistance et porteur des valeurs de progrès social, humain et démocratique de la résistance française, la Fédération du Parti communiste du Finistère invite à un rassemblement le 8 mai 2025 à 17h un rassemblement au 1er village résistant de France, à Tredudon-le-Moine sur la commune de Berrien.
Ensemble disons notre volonté de Paix, d’amitié entre les Peuples et de Progrès, notre refus du fascisme, du racisme, de la guerre, de l’impérialisme, notre refus d’un monde où l’on éradique les peuples pour coloniser, où le péril de destruction globale de l’arme nucléaire revient.
Ensemble défendons l’esprit progressistes du programme des Jours Heureux du Conseil National de la Résistance: le rassemblement au service du progrès humain, les grands services publics, les retraites par répartition, la sécurité sociale, la limitation des monopoles capitalistes dans les médias.
Rendez-vous à 17h à Tredudon-le-Moine dans ce lieu hautement symbolique de la Résistance française et bretonne, au cœur des Montagnes de l’Arrée, le sommet de la Bretagne, devant la stèle du 1er village Résistant de France où nous nous sommes retrouvés la dernière fois le 8 mai 2022, il y a 3 ans, pour un rassemblement d’hommage à la Résistance et ses valeurs et pour dénoncer le vandalisme sur le panneau d’hommage au premier village résistant de France avec le maire de Berrien Hubert Le Lann, le PCF, le MJCF, le Mouvement de la Paix, l’ANACR et la FSU, le sénateur communiste Gérard Lahellec.
L’invitation pour le rassemblement dont prend l’initiative le PCF le 8 mai 2025 à Tredudon-le-Moine pour la célébration des 80 ans de la fin de la seconde guerre mondiale et de la victoire contre le fascisme est donnée à tous les citoyens qui souhaitent être présents et aux associations, syndicats, partis politiques qui se reconnaissent dans ces valeurs de Paix, d’antifascisme et de progrès social.
Hubert Le Lann le maire de Berrien et Sébastien Marie le maire de Plounéour Menez ont déjà annoncés leur présence.

Un témoignage exceptionnel sur la résistance et la déportation de Pierre Berthelot, résistant communiste FTP dans le Finistère, par son fils Roger Berthelot

Pierre Berthelot, né le 16 janvier 1920 à Pont-de-Buis, fils d’un ouvrier communiste de la Poudrerie de Pont de Buis, Louis Berthelot, qui deviendra lui-même un résistant déporté à Buchenwald, adhérent du PCF depuis 1938 à Pont-de-Buis, mobilisé en 1939, démobilisé en 1941, avait repris du service dans la résistance à Brest avec l’organisation clandestine du Parti communiste, et faisait partie du triangle militaire des opérations armées des FTPF avec Jean Louis Prima et Pierre Corre pour le Finistère et la région de Lorient (Pierre Corre responsable du secteur de Brest et nord Finistère , Pierre Berthelot responsable du secteur centre Finistère et Jean Louis Prima responsable du secteur Sud Finistère et secteur de Lorient).
Au Pont de Buis, il existe une plaque en hommage aux grands-parents de Roger Pierre Berthelot et aux parents de Pierre Berthelot, Louis Berthelot , Déporté Résistant, grand mutilé de la guerre 1914/1918, Résistant communiste de la 1 ère heure. Organisateur avec ses camarades Horn et Masson de la 1ère manifestation ,en juillet 1940, à la poudrerie nationale du Pont de Buis,demandant l’arrêt de la fabrication de poudre pour l’armée allemande. Officier de la Légion d’honneur, Médaille militaire, Croix de Guerre 1914/1918,1939/1945.. Croix du Combattant Volontaire de la Résistance.. plus d’une quinzaine de décorations. La grand mère Anne Marie Fiche épouse Berthelot, Croix du Combattant Volontaire de la Résistance.  La plaque commémorative est située sur leur maison 8 rue de la Source à Pont de Buis.
La déportation de Pierre Berthelot fut une épreuve  terrible, qui s’acheva par sa libération en 1945
Son fils, Roger Pierre Berthelot, adhérent du PCF à Brest, nous raconte cette épreuve:
« Tu te souviens….. ».
Chez mes grands parents aux Pont de Buis, pendant les vacances, plusieurs fois par semaine,des anciens Résistants, Déportés rendaient visite et racontaient leurs souvenirs .
De ma prime enfance jusqu’à mon adolescence j’ai été entouré de camarades amis de ma famille, militants communistes ou sympathisants, valeureux Combattant de la Résistance.
Quand j’ai eu 14/15 ans , j’ai eu l’âge de leur payer à boire ( Hé oui c’était la tradition !) ils sont devenus aussi mes camarades.
Ils avaient tous pour moi et ma famille une grande affection fraternelle.
Ce texte a été écrit sur les ordinateurs des bibliothèques de Brest il y a 2/3 ou 4 ans .
« Convoi de Déportation du 24 janvier 1943 .
Camp de Compiègne Royalieu., front stalag 122 sous administration allemande.
1557 hommes .
230 femmes, 4 wagons détachés à Halle , déportées à Auschwitz immatriculées et tatouées dans la série « 31000 ».
De la gare d’arrivée de Oranienburg au camp de Sachsenhausen   , plusieurs kilomètres à faire à pied.
Les 1557 déportés les firent sous les coups de bâton et les hurlements des kapos, les insultes de certains habitants. 

A l’arrivée, ils durent se mettre à nu. Subir la désinfection dans une cuve puante contenant un produit chimique. Le rasage du crâne.
L’habillement en tenue zébrée. La tenue des bagnards. La photo anthropométrique de leur visage avec leur matricule bien en vue devant eux .
Lever à 4 heures du matin… Les rations des  » repas  » calculées pour hâter la déchéance  physique et la mort. La faim languissante et perpétuelle. Des stations debout interminables  sur la place d’appel par tous les temps, le matin avant d’aller travailler, le soir pendant des heures. Le  froid était terrible en hiver: pour se protéger, de pauvres vêtements.  Des journées de travail  sous les coups et les cris des kapos. 24 heures sur 24 , dans tout le camp, l’odeur nauséabonde de la fumée du crématoire où les corps des détenus morts étaient brûlés.
Dans ces conditions épouvantables, les déportés brestois et finistériens serrèrent les rangs . Ils firent connaissance avec d’ autres déportés de toute la France, dont beaucoup de communistes ou sympathisants. 
La Résistance et la solidarité s’organisèrent .
Les français et les camarades d’autres nationalités rejoignirent l’ organisation de Résistance créée par les communistes allemands . 
Beaucoup d’entre eux, les survivants, étaient internés au camp depuis  des années . 
Ils connaissaient tous les rouages de fonctionnement du camp,  les SS, les Kapos , leurs vices , et aussi leurs faiblesses  .

Pierre Berthelot était volontaire pour toutes les missions dangereuses
que ses camarades lui demandaient .
La  remise de messages importants à des camarades de différentes nationalités,  dans des secteurs interdits du grand camp de Sachsenhausen. 

A 3 reprises en revenant de ces missions il fût intercepté par les gardes SS . La sanction, les 3 fois, sur la place d’appel, le soir, devant les milliers de détenus  et tous les SS du camp, il reçut la punition,  la bastonnade : les 25 coups de bâton sur le bas du dos. 
La douleur était telle que beaucoup de suppliciés s’évanouissaient. 
il subit  les terribles 25 coups .
Devant tous les détenus impressionnés  par son courage, il rejoignit tout seul, sans aucune aide, les camarades de sa baraque  sur la place d’appel.
Dans tout le camp, il était connu et salué par beaucoup de détenus de toutes les nationalités qui le respectaient.
Sur ordre de son organisation de Résistance il exécuta plusieurs mouchards.  Exécutions camouflées en accident du travail.
En avril 1944 ,  lors d’un bombardement des usines Heinckel par l’aviation alliée  ,les bombes  tombaient partout .
La confusion totale régnait dans le camp: plus de 600 morts  .
Pierre  Berthelot avec son camarade Oscar Behr (matricule 59358 ) en profitèrent pour exécuter un kapo particulièrement féroce envers les détenus.
 Arrêté comme suspect politique . 

Bien que suspect  , son rôle dans la Résistance n’était pas connu par les policiers en France .
Ses camarades arrêtés , torturés sauvagement par des policiers français ne prononceront jamais le nom de la famille Berthelot, 8 rue de la Source au Pont de Buis en Saint Ségal .
Grâce à leur courage , à  Albert Abalain torturé à la prison de Pontaniou à Brest , puis envoyé à Lorient où il fût torturé pendant une semaine nuit et jour toujours par des policiers français ,  ma grand mère Anne Marie Fiche épouse Berthelot, décorée de la Croix de Combattante Volontaire de la Résistance, mère d’une toute petite fille , Paulette née le 22 juin 1941, ne fût jamais arrêtée .
Après l’arrestation de son époux Louis Berthelot et de son fils aîné  Pierre Berthelot en octobre 1942 , internés à la prison de Pontaniou à Brest  avant leur Déportation dans les camps de la mort nazis, elle continua la lutte, ainsi que ses 2 autres fils René et Louis  ( Lili)  Berthelot jusqu’à la Victoire de 1945 . 

En Avril 1944 il fût appelé à Berlin au siège central de la Gestapo pour interrogatoire .
Enchaîné  entre 4 feldgendarmes .
Dans un bureau, un haut fonctionnaire en civil  , parlant bien le français, le fît jurer ,le bras tendu , devant un grand portrait de Hitler ,
de dire toute la vérité …..
Sur le bureau , un très gros dossier  sur lequel était marqué   » Rennes  » .
Il compris aussitôt que de nombreuses informations avaient été recueillies sur son compte lors des enquêtes sur l’organisation de nombreux attentats auxquels il avait participé en tant que membre du triangle de direction des opérations armées des Francs Tireurs et Partisans Français ( FTPF) pour le Finistère et la région de Lorient, avec Jean Louis Prima et Pierre Corre .
Il lui posa plusieurs questions sur sa participation à ces actions .
En France pendant les séances de  torture à la prison de Pontaniou à Brest, par des policiers français , sa seule défense avait été la négation farouche de toute appartenance à la Résistance .
Encore une fois il fît la même réponse  ,
 « Je n’ai jamais fait partie de la Résistance  » .
A sa grande surprise il ne fût pas torturé .
Les 4 feldgendarmes le ramenèrent au camp de Oranienburg Sachsenhausen .
Ses camarades ne pensaient plus le revoir .
La nouvelle de son retour se propagea vite parmi les déportés de toutes nationalités faisant partie de la Résistance intérieure du camp .
Des camarades vinrent de tout le camp le saluer .

Début juin 1944 il fût reconvoqué à Berlin . Cette fois-ci il ne se faisait plus d’illusion sur son sort  . Il salua une dernière fois ses camarades .
 » je crois que  c’est la dernière fois que nous nous voyons   » .
Comme lui ses camarades pensaient à de  longues séances de tortures  et pour finir , à une exécution .

Le même haut fonctionnaire le reçu .
Pas de coups , pas de tortures .
Il lui dit
  » vôtre affaire est trop importante  , vous allez retourner en France ! « 
A sa grande surprise  les 4 feldgendarmes le ramenèrent au camp .

Les camarades français  responsables de la Résistance comprirent  la gravité  de la situation . Ils contactèrent les  valeureux communistes allemands qui connaissaient tous Pierre Berthelot  .
 Ils se concertèrent  et proposèrent à leurs camarades français une solution .
  « Pour que Pierre ne retourne pas en France il faut que les SS perdent sa trace ! « 
A l ‘est, l’Armée Rouge avance sur tous les fronts .
Nous savons par nos camarades qui travaillent au secrétariat  ( Arbeit statistics ) que des convois de Déportés vont  être organisés dans les prochaines semaines pour d ‘autres camps. Ils commencent à dresser des listes de noms .
Nous allons leur demander de joindre Pierre à un convoi   » . La proposition fût aussitôt acceptée  ….
Roger Pierre Berthelot
1920-2020: 100 ans d’engagements communistes en Finistère
 Pierre Berthelot (1924-1986)
Une demande a été déposée à la mairie de Brest en 2018 pour qu’une rue porte son nom à Brest.
A la demande des associations suivantes: l’ Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance  ANACR; la Fédération Nationale des Déportés Internés et Patriotes FNDIRP; l’Association Républicaine des Anciens Combattants ARAC; la Fédération Nationale des Combattants Volontaires de la guerre 1939- 1945 et des forces de la Résistance; l’Association Nationale des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire; l’Amicale des Anciens Déportés du Camp de Oranienbourg Sachsenhausen et ses Kommandos; le Comité de Brest du souvenir des Fusillés de Châteaubriant…
Pendant la Deuxième guerre mondiale, notre camarade Pierre Berthelot a eu un rôle important dans la Résistance.
Il est né le 16 janvier 1920 à Saint Ségal dans le Finistère.
Il a été adopté par la Nation le 23 janvier 1924 suivant jugement du Tribunal civil de Châteaulin, en tant que fils d’un grand blessé de guerre. Son père Louis Berthelot, Officier de la Légion d’Honneur,  Médaille Militaire, Croix de Guerre 1914/1918, Croix de Guerre 1939/1945 , était revenu du front  amputé d’une jambe.
Pierre est entré à l’Arsenal de Brest en 1935.
Il est engagé volontaire pour la durée de la guerre le 17 juin 1940 à Brest.
Embarqué le 18 JUIN 1940 à Brest à bord du pétrolier ravitailleur rapide  » le Tarn », avec toute la Flotte de Guerre, il prend la mer direction l’Angleterre. Sous la mitraille des avions allemands, au milieu des mines flottantes, près du Conquet, il voit l’aviso « le Vauquois » exploser, se couper en deux au contact d’une mine dérivante lâchée la veille par des avions allemands. Plusieurs de ses camarades travaillant avec lui à l’Arsenal de Brest périrent avec environ 132 autres marins. Ordre fût donné de changer de cap ! Direction le Maroc !
Devant St Nazaire , le cuirassé « Jean Bart « rejoint la Flotte. Son Commandant, le Capitaine de Vaisseau Ronac’h avait réussi l’exploit de faire sortir le cuirassé du fin fond de l’arsenal.
Malgré les tirs de l’aviation ennemie le « Tarn  » ravitailla en munitions, en mazout  et en eau le  « Jean Bart « .
Après  Casablanca avec Georges Abalain , frère de Albert , tous les deux du Pont de Buis comme Pierre Berthelot , Toulon et les Camps de Jeunesse du côté de Aix en Provence, à Meyrargues, puis à Gap,
En janvier 1941, Albert Abalain vint du Pont de Buis en Finistère  jusqu’à Gap dans les Hautes Alpes (près de 1200 kms ), contacter son frère Georges Abalain et Pierre Berthelot pour qu’ils quittent leur camp de jeunesse.
Ils se firent libérés le 30 janvier 1941 et rejoignirent le Finistère pour combattre l’occupant nazi et ses collaborateurs français.
Au Pont de Buis, son père Louis Berthelot et Albert Abalain (fusillé au Mont Valérien avec 18  de ses camarades le 17 septembre 1943 ) avait créé un groupe de Résistance du Parti Communiste Français,les futurs Francs Tireurs et Partisans (FTPF ) .
Après de nombreuses actions offensives avec ses camarades, Venise Gosnat Responsable inter régional des FTPF pour la Bretagne le nomma  responsable de la direction des opérations armées des Francs Tireurs et Partisans  (FTPF ) pour le Sud Finistère, avec Jean Louis Prima et Pierre Corre (fusillés en 1943).
Organisateur de nombreux attentats ….
Vol d’explosifs à la Poudrerie nationale de Pont de Buis, dans les entreprises de carrière … Destruction par explosifs du téléphérique de la poudrerie nationale du pont de Buis . Envoi de valises d’explosifs à ses camarades dans tout le Finistère, le Morbihan et les Côtes du Nord. Vol de métaux pour la revente.
Destructions de dépôts de fourrage de l’armée allemande dans les gares.
Attaques de perceptions , bureaux de poste, pour se procurer de l’argent, des tickets d’alimentation afin de subvenir aux besoins de son organisation de Résistance et  acheter du ravitaillement pour nourrir les  camarades entrés dans l’illégalité et les familles des emprisonnés. Fabrication , distribution de tracts ,et inscriptions murales contre le gouvernement de Pétain et l’armée d’Occupation….
C’est Pierre Berthelot qui approvisionnait  en  explosifs  ses camarades brestois. A chaque envoi , 50 kilos de dynamite, 2 valises de 25 kilos .
Les FTPF du Finistère ont fait la plupart de leurs attentats avec cette dynamite.
Arrêté le 21 octobre 1942 à Landévénnec, transféré à la gendarmerie de Argol , puis  au commissariat de St Martin à Brest, il est incarcéré à la prison de Pontaniou. Torturé par des policiers français sous le portrait de Pétain, en présence et sous l’autorité du juge Piton du tribunal de Rennes, il nia farouchement toute participation à la Résistance.
Le 20 janvier 1943 il est transféré de Brest au camp de Royalieu à Compiègne au Front Stalag 122 sous administration allemande.
Le 24 janvier 1943 il est déporté au camp de concentration de Oranienbourg  Sachsenhausen dans le même train que 230 femmes venant du camp de Romainville: Danielle Casanova, Marie Claude Vaillant Couturier qui témoigna au procès des criminels de guerre nazis à Nuremberg,  Hélène Langevin , fille du Professeur  Paul Langevin, épouse de Jacques Solomon, Maï Politzer ,épouse de Georges Politzer (Jacques Solomon et Georges Politzer ont été fusillés le 23 mai 1942 au Mont Valérien), Charlotte Delbo, Suzanne Momon ,la mère de Gilbert Brustlein, qui avec Pierre Georges (plus connu sous le nom de Fabien ) participa à l’attentat du métro Barbès, puis à l’exécution de Karl Hotz Feld Kommandant de la place de Nantes avec 2 autres militants communistes ,Marcel Bourdarias et Spartaco Guisco.
Les 4 wagons des femmes furent détachés à Halle et dirigés vers Auschwitz .
Le train des 1600 hommes continua vers Berlin et le sinistre camp de Oranienbourg Sachsenhausen .
Pierre Berthelot a été transféré au camp de Dachau le 18 juillet 1944.
Libéré le 27 mai 1945, il est rapatrié le 28 mai 1945 à Paris hôtel  » Lutétia  » .
Pierre Berthelot en raison de sa bravoure a reçu de nombreuses distinctions et décorations:
Chevalier de la Légion d’Honneur
Croix de Guerre avec Palme et Citation à l’Ordre de l’Armée
Croix du Combattant Volontaire
Croix du Combattant Volontaire de la Résistance
Croix du Combattant
Médaille de la Déportation et de l’Internement pour faits de Résistance
Médaille de la France Libérée
Médaille des Bléssés Militaires
Médaille Commémorative de la Guerre 1939/1945 avec Barrette  « Engagé volontaire »
Il est mort pour la France le 7 avril 1986 à Brest  des séquelles de sa Déportation.
Pierre Berthelot est revenu des camps  Grand Invalide de Guerre à la suite des privations et des sévices subis.

Il y a 75 ans, la mort d’Eduard Mazé militant cégétiste, 26 ans, est tué d’une balle en pleine tête lors de la manifestation du 17 avril 1950 à Brest.

Édouard Mazé, militant cégétiste, 26 ans, est tué par les forces de l’ordre d’une balle en pleine tête lors de la manifestation du 17 avril 1950 à Brest.
Presque entièrement détruite en 1944, encore un énorme chantier de reconstruction en 1950, Brest vit de plein fouet les tensions de la guerre froide en pleine guerre d’Indochine.
Au mois de janvier avait déjà eu lieu dans le Finistère la grève des carriers d’Huelgoat, rejoints par les marins-pêcheurs qui protestent contre les importations de poissons puis par les fonctionnaires de Brest qui réclament le maintien de l’indemnité qui leur est versée au titre de « ville sinistrée ».
« Le 19 mars, ce sont plus de 5 000 ouvriers du bâtiment qui entrent à leur tour en grève, afin d’obtenir une augmentation de salaire. Ils sont bientôt suivis par les dockers du port de Brest et, peu à peu, la cité finistérienne prend des allures de forteresse assiégée par la grève générale. Elle durera plus d’un mois et sera sanglante.
Les manifestations se succèdent devant un impressionnant déploiement de forces de police jusqu’à la tragique journée du 17 avril 1950 : une fusillade éclate et Edouard Mazé, 26 ans, frère du secrétaire du syndicat du bâtiment, affilié à la CGT, s’effondre. Au final, le bilan est très lourd : un mort, de nombreux blessés dont certains gravement, à l’image de Pierre Cauzien, qui est amputé d’une jambe cinq jours plus tard. Edouard Mazé devient instantanément un emblème de la répression policière et se forge autour de lui une mémoire d’autant plus vive que l’enquête diligentée aboutit à un non-lieu » (Erwan Le Gall, site internet En Envor).
Sa mort provoqua un grande émotion et fait partie de la mémoire ouvrier de la ville et de la région. Ses obsèques ont lieu le 19 avril 1950. Un cortège accompagne les proches de l’ouvrier sur la tombe duquel figure l’épitaphe « Mort pour le pain, la paix et la liberté ». L’enquête lancée à la suite de ce drame, au cours duquel un autre militant, Pierre Cauzien, est grièvement blessé, a abouti à un non-lieu.
Le cinéaste finistérien René Vautier, 20 ans, communiste, tout jeune auteur du brûlot anti-colonial « Afrique 50 », se rend clandestinement à Brest à la demande de la CGT pour relater cette fin tragique dans son film Un Homme est mort (film disparu, mais à l’époque projeté 88 fois dans les rues de Brest, la 89e projection lui ayant été fatale), dont le titre et l’histoire ont été repris par une belle bande dessinée de Kris et Davodeau (Futuropolis, 2006), base d’un long métrage d’animation de Olivier Cossu sorti en 2017.
Ce titre « Un homme est mort » est emprunté à un poème d’Eluard en hommage au journaliste de L’Humanité et militant communiste Gabriel Péri, fusillé par les Nazis:
Un homme est mort qui n’avait pour défense
Que ses bras ouverts à la vie
Un homme est mort qui n’avait d’autre route
Que celle où l’on hait les fusils
Un homme est mort qui continue la lutte
Contre la mort contre l’oubli.
Après les grèves du bâtiment de 1950 et la mort d’Edouard Mazé le 17 avril 1950, le député communiste de Brest Gabriel Paul, ami de Pierre Cauzien, a accompagné la grande grève des travailleurs de l’Etat en 1951 et joué un rôle décisif à l’Assemblée Nationale pour la promulgation du décret du 22 mai 1951 qui alignait les salaires des travailleurs de l’Etat sur ceux des métallurgistes de la région parisienne. 1950 fut, dans le contexte de la lutte contre la guerre d’Indochine, des mouvements ouvriers et populaires dans un climat d’exaspération sociale liée à la misère, et de guerre froide, une période d’anti-communisme d’État très violent: ainsi les députés communistes du Finistère, Alain Signor et Marie Lambert, furent emprisonnés cette année-là pour avoir manifesté contre la guerre d’Indochine, comme Jacques Duclos, lui-même, pourtant figure de la résistance.

Voir aussi:

Histoires d’images, images d’Histoire réalisé en 2014 par Moïra Chappedelaine-Vautier (54 mn)

http://www.tebeo.bzh/replay/354-histoires-dimages-images-dhistoires/8880334

L’audience du Parti Communiste à la libération dans le Finistère

Le 21 avril 1944, les femmes obtiennent enfin le droit de vote en France grâce à un amendement du communiste Fernand Grenier

Le 21 avril 1944 , le droit de vote est donné aux femmes en France par une ordonnance ( après un amendement du communiste Fernand Grenier ) du Comité français de la Libération nationale . Le droit de vote des femmes est confirmé par l’ordonnance du 5 octobre sous le Gouvernement provisoire de la République française . Il sera utilisé pour la première fois les 29 avril et 13 mai 1945 lors des élections municipales , puis en octobre pour les élections à l’Assemblée constituante…

Le 21 avril 1944, le communiste Fernand Grenier dépose l’amendement qui donne le droit de vote et d’éligibilité aux femmes.

21 octobre 1945: les femmes obtiennent concrètement le droit de vote.

De tous temps, les communistes ont porté le progrès et l’émancipation … présentant des femmes aux élections alors qu’elles n’avaient pas encore le droit de vote, dès 1925.

Au nom de l’idéal qui nous faisait combattre et qui nous pousse encore à nous battre encore aujourd’hui, au service d’une société plus juste et d’un monde meilleur! Et pour étendre l’égalité femmes-hommes, et les droits des femmes.

Fernand Grenier est décédé le 12 août 1992

Voici un article paru dans l’Humanité en avril 2014:

Fernand Grenier, ce communiste qui a permis le droit de vote des femmes !

« Si l’ordonnance donnant le droit de vote aux femmes a été prise il y a 70 ans jour pour jour par le Général de Gaulle, cette avancée, on la doit à un Tourquennois.

Fernand Grenier rédigera l’amendement, un mois plus tôt, lors de l’assemblée constituante provisoire, installée à Alger : « Les femmes seront électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ». Un texte sans ambiguïté mais qui suscita le débat. Un amendement adopté par 51 voix sur 67 votants.

En janvier 1943 pourtant, lorsque se constitue l’assemblée consultative provisoire, « les débats sur l’organisation des pouvoirs publics ne prévoyaient pas le vote des femmes », relate Fernand Grenier dans un article de L’Humanité (18/04/1991). En 1943, le Tourquennois, au nom du parti communiste rejoint à Londres le Général de Gaulle. « C’est ainsi que je fus amené à poser la question du vote des femmes pour la première fois quand le Général de Gaulle me proposa de faire partie d’une commission de réforme de l’État, écrit-il encore. Je pensais qu’il serait injuste de continuer à considérer les femmes comme incapables de se servir du bulletin de vote ».

Mais comment ce Tourquennois a-t-il gravi les échelons ?

Pour le comprendre, il faut remonter à la jeunesse de Fernand Grenier. Et cette figure du père qui va le marquer profondément. Édouard Grenier, marié à Léontine Ghesquière, tous deux belges, va donner naissance à Fernand le 9 juillet 1901. « Mon père arrivé illettré de sa Wallonie, va apprendre à lire et écrire par les cours du soir », raconte Fernand Grenier dans Ce Bonheur là.* Un père livreur, militant socialiste, organisateur du syndicat des transports de Tourcoing. En raison de son action syndicale, il sera licencié plusieurs fois.

C’est durant cette période que Fernand découvre l’univers socialiste : les lectures du père, l’achat du pain à la coopérative La solidarité ouvrière, les dimanches à la maison du peuple, siège du parti ouvrier, alors qu’il n’a que 11 ans. Cette figure paternelle va disparaître en 1917. Arrêté par les Allemands, il décédera dans une compagnie disciplinaire des travailleurs. « C’est une épreuve qui devait marquer ma jeunesse, j’avais 16 ans ». Et il était orphelin. Fernand Grenier avait perdu sa mère alors qu’il n’avait que 9 ans. « J’étais fier de mon père. À chaque événement marquant de ma propre vie de militant, le souvenir de mon père s’imposera », écrit Fernand Grenier.

Apprenti mouleur à la fonderie, apprenti boulanger où il sera licencié car syndiqué, Fernand est ensuite embauché comme aide comptable à l’école des Mutilés de Tourcoing. Il habite alors Neuville – où il épousera en 1926 Andréa Beulque – et, en février 1922, adhère à la section communiste. « J’avais sans m’en rendre compte découvert le chemin de la vie : la joie de servir le peuple auquel on appartient ».

Après le service militaire, Fernand Grenier intégrera l’école centrale du Parti et en sortira instructeur pour le Roubaisis et le Valenciennois. Élu au comité exécutif régional en 1925, Fernand sera dépêché à Halluin, comme employé de mairie pour « aider la municipalité communiste contre laquelle le puissant patronat de Roubaix Tourcoing concentrait tous ses moyens ».

Au début des années 30, Fernand Grenier est appelé à Paris, non sans hésitation. « À Neuville, en adhérant au parti, j’avais commencé à ouvrir les yeux aux réalités sociales. L’âpreté de la lutte sociale contre la bourgeoisie, Halluin me l’avait apporté », raconte-t-il.

Président des amis de l’URSS, Fernand Grenier bataillera à Saint-Denis où il sera élu conseiller municipal en 1937, puis en deviendra le député jusqu’en 1968. « C’était quelqu’un de très attaché à sa région, raconte Claudie Gillot-Dumoutier, fille d’Auguste Gillot, ancien maire de Saint-Denis. Il chantait tout le temps Le P’tit Quinquin ».

Arrêté en 1940, il s’évadera de Châteaubriant. En1943, il partira à Londres représenter le parti communiste clandestin auprès du Général de Gaulle. Il décédera en 1992 à Saint-Denis ».

Ce bonheur Là, de l’horizon d’un homme à l’horizon de tous », Fernand Grenier, Éditions sociales, 1974

Fernand Grenier, à l’origine du droit de vote des femmes

La question du vote des femmes fut posée au mois de mars 1944 par le député Fernand Grenier. Se référant aux déclarations du général de Gaulle pendant la guerre, Fernand Grenier souhaitait que l’Assemblée Consultative reconnaisse le droit de vote et d’éligibilité des femmes « afin que nous lui manifestions notre solidarité et notre volonté de ne plus la traiter en mineure, en inférieure ».

Cependant, malgré la volonté affichée par le Général de Gaulle dès 1942, un grand nombre de réticences virent le jour lors des débats sur le vote de l’amendement défendu par le député Grenier du 24 mars 1944 à l’Assemblée consultative provisoire.

Les interventions de Monsieur Paul Giacobbi « Pensez-vous qu’il soit très sage dans une période aussi troublée que celle que nous allons traverser que de nous lancer ex abrupto dans cette aventure que constitue le suffrage des femmes ? » ou encore de Monsieur Bissagnet : « L’amendement Grenier amènera un déséquilibre très net, car il y aura deux fois plus de femmes que d’hommes qui prendront part au vote. Aurons-nous donc une image vraie de l’idée du pays ? En raison de ce déséquilibre, je préfère que le suffrage des femmes soit ajourné jusqu’à ce que tous les hommes soient rentrés dans leurs foyers, et c’est pourquoi je voterai contre l’amendement » étaient représentatives des positions de certains des membres de cette Assemblée Consultative provisoire.

On entendit beaucoup d’arguments spécieux de procédure pour faire obstacle aux droits de vote et d’éligibilité des femmes. Heureusement, le courage et la détermination d’autres délégués permirent de contrebalancer ces résistances.

« Quand il s’agit de jeter les femmes dans le creuset de la guerre, est-ce que nous attendons ? Sera-t-il dit toujours que l’on exigera de nos compagnes l’égalité devant l’effort de la peine, devant le sacrifice et le courage, jusque devant la mort sur le champ de bataille et que nous mettrons des réticences au moment d’affirmer cette égalité ». (Robert Prigent, syndicaliste chrétien, membre du parti démocrate populaire)

L’amendement sur le droit de vote et d’éligibilité fut fermement défendu par le député Grenier et grâce à sa ténacité, l’article 16 de l’amendement fut adopté le 24 mars 1944 à la majorité de 51 voix contre 16 sur 67 votants et devient l’article 17 de l’ordonnance du 21 avril 1944 signée par De Gaulle.

Eva Golgevit – La résistante et l’enfant – Mardi de l’éducation populaire le 29 avril à 18h, Ciné-conférence avec Jean Golgevit au local du PCF Morlaix

Découvrez LA RÉSISTANTE ET L’ENFANT, le film documentaire de Jean Barat sur Eva Golgevit.
Une projection – conférence animée par son fils Jean Golgevit.
Un Mardi de l’éducation populaire vibrant, touchant, essentiel, plus que jamais ouvert à toutes et tous, et comme toujours gratuit.
Mardi 29 avril, 18h.
au local du PCF Morlaix, 2 petite rue de Callac. 
Mardi de l’éducation populaire ouvert à toutes et tous, entrée gratuite

Avec Gildas Priol, conférence sur Missak et Mélinée Manouchian et la Résistance brestoise ce mardi 25 mars à 18h – dans les locaux du PCF rue Berger à Brest

Inauguration de la rue « Mélinée et Missak Manouchian, résistante et résistant » à Brest samedi 22 mars

Inauguration de la rue « Mélinée et Missak Manouchian, résistante et résistant » à Brest samedi 22 mars
RDV à l’angle du 15, rue Coat ar Gueven
Samedi 22 mars 2025 à 11h
Hommage à ces combattants antifascistes, FTP-MOI, morts pour la liberté. Leur mémoire est un combat d’aujourd’hui.

Hommage à Mélinée et Missak Manouchian le samedi 22 mars à 11h à Brest – dévoilement de la plaque de la rue à Brest

Hommage à Mélinée et Missak Manouchian

Nous vous invitons au dévoilement de la plaque en hommage à Mélinée et Missak Manouchian, figures emblématiques de la Résistance.

 Samedi 22 mars
 À partir de 11h
15, rue Coat ar Gueven


Missak Manouchian, chef du groupe des FTP-MOI, et son épouse Mélinée, résistante et survivante, incarnent le combat pour la liberté et la justice. Leur engagement ne doit jamais être oublié.

Venez nombreux leur rendre hommage !

Ce même samedi 22 mars, la section communiste de Brest organise une conférence d’éducation populaire à 18h 6 rue Berger à Brest avec l’historien de la Résistance Gildas Priol sur la résistance communiste. 

Venez nombreux!

Groupe des élu.e.s communistes de Brest et Brest Métropole

Vendredi 7 mars 2025 à 10h45: Hommage à Pierre Sémard en gare de Brest

Ce vendredi 7 mars 2025 à 10h45 devant la stèle de la gare de Brest  aura lieu la traditionnelle commémoration d’hommage à Pierre Sémard.
 Livré par Vichy aux nazis, qui l’ont fusillé le 7 mars 1942 à la prison d’Évreux. Il a été Secrétaire Général de la fédération CGT des cheminots, et Secrétaire Général du Parti Communiste Français de 1924 à 1929.
Le devoir de mémoire et de transmission de la connaissance des faits est indispensable pour lutter contre l’oubli et les révisions de l’Histoire, qui marquent  aujourd’hui notre actualité politique et sociale.

A l’heure où l’extrême-droite progresse dangereusement en Europe et dans le monde, les communistes appellent à combattre  le racisme et la xénophobie qui demeurent des ressorts majeurs de sa progression  .

Alors qu’il coule dans les veines du continent européen un venin de couleur brune comme si aucune leçon n’avait été retenue de l’histoire, la section du pays de Brest du PCF appelle à rendre hommage à ceux qui se sont battus contre le fascisme et pour la paix.
Pierre SEMARD, fusillé le 7 mars 1942.
Pierre Sémard est né le 15 février 1887 à Bragny-sur- Saône dans une famille de cheminots. Devenu cheminot lui-même, Pierre Sémard s’engage activement dans le syndicalisme. Il devient le secrétaire général de la Fédération des cheminots CGT en juin 1921, de la Fédération des cheminots CGTU après la scission, puis de nouveau avec la CGT réunifiée en 1936.
La famille Pierre Sémard habitait au 65 avenue Secrétan dans le 19èarrondissement où se trouve aujourd’hui un nouvel immeuble des HLM.
En 1939, à la déclaration de guerre, Pierre Sémard est réquisitionné comme cheminot et doit s’installer avec sa famille à Loches en Indre et Loire. C’est dans cette ville qu’il est arrêté, en octobre 1939, par le gouvernement de l’époque en vertu d’un décret qui interdit le Parti Communiste Français.
Alors que l’armée allemande envahit le pays, Pierre Sémard est maintenu en détention au camp de Gaillon dans l’Eure d’où les autorités de Vichy le livreront plus tard comme otage à l’occupant.
Durant sa captivité, Pierre Sémard, malgré son internement, réussit à garder le contact avec les syndicats clandestins, il sera un personnage-phare dans la mobilisation des Cheminots contre les nazis.
Il apporte ses conseils, rédige des appels au combat et dans sa dernier lettre avant d’être fusillé, il lance un ultime appel à ses amis cheminots :  » Je meurs avec la certitude de la libération de la France. Dites à mes amis cheminots qu’ils ne fassent rien qui puisse aider les nazis. Les cheminots me comprendront, ils m’entendront, ils agiront. Adieu chers amis, l’heure de mourir est proche. Mais je sais que les nazis qui vont me fusiller sont déjà des vaincus et que la France saura poursuivre le bon combat ».
Les cheminots joueront un rôle considérable dans ce qu’on a appelé “la bataille du rail”.
Le 6 mars 1942, Pierre Sémard est transféré à la prison d’Évreux et remis le lendemain aux autorités allemandes pour être fusillé comme otage, le lendemain.
Juliette, l’épouse de Pierre Sémard, fut elle aussi arrêtée le 7 août 1941, elle avait assuré durant l’internement de son mari la liaison avec la direction clandestine des cheminots. Jugée le 5 janvier 1942, elle fut condamnée à 8 ans de travaux forcés. Déportée à Ravensbrück, elle fut rapatriée le 24 juin 1945.
Avec la complicité de son épouse, Pierre Sémard avait, jusqu’à son exécution, tenu une place considérable dans la direction de la Résistance cheminote. Cette place lui a été reconnue officiellement au titre de la Résistance Intérieure Française. Pierre Sémard est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

Témoignage – L’itinéraire de Michel Tanguy, instituteur morlaisien communiste en Algérie pendant la guerre d’Algérie

Michel Tanguy est né le 3 février 1930 sur la commune de Ploujean, aujourd’hui intégrée à Morlaix. A sa naissance, ses parents habitent dans une maison qu’ils ont fait construire sur un terrain de 800 m2 Avenue de la République, à Coat-Serho, sur la colline surplombant le port de Morlaix.

Sa mère originaire de l’île de Batz, née le 30 mai 1895, détentrice du brevet élémentaire, est institutrice, et son père, né en 1888, natif de Plouégat-Guerrand, est le bras droit du directeur des affaires maritimes (à l’époque Inscription maritime). Il travaillera un moment au Havre où la famille de Michel Tanguy déménagera quand il était petit, pour y vivre deux ans, avant de retrouver le Finistère, Brest, Bourg-Blanc, où sa mère obtient un poste d’institutrice en 1938, puis Morlaix, où Michel Tanguy, qui a quitté la ville à deux ans, revient à onze ans, en pleine occupation.

Les Allemands occupent le collège (Tristan Corbière, Kernéguès aujourd’hui). Qui se replie sur l’école du Poan-Ben. Michel Tanguy a en 6ème un professeur d’anglais jugé mauvais et violent, Monsieur Darcel, qui sera arrêté à la libération pour faits de collaboration. Par contre, Monsieur Vazel, le professeur de français, est très apprécié de ses élèves, et Michel Tanguy l’aime beaucoup. Il enseigne aussi en classe de philo. A la rentrée 1942, les Allemands occupent aussi l’école du Poan-Ben. Les enfants n’ont plus de classe de doivent recevoir leurs cours par correspondance, puis au collège des filles. C’est là que retentit la sirène le 29 janvier 1943 pour le bombardement du Viaduc qui fera 70 morts à Morlaix, dont 42 enfants et leur maîtresse à l’école Notre-Dame-des-Anges. Après le bombardement du Viaduc, Michel Tanguy continuera son collège à Lanmeur, les écoles morlaisiennes étant fermées.

Il retrouve le collège des garçons en octobre 1944, et ira jusqu’à la Terminale, à Kernéguès, à l’ancien lycée Tristan Corbière, aujourd’hui reconverti pour les Services techniques de la ville de Morlaix.

A la sortie du lycée, en 1949, il a 19 ans. Il aurait bien voulu continuer ses études, mais la faculté étant à Rennes, et le logement difficile à trouver et à payer, il doit y renoncer.

A l’époque leurs salaires étaient bas: une institutrice partant en retraite gagnait 1000 francs par mois tandis qu’un chauffeur aux Ponts et Chaussée pouvait gagner 3000 francs par mois à ses débuts. Les parents n’avaient pas fini de plus de payer la maison rue de la République à Coatserho, près de l’ancienne clinique Lejeune.

Michel Tanguy doit donc vivre et cherche un poste d’enseignant suppléant ou bien de surveillant et il trouve effectivement un poste de surveillant à Pont-de-Buis.

Cela lui permet d’obtenir un sursis de 5 ans pour son service militaire, jusqu’à ses 25 ans. Il se plaît à Pont-de-Buis, loin de sa mère, qu’il décrit comme « un véritable dragon ».

Celle-ci lui découpe un un jour un article de journal: on cherchait des instituteurs en Algérie.

Michel Tanguy comprend qu’il peut faire son école normale pendant un an en 1950 à Alger et décide de tenter l’aventure. Un peu plus tard, ce sera au tour de ses futurs amis, normaliens, et instituteurs et militants communistes en Algérie, Guy Drouillard, de Gironde, avec sa femme Suzanne, et André Castel, avec sa femme Annick.

Sa future femme, Marie-Thérèse Sizun, travaillait aux PTT, elle était communiste depuis ses 17 ans. Son père, Pierre Sizun, était responsable communiste et secrétaire de la CGT à la poudrerie de Pont-de-Buis, un proche de François Tanguy, secrétaire départemental de la CGT, qui deviendra plus tard proche aussi avec Michel Tanguy.

Après un emploi d’été en colonie de vacances, Michel Tanguy arrive à Alger, se fait accueillir à la brasserie « La Lorraine », un des meilleurs restaurants d’Alger situé non loin du port, par les époux Thorillec, les patrons, des bretons chaleureux (Monsieur Thorillec est originaire d’Irvillac), chouchoutant tous les bretons expatriés en Algérie dans leur établissement avec vue sur mer.

Tout de suite, Michel s’étonne de voir les européens d’Algérie, souvent d’origine espagnole, italienne, maltaise, très bien habillés, tout en contraste avec une population arabo-berbère musulmane avec des allures plus misérables.

Après cette agréable réception chez les Thorillec, Michel Tanguy prend le bus pour Bouzaréah, à 10 km d’Alger en haut de la colline, où se trouve l’école normale d’Alger.

Il y a quatorze bretons à l’école normale d’Alger, sur 136 élèves. Dans la petite commune de la banlieue d’Alger où se trouve l’école normale, Michel Tanguy trouve une famille de bretons de Saint-Pol-de-Léon, M. et Mme Bernard, qui accueillent à bras ouvert tous les bretons.

« Des gens formidables, catholiques très pratiquants: lui était prof à Alger dans une école libre ».

A Alger, Michel Tanguy fait partie de l’association des bretons d’Alger. « On se réunissait tous les samedis après-midi, on dansait, on chantait, on a même été filmés par les actualités cinématographiques pour la Saint Yves ». Nous avons été invités à la foire exposition de Blida, à 50 km d’Alger, au stand des Bretons, pour une fête organisée par la municipalité. On y a chanté le « Bro Goz Ma Zadou », on y défile au biniou en ville: même les gendarmes se sont mis au garde-à-vous. Le jour de la Saint-Yves, le cercle celtique réédite ses chants et danses dans la banlieue d’Alger, à Kouba, et se fait filmer par les actualités cinématographiques.

« Toute l’année j’ai été hanté par le fait que je devais me marier en rentrant en France. Et trouver un poste pour moi dans l’enseignement et pour Marie-Thérèse dans les PTT. Je connaissais un morlaisien et une morlaisienne en Algérie, un ami de mon frère, de huit ans de plus que moi, que j’avais connu enfant à Coatserho. Il avait un poste important dans les PTT au gouvernement de l’Algérie. Ensemble on a parlé à un inspecteur de l’enseignement primaire d’Alger. J’ai réussi à la sortie de l’école normale à avoir un poste à Khenchela, où il y avait un bureau de Poste. Mais ma femme n’a pas pas réussi à l’obtenir. Elle a pris un congé pour convenance personnelle de 6 mois et a trouvé un poste de secrétariat pour un ingénieur des Ponts et Chaussées, chef de chantier. Au bout de 6 mois, elle a redemandé un congé mais le receveur des Postes l’a dénoncée à la direction de Quimper, arguant qu’elle travaillait aux Ponts et Chaussées. Marie-Thérèse a été « démissionnée » d’office par le directeur des Postes de Quimper, malgré ses 4 ans d’ancienneté. Elle a fini aux Ponts et Chaussées. »

 

Photo de mariage de Michel Tanguy avec Marie Thérèse (Sizun)

 » On est partis en Renault 4 CV depuis Pont-de-Buis à la fin des vacances scolaires après mon école normale.

Trois jours de route pour arriver à Marseille. Arrivée à 7h du soir, à Marseille, pour déclarer la voiture. A l’arrivée au port, on apprend que la CGT de la compagnie générale transatlantique fait grève. On a dû partir en avion. Notre fils Ronan n’avait que 14 jours en quittant Pont-de-Buis. Nous avons pris l’avion entre Marseille et Philippeville. Puis un autre avion pour Constantine, et, de là, un car. Une voiture nous est d’ailleurs rentrée dedans. Arrivés à Khenchela, nous n’avons trouvé personne pour garder le bébé. On s’est trouvé dans une merde épouvantable. Je gagnais 36 000 F par mois mais j’avais 25 000 F de remboursement par mois pour ma 4 CV, et je devais en plus débourser 6 000 F pour nous loger. Une famille juive nous sous-louait deux pièces dans un meublé. Il restait 5 000 F pour vivre à 3, une misère…. »

Khenchela est dans le Massif des Aurès, à 150 km au sud de Constantine, une commune de 14 000 habitants avec un bourg de 4000 habitants, dont 500 européens, une communauté juive importante et une communauté musulmane, composée principalement de Kabyles, les Chaouias berbères des Aurès.

On était l’année scolaire 1950-1951. En Algérie, il y avait l’école indigène et l’école européenne.

L’ancienne école indigène ne recevait aucun européen. L’autre école recevait des enfants européens et des petits algériens, principalement des juifs et des enfants de notables musulmans.

Le directeur était raciste vis-à-vis des petits musulmans. Dans sa classe, son chouchou était le fils de administrateur. C’était un chaouch, un sergent, qui venait le chercher le soir, ou sa mère… Il ne faisait rien de ce qu’on demandait aux autres, mais c’était le directeur qui entendait le dispenser de toute obligation, au regard de la condition de ses parents. Je ne l’entendais pas ainsi et je voulais que le petit monsieur participe aux tâches collectives, comme les autres.

Le directeur s’exclama:

– M. Tanguy est là depuis trop peu de temps pour savoir qu’ici il y a des règles.

Je lui ai répondu:

– Avec moi, Monsieur Cohen, il n’y a jamais deux poids, deux mesures.

L’administrateur en personne est venu me serrer la main et me féliciter ».

A Khenchela, il y avait de petites entreprises du bâtiment. Les ouvriers algériens demandèrent de l’aide à Guy Drouillard pour fonder un syndicat.

« Tout le monde se syndiquait à la CGTA, depuis que Guy Drouillard avait fondé l’UL CGTA de Khenchela. Ils ont déclenché une grève dans la plus grosse entreprise de Khenchela.

Même l’inspecteur du travail s’est déplacé. Il n’y avait pas de fiche de paye. Il a fallu payer les salariés avec effet rétroactif ».

En Algérie, Michel Tanguy devient ami intime avec Guy Drouillard, futur élu communiste de Perros Guirec et secrétaire de section PCF à Perros, qui restera pour lui le meilleur militant communiste qu’il ait pu connaître, un  instituteur d’origine bordelaise arrivé en Algérie déjà encarté communiste, et qui vend le journal du parti communiste algérien, « Liberté », sur le marché à Khenchela, ce qui, outre ses activités d’organisation syndicale, lui vaudra d’être suspect aux yeux des colons et de l’administration coloniale, et d’être arrêté au lendemain du soulèvement du 1er novembre 1954, qui touchera Khenchela plus que toute autre ville algérienne, avec un policier et un militaire tués, une prise d’assaut de bâtiments représentant les forces de répression. Guy Drouillard sera le seul européen arrêté préventivement parmi 19 suspects.

En avril 1955, alors que les opérations de répression contre les Algériens ont commencé, Guy Drouillard s’est présenté aux élections pour le Conseil Général avec le PCA, le Parti communiste algérien, qui soutenait l’indépendance algérienne, ce qui lui a valu d’être interdit de séjour dans le secteur de Constantine.

En 1954, Michel Tanguy rencontre aussi à Khenchela André Castel, instituteur de Carantec avec sa femme Annick Pailler Castel, ancienne employée de mairie à Carantec.

Les Drouillard, les Castel, les Tanguy se fréquentent et sont des instituteurs unis par leurs idées progressistes et leur critique du colonialisme et de son cortège de racisme et d’humiliation.

André Castel est muté par l’inspection académique à Babar à 1 200 mètres d’altitude, à 40 km au sud de Khenchela, dans les Aurès, les seuls civils blancs au milieu des Aurésiens, et ils se démènent pour l’assistance aux familles désargentés du village, réclamer l’accès aux soins pour eux.

Les Castel viennent en aide aux familles algériennes pour que les enfants puissent fréquenter l’école ; quand l’école est fermée pour congés ou par force, ils ne trouvent contacts et refuge qu’auprès du petit groupe de syndicalistes progressistes autour de l’instituteur Guy Drouillard qui tient l’Union locale CGT de Khenchela.

Pour les services aussi bien civils que militaires, Guy Drouillard est « Le communiste » ; au reste il est chassé du département de Constantine (tout l’Est à l’époque).

André et Annick deviennent rapidement suspects aux yeux des quelques Français et Européens du district et bientôt des militaires qui, avec le début des opérations de guerre, s’installent près de l’école, et y torturent, enchaînant des suspects torturés aux grilles de l’école, des parents d’élèves, à la grande indignation de André et Annick. La buanderie et le garage de l’école de Babar servent de lieux d’interrogatoire et de torture ; l’école et leur logement sont occupés par militaires et gardes mobiles occupés à leurs opérations de « pacification ». André Castel adresse un rapport à l’Inspection académique. Plus de doute, le couple est communiste. Ils sont déplacés d’office. Guy se retrouve sans travail, rentre en vacances en métropole et décide de revenir en Algérie avec Annick et sa fille Martine. Il reprend des études à l’université d’Alger où il se lie d’amitié avec des étudiants communistes et rentre dans le soutien au mouvement indépendantiste et l’ALN. Annick travaille comme secrétaire pour la CGT et pour un avocat algérois. Les deux sont arrêtés et torturés par les paras à l’été 57. Annick est même violée comme d’autres détenues algériennes.

André Castel deviendra d’ailleurs premier secrétaire du Ministère de l’Industrie du FLN sous Boumediene sous le nom de Mourad.

Michel Tanguy, revenu en France à l’été 54, est incorporé pour son service militaire le 1er novembre 1954, le jour de la Toussaint sanglante qui apparaît aujourd’hui comme le déclenchement de la guerre d’Algérie et qui touche particulièrement Khenchela.

Il est affecté à l’école des mousses de Loctudy. Il cherche à tout prix à éviter le départ en Algérie pour combattre les Algériens. A l’école des mousses, il enseigne aux futurs marins avec un prof de sciences. Lui enseigne le français et l’histoire-géo. Cela dure 30 mois.

En 1957, libéré de ses obligations militaires, il doit retourner prendre un poste d’instituteur en Algérie, car il avait encore des années à y faire suite à sa titularisation en Algérie après l’école normale d’Alger.

Michel Tanguy a bien pensé démissionner de l’éducation nationale, rejoindre une usine de radio en région parisienne. Ou bien obtenir une ordonnance de complaisance pour un congé psychiatrique grâce à une relation familiale mais l’académie de Constantine n’est pas dupe et lui enjoint de revenir immédiatement, sous peine d’être licencié de son poste d’instituteur.

Il demande avec un copain, Maurice Le Guellec, de la région de Douarnenez, marié à une institutrice, une nomination à Constantine.

Mais alors que des postes sont non pourvus à Constantine, ils sont mutés d’office aux « cent mille diables » dans la région de Sétif, à Ouled Ali Ben Atmane. Le bourg le plus proche est La Fayette.

L’école toute neuve reçoit 450 garçons. Un instituteur appelé fait classe, des kabyles qui ont travaillé en France et ont un petit niveau aussi. L’école est en zone opérationnelle pour les militaires. Des combats y ont eu lieu. Des officiers se sont fait tirés dessus alors qu’ils jouaient au tennis. Une vaste opération de ratissage contre les combattants algériens a eu lieu. Un village à côté de Ouled Ali Ben Atmane a été rasé.

Le responsable du syndicat national des instituteurs de Sétif conseille à Michel Tanguy de ne pas accepter le poste, dans une région dangereuse, de faire grève.

Michel Tanguy et son ami essaient de faire grève et de voir le résultat. Cela n’a duré qu’une semaine: s’ils ne réintègrent pas leur classe, ils sont considérés comme démissionnaires.

Tout de suite, le responsable des Renseignements du poste militaire et le lieutenant mettent la pression sur Michel Tanguy, lui demandant ce qu’il pensait de la torture en lui tendant un dossier de l’Express de Servan-Schreiber dénonçant la torture. Michel Tanguy demande à ce que l’on constitue une classe de filles, et c’est Michel Tanguy qui la prend.

Michel Tanguy voit des algériens déplacés loin de leurs villages, dans des zones sans eau. Ses amis Castel et Drouillard ont été interdits d’enseignement dans le constantinois et André et Annick Castel ont participé à la lutte pour l’indépendance de l’Algérie dans le département d’Algérie, défiant Massu et ses paras. Quand André Castel est arrêté avec sa femme et que leur jugement a lieu avec les paras: on propose à Michel Tanguy de témoigner pour eux, mais des Algériens le dissuadent d’aller au Procès. Michel Tanguy a fait une déclaration avec ce qu’il savait que la population arabe connaissait de lui. L’avocat d’André Castel a lu la déclaration écrite au procès.

En avril 1957, Michel Tanguy a adhéré au PCF, convaincu par Guy Drouillard. Son père était un militant SFIO avec sa carte, un socialiste de guerre froide, anticommuniste. Quand Michel Tanguy a rencontré sa femme Marie-Thérèse en 1949, lui aussi était anti-communiste et a été sur le point de ne pas sortir avec elle à cause de cela.

En 1953, à Khenchela, aux Municipales Guy Drouillard avait été candidat communiste avec la femme de Michel Tanguy, Marie-Thérèse Tanguy, née Sizun. Michel Tanguy avait été tenté de les rejoindre. Ils sont déjà très amis. Guy et sa femme, Suzanne, avaient été invités à Pont-de-Buis en 53 chez les Sizun, les beaux-parents de Michel Tanguy. Les Castel eux avaient invité les Drouillard à Carantec.

Le 1er janvier 1958, Michel Tanguy revient à Khenchela. Des ouvriers lui sautent au cou, ils se souviennent de lui et de Guy Drouillard. Michel Tanguy enseigne désormais dans l’école indigène qui contient 20 classes. C’est le seul enseignant titulaire et le seul instituteur européen avec des jeunes algériens qui n’ont souvent que le brevet des collèges.

Le directeur, un juif arabe, devient copain avec Michel Tanguy. Michel et lui causent beaucoup en rentrant de l’école et en faisant les cent pas, se donnent rendez-vous au café maure. Michel refuse désormais d’aller dans les cafés tenus par les pieds-noirs, les trouvant trop racistes.

« Il y avait à Khenchela beaucoup de juifs des Aurès, des descendants des compagnons de la Kahina. La fille d’un rabbin Eliane fréquentait un catholique débaptisé, un collègue instit qui avait une classe en dehors du village. Sa famille la séquestrait chez elle, ses frères la battaient. Ils comptaient la marier à un vieux juif de Constantine. Ils la conduisaient à l’école, allaient la chercher. L’inspecteur primaire de Guy Drouillard voulait l’enlever la veille des vacances de Pâques. Ma 4 CV a servi à l’enlèvement et à la libération de la fille du rabbin qui a pu se rendre à Philippeville puis gagner la France en avion. Heureusement car ses frères attendaient son retour avec des fusils. Cela a fait un scandale épouvantable. Le rabbin a dû quitter Khenchela et les juifs conservateurs ne pouvaient plus nous voir ».

La fréquentation des instits pieds noirs, racistes pour beaucoup, est compliquée dans le moment. La population européenne de Khenchela juge Michel suspect, de fréquenter les « arabes ». Début 1958, Khenchela est devenu un camp retranché, avec un aérodrome, entouré de barbelés.

Michel Tanguy donne cours en CP en apprenant à lire à 50 enfants algériens. Ils vont en classe à mi-temps, en effectuant des rotations à la mi-journée. A noël, les enfants savaient déjà lire couramment. Il devient complice avec un vieil instituteur qui fait classe d’initiation, pourvu simplement d’un certificat d’étude.

Quand il se promène dans la commune, Michel sent qu’il est mal vu par les pieds-noirs. Il est convoqué aux Renseignements généraux. On lui demande s’il est communiste. Il nie. On le cuisine. Michel s’en sort en montrant une lettre datée de 1954 venant d’un inspecteur des renseignements généraux de sa connaissance. Quelques jours à près, c’est le coup de force en Algérie des Salan, Soustelle, Massu. Le lien avec la France est coupé: plus un avion, plus un bateau. Les partisans de l’Algérie française et de la répression à tout crin triomphent. L’ambiance était épouvantable à ce moment-là pour Michel et Marie-Thérèse: ils avaient peur. Peu de temps avec le coup d’État, les ultras de l’Algérie française avaient organisé une manifestation. Les jeunes instituteurs algériens avaient conseiller à Michel Tanguy d’y participer. Ils filtraient et retenaient le nom des participants, établissaient des listes de ceux qui ne s’étaient pas joint au mouvement.

Au bout d’une dizaine de jours, un collègue apprend à Michel qu’une réunion du SNI a lieu le jour même. Seuls sont convoqués les pieds noirs ainsi que quelques algériens. La colère s’empare de Michel et il décide de s’y rendre.

« Il est évident que j’y suis indésirable. L’objet de cette réunion est de faire adopter par la sous-section du SNI « les thèses du 13 mai ». L’idée principale étant la cession d’avec la métropole. Je les laisse exposer leurs arguments et je prends la parole pour exprimer mon désaccord. En fait, je n’exprime rien d’autre que la position officielle du gouvernement qui est soutenue par tous les groupes de l’Assemblée Nationale. Résultat du vote: 12 pour, 8 contre (les 7 collègues algériens et moi-même). Ils ne pourront pas dire que les « thèses » ont été adoptées à l’unanimité. Ils sont fous de rage!

En ce qui me concerne, je suis on ne peut plus heureux d’avoir saboté leur réunion. Cependant, je suis informé qu’un rapport à mon encontre rédigé par Rivière et Saval, deux fachos, a été adressé au CSP.

Les choses ne traînent pas. Deux jours plus tard, je suis convoqué ainsi que Saï au Deuxième bureau à 11h. Impossible de ne pas obtempérer, les militaires ont tous les pouvoirs! Nous sommes reçus par le capitaine Desgeorges en présence d’un lieutenant au crâne rasé. L’accueil est glacial. Le capitaine nous dit être au courant de nos découvertes spéléologiques et voudrait qu’on lui montre ces grottes. Je lui fais remarquer que lorsqu’il se rend au poste d’Haman Knif, il passe devant des ouvertures énormes. Non, il n’a rien vu! Saï dément avoir jamais fait de spéléo, ce qui est vrai. Le capitaine coupe court et me dit: « Nous irons vous chercher. Vous viendrez nous montrer ces grottes.

Ces propos sont alarmants. L’après-midi, en classe, je n’ai pas l’esprit au travail. Je suis inquiet: « Que puis-je faire? ». La solution du maquis ou encore d’une cache comme on le propose à Mithée (Marie-Thérèse Tanguy, son épouse), ne me satisfont pas. Ce serait me mettre dans l’illégalité. Je pense au Docteur Benzaïem. Il a beaucoup de relations. A la sortie de la classe, je me rends à son cabinet. Il me reçoit immédiatement. Mis au courant, il téléphone au commissaire de police adjoint (métropolitain) et lui demande de venir le voir. Il arrive presque aussitôt. Je lui raconte ce qu’il se passe. Je me souviens presque mot à mot du dialogue qui suit.

Sa réponse:

– Vous êtes condamné à mort. Vous n’avez pas 24h à perdre, il faut partir tout de suite

– Mais j’ai une femme et deux enfants

– Votre femme ne craint rien, c’est vous qui êtes en danger.

-Je peux aller voir le sous-préfet ou l’administrateur.

– Ils n’ont plus aucun pouvoir, c’est l’armée qui dirige.

– Je vais demander au Capitaine Desgeorges de jouer cartes sur table et de me dire ce qu’il me reproche.

– Je le connais, il est inhumain. Il a décidé de vous descendre et il vous descendra. Il faut que vous partiez au convoi demain matin. Vous allez demander un laisser passer au commissariat. Il est plus de 18h, si on vous le refuse, j’arrive juste derrière vous et je le signe. Mais on ne se connaît pas, on ne s’est jamais vu.

De retour à l’appartement, je mets Mithée au courant. Le départ a lieu à 5h du matin; mais cette nuit là nous ne dormirons guère. Nous convenons de dire que je suis déprimé. Je pars voir un médecin à Constantine. Dès que les communications avec la France seront rétablies, nous partirons. Mais pour quitter l’Algérie, il faut impérativement une autorisation de congé de l’administration et une permission des UT. Nous communiquerons par l’entremise de Bougouffa, chauffeur de taxi, en qui nous avons toute confiance. Mithée est très inquiète mais pendant cette période grave elle saura rester forte et réagir au mieux.

A Constantine, je rends visite à mon ancien inspecteur Guyot et lui explique ma situation. Il juge préférable de voir lui-même l’inspecteur d’académie et me donne rendez-vous à 17h dans un café. L’inspecteur d’académie veut rester en dehors de cette affaire. Je dois me rendre à son domicile le lendemain matin, un dimanche, porteur d’une lettre de ma sœur m’annonçant que ma mère est mourante. Je rédige un faux écrit de la main gauche et me rends comme convenu chez l’inspecteur d’académie. Il me remet une autorisation de congé ainsi qu’une autorisation d’absence de douze jours. Il reste maintenant à obtenir une permission des UT. Mithée doit s’en occuper et voir Gaillebeau, lequel exige un certificat médical.

Le troisième jour à Constantine, une manifestation monstre est organisée pour la venue de Massu, Salan, Soustelle. La foule évaluée à 50 000 personnes est composée en grande partie d’algériens que l’on a fait venir en car sans leur demander leur avis. C’est ce qu’on appelle la fraternisation. Il règne une véritable hystérie fasciste parmi les français d’Algérie. Je me mêle à la foule.

Je me suis mêlé à la foule, ça sentait mauvais. Un jeune arabe est venu jusqu’à moi: « Bonjour monsieur Tanguy. J’ai su que vous aviez des ennuis. J’ai votre femme chez Maître Gaillebeau, puis au deuxième bureau. Elle est inquiétée, elle aussi ».

Je me suis dit: « Il faut que je rentre à Khenchela ».

La nuit tombait quand j’ai trouvé un taxi pour rentrer à Khenchela. A ce moment-là arriva un militaire qui devait rentrer au même endroit. « .

Lorsque j’arrive chez nous, je me sens vidé physiquement et moralement: l’inquiétude, augmentée du fait que je n’ai presque rien mangé depuis trois jours. Mithée m’explique: elle a dû se rendre au Bureau Militaire. C’est un quartier de baraques, d’où la confusion du khenchelois. Pour obtenir la permission des UT, il faut un certificat médical. Je me rends donc immédiatement chez le docteur Benzaïem qui me délivre le papier indispensable.  Je tiens à dire toute la reconnaissance que nous portons à ce médecin. Je lui explique que Saï ne veut plus que l’on aille chez lui dans la journée; seulement la nuit sans allumer la lumière dans l’escalier et sans bruit. Il me répond: « Pourtant, on peut bien mourir pour une amitié ». Phrase admirable qui me fait monter les larmes aux yeux et que je n’oublierai jamais.

Une semaine après notre départ, ce docteur, inquiété lui aussi, doit à son tour quitter l’Algérie. Nous ne le reverrons jamais, mais nous avons correspondu jusqu’à sa mort.

Grâce à ce certificat, Mithée obtient le lendemain la permission des UT. Désormais, nous possédons les documents nécessaires pour pouvoir quitter l’Algérie. Nous nous mettons immédiatement à ranger nos affaires dans des caisses. Les droits collègues, Idir, Khélif, et Kherbache passent la soirée à nous aider. C’est eux qui par la suite nous les expédient et se chargent de vendre frigo, gazinière, canapé… Le réfrigérateur était acheté depuis seulement une dizaine de jours. Le lendemain, nous partons à 5h. Malgré l’heure matinale nos trois jeunes instituteurs sont venus nous dire au revoir.

Des types formidables que j’ai revus par la suite.

En 1978, l’un d’entre eux est devenu islamiste malheureusement.

Nous sommes partis à Constantine. Nous avons cherché un hôtel pas cher.

Ma femme avait acheté des billets d’avion.

On a eu le premier avion pour partir.  Nous avons dû attendre le 30 mai pour voir les communications rétablies et prendre l’avion pour Paris avec un immense soulagement.

Derrière nous, il y avait des militaires, on les entendait dire: « ceux qui ne sont pas d’accord, une bastos dans la nuque ». A Khenchela, ils avaient une caserne où je savais qu’on torturait. Toute personne algérienne qui arrivait, on ne la revoyait plus. Après l’indépendance de l’Algérie, une fillette à trouver un os qui dépassait du sol. Ils ont trouvé un millier de cadavres, ils ont dû arrêter les fouilles. Il y avait des instruments de torture dans la fosse. Dans les mechtas, les femmes étaient violées, c’était le déshonneur absolu! Il y a eu des dizaines ou des centaines d’Oradour-sur-Glane commis par l’armée française en Algérie.

Au retour d’Algérie, je suis au siège du SNI à Paris, j’ai un entretien avec Pierre Desvalois et des dirigeants du SNI. Je leur ai raconté. Il m’a demandé: « es-tu communiste? » Reviens demain à la même heure, je vais voir au ministère.  J’apprends le lendemain que deux inspecteurs d’académie veulent bien m’accueillir à l’autre bout de la France, dans le département de la Saône et Loire notamment.

Je suis rentré dans le Finistère cependant, où l’Académie a accepté de me prendre en situation irrégulière. Vers le 10 juin 58, je suis nommé en CE2 à la pointe finistérienne. Le directeur de l’école n’est pas content de me recevoir. Une suppléante était là depuis la rentrée. Il a téléphoné à l’académie pour dire que je pouvais aller n’importe où. L’année suivante, je suis nommé à Saint Hernot, où j’ai enseigné à une classe de garçons puis de fille.

Mes enfants, Ronan, avait 6 ans, Erwan, qui est devenu diacre, n’avait pas un an. Ce sont les élections. J’ai tenu le bureau de vote en tant que directeur d’école.

De Gaulle, qui s’est servi des ultras de l’Algérie française et a été leur homme à ce moment, revient au pouvoir. Il bloque les salaires. En France mon salaire d’instituteur avec une femme et deux enfants ne suffisait pas. Dans mon logement de fonction et mon poste à l’école de Saint Hernot classé « poste déshérité », sous un maire notaire de droite qui se moquait de l’école publique, il fallait pomper l’eau au dehors. Il n’y avait aucun confort. Puis j’ai demandé Brest. A l’époque un instit en ville gagnait plus que dans les campagnes. A Saint-Hernot, pendant mes 3 ans à l’école, j’ai sympathisé avec Claude Yvenat, le futur maire socialiste de Crozon. A l’époque il assistait aux réunions de cellule du PCF à Crozon. A Saint Hernot, je faisais classe l’été gratuitement aux enfants.

A Brest, j’arrive à l’école du Point du Jour, au Polygone, immense quartier de baraques de Brest. Il n’y avait plus grand monde dans ce quartier inconfortable, surtout des familles pauvres et marginales. Les enfants mangeaient à la cantine gratuitement.

En mai 68, quand on a fait une grève prolongée, avec notre bande d’instits, on continuait à nourrir les enfants le midi. Avec 3 couples, on a fait 3 semaines de grève et de manifs à Brest en 68. On distribuait des tracts tous les 3 jours, on allait en manif tous les jours.

Je militais à la cellule de Kerargoat à Brest. On se réunissait chez un copain instituteur. C’était auprès de Gabriel Paul que j’avais demandé ma carte d’adhésion à une réunion de cellule à Pont-de-Buis. Un grand pas que j’avais réalisé. Qui le mesurait?

Puis je suis entré, pour arrondir les fins de mois, à la direction de « Tourisme et travail » à l’île de Ré, un camp familial pour les comités d’entreprise. Il y avait des bungalows, des caravanes, une épicerie, une librairie. J’étais levé très tôt l’été, couché très tard le soir, pendant mes vacances scolaires. Je perdais des tas de kilos. Au bout de trois ans, il me fallait arrêter ça sinon j’y perdais ma santé. J’ai rejoint ensuite un camping tenu par la FSGT en Isère, dépendant d’une usine fabriquant des moteurs d’avion.

En 64 j’ai été proposé pour être secrétaire de section de la rive droite de Brest mais j’ai dû décliner. J’avais trop de travail, j’étais déjà épuisé. Par la suite, j’ai été co-secrétaire adjoint de section, avec Yvonne Lagadec notamment. A Brest, on vendait l’Huma dimanche tous les dimanches avec Marie-Thérèse place Stalingrad. C’était un ancien déporté de Kerourien, Jean Ansquer, qui s’occupait d’organiser la distribution pendant 24 ans. Il avait fait les marches de la mort avec Pierre Berthelot, qu’il avait retrouvé à Brest, et Georges Abalain, le frère d’Albert Abalain, résistant communiste brestois fusillé au mont Valérien.

Souvenirs de Michel Tanguy, le papa de Ronan Tanguy, ancien secrétaire de section du Relecq-Kerhuon et actuel trésorier départemental du Parti communiste

Témoignage oral recueilli par Ismaël Dupont en août 2023

Autres sources:

Souvenirs de Michel Tanguy (2011), Autobiographie: du nouveau né à l’arrière grand-père

Mémoires d’Algérie de Guy Drouillard

A Khenchela, les colonialistes ont arrêté un instituteur français à titre d’otage – Marie Perrot, L’Humanité, 11 novembre 1954

Décès de notre camarade de St Jean du Doigt Léon Le Gall: l’hommage de la fédération du PCF Finistère

Photo Le Télégramme

 

La section du pays du pays de Morlaix, la cellule de Lanmeur et la fédération du Finistère du PCF expriment leur tristesse d’apprendre le décès de notre camarade Léon Le Gall, ancien agriculteur de Saint-Jean-du-Doigt (légumes et élevage de vaches limousines), pilier de la section de Lanmeur du Parti communiste, ancien élu communiste pendant plusieurs mandats à Saint-Jean-du-Doigt.

Adhérent depuis au moins le début des années 1970, Léon Le Gall abattait un gros travail lors des fêtes de la Terre, pour monter les stands et sur toute la durée des fêtes. Il était aussi investi dans l’association de la Galoche de Saint-Jean-du-Doigt et animait des concours de galoche à la fête de la terre et à la fête du Viaduc.

Il stockait le matériel des fêtes de l’Humanité, des fêtes de la Terre et du Viaduc dans son hangar agricole.

C’était un homme chaleureux et investi dans l’activité du Parti et de sa section de Lanmeur.

Nous pensons aujourd’hui à sa famille, son épouse, ses enfants et ses petits-enfants, à ses amis et camarades.

Saint-Jean-du-Doigt (Finistère) , le 15 janvier 2025

Un moment de recueillement pour :

Monsieur Léon LE GALL
dont le décès est survenu à l’âge de 86 ans.

Les funérailles seront célébrées à l’adresse suivante : Centre Funéraire du Launay de Saint-Martin-des-Champs (29600) le samedi 18 janvier 2024 à 14h30.
Dans l’attente de ses obsèques, Léon repose à l’adresse suivante : Centre Funéraire du Launay (Saint-Martin-des-Champs – 29600).

Hommage à Michel Tudo Deler – 2 janvier 2025

Michel,

Nous avons passé de tellement bons moments avec toi. Ton beau visage de bon vivant, ton sourire malicieux et tes yeux rieurs étaient la promesse que tout ne pouvait que bien se passer. Tu inspirais partout la sympathie et la confiance, et, en effet, tu étais la droiture incarnée. L’abnégation aussi, pour la cause commune. Tu avais le sens du collectif et du partage.

Tu paraissais toujours serein, d’humeur égale, même quand tout s’agitait autour de toi, même quand d’autres stressaient, s’énervaient. En même temps, je sais que tu étais un faux calme car la passion était toujours présente, derrière la gentillesse et la sagesse pondérée, et tu pouvais quand même pousser quelques coups de gueule bien sentis à l’occasion.

Tu n’étais pas du genre à dramatiser, tu avais l’optimisme de la volonté, comme dirait Gramsci, mais aussi de la générosité, car tu faisais confiance à l’humain, aux autres, et de l’humour. La vie est une affaire trop sérieuse pour passer son temps à s’en affliger. « Il n’y a qu’une vie c’est donc qu’elle est parfaite. » comme écrivait le poète Paul Eluard.

Cela te permettait notamment d’être très ouvert pour la jeunesse, pour les jeunes du parti, ou les jeunes bénévoles de la fête de l’Huma, que tu mettais en confiance, à qui tu faisais confiance, que tu valorisais.

Le 6 novembre nous étions au Conseil départemental du PCF Finistère ensemble, faisant du covoiturage de Morlaix à Pont-de-Buis comme à l’accoutumé. Nous avons devisé tranquillement. Tu avais eu rendez-vous chez l’étiopathe l’après-midi. Le mal était plus profond que quelques vertèbres coincées, ou articulations grippées.

Après avoir suivi les réunions de la préparation de la fête de l’Huma Bretagne et fait ta semaine complète à la fête de l’Huma du Plessis Paté à la mi-septembre, tu n’as finalement pas pu conduire le camion de Jean-Yves Lainé pour amener le matériel du stand du Finistère à Lanester le 22 novembre car tu es rentré à l’hôpital quelques jours plus tôt, avec un diagnostic de cancer qui s’est confirmé peu après avec d’autres examens aux résultats funestes.

Quel coup de massue pour nous tous ! Nous avions du mal à y croire !

Notre fête de l’Huma Bretagne cette année, en présence de Fabien Roussel et de Cali, a surtout été marquée pour nous par la présence de ton absence, notre nostalgie de ta présence, notre inquiétude pour toi, et chacun a pu te témoigner à sa façon de sa solidarité, de son affection, de sa sympathie, et t’adresser des vœux de rétablissement, avec des appels et des photos prises avec une photo de toi et un message de solidarité. Jean-Philippe et Fabien t’ont remplacé au bar, avec Lionel et Denis, ils ont apporté tout leur cœur et nous continuerons à faire ce qu’il faut mais chacun sait que tu es unique et irremplaçable !

Toute la camaraderie du PCF n’a pas suffi a levé la malédiction. Nous n’avions pas imaginé que les choses tourneraient aussi vite au tragique pour toi ! Nous ne voulions pas l’imaginer car nous tenions trop à toi !

De ton lit d’hôpital, tu continuais à répondre aux camarades au téléphone et à échanger avec eux avec bonhomie, à plaisanter, et à partager sur facebook les actualités de la fête de l’Huma Bretagne, la première à laquelle tu ne pouvais participer depuis bien longtemps, les communiqués, interventions et actualités du Parti et de la CGT Cheminots, comme les résultats des matchs du club de foot de l’US Lanmeur-Plouégat Guérand auquel tu étais très attaché.

Le 12 novembre dernier, tu écrivais, citant Lénine : « « là où il y a une volonté, il y a un chemin », le PCF est l’organisation pour progresser sur ce chemin. »

Nul doute que ta volonté de te soigner et de triompher du cancer était très forte, inébranlable, mais le mal était déjà trop avancé et généralisé dans ton corps.

A la fin, on est tous trahis par la machine !

Tes convictions, ton appartenance et ton histoire d’engagement communiste s’affichaient très ouvertement, sans pudeur mal placée, toi qui était en revanche plutôt très pudique sur tes sentiments, ta vie privée.

Ton drapeau rouge et ton logo de la section « maison » arboraient encore fièrement la faucille et le marteau. Un coco fier de l’être et ne reniant rien de son identité !

Tu étais satisfait quand le PCF ne s’effaçait pas avec son projet et ses valeurs propres derrière les autres, dans des rassemblements conduits par d’autres. Tu avais approuvé la réorientation vers plus d’affirmation volontariste de l’ambition communiste à revenir dans le match politique portée fortement par Fabien Roussel depuis 2018 et tu continuais à soutenir cette orientation, avec résolution.

En même temps, quoique ferme sur le fond, tu étais aussi très respectueux des autres, et de leur liberté, jamais insultant ni suffisant, ni sectaire. Tu savais où tu habitais. Tu n’avais pas besoin d’en rajouter.

Tu n’allais pas dans le sens du vent, tu allais contre le sens du vent, mais tu ne bougeais pas, bien ancré dans tes racines d’engagement, celles de la camaraderie et de l’esprit franc-tireur des cheminots de la Gare St Lazare, héritiers eux-mêmes de toute une histoire glorieuse de Résistance et de conquêtes sociales, celle de ton père, anarchiste républicain espagnol, résistant dans le Trégor qui abattit plus d’un occupant allemand, puis ouvrier de carrière et électeur communiste.

Chez toi le communisme était surtout quelque chose qui s’incarnait dans l’action et l’attitude plutôt que du discours et des belles phrases. Dans la lutte, la mobilisation, la grève, dans le partage, la fraternité, la transmission, la générosité humaine, le désintéressement et le don de soi pour les autres.

En mai 2022 encore, non loin d’ici, tu prenais la parole pour défendre la présence postale à Lanmeur, dénonçant qu’ « en 3 ans, en France, un tiers des bureaux avec guichets ont été fermés (de 8 414 à 5 300). Et le pire est devant nous, disais-tu : le nouveau plan stratégique prévoit d’en fermer la moitié d’ici à 2025. De 2004 à 2020 La Poste a supprimé 55 100 emplois, alors qu’elle a été la première bénéficiaire du CICE. Désormais seuls quatre départs en retraite sur dix sont remplacé ».

Tu défendais aussi l’hôpital, le rail, la ligne Morlaix-Roscoff et le fret ferroviaire, comme le statut national et public de la SNCF bien sûr, l’ensemble des services publics, mais aussi l’accueil des réfugiés. Tu te battais pour une société de partage des richesses, où personne n’aurait à mendier sa pitance, où l’on pourrait vivre et bien vivre d’un travail partagé à tous. Tu combattais l’extrême-droite et toute forme de racisme. Du dénonçais l’impérialisme, le génocide du peuple palestinien et te mobilisais pour un monde de paix et d’amitié entre les peuples.

Avec Muriel ta femme, c’étaient des valeurs que vous partagiez, comme l’humilité, la simplicité et la gentillesse.

Des valeurs que vous avez transmis à Fabien votre fils et aux premiers fils de Muriel, Alain et Olivier, que tu as aussi contribué à accompagner dans leur éducation Michel, veillant sur eux comme un deuxième père. Avec la joie de pouvoir aussi gâter deux petits-enfants, Liam et Agathe.

Tu étais un papa impliqué malgré tes activités militantes et associatives.

Il n’y a qu’à voir l’avalanche de messages bouleversés, émus, d’amitié, que l’annonce de ton décès suscite depuis quelques jours Michel pour sentir que la chaleur humaine que tu dégageais allait droit au cœur et donnait aussi du cœur à l’ouvrage et de l’optimisme, de la confiance.

Nombreux sont les camarades et des proches, tes amis, tes copains, qui n’arrêtent pas de penser à toi depuis des jours et sont encore sous le choc.

Nous sommes tous profondément remués par ton décès. Tu étais pour nous un repère, un pilier de notre vie militante.

Né le 24 mars 1953, tu es décédé à 71 ans.

Bien trop tôt, même si tu as pu profiter de ta retraite obtenue grâce aux conquis sociaux et civilisationnels obtenus par les luttes des Cheminots, aujourd’hui présentés à tort comme des « privilèges » pour mieux masquer l’ampleur des vrais privilèges des possesseurs du Capital.

En 2020 tu étais de toutes les manifs contre la réforme des retraites scélérate de Macron et Borne qui va « tuer » et condamner à la pauvreté et une réduction de l’espérance de vie nombre de seniors. Car tout est bon pour ne pas toucher aux extraordinaires profits du capital !

Tu as été secrétaire de la section PCF de Lanmeur pendant plusieurs années à la suite de Jules Bouédec (section aujourd’hui regroupée avec celle de Morlaix).

Tu t’es occupé avec Jules Bouédec, Jéremy Lainé et ses parents, André Bouget, Denise et les autres camarades des fêtes de la Terre de Lanmeur, au terrain de sports, et à la salle de sports, des fêtes populaires qui attiraient des centaines de personnes dans une commune qui fut à direction communiste de 77 à 89 et où les idées communistes étaient et sont toujours bien présentes, au cœur d’un Tregor rouge à la tradition d’insubordination et laïque qui était aussi la tienne.

L’aventure de la fête de la terre à Lanmeur a duré jusqu’à 2013. Il y en eu des grands concerts, des bonnes rigolades, du partage et de la fraternité. Ensuite tu as participé aussi aux fêtes du Viaduc du 1er mai à Morlaix et tu étais membre du Comité de section du PCF Pays de Morlaix et du Conseil d’administration des Amis du Viaduc qui organise la fête du 1er mai.

Tu avais adhéré à la JC à Morlaix avec notre camarade Jean-Yvon Ollivier notamment, que tu as retrouvé ensuite à la CGT Cheminots et à la CGT Retraités, et des dizaines d’autres camarades. En 1972 – 1973, tu étais à la fête de l’Huma avec les copains de la JC de Morlaix. Un car partait de Morlaix à l’époque vers la fête de l’Huma et la Jeunesse Communiste avait son propre stand. Ta syndicalisation à la CGT date aussi de 72, et de ton entrée à la SNCF à Paris.

La fête de l’Humanité 1972 avec Angela Davis à l’honneur (c’était pendant son emprisonnement de 22 mois et les communistes exigeaient la libération de la militante communiste et féministe américaine), Angela Davis que tu as retrouvé pour ta dernière fête de l’Huma Paris Michel en 2023.

En 1972, la fête de l’Humanité mettait à l’honneur Paul Eluard, pour le 20e anniversaire de sa mort, le Ballet « Roméo et Juliette » de Maurice Béjart, un concert mythique des Who, transformant la fête de l’Humanité en petit Woodstock. En 1973, tu étais aussi à la crêperie bretonne du mouvement de la Jeunesse communiste, les 8 et 9 septembre 1973. On était 3 jours avant le coup d’Etat de Pinochet au Chili. Angela Davis, libérée, était présente à la fête de l’Humanité, la veuve de Picasso, Jacqueline, également. Le groupe de percussion de Chuck Berry avait donné un concert mythique sur la grande scène: On croit te voir Michel sur une photo de Jean-Yvon Ollivier

Ensuite tu as rejoint la section PCF de Paris 9e avec ta cellule d’entreprise cheminote et c’est avec eux que tu faisais la fête de l’Humanité, jusque dans les années 2009 où tu as retrouvé les camarades finistériens, quelques années après ton retour à Lanmeur.

Michel, tu as fait toutes les fêtes de l’Humanité depuis son adhésion à la JC et au PCF à 18 ans, une cinquantaine en tout, toute sauf celle qui a sauté pendant le Covid, et celle de 1974, où tu étais au Portugal pour suivre avec passion la révolution des Œillets contre la dictature d’extrême-droite.

Sur le stand du Finistère de la fête de l’Humanité Paris et Bretagne, tu étais depuis quelques années le responsable du Bar et tu étais aussi très engagé dans une équipe très soudée et conviviale, une équipe de copains, d’amis même, pour la préparation de la fête et son organisation.

Sur la fête de l’Humanité, parmi le public de la fête de l’huma et les habitués du stand du Finistère, conduit par notre camarade Ronan Tanguy depuis des années, tu étais très populaire, parmi les bénévoles et les habitués et consommateurs du stand, il arrivait souvent que des chants de supporters acclament ton nom : « Oh, oh, oh, oh, oh, Michel Tudo ! Oh, oh, oh, oh, oh, Michel Tudo ! »

Tu donnais tout, sans te ménager, sans compter, ton énergie et ta fatigue, autre chose en tout cas que la recette du bar, avec Claude Bellec, il y a quelques années, tu es rentré aux urgences à la fête de l’Huma, pour un début d’éventration. Heureusement, cette fois-là, il y a eu plus de peur que de mal et tu nous es revenu en forme.

Fils d’une bretonne de Lanmeur, et d’un réfugié républicain espagnol, qui s’est engagé dans la résistance armée contre les Allemands dans le secteur de Lanmeur, tu as fait l’essentiel de ta carrière professionnelle à la SNCF à la Gare Saint-Lazare, et tu animas la cellule d’entreprise du parti communiste à St Lazare en même temps que tu fus élu syndical et représentant du personnel au sein de ton entreprise au comité hygiène santé sécurité pour la protection de la santé des personnels de la SNCF, en contact avec des milliers de syndiqués.

Tu es rentré à 52 ans au pays, où l’on se souvenait de toi, et tu as continué tes engagements pour le PCF et la CGT, comme Muriel, qui s’investissait de surcroît beaucoup pour le secours populaire pendant sa retraite. Muriel Grimardias qui va s’engager sur les Cantonales de 2011 avec Jeremy Lainé dans le canton de Lanmeur et sur les Législatives de 2017 avec moi sur la circonscription de Morlaix, comme candidate suppléante du PCF et du Front de Gauche.

Cheville ouvrière et personnalité charismatique et rassembleuse du stand du Finistère des fêtes de l’Humanité Paris et Bretagne, membre actif de la CGT et présent à toutes les mobilisations du mouvement social, tu étais aussi avant même le dernier congrès un membre assidu du Conseil départemental du Parti communiste dans le Finistère, au sein duquel tout le monde appréciait tes grandes qualités humaines.

Beaucoup aimait aussi causer foot avec toi, que l’on soit supporter du stade brestois ou de Guingamp comme Patrick Beguivin. C’était un centre d’intérêt que je partageais souvent avec toi comme d’autres, toi le membre de l’équipe dirigeante et bénévole du club de foot de Lanmeur, où tu aimais accompagner les jeunes, très attentif à la dimension éducative et d’intégration sociale du sport.

Tu mettais aussi dans le foot ses belles valeurs humanistes et fraternelles qui étaient les tiennes

Ton départ bien trop précoce et rapide nous plonge dans une profonde peine.

Nous pensons fort à sa femme et ses enfants, à Muriel Grimardias, à Fabien Tudo, à Alain et Olivier, et tes petits-enfants Liam, Agathe, Gabin, ton frère et ta belle-sœur, ta sœur et ton beau-frère.

Nous voulons au nom de la fédération du Parti communiste et au nom de la section de Morlaix du PCF exprimer notre profonde tristesse et notre solidarité à Muriel, à Fabien, à tous tes proches et amis.

Personnalité sereine, joyeuse, généreuse, entière, tu étais aussi très constant et dévoué dans tes engagements.

Tu vas beaucoup nous manquer et une chose est sûre, nous ne l’oublierons pas et ton souvenir continuera à nous accompagner à chaque fête de l’Humanité, comme tout au long de notre vie militante, dans les manifs et ailleurs.

Adieu Camarade! Camarade avec un C majuscule comme l’a écrit justement Yvon Mest.

Merci pour tout ce que tu as fait pour servir les idées de justice sociale et de fraternité humaine du parti communiste.

Michel, c’est ce travailleur vaillant, qui aime la vie et les autres,

Ce travailleur qui lutte et qui partage et qui soutient les autres.

Les vers écrits dans le recueil « les Châtiments » par Victor Hugo le 31 décembre 1848 à minuit, que nous a soufflé une camarade brestoise, Anne-Marie Francillon, nous rappellent Michel :

« Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l’âme et le front.
Ceux qui d’un haut destin gravissent l’âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d’un but sublime.
C’est le travailleur, pâtre, ouvrier, patriarche.
Ceux dont le cœur est bon, ceux dont les jours sont pleins.
Ceux là vivent, Seigneur !  les autres, je les plains. « 

 

Ismaël Dupont, 2 janvier 2025 – Cérémonie d’hommage à Michel Tudo Deler pour ses obsèques, qui a réuni 500 à 600 personnes à Lanmeur de 16h à 18h

 

 

***

 

Pour certaines et certains d’entre nous nos rencontres avec toi Michel , ce sont les moments passés aux fêtes de l’Huma en région parisienne et à celle de l’Huma Bretagne à LANESTER ainsi qu’aux réunions de préparations à MORLAIX ou BREST.Tu es le responsable du bar.Disponibilité ,convivialité …tout ce q’il faut pour s’adresser à un public autre sans doute que celui de la Gare Saint Lazare.

Nous pourrions passer des heures à nous remémorer tous ces moments passés ensemble, les photos suffisent à le faire.Alors juste un flash sur ta présence à ces fêtes…

Fête de l’Huma en septembre au bar du stand du Finistère :

« Bonjour ,Michel n’est pas là ?

« Non ! Mais il ne doit pas être loin ! »

Ce sont d’anciens cheminots ,des retraités de la « RETAP » ,des camarades ou amis de la région parisienne ou d’ailleurs qui viennent te saluer Michel.Tu es depuis toujours un militant politique au PCF ,syndical à la CGT et présent dans de nombreuses associations.Des liens se sont tissés , des amitiés se sont créées.

Tu es présent dès le lundi sur la fête dans l’équipe des « monteurs » pour assurer l’installation du stand finistérien.Comme tout un chacun ,il t’arrive de pousser un coup de gueule.Ca fait du bien même si c’est un peu inhabituel chez toi , peut-être pas !

Les vendredi ,samedi et dimanche ,tu es présent au bar dont tu es le responsable.

Tu veilles à la bonne marche de ce lieu d’échanges intergénérations

,Il faut gérer les moments de « surchauffe » , l’approvisionnement ,la tenue de la caisse , le personnel parfois etc…

C’est ton « truc »!Tu t’accordes quelques moments de pause bien mérités histoire de rendre la « pareille » aux copains sur la fête.

Il y a également en novembre la fête de l’Huma Bretagne à LANESTER.

Tu es le dernier finistérien à organiser un déplacement en car pour permettre à de nombreuses personnes d’assister le dimanche à ce rassemblement.Départ de PLESTIN LES GREVES pour LANESTER avec arrêts à LANMEUR ,MORLAIX , HUELGOAT et CARHAIX.Cette année ,ce transport a été annulé cause finances et manque de participants.

Depuis quelques années c’est toi qui te charges le vendredi de conduire le camion de MORLAIX à LANESTER pour le transport du matériel pour la tenue du stand et le week-end tu retrouves ta place derrière le bar.

Début novembre ,tu participes à MORLAIX à la réunion de préparation de cette fête, quelques jours plus tard ,tu nous apprends ton hospitalisation, tu ne seras pas avec nous. Il manque un maillon ,il faut assurer la chaîne ! Une partie de ton équipe Huma PLESSIS PATE est là .Ton fils Fabien rejoint le groupe ,la tenue du bar est assurée.

En septembre prochain , à PLESSIS PATE , à celles et ceux qui demanderont :

« Michel n’est pas là ?

Il faudra répondre :

« Michel n’est plus là ! »

Mais pour nous …tu seras…encore…là !

Kenavo Michel !

Denis Huet, pour la commission fête du PCF Finistère

Décès de notre camarade Maurice Plougastel à l’âge de 85 ans: Obsèques le 10 janvier à la Forest-Landerneau

C’est avec une grande tristesse que nous apprenons le décès hier de notre camarade Maurice Plougastel, ancien secrétaire de la  section du PCF du pays de Brest , à l’âge de 85 ans .
Prêtre ouvrier , Maurice était  un militant syndical dans le secteur des travaux publics. Il était très engagé dans l’éducation populaire notamment au GPAS du quartier de Kerourien  et auprès de la CSF.
Sa voix chaleureuse et fraternelle nous manquera.
La section de Brest du Parti communiste et la fédération du PCF du Parti communiste présentent leurs sincères condoléances à ses proches et à sa famille
Les obsèques auront lieu vendredi 10 janvier à 14 h 15 à la Forest-Landerneau

Décès de notre camarade Michel Tudo Deler: la fédération du PCF Finistère, les amis de la fête de l’Huma et la section du PCF Morlaix-Roscoff-Lanmeur endeuillés expriment leur profonde émotion

Notre camarade et ami Michel Tudo Deler est décédé le vendredi 27 décembre au soir, après un mois d’hospitalisation et de combat contre le cancer.
Nous sommes bouleversés par sa mort, lui qui était un pilier de notre vie militante.
Une cérémonie d’adieu à Michel Tudo Deler est prévue à Lanmeur à 16h le jeudi 2 janvier salle Steredenn.
Né le 24 mars 1953, Michel avait 71 ans. Ancien secrétaire de la section PCF de Lanmeur (aujourd’hui regroupée avec celle de Morlaix), cheville ouvrière et personnalité charismatique et rassembleuse du stand du Finistère des fêtes de l’Humanité Paris et Bretagne, membre de la CGT Cheminots et de la CGT Retraités, membre du Conseil départemental du Parti communiste dans le Finistère, Michel était aussi un passionné de foot, supporter du stade brestois, dirigeant et bénévole du club de foot de Lanmeur, où il aimait accompagner les jeunes, très attentif à la dimension éducative et d’intégration sociale du sport. Il mettait dans le foot aussi ses belles valeurs humanistes et fraternelles.
Son départ bien trop précoce et rapide nous plonge dans une profonde peine. Nous pensons fort à sa femme et ses enfants, à Muriel Grimardias, à Fabien Tudo, qui sont aussi nos camarades.
Nous voulons au nom de la fédération du Parti communiste et au nom de la section de Morlaix du PCF exprimer notre profonde tristesse et notre solidarité à tous ses proches et amis.
Personnalité sereine, joyeuse, généreuse, entière, Michel était aussi très constant et dévoué dans ses engagements.
Fils d’une bretonne de Lanmeur, et d’un réfugié républicain espagnol, qui s’est ensuite engagé dans la résistance armée contre les Allemands dans le secteur de Lanmeur, Michel a fait sa carrière professionnelle à la SNCF à la Gare Saint-Lazare, entrant dès son jeune âge à la JC, puis à 18 ans au Parti communiste, à la CGT, responsable syndical et élu syndical au sein de son entreprise, la SNCF, en contact avec des milliers de syndiqués, Michel est rentré à 52 ans au pays, à Lanmeur, et y a continué ses engagements pour le PCF et la CGT.
Il a fait toutes les fêtes de l’Humanité depuis son adhésion à la JC et au PCF, sauf celle de 1974, où il était au Portugal pour suivre avec passion la révolution des Œillets contre la dictature d’extrême-droite. Sur le stand du Finistère de la fête de l’Humanité Paris et Bretagne, c’était le responsable du Bar et il était aussi très engagé dans la préparation de la fête et l’équipe d’organisation, dont les membres actifs sont également très peinés aujourd’hui.
Sur la fête de l’Humanité, parmi le public de la fête de l’huma et les habitués du stand du Finistère, il était très populaire, il arrivait souvent que des chants de supporters acclament son nom.
Michel Tudo Deler a aussi été un organisateur des fêtes de la Terre à Lanmeur et a participé régulièrement aux fêtes du Viaduc à Morlaix le 1er mai, étant membre de l’association des Amis du Viaduc.
Michel va beaucoup nous manquer et une chose est sûre, nous ne l’oublierons pas et son souvenir continuera à nous accompagner à chaque fête de l’Humanité, comme dans notre vie militante.
Les témoignages d’émotion et de sympathie pour Michel de dizaines de camarades et habitants de la région de Lanmeur et Morlaix affluent depuis samedi. 
Adieu camarade!
Merci pour tout ce que tu as fait pour servir les idées de justice sociale et de fraternité humaine du parti communiste.
La fédération du Finistère du PCF et la section de Morlaix, le 29 décembre 2024.
***

Témoignages de sympathie et hommages à Michel Tudo Deler, messages de condoléance reçus par mail ou sur facebook:

Je suis navré de la perte de Michel. Ce camarade joyeux et fin politique, pilier du Parti dans la région de Morlaix. Je pense à Fabien et toute sa famille, ses proches. Il va nous manquer. Sincères condoléances.

Erwan Rivoalan, co-secrétaire de la section de Brest du PCF et membre de l’exécutif départemental

Quelle tristesse face à la perte de ce camarade si chaleureux et sympathique. J’aimais beaucoup Michel et je m’associe au chagrin de sa famille et de ses amis et camarades.

Catherine Queric, présidente de la fête de l’Humanité Bretagne, membre du conseil national du PCF et conseillère départementale

Toutes mes condoléances. J’ai très bien connu Michel et nous avons milité ensemble à la CGT Cheminots sur Paris St Lazare. C’était un excellent camarade !

Pierre Besse

Je suis très attristé

Thomas Tfarsi

Toutes mes condoléances à sa famille, et aux camarades du 29. Les moments passés avec Michel étaient toujours riches de militantisme, de chaleur et de rire. Que la terre lui soit légère.

Gaétan Bouvet, élu en Ille et Vilaine et membre de l’équipe de direction du PCF Ille-et-Vilaine

Quelle triste nouvelle la disparition de Michel, sincères condoléances à la famille et camarades. Michel, cousin de notre camarade Patrick Hamon de la section du Métro, parti trop tôt l’année dernière, était du 9ème arrondissement dont était rattachée notre section. C’était en militant, notamment à la fête de l’humanité Paris, que nous nous sommes connus, retrouvés à la fête de l’Huma Bretagne. Nous nous rappelions les supers moments passés ensemble. On se saluait en se disant « cousin ». Adieu cousin.

Marcel Le Bourlout

C’est avec une immense tristesse que j’apprends son décès. Je l’ai connu il y a 8 ans lors de mon arrivée à Lanmeur. Michel était un grand homme, sympa et généreux. Toutes mes condoléances à sa famille et ses proches.

Wares Wahab

De tout cœur avec toi, Fabien, ton papa va à tous nous manquer.

Roberte Saint-jalmes, section PCF de Quimper, ancienne secrétaire administrative de la fédération du PCF Finistère

« Il m’a dit que « ce n’était pas un petit crabe qui allait venir à bout de lui » et pourtant si, et avec une grande rapidité. Il v falloir continuer sans lui et pendant les fêtes de l’Huma il va nous manquer encore plus cruellement ! La vie est injuste mais il faut continuer à avancer pour lui faire honneur. C’était un excellent papa. Courage à toi Fabien et à ta maman pour affronter ces pénibles moments ».

Jeannine Daniel, ancienne secrétaire de section PCF et élue à Scaër, membre du Conseil départemental du PCF Finistère et de la commission fêtes de l’huma

Quel drame, une vie de combat, d’une extrême gentillesse, les fêtes de l’humanité Paris et Bretagne seront différentes sans toi, Nathalie se joint à moi pour adresser à la famille nos sincères condoléances.

Roger Harré, camarade du PCF Brest, bénévole sur la fête de l’Humanité avec Nathalie

Toutes mes condoléances. Michel était une personne très sympathique et un grand militant. Plein de courage à sa famille et à l’ensemble de ses proches.

Sébastien Portier, salarié à l’hôpital de Lanmeur

Cette annonce me touche beaucoup. Michel était quelqu’un de très bien. Il va nous manquer.

Christine Prigent, conseillère régionale EELV, ancienne élue écologiste à Lanmeur.

Sincères condoléances. Il va manquer sur la fête de l’Humanité Paris. Toujours derrière son comptoir avec sourire et bonne humeur

Larry Réa, adjoint communiste et adhérent au Relecq-Kerhuon, monteur de la fête de l’Huma pour le stand du Finistère

Les camarades et moi-même présentons nos sincères condoléances à la famille de Michel. Oui il était de ces personnes que nous apprécions pour sa gentillesse et son dévouement. Il nous manquera c’est sûr.

Pierre-Yves Thomas, secrétaire de section PCF de Carhaix-Huelgoat, membre du Conseil Départemental du PCF Finistère

Oui, Michel, homme généreux, toujours d’humeur égale. Oui tu vas nous manquer. Condoléances à la famille.

Christian Gagou, adhérent PCF cellule de Landerneau, membre du Conseil départemental du PCF Finistère

Quelle triste nouvelle. Un homme de grande qualité et de valeurs avec qui j’aurai très vite sympathisé depuis mon arrivée à Morlaix. Kenavo kamarad. Ra vo skanv douar Breizh warnout.

Fabris Cadou, syndicaliste et membre de la gauche indépendantiste bretonne

Toutes mes sincères condoléances à la famille, je me souviendrai de cette phrase que tu m’as dite quand je t’ai vu à l’hôpital « ça tombe dessus comme un cheveu sur la soupe ». C’était juste avant la fête de l’humanité Bretagne. Tu vas nous manquer notre Michel national, tu n’es pas loin, juste de l’autre côté du trottoir. Adieu l’ami…

Jean-Philippe Le Deunff, membre de la cellule PCF de Lanmeur et de la section de Morlaix, bénévole au bar du stand du Finistère aux fêtes de l’Humanité

Je suis très triste d’apprendre le décès de Michel, sincères condoléances à sa famille et ses camarades.

Jean-Claude Perrot, élu communiste à Briec, ancien trésorier de la section PCF de Quimper et ancien membre du Conseil départemental du PCF Finistère

Sous le choc en apprenant le décès de Michel. Sincères condoléances à toute la famille.

Jean-Paul Cam, co-secrétaire de section du PCF à Brest, membre de l’exécutif départemental du PCF Finistère

Une pensée émue pour mes camarades finistériens. Condoléances à la famille.

Jacquy Rivoalan, membre de la section PCF de Rennes

Quelle triste nouvelle. C’était toujours un plaisir d’échanger avec Michel. Tout mon soutien à la famille Tudo Deler.

Pierre-Yves Liziar, secrétaire de section du PCF Relecq-Kerhuon et élu communiste au Relecq-Kerhuon

Au revoir Camarade Michel, il était, de ceux à qui on pouvait mettre un « C » majuscule !!

Yvon Mest, ancien salarié du groupe des élus communistes de Brest et membre de l’exécutif de la section PCF de Brest et de la fédération PCF Finistère

Toutes mes condoléances à sa famille et à ses camarades, force et courage en ces moments difficiles…

Patrick Le Pichon, PCF Morbihan

Sincère et fraternelles condoléances à la famille, aux amis et camarades de Michel. Honneur et respect.

Stéphane Bailanger, PCF Gironde

Toutes mes condoléances. J’ai bien connu Michel comme cheminot à St Lazare et au PCF notamment aux fêtes de l’Huma.

Jean-Luc Goussin

Mon pote Michel, que de rigolades ensemble. Tu vas énormément nous manquer. Adieu mon ami.

Serge Le Doyen, adhérent au PCF à Plouégat Moysan, section de Morlaix, bénévole et monteur sur le stand du Finistère de la fête de l’Humanité Paris

Je suis très triste de perdre un ami, un camarade, toutes mes condoléances à la famille.

Christian Beaumanoir, secrétaire de section PCF Crozon, membre du Conseil départemental du PCF Finistère et de l’exécutif départemental, ancien cheminot et responsable syndical CGT

Un camarade fort sympathique avec qui nous avions déjeuner à la fête de la section de Carhaix. Quel dommage. Sincères condoléances à sa famille et ses camarades.

Gilberte Reneaud, section PCF Pays Bigouden

Tu vas nous manquer, les premiers temps nous allons te chercher dans les réunions ou au bar des fêtes. Bises. Bon voyage.

Marie-France Goussé, comptable bénévole du PCF Finistère, membre du Conseil Départemental PCF Finistère, bénévole sur le stand du Finistère des fêtes de l’Huma, adhérente à Concarneau

Quelle tristesse ! C’est encore difficile d’y croire. Combien de fois avons-nous au CD échangé amicalement lors de la pause. Michel toujours aussi souriant, toujours attentif aux autres, toujours positif. Il va nous manquer. Toutes mes condoléances à ses proches et tout mon soutien à Fabien.

Yvonne Rainero, co-secrétaire de section PCF de Quimper et élue communiste à Quimper

Tu vas vraiment nous manquer, à tous ceux de ma famille, jeunes et moins jeunes, que tu as encadré, supporté, avec lesquels tu as bien ri aussi à la fête de l’humanité Paris ! C’est très injuste, toute la camaraderie du PCF n’a rien pu faire, mais t’accompagne ainsi que Fabien et ta famille.

Julia Thatje, bénévole sur le stand du Finistère de la fête de l’Huma Paris

Damien et moi adressons toutes nos condoléances pour la perte de Michel. Quelle tragédie. C’est arrivé très vite. Je suis abasourdie. Quelle tristesse. Il va nous manquer.

Enora Lamy, bénévole au stand du PCF Finistère à la fête de l’humanité et adhérente PCF

Devant cet immense travail de militant auprès des siens, j’imagine la profonde peine que vous supportez. Je me joins à vous, camarades, en exprimant ma solidarité, recevez mes sincères et fraternelles condoléances, à sa famille aussi en priorité qui, je suis certain, sera bien entourée dans cette épreuve douloureuse. Vœux de solidarité.

Jean-Patrick Duranton

Pour certaines et certains d’entre nous nos rencontres avec toi Michel , ce sont les moments passés aux fêtes de l’Huma en région parisienne et à celle de l’Huma Bretagne à LANESTER ainsi qu’aux réunions de préparations à MORLAIX ou BREST. Tu es le responsable du bar. Disponibilité ,convivialité …tout ce qu’il faut pour s’adresser à un public autre sans doute que celui de la Gare Saint Lazare.

Nous pourrions passer des heures à nous remémorer tous ces moments passés ensemble, les photos suffisent à le faire.Alors juste un flash sur ta présence à ces fêtes…

Fête de l’Huma en septembre au bar du stand du Finistère :

« Bonjour ,Michel n’est pas là ?

« Non ! Mais il ne doit pas être loin ! »

Ce sont d’anciens cheminots ,des retraités de la « RETAP » ,des camarades ou amis de la région parisienne ou d’ailleurs qui viennent te saluer Michel.Tu es depuis toujours un militant politique au PCF ,syndical à la CGT et présent dans de nombreuses associations.Des liens se sont tissés , des amitiés se sont créées.

Tu es présent dès le lundi sur la fête dans l’équipe des « monteurs » pour assurer l’installation du stand finistérien.Comme tout un chacun ,il t’arrive de pousser un coup de gueule.Ca fait du bien même si c’est un peu inhabituel chez toi , peut-être pas !

Les vendredi ,samedi et dimanche ,tu es présent au bar dont tu es le responsable.

Tu veilles à la bonne marche de ce lieu d’échanges intergénérations

,Il faut gérer les moments de « surchauffe » , l’approvisionnement ,la tenue de la caisse , le personnel parfois etc…

C’est ton « truc »!Tu t’accordes quelques moments de pause bien mérités histoire de rendre la « pareille » aux copains sur la fête.

Il y a également en novembre la fête de l’Huma Bretagne à LANESTER.

Tu es le dernier finistérien à organiser un déplacement en car pour permettre à de nombreuses personnes d’assister le dimanche à ce rassemblement.Départ de PLESTIN LES GREVES pour LANESTER avec arrêts à LANMEUR ,MORLAIX , HUELGOAT et CARHAIX.Cette année ,ce transport a été annulé cause finances et manque de participants.

Depuis quelques années c’est toi qui te charges le vendredi de conduire le camion de MORLAIX à LANESTER pour le transport du matériel pour la tenue du stand et le week-end tu retrouves ta place derrière le bar.

Début novembre ,tu participes à MORLAIX à la réunion de préparation de cette fête, quelques jours plus tard ,tu nous apprends ton hospitalisation, tu ne seras pas avec nous. Il manque un maillon ,il faut assurer la chaîne ! Une partie de ton équipe Huma PLESSIS PATE est là .Ton fils Fabien rejoint le groupe ,la tenue du bar est assurée.

En septembre prochain , à PLESSIS PATE , à celles et ceux qui demanderont :

« Michel n’est pas là ?

Il faudra répondre :

« Michel n’est plus là ! »

Mais pour nous …tu seras…encore…là !

Kenavo Michel !

Jeannine Daniel et Denis Huet, pour la commission fête du Finistère

Condoléances à la famille de Michel, ses amis, ses camarades. Jean Pierre Laspougeas

Ancien cheminot de St Lazare, installé à Belle Isle en Terre

Son départ bien trop précoce et rapide nous plonge dans une profonde peine.

Nous pensons fort à sa femme et ses enfants, à Muriel Grimardias, à Fabien Tudo, qui sont aussi nos camarades.

En mon nom. personnel comme au nom de la section PCF Pays de Morlaix, je présente nos sincères condoléances, je tiens à exprimer notre profonde tristesse et notre solidarité à tous ses proches et amis.

Daniel Ravasio, secrétaire de section PCF de Morlaix

J’ai transmis la nouvelle à Isabelle et Sabri qui sont très attristés du décès de cet excellent camarade engagé , volontaire et tellement gai et agréable. Transmets toutes nos amitiés fraternelles à ses enfants et à ses proches

Dominique Gontier, ancien membre du Conseil départemental et de l’exécutif du PCF Finistère, adhérent PCF à Moëlan sur Mer, section du pays de Quimperlé

L’annonce de son décès m’a vraiment attristée. J’ apprécie vraiment Michel. Un bon camarade comme lui va laisser un vide pour nous tous. Je ne serai pas présente physiquement pour lui rendre hommage mais de tout cœur avec vous.

Marie-France Monery, membre du Conseil départemental du PCF Finistère et de la section de Morlaix                                

Les adhérentes et adhérents FSU du pays de Morlaix apportent leurs sincères condoléances à la famille de Michel Tudo Deler ainsi qu’à ses camarades de la CGT et du PCF.
Nous sommes peinés de la disparition de Michel avec qui nous avons naturellement partagés d’innombrables moments de luttes sociales depuis des années, dont les plus récentes manifestations contre la réforme des retraites ou contre l’extrême-droite.
C’est avec une émotion certaine d’une conversation à bâtons rompus autour d’un café peu de temps avant une manifestation en octobre 2024 que nous voulons nous rappeler des valeurs humanistes et de solidarité faisant de Michel un militant d’une rare qualité.
Amitiés,
Pour les adhérentes et adhérents FSU du pays de Morlaix, Fabris Cadou

Je suis peinée d’apprendre que notre Camarade Michel Tudo Deller nous a quitté.

Oui, Michel va nous manquer.

Michel, c’est ce travailleur vaillant, qui aime la vie et les Autres,

Ce travailleur qui lutte et qui partage et qui soutient les Autres.

Les vers écrits dans le recueil « les Châtiments » par Victor Hugo le 31 décembre 1848 à minuit me rappellent Michel .

Voici ce que nous transmet Victor Hugo :

« Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l’âme et le front.
Ceux qui d’un haut destin gravissent l’âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d’un but sublime.
…/…
C’est le travailleur, pâtre, ouvrier, patriarche.
Ceux dont le coeur est bon, ceux dont les jours sont pleins.
Ceux là vivent, Seigneur !  les autres, je les plains. « 

Anne-Marie Francillon, adhérente au PCF à Brest

C’est avec une profonde tristesse que nous voyons Michel s’en aller.
Michel incarnait la fidélité à ses engagements et aux valeurs que nous défendons.
C’est sûr, son sourire contagieux et son regard malicieux manqueront durablement à nos assemblées, nos fêtes et toutes nos rencontres.

Roger Héré, premier adjoint communiste de Plouigneau, membre du Conseil départemental du PCF Finistère

« Le phare finistérien de la fête de l’Humanité » : à 71 ans, Michel Tudo Deler est décédé (Baptiste Le Rouzic, Ouest-France Lanmeur, 29 décembre 2024)

Un hommage à Michel Tulo Deler sera célébré à Lanmeur, jeudi 2 janvier à 16 h, dans la salle Steredenn. L’ancien secrétaire de la section PCF de Lanmeur est décédé le 27 janvier, des suites d’un cancer. | PCF FINISTÈRE

Ouest-France

« Le phare finistérien de la fête de l’Humanité » : à 71 ans, Michel Tudo Deler est décédé

Baptiste LE ROUZIC.

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L’ancien secrétaire de la section PCF de Lanmeur, Michel Tudo Deler, est décédé à 71 ans, le 27 décembre.

Michel Tudo Deler, ancien secrétaire de la section PCF de Lanmeur, est décédé à 71 ans, le 27 décembre, après une hospitalisation et un combat contre le cancer. Il suffisait de s’arrêter un moment au stand du Finistère à la Fête de l’Humanité pour saisir à quel point il était un camarade apprécié. « Le phare finistérien de la fête de l’Humanité nous a quittés, explique Enzo De Gregorio, ton humour, tes analyses politique et footballistique en particulier du Stade Brestois nous manqueront. » Responsable du bar au stand Finistère de la fête de l’Huma, il était investi dans la préparation de l’évènement. Michel Tudo Deler a simplement raté la fête de 1974. Cette année, il était au Portugal, suivant la révolution des Œillets qui a renversé la dictature.

« Dévoué dans ses engagements »

Il a consacré sa vie à se battre pour une justice sociale. Il a été membre de la CGT Cheminots et de la CGT Retraités, membre du Conseil départemental du Parti communiste dans le Finistère, mais aussi dirigeant et bénévole du club de foot de Lanmeur. « Il avait une personnalité sereine, joyeuse, généreuse, entière, raconte la fédération du Finistère du PCF. Michel était aussi très constant et dévoué dans ses engagements. »

Un dernier hommage à Michel Tulo Deler est prévu à Lanmeur, jeudi 2 janvier à 16 h, dans la salle Steredenn.

https://www.ouest-france.fr/bretagne/lanmeur-29620/le-phare-finisterien-de-la-fete-de-lhumanite-a-71-ans-michel-tudo-deler-est-decede-bf2b51ca-c5f1-11ef-bba2-f7c457be7f94

Figure communiste du Pays de Morlaix, Michel Tudo Deler est décédé (Le Télégramme, 31 décembre 2024)

Michel Tudo Deler n’avait manqué qu’une seule des fêtes de l’Humanité en plus de 50 ans de militantisme au sein du Parti communiste. (Section de Morlaix du PCF)

Figure communiste du Pays de Morlaix, Michel Tudo Deler est décédé

L’ancien secrétaire de la section PCF de Lanmeur, Michel Tudo Deler, est décédé vendredi 27 décembre 2024. Il avait 71 ans.

Pilier du Parti communiste dans le Pays de Morlaix, ancien secrétaire de la section de Lanmeur (aujourd’hui regroupée avec celle de Morlaix), phare du stand du Finistère à la fête de l’Humanité, Michel Tudo Deler est décédé vendredi 27 décembre des suites d’un cancer. Il avait 71 ans. Une cérémonie d’adieu est prévue à Lanmeur, ce jeudi 2 janvier, à 16 h, salle Steredenn.

Personnalité charismatique et rassembleuse, joyeuse et généreuse, Michel Tudo Deler était membre de la section CGT Retraités des Cheminots du pays de Léon et du Trégor, membre du Conseil départemental du PCF 29, mais aussi un passionné de foot. Supporter du Stade Brestois 29, il était par ailleurs dirigeant et bénévole du club de foot de Lanmeur, où il aimait accompagner les jeunes, fort de ses valeurs humanistes et fraternelles.

De toutes les fêtes de l’Humanité

Fils d’une Bretonne de Lanmeur et d’un réfugié républicain espagnol qui travaillait à la carrière de Morlaix comme dynaminateur avant d’entrer en résistance contre l’occupant allemand, Michel avait fait sa carrière professionnelle à la SNCF, gare Saint-Lazare, à Paris. Il était revenu dans le Trégor à 52 ans, poursuivant localement des engagements politiques, syndicaux et associatifs qu’il avait pris dès son plus jeune âge. Il avait participé à toutes les fêtes de l’Humanité depuis ses 18 ans, sauf celle de 1974, édition pendant laquelle il se trouvait au Portugal pour suivre avec passion la Révolution des Œillets contre la dictature d’extrême droite.

Disparition de l’ancien maire communiste de Treguennec de 1989 à 2001 Emile Bargain

Les tristes nouvelles se succèdent sur le secteur du sud-Finistère pour nos camarades.

Après le décès brutal de Jean Guyomarch la semaine dernière à Berrien, voilà maintenant celui d’Émile Bargain à Tréguennec à qui le Ouest-France consacre ici un article.

Émile avait été adhérent de la cellule d’entreprise EDF de la section de Quimper.

Quand il était devenu maire communiste de Tréguennec en 1989 et pour deux mandats jusqu’en 2001, son activité municipale l’avait absorbé. Il avait été à l’origine de nombreuses réalisations.

Il ne s’était pas représenté aux élections suivantes.

Emile Bargain n’était plus adhérent du PCF bien que toujours communiste de cœur et soutien du Nouveau Front Populaire.

 

Disparition d’Émile Bargain, maire de Tréguennec de 1989 à 2001

Émile Bargain est décédé à l’âge de 71 ans. L’élu communiste aura marqué à jamais la vie municipale à Tréguennec et plus largement en Pays bigouden. Il s’était lancé en politique en 1983, alors âgé de 30 ans. Élu de la liste de François Hervé, il avait été nommé premier adjoint de la commune. Le 25 mars 1989, il devenait maire. Il quittera ce poste en mars 2001, après deux mandats. Vice-président chargé de l’électrification au Sivom (Syndicat intercommunal à vocation multiple) en 1993, il en devenait président en 1995. Cet employé à EDF (et délégué syndical CGT) était aussi vice-président à la communauté de communes du Pays bigouden sud (CCPBS).

Émile Bargain, maire de Tréguennec de 1989 à 2001, est décédé à l’âge de 71 ans. Il avait été à l’initiative de la nouvelle école publique inaugurée en juin 2000.

Le Télégramme

Hommage de Piero Rainero à notre camarade de la section PCF de Quimper Jean Guyomarc’h

Mon cher Jean,

Ton départ si brutal a provoqué une grande émotion chez tes amis, tes camarades, tous ceux qui te connaissaient.

Nous ne reverrons plus ta grande silhouette, ton sourire amical, ironique parfois, nous ne bénéficierons plus de tes réflexions si pertinentes, si justes, de ta chaleureuse présence. Tu resteras cependant toujours présent à nos côtés.

Il est difficile de dire en quelques mots l’homme que tu étais, la place que tu as occupée parmi nous.

Nous nous connaissions, Jean, depuis si longtemps. Depuis ton retour en Bretagne, dans notre ville, en 1978, après le passage obligé que tu avais fait par Paris comme presque tous les salariés de la Poste à cette époque, les PTT comme on disait alors.

Une entreprise publique, c’était important pour toi.

Originaire de Berrien, ton travail t’avait contraint à quitter cette terre rouge, cette terre de Résistance du centre Finistère à laquelle tu étais si intimement attaché.

C’est en 1962 au retour de la guerre d’Algérie que tu as rejoint le Parti Communiste. Appelé du contingent entraîné malgré toi dans cette guerre, c’est en communiste que tu te comportais déjà dans ton régiment, refusant de porter les armes contre un peuple qui se libérait du joug colonial. Cela te valut de subir des sanctions allant jusqu’à la prison qui ne réussirent jamais à altérer tes valeurs humanistes. Toi dont les parents avait été des résistants déterminés au nazisme. Leur souvenir était très présent dans ta mémoire familiale.

À Paris tes camarades te confièrent des responsabilités en t’élisant au comité fédéral. Paul Laurent, alors secrétaire de la fédération de Paris et membre du secrétariat national, me dit un jour toute l’estime et la considération qu’il avait pour toi. Je me souviens que lorsque je t’avais rapporté ces propos, un sourire discret avait glissé sur ton visage.

Dans le 6ème arrondissement où tu demeurais, tu fus élu secrétaire de la section communiste et les militants te choisirent pour être candidat sur la liste de la gauche rassemblée aux élections municipales de mars 1977.

Lors d’un repas amical chez toi au cours duquel Yvonne et moi avions apprécié tes qualités de cuisinier, tu me remis des photos et des documents témoignant de tes nombreuses activités politiques de l’époque : meetings électoraux, défilé en hommage aux Communards, vente de l’Huma Dimanche, distributions de tracts, manifestation où apparaissaient côte à côte Georges Marchais, Jacques Duclos, Roland Leroy, Georges Séguy, Henri Krasucki…Tu avais milité à leurs côtés.

Mais comme tout Breton contraint de s’expatrier, tu voulais revenir en Bretagne et c’est ainsi qu’en 1978, avec ta famille, tu es arrivé à Quimper.

Sans attendre tu as pris ta place à nos côtés dans les luttes pour les droits des travailleurs, la paix, la solidarité, les droits humains.

Aussitôt arrivé, des responsabilités te furent confiées à la section de Quimper ainsi qu’à la direction fédérale et tu fus à plusieurs occasions candidat aux élections municipales et cantonales dans notre ville.

La retraite venue, tu étais toujours présent dans nos débats, nos initiatives, aimant le contact avec les gens, nous faisant bénéficier de ton expérience. Tu étais à 87 ans le doyen de la section mais tu avais su garder l’esprit, les convictions de ta jeunesse. Et la nécessaire rébellion devant les injustices de la société.

Infatigable militant de terrain, on te voyait sur les marchés, dans les manifestations pour le pouvoir d’achat et les retraites, pour l’hôpital, pour la Poste et les services publics qui te tenaient tant à cœur, encore ces dernières semaines pour la justice et la paix au Proche-Orient.

Tu étais aussi un militant de réflexion, posé, attentif aux autres, respectueux avec tous. Dans les moments de grande complexité politique comme ceux que nous traversons tu avais toujours l’idée et le mot juste, dans l’esprit des valeurs communistes qui t’ont animé toute ta vie.

Je me souviens des échanges nombreux que nous avions lorsque tu venais me voir dans mon bureau à la fédération, de tes appels téléphoniques, des lettres amicales que tu m’adressais.

Si ta vie politique et syndicale étaient bien remplies, ta famille, ta fille Catherine, tes petits-enfants et ton arrière petite-fille avaient une place essentielle pour toi, tu en parlais avec affection et fierté.

Ainsi que Marie avec qui tu as partagé ces dernières années. Tu appréciais les voyages faits ensemble en Italie, aux États-Unis chez tes amis, à la Martinique où vous séjourniez parfois plusieurs semaines. Tu n’oubliais jamais de nous adresser une petite carte postale comme un clin d’œil amical.

Adieu Jean, soit assuré que ton souvenir restera dans nos mémoires, celle des tiens, de tes camarades, de tes amis, de tous ceux qui t’ont connu et apprécièrent en toi l’homme droit, sincère, généreux, d’une grande sensibilité, toujours discret, qui est resté fidèle à ses convictions de liberté, de fraternité, de justice sociale, de paix.

Je vous adresse, Catherine et Marie, les condoléances du parti communiste, de son secrétaire départemental Ismaël Dupont, du sénateur communiste Gérard Lahellec qui avait milité avec Jean au syndicat CGT des Postes et Télécommunications.

Et je vous renouvelle à toutes les deux ainsi qu’à vos proches, en mon nom et en celui d’Yvonne, l’expression de notre profonde sympathie.

Jean tu vas nous manquer.

Décembre 1924: Le maire communiste de Douarnenez, Daniel Le Flanchec, destitué pour soutien à la grève des sardinières (Ouest-France, 8 décembre 2024)

Les luttes des Penn sardin, quelques souvenirs… – par Piero Rainero

Les luttes des Penn Sardin, quelques souvenirs….

Ma mère Marie-Thérèse Moulac avait 14 ans à l’époque et travaillait aux Établissements Bézier. Le Bézier qui était alors le responsable du syndicat patronal des industriels de la conserve et dont le Préfet du Finistère, dans une note au Ministère du Travail qui fut rendue publique par le journal « Le Temps » , disait qu’il était « Le plus impopulaire et détesté de tous. »

Ma mère, comme les autres Penn Sardin, n’avait rien oublié.

Elles parlaient toutes de ce mouvement avec une légitime fierté. Évoquant « les conditions de travail très dures », les « petits salaires » et « la misère des gens », « l’autoritarisme flirtant avec la violence du patronat », leur participation aux manifestations, aux confrontations avec les gendarmes à cheval dans les petites rues du port, la tentative d’assassinat du maire communiste, Daniel le Flanchec, par des malfrats recrutés à Paris et grassement payés par les industriels pour semer le désordre dans la ville, les meetings aux Halles et les chants entonnés en chœur dans les usines et qu’elles chantaient encore, 50 ans après, avec la même émotion et la même colère qu’au temps de leur jeunesse. Je me souviens d’une réunion de la section du PCF de Douarnenez, au tout début des années 70, où une Penn Sardin entonna plusieurs de ces chansons reprises par l’assemblée dont le maire Michel Mazéas.

Lorsque certaines d’entre elles étaient surprises dans les ateliers à chanter, elles étaient immédiatement « mises à la porte ». Dans le pays bigouden, des chefs d’entreprise allaient jusqu’à faire signer des engagements à ne pas chanter des chansons comme par exemple ce chant ouvrier né dans le Nord de la France dans la seconde moitié du 19ème siècle et devenu emblématique de la lutte des sardinières :

« Saluez, riches heureux,

Ces pauvres en haillons,

Saluez, ce sont eux

Qui gagnent vos millions. »

Lorsque la fatigue et le manque de sommeil font tomber les paupières, que les gestes mécaniques ininterrompus, mille fois répétés pendant des heures, engourdissent les doigts et rendent les mains maladroites, chanter faisait oublier la dureté du travail dans le froid, l’humidité, le bruit incessant des machines, et les odeurs âcres, irritant les yeux et la gorge, de l’huile de friture et des viscères de poissons qui imprégnaient les vêtements.

Chanter donnait de l’énergie, de l’espoir, faisait vivre la solidarité, la confiance, comme un support, un moteur, de la conscience entre ces ouvrières, tout en étant l’affirmation d’une forme de résistance.

Le chant est un moyen d’expression universel pour porter la colère, la tristesse, la joie, l’espérance.

Les esclaves noirs chantaient dans les champs de coton aux USA.

«  On se battait pour notre dignité, tout simplement, et la dignité c’était pour nous des salaires décents qui nous permettent de vivre normalement et des conditions de travail plus humaines. » Combien de fois n’ai-je pas entendu cela dans les propos de ces Penn Sardin douarnenistes que j’ai rencontrées. Le mot qui revenait le plus dans leurs récits était celui de « dignité ».

Cette grève dont on parlait peu jusque dans les années 70, sinon que dans les familles de ses derniers acteurs et témoins, eut en son temps, un grand retentissement national.

Marcel Cachin alors député de la Seine et directeur de « L’Humanité » se déplaça à Douarnenez où il s’adressa aux grévistes en breton. Ma mère et d’autres s’en souvenaient très bien. Une ouvrière me dit un jour à ce propos : « Ça nous avait marqué un Parisien qui parlait breton. » Elles ignoraient alors que Marcel Cachin était un Breton bretonnant de Paimpol.

Ce mouvement des Penn Sardin est, depuis quelques années, l’objet d’études et de travaux universitaires. Sociologues, historiens, chercheurs, étudiants publient livres et articles qui rencontrent un large écho. Des journalistes recherchent les documents d’époque pour en faire des documentaires. Des conférences sont organisées, des cercles culturels montent des spectacles, de jeunes musiciens écrivent des chansons sur lesquelles dansent les générations nouvelles.

Il n’y a pas de plus bel hommage qui puisse être rendu à toutes ces combattantes pour le respect des droits humains qui ont écrit, il y a un siècle, cette belle page des luttes ouvrières en Bretagne.

Au front du profit « des capitalistes de la conserve » ainsi que Marcel Cachin nomma dans une intervention à la tribune de l’Assemblée Nationale les patrons d’usines de Douarnenez, elles opposèrent, pendant 46 jours, le front uni des luttes sociales pour la justice et le progrès.

Et elles furent victorieuses.

Piero Rainero.

Pemp real a vo ! – retour de Shirley Wirden dans Communistes sur la mobilisation du 30 novembre à Douarnenez

 

Publié le 04 décembre 2024

« A toutes les vaillantes, à toutes les audacieuses qui surent entrainer leurs camarades et faire durer la grève jusqu’à la victoire. »

Cette déclaration de Lucie Colliard, militante féministe communiste, est imprimée sur les murs de la ville de Douarnenez.

Samedi 30 novembre, le PCF était présent à la commémoration de la grève victorieuse des sardinières de Douarnenez. 7 semaines de grève pour faire respecter le droit du travail et obtenir une augmentation de salaire. Une mémoire qui résonne avec les conditions de travail inacceptables que vivent les ouvrières encore aujourd’hui. Les chants qui permettaient aux sardinières de tenir face à la fatigue ne sont plus autorisés aujourd’hui à l’usine Chancerelle.

Nous avons rencontré des syndicalistes des usines de sardines, des aides-soignantes de l’hôpital et de l’EHPAD de Douarnenez, toutes dénoncent des cadences infernales rythmées par un management à l’américaine qui ne laisse aucune place à l’humain. Se ruinant la santé, elles trouvent leur force dans la solidarité syndicale et politique, dans l’exigence de nourrir sa famille. Elles continuent à utiliser la grève pour se faire entendre. Nous étions des centaines à défiler en mémoire de celles qui font la fierté de la ville de Douarnenez pour avoir montré une détermination sans faille face à un patronat s’enrichissant sur leur dos et qui méprisaient et méprisent encore aujourd’hui le travail des femmes parce qu’elles sont des femmes.

Les femmes ne connaissent pas le doux parfum de l’acquis : chaque jour est une conquête à mener et à préserver. Les luttes d’hier nourrissent celles d’aujourd’hui. Comment ne pas penser à la grève des ouvrières de Vertbaudet dans le Nord de la France ? Comment ne pas penser à la lutte des femmes de chambre des hôtels ? Avec le PCF nous soutiendrons toujours toutes les femmes en lutte pour leur apporter la force et la solidarité dont elles ont besoin pour faire face au patronat allié au patriarcat.

S. W.

Article publié dans CommunisteS, numéro 1021 du 4 décembre 2024.

 

30 novembre, on fête les 100 ans de la grande grève des sardinières à Douarnenez – Mobilisation à Douarnenez à l’appel de la CGT avec la JC et le PCF et d’autres composantes du nouveau front populaire et de la gauche

Nos camarades du PCF et de la JC ont manifesté à Douarnenez avec la CGT et toute la gauche pour commémorer les 100 ans de la révolte des sardinières et de leur victoire, avec les membres de la commission féminisme nationale du PCF avec Gladys Grelaud, Shirley Wirden, Elsa Siffert, Sigrid Gérardin pour la commémoration du centenaire de la grève victorieuse des sardinières de Douarnenez.

La commission féministe du Parti communiste communiste a également organisé des rencontres avec des femmes syndicalistes à Brest et Douarnenez.

Une mémoire des sardinières qui résonne avec les conditions de travail inacceptables que vivent les ouvrières encore aujourd’hui. Les femmes ne connaissent pas le doux parfum de l’acquis: chaque jour est une conquête à mener et à préserver. Les luttes d’hier nourrissent celles de demain.

Nous porterons la mémoire des sardinières qui ont fait la grève durant 7 semaines pour obtenir une augmentation de salaire et le respect du droit du travail, nous soutiendrons toutes les femmes en lutte pour leur apporter la force et la solidarité dont elles ont besoin pour faire face au patronat allié au patriarcat.

Le soir les Jeunesses Communistes organisaient un concert dans un bar du port de Douarnenez dans le cadre de cette journée de commémoration.

Photos Marion Frances, Michel Lespagnol, Shirley Wirden, Gladys Grelaud

Lire aussi:

A Douarnenez, on célèbre les 100 ans de la grève des sardinières

 

Jean Dréan, militant au Parti communiste français, est décédé (Ouest-France, 1er septembre 2024)

Jean Dréan, militant morlaisien au Parti communiste français, est décédé

Ouest-France

Jean Dréan, militant morlaisien au Parti communiste français, est décédé

Publié le

Jean Dréan, militant morlaisien au Parti communiste français (PCF), est décédé, le 31 août 2024. Encarté au PCF depuis 1953, il s’était investi dans la vie locale morlaisienne et avait été élu à Plouigneau (Finistère).

Jean Dréan, militant morlaisien au PCF, est décédé, samedi 31 août 2024.

Jean Dréan, militant morlaisien au PCF, est décédé, samedi 31 août 2024. | ARCHIVES PCF

Jean Dréan, une figure du militantisme morlaisien, est décédé le 31 août 2024, à Quimper, au sein de l’Ehpad où il résidait depuis 2014. Il était un membre de longue date de la section morlaisienne du Parti communiste français (PCF). La section, dans un courriel adressé à la rédaction, « rend hommage à ce militant infatigable et charismatique ».

Au PCF depuis 1953

Jean Dréan est né en 1933 et était devenu cheminot en 1949. Il avait adhéré à la CGT et au PCF en 1953. Il avait participé « à la grande grève générale des Cheminots pendant la guerre d’Indochine et la guerre froide, en 1953, contre le décret du gouvernement Laniel supprimant le statut des cheminots », indique le PCF.

Il a commencé à militer en 1972 à Morlaix au sein de la CGT, avec les cheminots, et le Parti communiste. Il était « particulièrement actif sur le secteur de Plouigneau et Guerlesquin, au côté des syndicalistes et salariés de l’usine Tilly. Dans les années 1980, Jean Dréan s’est impliqué avec la CGT Cheminots pour l’avenir de la ligne Morlaix-Roscoff. Il a aussi fait plusieurs mandats municipaux à Plouigneau, dans l’opposition de gauche. Il s’est impliqué pour la défense de la Poste de Plouigneau, et de l’hôpital public. »

Engagé pour une meilleure prise en charge des seniors

Depuis les années 2010, il interpellait différents acteurs « pour une vraie prise en compte des enjeux du vieillissement ». Le Parti communiste « salue les décennies d’engagement de ce militant remarquable, fraternel, doté d’un solide sens de l’humour et qui était apprécié par des femmes et des hommes de différents bords politiques ».

Ses obsèques auront lieu vendredi 6 septembre avec une cérémonie d’hommage à 13 h 30 avant la crémation (Crématorium Quimper : 15 Allée Meilh Stang Vihan). Le corps de Jean Dréan reposera à la chambre funéraire 106, avenue de Ty Bos à Quimper à partir de lundi 2 septembre dans l’après-midi, accès libre de 9 h à 18 h.

https://www.ouest-france.fr/necrologie/jean-drean-militant-morlaisien-au-parti-communiste-francais-est-decede-b77cc6de-6881-11ef-9827-8f066c8ca511

Triste nouvelle: décès de notre camarade Marcelle Bizien, militante de la cellule de Bellevue à Brest

C’est avec une grande tristesse que je viens d’apprendre le décès dans la nuit de vendredi 23 août au samedi 24 août 2024 de notre camarade Marcelle Bizien qui était militante de la cellule de Bellevue.
Marcelle résidait depuis quelques années à l’Ehpad de Douarnenez.
La section présente ses sincères  condoléances à ses enfants Sylvie et Gaby , ses petits enfants et arrières petits enfants et toute la famille.
Une pensée pour son époux notre camarade Charles Bizien décédé en 2019 ancien maquisard du bataillon Stalingrad.
Jean-Paul Cam, co-secrétaire de section du PCF pays de Brest

Triste nouvelle: décès de Jean Dréan, notre camarade cheminot de la CGT et du PCF

Notre ami et camarade Jean Dréan vient de décéder à Quimper ce samedi 31 août 2024 à l’âge de 91 ans (il était né en 1933). 

Ses obsèques auront lieu le vendredi 6 septembre avec une cérémonie d’hommage à 13 h 30 avant la crémation (Crématorium Quimper : 15 Allée Mail Stang Vihan).

Le corps de Jean Dréan reposera à la chambre funéraire 106 avenue de Ty Bos à Quimper à partir de lundi après-midi: accès libre de 9 h à 18 h.

Nous pensons fort à sa famille, sa fille Hélène, ses petits-enfants qu’il aimait tant, ses beaux-enfants, ses amis et camarades endeuillés de la CGT et du PCF. Nous leur exprimons notre solidarité et partageons leur tristesse au départ de notre camarade et ami, une grande figure militante, un grand bonhomme.
Daniel Ravasio avec toute la section de Morlaix et Ismaël Dupont au nom de la fédération du Finistère du PCF expriment toute leur reconnaissance pour les décennies d’engagement total de notre ami et camarade au service de nos idéaux communs et d’une société plus humaine, plus égalitaire, plus fraternelle.
Jean vivait depuis 2014 à l’EHPAD Thérèse Rondeau-Kernisy à Quimper, où il a avait dû déménager depuis sa maison de Saint Didy à Plouigneau pour accompagner son épouse bien aimée Annick, malade et en perte d’autonomie.
Il était toujours adhérent au PCF, dans la section de Morlaix et la fédération du Finistère. 
Il avait adhéré à la CGT et au PCF pendant la guerre d’Indochine en 1953. Son père était déjà communiste. Un jeune commandant, fils d’un cheminot communiste, lui évitera de faire la guerre d’Algérie. Il ira en coopération en Algérie en tant que cheminot après les accords d’Évian pour aider le jeune état indépendant à utiliser ses infrastructures ferroviaires.
Jean était une grande figure de la CGT Cheminots, du Parti communiste finistérien et de la région de Morlaix, un militant infatigable, doté d’un solide sens de l’humour, d’une gouaille et d’une détermination sans faille, malicieux, généreux, fraternel, toujours passionné et solide dans ses convictions sans être sectaire.
Il savait toujours aider les personnes dans le besoin, discrètement.
Homme de caractère, franc-tireur, il n’avait peur de rien ni de personne, et il parlait à tous d’égal à égal, avec bienveillance et gentillesse, mais aussi exigence pour ceux qui avaient des responsabilités.
Il écrivait régulièrement à ses camarades, aux ministres, aux députés, à ses secrétaires nationaux du Parti (Marie-George Buffet, Pierre Laurent, Fabien Roussel), à Patrick Le Hyaric, au secrétaires généraux de la CGT pour interpeller sur la situation de la santé, du grand âge, des EHPAD, sur l’absence de prise en compte des enjeux du vieillissement et du droit à une vie digne jusqu’au bout de tous les citoyennes et citoyens.
A son arrivée à la maison de retraite Thérèse Rondeau allée de Kernisy à Quimper, l’aumônier, Louis Biannic, est venu le saluer au bout de deux jours. « Tu es communiste, j’ai été curé à Huelgoat. Mon meilleur ami était le maire communiste Alphonse Penven, député-maire à la Libération. Une page d’histoire ».
En 2019, la mère supérieure de l’EHPAD remet à Jean, qui reçoit l’Humanité et le journal de la CGT, comme les lettres du Parti communiste, chez les religieuses, le journal du diocèse, sous l’égide de l’épiscopat, avec un entretien avec le père Louis Biannic, en EHPAD, sous le titre: « Je vis mon ministère avec le handicap ».
L’aumônier rendait à Jean Dréan un vibrant hommage:
 » Comment votre ministère de prêtre a t-il évolué avec votre situation dans un EHPAD?
Jusqu’à présent, j’étais reconnu comme l’aumônier, je pouvais parler avec les gens, même ceux qui n’étaient pas chrétiens. Maintenant, je suis pensionnaire, je vis mon ministère avec le handicap. C’est d’abord une fraternité de misère. Ceux qui sont un peu plus valides viennent en aide. Mon grand copain est un ancien Cégétiste qui est là (* Jean note sur l’article du diocèse qu’il m’a envoyé: il est toujours cégétiste et communiste). Il est toujours attentif à la moindre personne qui a besoin. C’est lui qui apporte mon chariot jusqu’à ma chambre. Il est formidable. On découvre les gens quand on est soi-même atteint, on découvre des richesses qui passaient inaperçues avant » (le prêtre Louis Biannic).
C’est Louis Biannic qui a assuré les obsèques religieuses d’Annick en 2018, de belle façon. Il savait qu’elle était catholique, quoique également adhérente communiste.
***
Voilà un récit autobiographique (encore très partiel, car il y aurait tant à dire) qui avait été publié il y a quelques années sur Jean et ses engagements dans Le Chiffon rouge:
Né en 1933, Jean Dréan, l’homme à la haute stature solide de breton taillé dans le roc et au collier de barbe à la mode des certitudes anciennes, personnalité haute en couleurs que nombreux, de tous bords, connaissent et apprécient à Morlaix et à Plouigneau, vient d’intégrer une maison de retraite à Quimper pour accompagner son épouse dont les problèmes de santé s’opposaient à un retour à la maison.
Cela a été un choix douloureux pour ce pilier de la section communiste et de la CGT de Morlaix, un franc-tireur plein de crânerie, d’esprit d’indiscipline d’humour malicieux et d’intelligence, un obstiné prêt à soulever ciel et terre pour que son parti, sa CGT, ses parlementaires et ministres œuvrent enfin pour la prise en compte des enjeux du vieillissement et la mise en place d’une civilisation de la personne âgée basée sur la Sécurité Sociale Universelle et le partage des richesses.
Jean Dréan a encore toute sa lucidité, sa vivacité d’esprit, sa mémoire et des tonnes d’histoires plus ou moins exemplaires, mais souvent drôles et passionnantes, à nous raconter. Voici déjà quelques unes d’entre elles, écrites une nuit sans sommeil à la maison de retraite.
Chacun sait ce qu’il gardera de cet homme généreux et rebelle qui a su rester curieux et ouvert pour les jeunes et la nouveauté, mais son vécu n’est pas connu de tous et intéressera sans nulle doute. Il éclaire en particulier ses attaques verbales courageuses il y a quelques mois face à une Marine Le Pen méprisante et ses menaçants nervis du service d’ordre du Front National venus sonder le terrain d’une région traumatisée par la crise de l’agro-alimentaire sur le marché de Guerlesquin: s’il devait n’en rester qu’un, ce serait encore lui, n’en doutons pas, qui ferait barrage aux héritiers du fascisme et de l’OAS.
Le vécu d’un modeste citoyen engagé
Notre génération a connu des turbulences: les camps de concentration, le goulag, Oradour, la torture en Algérie, Dien Bien Phu la capitulation. Aujourd’hui tout le monde musulman est en ébullition: parfois sanguinaire, cruel, barbare. On viole, on égorge à tour de bras. Dans une indifférence coupable. Certes avec quelques réactions.
Aujourd’hui le camarade Ismaël me sollicite pour expliciter une tranche de vie, certes modeste, mais trop souvent absente de l’évolution de notre Pays, de son histoire. Le refus des guerres coloniales, le traité d’Evian. Son contenu, entre autre la coopération découlant de ce traité.
Pour expliciter, comprendre un temps soit peu mon engagement citoyen de toujours, quelques rappels.
Durant la guerre 39-45, quoique très jeune, j’ai pratiqué la débrouillardise, le chapardage, le hors la loi. Il fallait survivre: on allait mon frère et moi traire les vaches pendant la nuit, étrangler les poules. Père cheminot – il entretenait les voies près de Rosporden – il a modestement participé au sabotage de son outil de travail. Ma mère était garde-barrière: les trains ravitaillant la troupe allemande à Brest s’arrêtaient devant chez nous: des cheminots complices nous indiquaient les wagons intéressants à piller: nous récupérions de l’huile, des matières premières que nous échangions ensuite avec les paysans, parfois contre des cochons que nous envoyons en boîte de conserve à des camarades de résistance parisiens. En 44, mes parents nous envoyaient mon frère et moi avec nos deux chiens ravitailler le maquis avec une brouette: en arrivant dans les bois auprès des résistants, quelle n’a pas été ma surprise en voyant que leur commandant était mon instituteur, Mr Le Corre. Celui-ci n’a même pas eu besoin de me faire promettre de garder le secret. L’ennemi: le boche. Les cheminots résistants de toujours ont été les premiers a déclencher la Grève insurrectionnelle.
1947: ils ont continué la lutte. Soutien aux mineurs en grève en bloquant les trains de charbon. Les champions de la trahison permanente entraient en action: Jules Moch créait les CRS pour gazer les mineurs en grève.
1949: entrée à la SNCF, école d’apprentissage.
1953: adhésion à la CGT. Participation à la grève historique contre les prétentions d’une droite revancharde. Le fameux président du Conseil Laniel prétendait casser le statut de cheminot, massacrer le service public ferroviaire (déjà!). Un mois d’une grève dure. Le pays paralysé. Démission de Laniel. Décrets abrogés. Interdit du droit de grève (j’étais hors statut), j’ai été licencié. Soupe populaire à Clichy. Adhésion au PCF (mon père était déjà communiste) puis réintégration à la SNCF.
1954: Appel sous les drapeaux. Mont Valérien. La guerre d’Indochine fait rage. Les fellaghas s’agitent. Le canal de Suez s’enflamme. Nationalisé par Nasser. La France et l’Angleterre se précipitent dans une action de représailles coloniale. Les Nations Unies condamnent. La France capitule.
L’Algérie à son tour s’enflamme: les forces progressistes appellent au refus. Avec trois appelés, trois cheminots, une nuit nous inondons les murs de la Caserne d’affiches fourrnies par les cheminots communistes des ateliers de la Garenne . « Paix en Indochine, Paix en Algérie ».
Le lendemain matin, le commanbdant sonne le tocsin. Tout le monde consigné. Arrivée de la police militaire. Silence dans les rangs. Dénoncés deux mois plus tard par des « nostalgiques des colonies » du contingent comme nous. Jugement sans sommation: cellule-prison. Le commandement était désorganisé en France: les cadres de l’armée opérant en Indochine, en Algérie. Surprise un matin. Appelé au commandement de la compagnie qui m’adresse un message très particulier: « vous disparaissez du paysage, je ne veux plus entendre parler de vous ».
Destination Centre de sélection de Guingamp. Comme Testeur. Pourvu du BEPC, je faisais passer des tests aux appelés. Inespéré et hasard de son engagement.
Dix ans plus tard m’a été explicité la vérité sur ce miracle. Ce jeune commandant, rappelé à l’époque, était tout simplement le fils d’un cheminot communiste. Il avait abusé de son autorité.
Le dénouement: Ho Chi Minh triomphait, Ben Bella franchissait la frontière tunisienne avec ses troupes. La France capitulait dans la débâcle et les attentats de l’OAS.
Toutes ces péripéties digérées, je répondais à un Appel des Accords d’Evian: coopération technique en Algérie. Détaché de la SNCF à la « SNCFA ». Mon épouse acceptait un détachement d’enseignement. Bien sûr, c’était une décision d’importance. L’aventure dans un monde sortant d’une guerre salie par la torture.
Quel accueil dans ce pays meurtri, saccagé, méprisé? Embarquement Marseille pour Annaba (ex Bône). Voyage superbe en première classe (les arabes étaient entassés dans les cales) !!! Débarquement le lendemain. Quelle surprise: un pays grouillant d’arabes!!! Du soleil. Puis train pour Souk Arhas. Gros centre ferroviaire. 600 cheminots. Accueil par un cadre cheminot algérien. Qui pour me saluer me tend la main gauche. J’ai appris quelques mois après par lui-même – sans rancoeur ni haine- qu’il avait été torturé par les Paras de Le Pen.
Seul européen parmi 600 cheminots algériens. Vraiment surpris et interrogatif sur la qualité des installations ferroviaires: ce qui était manuel en France était mécanisé là-bas. C’était l’effet du plan de modernisation de Constantine. J’ai dû me former rapidement en prenant des cours du soir pour me mettre à niveau par rapport à ces installations modernes. Le monde à l’envers: c’était moi qui était censé apprendre aux autres. Le plan de Constantine et ce chemin de fer moderne était surtout là pour acheminer le fer, le phosphate, le pétrole sur l’Europe. Pas pour le bonheur du peuple algérien.
Rapidement au boulot. Accompagnateur de 8 jeunes algériens. Jeunes surpris de voir un européen en bleu de travail, sac à outils sur le dos. Moi-même, j’étais surpris du niveau de connaissance de ces jeunes algériens, des musulmans qui n’hésitaient pas à puiser une bière dans le frigo présent en permanence dans le 4/4 sur rail qui servait à nous déplacer, frigo approvisionné par mes soins.
Là aussi surprenant. Aucune rancoeur, aucun rejet de l’ordre donné, de l’engagement volontaire.
Notre parcours de travail s’étendait sur 200 km le long de la frontière tunisienne. Des paysages superbes, le maquis, le sable des montagnes. Une multitude de Djellabas. Le terrain propice à la pénétration de fellaghas dans l’Algérie Française. Là aussi, je fus surpris par l’accueil dans un monde que nous avons bafoué, massacré, traité au Napalm. J’ai visité avec le commandant de la place de Tebessa des galeries de mine qu’ils utilisaient à la barbe du colon pour franchir la frontière (technique à la Hamas).
Je passerais sur les villages de montagne passés au Napalm, les défoliants pour dénuder les caches des fellaghas.
Rien d’exceptionnel pour une guerre de pacification. Accueil dénué de tout esprit de revanche. Ce qui prouve bien comme avec le camarade Ho Chi Minh du Vietnam qu’il eut été possible d’instaurer un climat de coopération économique profitable aux peuples. De quoi écrire un roman.
Je terminerai sur quelques anecdotes.
A chaque voyage retour nous avions la possibilité de ramener une voiture neuve entièrement détaxée. Personnellement et pour cause, j’alimentais le chef de la police de Souk Arhas et le patron des douanes, ceci prouvant s’il en était besoin la tendance à la mise en place d’une Mafia qui a conduit progressivement l’Algérie à sa situation d’aujourd’hui. Ces personnages me gratifiaient de leur carte de visite. Bien utile. Par exemple, au cours d’une ballade en montagne (50° à l’ombre), dépourvu de tout papier d’identité, j’ai été embarqué brutalement par une patrouille. Mis à l’ombre. Soudain me vient l’idée de demander au chef de poste d’appeler le numéro du chef de la police sans lui dire à qui ce numéro appartenait. Garde à vous au téléphone: mille excuses et retour à la maison avec la jeep de la patrouille. La raison: entre l’Algérie et la Tunisie existait un fort trafic de Kif. Quatre anglais étaient signalés dans la montagne. Il y eut confusion à notre dépens.
Je m’appelle Dréan. A 50 km de Souk Arhas, il y avait une ville s’appelant « Drean », le nom d’un martyr de l’ALN. Les contrôles de police étaient légion, à chaque entrée de localité. Un jour, je me trouvais dans une file de contrôle. Se présente un policier. Je lui confie mon passeport: il l’ouvre, se met au garde à vous et me fait déboîter de la file, le nom l’ayant certainement impressionné. Un autre jour, un tapis que j’avais commandé arriva au bureau de poste de Drean tandis que je l’attendis chez moi pendant quatre mois.
Mon épouse, institutrice détachée, pendant 5 ans, le temps de ma coopération, fit la leçon à 40 jeunes algériens (qu’elle avait troqué contre 8 élèves français dans son école de village des Côtes du Nord). Le matin 40, l’après-midi une foule aussi impressionnante. Un silence, une discipline tout aussi surprenante. De jeunes palestiniens sortant des grandes écoles américaines – interdits de rentrer en Palestine – enseignaient l’arabe aux jeunes algériens. Coopérants, nous avions droit au consulat d’acheter du Ricard, du Porto détaxé. Ces jeunes palestiniens se faisaient un plaisir d’en déguster à la maison. Bien que musulmans m ais fortement teintés laïques. Après deux ou trois coups, le débat sur le colonialisme ressurgissait. Cordialement. Mais prévoyant et réaliste. « Ce que vous avez fait dans vos ex colonies et ailleurs, vous le paierez cher, très cher, pendant longtemps ». Un constat sans haine. Aujourd’hui nous y voilà.
J’ai connu de retour en France 20 ans après des Algériens sans pays. Après guerre, les nombreux algériens engagés dans l’Armée Française contre les nationalistes vietnamiens en Indochine ont reçu l’ordre de déserter en Indochine. Condamnés en France. Pourchassés en Algérie. Des vies brisées.
Le plus sanguinaire. Le Parti Communiste Algérien (PCA), soutien du FLN pendant la guerre de libération, y compris avec des ressortissants européens, d’ailleurs désavoués par le PCF même si celui-ci demandait la clémence pour les militants anti-colonialistes arrêtés et condamnait tortures et exécutions clandestines, était fortement implanté chez les cheminots. J’avais lié connaissance avec eux. Boumediene exile Ben Bella. Prend le pouvoir. Constatant la disparition de plusieurs camarades du P.C.A dans les gares environnantes, je m’en inquiète auprès d’un camarade de l’UGTA. Réponse: t’occupe pas de ça, c’est pas ton affaire. Huit jours après, dix d’entre eux étaient retrouvés égorgés dans un oued. Une multitude de drames affreux. J’ai connu tous les 15 jours l’atterrissage d’un Boeing américain à Annihi. Repartant avec 500 jeunes algériens pour l’Afghanistan traquer les russes. Que sont-ils devenus aujourd’hui? Irak, Syrie, Mali….
Jean Dréan

Portrait de Jean DREAN paru dans « LE TELEGRAMME » (29 Octobre 2010).

Cheminot depuis 1949, il adhère en 1953 à la CGT et au Parti communiste.

Son premier combat a lieu cette année-là. Les cheminots font grève pour la défense de leurs retraites. Déjà. Il a 20 ans. « Un vendredi matin, au Journal officiel, sort un décret sur la suppression du régime particulier des cheminots. À midi, plus un seul train ne roulait. À l’époque, 80% des cheminots étaient à la CGT. La grève a duré un mois. Le pays, totalement bloqué. Joseph Laniel, président du Conseil à l’époque, a démissionné et le décret n’est pas passé !».

Ce premier combat remporté le marque à tout jamais du fer rouge du militantisme. « Tout le monde partait en grève. On n’avait pas vraiment le choix ».

Depuis, Jean a toujours été sur les rails de la contestation. Militant et activiste De militant à activiste il n’y a qu’un pas. « Je faisais mon service militaire à la caserne du Mont-Valérien (92) au moment de la guerre en Algérie. Avec des militants du FLN on l’a recouverte d’affichettes (« paix en Algérie, paix en Indochine »). Au bout de trois mois, on a été dénoncé par des camarades du contingent. On s’est retrouvé quatre mois en prison. Avec l’aide d’un fils de cheminot, on a été transféré à Guingamp. J’ai été prié d’arrêter mes activités de militants ». « Je devais m’écraser » En 1964, deux ans après la fin de la guerre, Jean est envoyé en Algérie. « Sur 500 cheminots algériens, j’étais le seul Européen ». Il y travaille pendant cinq ans et devient spectateur passif de la bataille de mai 68. « De là-bas, on avait l’impression que le pays était à feu et à sang », se souvient-il.

De retour en France en 69, il est transféré à Trappes (78). L’homme n’a pas froid aux yeux. Pour revenir en Bretagne, il écrit au président du Conseil. « Quinze jours après, j’étais transféré à Morlaix où j’ai pu rejoindre les camarades ».

D’autres batailles Parmi les « milliers » de manifestations à son actif, voici les plus marquantes : 1970, il se bat pour la défense de la ligne Morlaix/Roscoff. « On a fait grève trois semaines en décembre ». 1986-87: il lutte avec les cheminots. « On bloquait des trains en gare de Morlaix. À l’époque on était 300 ». 2010 : les retraites.

« Plus tard, je ne veux pas être à la charge de mes enfants. Or, la situation dans les maisons de retraite est désastreuse. Et tout se fait dans l’indifférence générale. J’ai interpellé notre députée Marylise Lebranchu. Mais sans réponse ». Militant jusqu’au bout de la barbe, Jean ne renoncera pas.

En attendant le prochain combat, il ira comme chaque matin regarder passer les trains, acheter Le Télégramme, Ouest France et L’Humanité.

Ses obsèques auront lieu le vendredi 6 septembre avec une cérémonie d’hommage à 13 h 30 avant la crémation (Crématorium Quimper : 15 Allée Mail Stang Vihan).

Un covoiturage devrait être organisé pour les camarades souhaitant être présent à ses obsèques

La ville de Quimper rend hommage aux Manouchian en baptisant un rond-point Missak et Mélinée Manouchian (Ouest-France, 29 août 2024)

120 ans du journal L’Humanité: un livre et une revue à se procurer de toute urgence auprès de la fédération et des sections communistes du Finistère

 

Maud Vergnol le rappelle dans son avant-propos: « l’Humanité est un combat quotidien. » Jaurès l’exprime aussi dans l’éditorial « Notre but » du premier numéro de l’Humanité le 18 avril 1904, il y a 120 ans, tout juste: « notre tentative serait vaine ou même dangereuse si l’entière indépendance du journal n’était point assurée… L’indépendance du journal est entière. Faire un grand journal sans qu’il soit à la merci d’aucun groupe d’affaires est un problème difficile mais pas insoluble ».

Un problème difficile auquel s’attellent les directions de l’Humanité depuis 120 ans, et les communistes depuis plus de 100 ans. La publication de Hors-série, de numéros spéciaux et thématiques de l’Humanité, de beaux livres édités par l’Humanité, l’élan militant pour la vente de l’Humanité et obtenir des nouveaux abonnements, les efforts des journalistes pour se mettre à la page et s’adapter aux contraintes économiques et aux nouveaux besoins du lectorat font partie de l’équation, tout comme les fêtes de l’Humanité, dont la réussite financière est une condition sine qua non de la survie du journal dans des conditions acceptables et de sa qualité, le rôle des CDH, créés en 1930, des amis et lecteurs de l’Humanité, des nombreux donateurs à la souscription, principalement des adhérents communistes, mais aussi beaucoup de sympathisants et lecteurs de l’Humanité.

Un nouveau beau livre collector grand format de 275 pages est consacré à sonder avec originalité et en laissant une part à la subjectivité et à la diversité des approches du journal et de l’histoire qu’il reflète l’immense histoire du journal l’Humanité: « l’Humanité, 1904-2024: 120 ans, 120 unes, 120 regards »

Ce livre est disponible auprès de la fédération du PCF Finistère qui en a acheté plusieurs en lot pour diminuer les frais de port pour les militants, et des sections du PCF Finistère, au prix de 39,90€

Sa vente et son achat contribuent bien sûr aussi grand à soutenir le journal l’Humanité. Notre journal, un des moyens au centre de nos luttes pour l’égalité et la dignité humaine.

On y trouve des textes éclairant et commentant des Unes de journal, une pour chaque année depuis 120 ans d’existence du journal, correspondant à de grands évènements historiques à l’échelle nationale ou mondiale, ou des évènements moins connus mais significatifs de basculements que l’Humanité a mis en valeur plus que d’autres journaux de presse quotidienne: ainsi, le lecteur lira avec beaucoup d’intérêt en miroir d’évènements et de unes de l’humanité des textes ciselés de Fabien Gay, actuel directeur de l’Humanité, et sénateur communiste de Seine Saint-Denis, de l’ancien directeur de l’Humanité et député européen Patrick Le Hyaric, de Marie-George Buffet, de Pierre Laurent, de Fabien Roussel, , les trois derniers dirigeants du Parti Communiste qui se sont succédé depuis 20 ans, de Raoul Hedebouw, député et président du PTB (Parti du travail de Belgique), de Claude Askolovitch responsable de la revue de presse de France Inter et écrivain, de Christiane Taubira, du fondateur du groupe Zebda Moustafa Amokrane, des historiens Serge Wolikow, Alain Ruscio, Guillaume Roubaud Quashie, Roger Martelli, Nicolas Offenstadt, Patrick Boucheron, du sportif Lilian Thuram, du journaliste Daniel Mermet, de la journaliste Hajar Raissouni, de la déportée juive rescapée d’Auschwitz Ginette Kolinka, de l’ancien ministre communiste de la Fonction Publique Anicet Le Pors, du comédien, journaliste et écrivain François Morel, de l’astronaute Thomas Pesquet, de Ariane Ascaride, du cinéaste chilien Patricio Guzman (sur le coup d’état de Pinochet contre le gouvernement de Salvador Allende), des écrivains Lyonel Trouillot et Joseph Andras, de l’ambassadrice de l’OLP et de Yasser Arafat Leïla Shahid, ou de l’actuelle ambassadrice de la Palestine en France Hala Abou Hassira, de l’écrivain et journaliste Sorj Chalandon (sur la mort de Bobby Sands), de Rony Brauman, Hubert Védrine, Ian Brossat, Clémentine Autain, François Ruffin, Cédric Villani, de l’humoriste Guillaume Meurice, de la sociologue Monique Pinçon-Charlot.

Les éditions de « l’Humanité » publient aussi sous forme de revue souple papier glacé de 121 pages et moins onéreuse complémentaire pour célébrer ses 120 ans: « Instantanés d’Humanité. 120 ans d’un journal engagé ». Il s’agit d’un regard d’historien coordonné par Alexandre Courbat et de journalistes sur le fonctionnement du journal l’Humanité, ses principes, son éthique, ses directions, sur son originalité dans le monde des médias, et sur la fête de l’Humanité. On y trouve aussi de nombreux documents d’archives magnifiques – photos, unes, qui montrent le lien du journal communiste avec la grande Histoire, à la fois témoin et acteur de cette Histoire du côté de la défense des dominés, des exploités, des damnés de la terre. Ce hors-série fait notamment la part belle aux engagements féministes et internationales, pour la paix et la décolonisation, du journal L’Humanité. Il est à vendre au prix de 9,90€ et la fédération du PCF Finistère en dispose là encore d’un nombre important d’exemplaires à disposition des camarades, sympathisants, lecteurs et amis de l’Humanité, ou tout simplement des passionnés d’histoire et de la presse.

Le livre et la revue Hors-Série ne font pas doublon mais se complètent très utilement et viennent aussi compléter sans redondance des livres tout aussi indispensables comme:

– La fête de l’Humanité, 80 ans de solidarité, de Valère Staraselski (Le Cherche Midi, 2010, 32€)

– « Un siècle d’Humanité 1904-2004 » sous la direction de Roland Leroy au Cherche-midi toujours (2004, 18€)

ou d’autres livres monographiques de Alexandre Courban, Georges Cadiou, consacrés respectivement à Gabriel Peri, Marcel Cachin, grandes figures de l’Humanité des années 1920-1930.

A l’heure où l’invasion des idées d’extrême-droite dans les médias menace gravement notre démocratie (à l’image de beaucoup d’autres pays et régions du monde), ce qu’ont traduit les élections européennes et législatives de juin et juillet 2024, il est nécessaire de rappeler combien l’Humanité avec sa triple exigence d’engagement pour la transformation de la société et la cause des plus démunis et des travailleurs face aux capitalistes, de qualité et d’émancipation par l’éducation populaire, d’indépendance journalistique vis-à-vis des puissances d’argent, et son ambition d’exprimer l’originalité du point de vue communiste sur la société et le monde dans un esprit d’ouverture, d’intelligence, de débat et de rassemblement pour être utile au peuple, est une exception française et un patrimoine inestimable à préserver et faire fructifier pour défendre à la fois la République sociale, les valeurs universelles de l’internationalisme et des droits humains, et notre démocratie face aux coups de boutoir des Bolloré, Sterin, Elon Musk et consorts, ces forces du Capital qui sont prêts à nourrir la « bête immonde » du fascisme et du racisme pour mieux servir leurs intérêts.

Ismaël Dupont, 18 août 2024

A Douarnenez, on célèbre les 100 ans de la grève des sardinières

 

A Douarnenez, on célèbre les 100 ans de la grève des sardinières

Autour d’un tableau de Charles Tillon : la révolte des sardinières

Depuis le 6 juillet, et jusqu’au 1er février 2025, on peut aller découvrir gratuitement au port-musée de Douarnenez une très belle exposition sur la révolte des sardinières.

On y trouve plusieurs kakemonos explicatifs très bien faits avec des éclairages d’historiens et de nombreuses photos d’époque, dont certaines du fonds personnel de l’ancien maire communiste Michel Mazéas (1928-2013), par ailleurs prof d’histoire, à l’origine de l’aménagement du Port-Rhu et de la création du Port-Musée (1993), des reproductions d’archives de la presse communiste et régionale, des enregistrements sonores, faits en 1977, d’ouvrières, actrices du mouvement social, par Nicole Le Garrec (« Des pierres contre des fusils », « Avoir vingt dans les Aurès », avec René Vautier), des costumes d’ouvrières de l’époque de Douarnenez et du pays bigouden.

Le centre de cette exposition conçue par une équipe pluridisciplinaire avec notamment Sarah Chanteux, la directrice par intérim du port-musée, sur une idée originale de Kellig-Yann Cotto, avec le soutien de Fanny Bugnon, maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université  de Rennes 2, spécialiste des questions de genre dans le rapport au pouvoir, à la politique et au mouvement social, autrice d’une biographie remarquée de Joséphine Pencalet, une des premières femmes élues en France (1925), présentée par le parti communiste à Douarnenez, est le prêt et la présentation du tableau « La révolte des sardinières » (1926).

Appartenant au musée de Bretagne de Rennes, c’est le tableau célèbre d’un peintre amateur, le rennais Charles Tillon, futur grand résistant et dirigeant communiste à l’origine du premier appel du 17 juin 1940 à la Résistance intérieure « luttant contre le fascisme hitlérien (…) pour l’indépendance nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes » et de la création des FTP, et trois fois ministre communiste (de l’Air, de l’Armement, de la Reconstruction et de l’Urbanisme) dans les gouvernements issus du CNR à la Libération.

Sorte de réplique bretonne en mode mineur du  « Il Quarto Stato » (« le quatrième état » : le prolétariat), du peintre Giuseppe Pellizza, qui se suicidera en 1907, immense tableau réaliste présent au musée Novecento de Milan, on y voit une foule résolue d’ouvrières bretonnes en coiffes blanches porter fièrement le drapeau rouge en avançant vers nous le long de la grève, se détachant progressivement à l’arrière-plan et en queue de cortège d’une falaise, comme si leur force venait du granit, celui dont on forge les têtes dures des « Penn sardin ».

Charles Tillon ne fit pas peu pour rappeler la nouveauté et la fécondité des grèves gagnantes des sardinières finistériennes de 1924 à 1927 dans son livre : « On chantait rouge » (Robert Laffont, 1977).

En novembre 1924, quand commence la grève des sardinières de Douarnenez, pour gagner 5 sous supplémentaires (une augmentation réclamée de 25 centimes par heure : passer de 80 centimes de l’heure à 1,05 pour les ouvrières), Charles Tillon a 27 ans.

Ajusteur à l’arsenal de Brest en 1916, il s’est embarqué comme matelot mécanicien sur le croiseur « Guichen ». En 1919, par solidarité avec la révolution bolchevique que combat l’armée française, il provoque une mutinerie sur le « Guichen » en Méditerranée. Il est condamné au bagne pour 5 ans et envoyé au Maroc. Bénéficiant finalement d’une amnistie comme les mutins de la mer Noire, il devient ouvrier ajusteur à Nantes, puis adhère au Parti Communiste en 1921. Adhérent à la CGT, il soutient la scission avec la création de la CGTU en 1923 et devient permanent de la CGTU en 1924.

La grève des sardinières de Douarnenez constitue sa première grande mission sur le terrain pour organiser un mouvement social, avec pour associées l’institutrice savoyarde féministe, antimilitariste et communiste de la CGTU Lucie Colliard, puis Alice Brisset qui succédera à cette dernière.

Charles Tillon continuera son œuvre de « gréviculteur » comme il le disait dans la revue Bretagnes dans un très bel entretien accordé en 1978 au regretté journaliste morlaisien et militant syndical Michel Kerninon, l’organisation du mouvement de lutte des ouvrières bretonnes et pêcheurs à Lesconil et dans tout le pays bigouden en 1925 et 1926 : le tableau est d’ailleurs inspiré d’une photo noir et blanc d’une manifestation de sardinières bigoudènes à l’été 1926 entre le port de Lesconil et celui du Guilvinec. Charles Tillon accompagnait les 60 ouvrières chantant l’Internationale en cortège auprès des murets de pierre de la côte bretonne*.

 

Saluez, riches heureux

« Saluez, riches heureux

Ces pauvres en haillons

Saluez, ce sont eux

Qui gagnent vos millions »

Cette chanson anarchiste de la Belle époque est restée attachée au mouvement de grève des ouvrières de la sardine à Douarnenez, des sardinières ayant été licenciées après avoir chantée à l’usine cette chanson de lutte que leur avait apprise Charles Tillon. Cette chanson interdite, bréviaire de lutte des classes, contre l’exploitation capitaliste, deviendra une sorte d’« hymne national » douarneniste. Elle fut aussi connue et prisée des ouvrières bigoudènes.

Rembobinons un peu …

Dans le sud du Finistère, les années 1920 ont été marquées par de grands conflits sociaux dans l’univers de l’industrie de la sardine. Déjà, au tout début du siècle, les ferblantiers se sont mobilisés pour défendre des revendications salariales. Ils n’ont pas obtenu les résultats espérés. En revanche, entre 1905 et 1910, les ouvrières de conserverie du littoral finistérien exigent d’être payées à l’heure et non plus au rendement et au mille de sardines travaillées. Elles obtiennent gain de cause. Première victoire. Douarnenez, haut lieu de l’essor de la conserverie de poisson en Europe, est donc déjà une ville de lutte.

Il y avait à Douarnenez 2100 employés des conserveries, dont 1600 femmes. Celles-ci, vêtues de longues jupes épaisses et de sabots, pouvaient travailler jusqu’à 18 heures par jour sans interruption, rentrant chez elles à minuit pour être rappelées parfois à 4 heures du matin, quand la flottille de pêche rentrée au port déchargeait sa cargaison.

 

Douarnenez, port communiste de Bretagne depuis 1921

Quand s’engage la révolte des sardinières, Douarnenez, premier port sardinier de France depuis 1850, et premier site de mise en boîtes de sardines depuis le début du 20e siècle, travaillant en connexion avec le capitalisme et la métallurgie de la région nantaise, est déjà ce que l’Humanité de l’époque appelle un « port rouge ».  Sa dépendance à la mono-industrie de la pêche rend la ville sensible aux crises de misère liées à la conjoncture économique.

En mai 1921, Sébastien Velly, tapissier, condamné par le conseil de guerre de Nantes en août 1917 pour désertion à deux ans de travaux forcés, trésorier de la nouvelle section communiste de Douarnenez, est élu maire de Douarnenez par le Conseil Municipal contre la tête de liste qui vient d’emporter les élections partielles, Fernand Le Goïc, professeur à Nantes, à qui l’on reproche son hostilité à l’adhésion à la IIIe Internationale et sans doute aussi sa présence insuffisante dans sa ville.

Douarnenez fut donc une des premières municipalités françaises à faire élire un maire communiste. Même si en Bretagne et dans le Finistère, le premier maire communiste est bien Louis Jacques Lallouet, maire de Huelgoat, ancien élu SFIO ayant fait le choix de l’Internationale communiste dès 1921.

Sébastien Velly prend des mesures symboliques : en août 1922, il fait baptiser une rue « Louise Michel » : cela devient une véritable affaire qui oppose gauche et droite et qui débouche sur un refus du ministre de l‘Intérieur. Les conservateurs ironisent : « Quant à Pasteur, on verra plus tard, quand on aura épuisé le calendrier rouge. Il reste encore Lénine, Trotski et quelques autres… ».

Le 18 juillet 1924, Sébastien Velly meurt d’une tuberculose galopante.

C’est Daniel Le Flanchec, ancien ouvrier et employé municipal, passé par l’anarcho-syndicalisme à Brest avant de rejoindre le parti communiste, qui est élu maire de Douarnenez en octobre 1924.

Il était depuis 1923 le secrétaire fédéral du PCF dans le Finistère.

 

Pemp real a vo ! (« 5 sous il y aura ! »)

Cette « grève de la misère » éclate donc pour obtenir un salaire horaire de 1,05 francs pour les ouvrières au lieu des 80 centimes payés, et s’étend aux vingt usines implantées dans la ville. 25 centimes d’augmentation, à rapporter aux prix de l’époque. Un kilo de pain valait 1,60 franc, la douzaine d’œufs 9 francs, le kilo de bœuf 23 francs. Le personnel des conserveries était sous-payé et les femmes à travail égal gagnait 40 % de moins que les hommes qui gagnaient 1,30 francs de l’heure. La grève, portée à 70 % par des femmes, voulait porter le salaire à 1,50 francs de l’heure pour les hommes.

Ces salaires sont près de trois fois inférieurs au salaire moyen des ouvriers au niveau national. Beaucoup de femmes et de familles vivent à crédit, tout en travaillant à la chaîne au gré des arrivages 10 à 14 heures par jours pour une paye minuscule versée par des industriels dont même le ministre du travail dira dans sa rencontre à Paris avec une délégation d’ouvriers et de sardinières emmenés par la syndicaliste Lucie Colliard en décembre 1924 qu’ils sont « des brutes et des sauvages ».

La réglementation du travail n’est pas appliquée : les heures de nuit ne sont pas majorées, le droit syndical n’est pas respecté, ni le code du travail avec notamment ce qu’il contient de garanties pour la protection de l’enfance. Dans les usines ni chauffées ni isolées, à même la terre battue, les filles d’usines enchaînent les heures de travail dans des conditions désastreuses, sous l’autorité intransigeante des contremaîtresses. Beaucoup d’entre elles sont malades.

Le 21 novembre 1924, un patron refuse de recevoir des ouvrières exténuées. Cet évènement met le feu aux poudres.

Elles vont être une centaine à se mobiliser immédiatement, avec 40 manœuvres de l’usine métallurgique Carnaud qui débrayent avec elles, suivies par d’autres les jours suivant dans les 20 conserveries de la ville aux côtés de leurs maris, artisans-pêcheurs, de leur maire. Une lutte de 7 semaines et 46 jours de grève générale s’engage, rythmée par des manifestations et des meetings, où s’expriment de nombreux dirigeants nationaux du PCF et de la CGTU venus sur place. 2000 grévistes sont recensés, aux trois quart des femmes. Le 26 novembre, un comité de grève se met en place sous l’impulsion des cadres communistes de la CGTU venus organiser le mouvement et unifier ses revendications.

Les réunions publiques du soir regroupent de 2000 à 4000 participants. Des soupes populaires et caisses de solidarité sont organisées par la CGTU, le PCF, la mairie. On y distribue jusqu’à 2000 repas. Les vivres proviennent de dons de toute la France. En décembre, les marins rejoignent le mouvement, en soutien à leurs femmes, et donnent une partie de leur pêche au comité de grève.

Le syndicat des usiniers refuse d’aller à la négociation, dénonçant une « grève communiste, révolutionnaire, politique », sauf Mme Quéro, propriétaire d’une usine qui accorde satisfaction à certaines revendications des ouvriers en lutte en décembre.

La lutte douarneniste est spectaculaire et symbolique, notamment parce que des femmes et des travailleuses en sont le fer de lance.

Charles Tillon, permanent régional de la CGTU est à la manœuvre. Le PCF missionne aussi d’autres cadres dirigeants, comme Lucie Colliard et Marie Le Bosc. L’implication politique de ces deux femmes marque d’autant plus les esprits qu’elles ne sont pas citoyennes c’est-à-dire qu’elles n’ont pas le droit de vote.

Mais dans le port sardinier, ce sont bien les femmes qui sont en première ligne : au comité de grève elles sont 6 sur 15 membres. Parmi les responsables communistes, le Breton Marcel Cachin, directeur de l’Humanité, député communiste de la Seine, vient en décembre 1924 apporter « le salut de la classe ouvrière parisienne pour la grève si sympathique des sardinières ». Il dira aussi : « Là où est la femme est la victoire ».

Le maire communiste est aux côtés des grévistes : Le Flanchec défile en tête de cortège, ceinturé de son écharpe tricolore, et l’Internationale en bouche. Le maire met en place un fonds de chômage. Mais les patrons de conserverie ne veulent rien lâcher. Deux d’entre eux financent l’intervention violente de briseurs de grève. Le 1er janvier 1925 ces hommes tirent sur le maire : une balle lui traverse la gorge. La presse militante s’écrie : « On a voulu tuer notre camarade Le Flanchec et l’on voulait aussi tuer la grève ». L’émotion est très forte au plan national. On en débat à la Chambre des députés. Des députés de gauche criant : « Assassins ! », « Assassins ! », ceux de droite répondant : « Nous ne laisserons pas saboter la République ».

L’Humanité, dont un journaliste, Daniel Renoult, est sur place à Douarnenez depuis décembre pour suivre le conflit social au jour le jour, titre début janvier à la Une: « A Douarnenez : première « flaque de sang fasciste » ». La quasi totalité de la Une, reproduite à l’entrée de l’exposition, est consacrée à la description de la « Journée sanglante » à Douarnenez, à la description de la misère des ouvrières et pêcheurs de Douarnenez, et à l’appel de la CGTU à l’action de l’État pour faire plier les patrons d’usine.

Le Flanchec sort de l’hôpital le 5 janvier 1925. Plus de 1500 grévistes l’escortent jusqu’au centre-ville au son de l’Internationale.

Le préfet exige finalement des industriels une sortie du conflit : le 8 janvier les revendications salariales sont satisfaites. Le lendemain, les usiniers acceptent les mêmes conditions négociées dans l’usine de Madame Quero, la première patronne a avoir satisfait une partie des revendications des ouvriers en décembre : une augmentation de 20 centimes de l’heure, la majoration des heures supplémentaires et des heures de nuit, le respect du droit syndical ainsi que l’interdiction du renvoi du personnel gréviste.

La ville est en fête. Une gigantesque manifestation est organisée sur le port du Rosmeur. Le travail reprend le 8 janvier.

La grève des sardinières chantant « Pemp real a vo ! » est aussi le symbole de l’engagement citoyen et social autonome des femmes pour leurs droits, même si l’on n’est pas encore sur une revendication d’égalité salariale absolue, ce qu’aurait souhaité Lucie Colliard (cette grève féminine inspiratrice du féminisme n’est pas encore à proprement parler une grève féministe) mais aussi de la fin d’une résignation qui n’est plus de mise face aux magnats de l’industrie qui emploient et exploitent, les grandes dynasties industrielles comme Chancerelle ou la famille Béziers représentant une bourgeoisie vivant dans le luxe et l’ostentation. Appuyées par un clergé très réactionnaire, qui pesait encore beaucoup en Bretagne sur les consciences, elles dominaient un large prolétariat d’ouvriers et d’ouvrières des conserveries, et de marins pêcheurs.

Ces semaines de lutte, relayées au plan national, sont un succès pour le jeune PCF et la CGTU. Douarnenez est désormais un phare du communisme en France. Son maire, devenu célèbre, est autant admiré des marins et des usinières qu’il est détesté des puissants. L’élection municipale de 1925 se transforme en plébiscite en faveur de Le Flanchec. Le Flanchec a incarné, de 1924 à 1940, un communisme municipal original faisant honneur à la réputation douarneniste de « turbulence et d’audace téméraire » (Michel Mazéas). La suite est plus complexe. Électron libre en position tendue avec la direction départementale et régionale du PCF dès le début des années 1930, il est exclu en 1937 et rejoint le parti de Doriot, le PPF. Resté patriote, après avoir symboliquement refusé de retirer le drapeau tricolore de l’Hôtel-de-ville de Douarnenez à l’arrivée des troupes allemandes, il est destitué comme maire de Douarnenez. En 1941, après avoir été dénoncé par sa compagne, une comtesse collaborationniste, pour « propagande communiste », Daniel Le Flanchec est arrêté. Il est déporté par les Allemands en mars 1944 et il meurt en camp de concentration dans des conditions mystérieuses, peut-être exécuté par la résistance communiste du camp.

Au final, ces luttes sociales et politiques auront néanmoins ancré pour longtemps le communisme à Douarnenez et ouvert la voie, après-guerre, à ses maires PCF : Joseph Pencalet, Yves Caroff, Joseph Trocmé et surtout à Michel Mazéas qui dirigea la ville de 1971 à 1995.

A la suite du mouvement de grève, Joséphine Pencalet, ouvrière mobilisée dans la grève, est présentée en quatrième position sur la liste communiste (Bloc ouvrier et paysan) aux élections municipales et élue conseillère municipale en mai 1925. L’élection de Joséphine Pencalet fut annulée par arrêté préfectoral le 16 juin 1925, décision confirmée cinq mois plus tard par le Conseil d’État. Signalons que la décision du Conseil d’État du 27 novembre 1925 concerna également l’annulation de l’élection de Charles Tillon pour non-résidence à Douarnenez.

On peut saluer dans cette exposition un très bel éclairage sur l’histoire sociale de la ville de Douarnenez, et plus généralement des ports ouvriers du sud-Finistère, avec une mise en avant particulière de l’histoire ouvrière et du rôle des femmes dans celle-ci, mais aussi une reconnaissance tout à fait significative du rôle joué par les militants communistes pour ces luttes pour la dignité au travail et l’émancipation des ouvriers et des femmes.

Ismaël Dupont,

* A Michel Kerninon, qui m’a fait découvrir cette interview il y a quelques années pour la publier dans le Chiffon Rouge, dans la revue Bretagnes, en 1978, il dit avec passion l’importance dans sa vie de ces combats avec les pêcheurs et les ouvrières du pays Bigouden et de Douarnenez:

« J’ai donc appris à devenir ce que le « Comité des Forges » de l’époque appelait un « gréviculteur ». La plus belle des grèves, la plus héroïque et la plus empreinte de sentiment populaire fut certainement pour moi la grève de Douarnenez. Alors j’en ai fait d’autres, au milieu de ceux qui parlaient la langue bretonne, je suis vraiment devenu non seulement un Breton de la région des fortifications qui défendaient la Bretagne autrefois, c’est à dire de l’Ille-et-Vilaine mais de cette Bretagne plus profonde, moins connue et si vivante, celle du Finistère, des Côtes-du-Nord, cette Bretagne « qui va au-devant de la mer » (…) En Bretagne, « il y avait une grande misère, le long des côtes surtout. Pour le reste, il n’y avait pratiquement pas d’industrie. Sur la côte, la pêche nourrissait l’industrie de la conserve; à la fois la pêche du 19e siècle et le début d’une industrialisation de la conserve. Les pêcheurs étaient des artisans. Ils allaient à la mer et ne connaissaient qu’elle. Mais, à terre, ils se défendaient mal. Les tempêtes ne leur faisaient pas peur, mais ils restaient désarmés devant les préfectures et leurs moyens de police. Soutenus par l’appareil d’État, les acheteurs s’entendaient pour contraindre les pêcheurs à vendre le moins cher possible. Mais voilà bientôt qu’en Bretagne, la grande grève des usines de Douarnenez rayonnait de la juste fierté d’avoir vaincu le patronat le plus rapace qu’on puisse trouver puisqu’il avait osé aller jusqu’à l’organisation du crime pour terroriser la population et faire tuer, s’il l’avait pu, le maire communiste Le Flanchec! Avant la grève, les pêcheurs n’étaient pas syndiqués, il fallait donc organiser dans le même syndicat le patron de la barque qui gagnait un peu plus, et ses matelots, ses compagnons de tempêtes et de souffrances. Ce n’était pas simple et c’est sans doute pourquoi il n’y avait pas eu, jusque là, de syndicat durable. Mais les femmes avaient le leur. Et la fierté qui les avaient animées gagnait en 1925 tous les ports de Bretagne. La colère déferlait parmi les ouvrières les plus exploitées, comme à Pont-l’Abbé ou à Concarneau, où une jeune fille d’usine sur quatre ou cinq était tuberculeuse… Le mouvement victorieux des femmes d’usine a entraîné les pêcheurs à mieux prendre conscience de leurs droits, et qu’en labourant la mer, ils étaient la source de tout. Mais le patronat de la côte aussi s’organisait. Et, au lieu de petits syndicats locaux, les patrons jusqu’à Saint-Jean-de-Luz, s’unissaient en un énorme Comptoir d’achat soutenu par le Comité des armateurs de la marine marchande et par l’Administration maritime. Alors commença leur grande offensive pour rationaliser l’industrie de la pêche, pour exporter des capitaux et des usines au Portugal, au Maroc, là où les salaires sont les plus misérables. Une « révolution » sur le dos des salariés et qui dure encore.. Nous avions été heureux pendant deux ans. Mais viendraient les défaites! Rationaliser l’industrie de la pêche pousserait à rationaliser l’industrie de la conserve. Aussi, commençait une autre histoire de la mer… »

(Charles Tillon, entretien avec Michel Kerninon dans la Revue « Bretagnes. Littérature. Art. Politique », daté de mars 1978, dont le siège se trouvait à Morlaix, impasse de la Fontaine-au-lait)

 

Commémoration, 15 juin 2024: il y a 80, les fusillés de Lesconil

1944 le fascisme est là.
2024 : 80 ans après coupons lui la route : Front Populaire !
N’oublions pas.

Gaston Balliot

 

Plusieurs résistants communistes de Quimper ont été retrouvés dans la fosse commune des dunes du Poulguen à Penmarc’h, fusillés dans le pays bigouden ou à Quimper – après être passés parfois par la prison St Charles de Quimper. Leurs corps furent retrouvés à l’ouverture de la fosse en août 1944.
Marcel Kergonna d’Ergué-Armel (aujourd’hui quartier de Quimper), était sergent-chef dans la 1ère compagnie « Sous-Marin Curie » du bataillon FTP La Tour D’Auvergne. Il fut arrêté en avril 44 avec plusieurs membres de son groupe, lors d’une opération militaire sur la route de Quimper à Plomelin, fusillé en mai près de Penmarc’h, son corps jeté dans la fosse de Poulguen. Il avait 24 ans.
Arthur Quéinec, Quimpérois dont une cellule d’Ergué-Armel a porté le nom, militaire de carrière démobilisé devenu ferblantier à Quimper, marié à Penhars (ancienne commune intégrée à Quimper en 1960), ayant rejoint les FTP en 1943, recherché à la suite d’une opération de sabotage à Briec, arrêté à Pouldreuzic, détenu à la prison St Charles, condamné à mort par le tribunal militaire allemand de Quimper, fusillé le même jour à Toulven le 21 avril 44 et enterré sur place dans le sable. Lui aussi avait 24 ans.
Charles Le Port, cheminot quimpérois d’Ergué-Armel, déporté du travail en Allemagne il s’évade et rejoint à son retour le bataillon FTP La Tour d’Auvergne en 1943. Arrêté en février 44 à Quimper, détenu à la prison St Charles, comme Arthur Quéinec il est condamné à mort le 21 avril 44 par le tribunal militaire allemand de Quimper pour activités communistes, fusillé le même jour au Poulguen et enseveli dans la fosse commune. 24 ans lui aussi. La cellule des cheminots de Quimper portait son nom.
Et encore Marcel Volant, né à Quimper, père de 2 enfants, domicilié à Pont L’Abbé, postier auxiliaire, qui rejoint lui aussi le bataillon FTP La Tour d’Auvergne en 44, il prend part à plusieurs déraillements. Arrêté en avril 44 avec Marcel Volant lors d’une action de nuit par la police allemande, interné à St Charles, fusillé en mai au Poulguen sans jugement, enseveli sur place dans la fosse. Il avait 27 ans.
Et Pierre Plouzennec, né à Plogastel St Germain, lui aussi membre des FTP, qui fit partie d’un groupe de 12 hommes qui attaqua la prison St Charles de Quimper le 9 avril 44 pour tenter de libérer les résistants qui y étaient internés (et torturés). Arrêté peu après sans lien avec cette action, il fut exécuté par les Allemands au champ de manœuvre de La Tourelle à Ergué-Armel (Quimper) et lui aussi jeté dans la fosse de Poulguen le 24 avril 44. Tl avait 23 ans.
A noter que c’est au champ de tir de La Tourelle qu’eut lieu la première exécution par l’occupant de résistants quimpérois en 1942. C’étaient deux jeunes postiers auxiliaires communistes FTPF de 20 et 19 ans, Pierre Jolivet et Emile Le Page, résistants de la 1ère heure. Militants de la Jeunesse communiste, ils avaient adhèré au parti communiste en 1939. Ils ont fait partie des premiers groupes résistants du parti communiste dans l’Organisation Spéciale (O.S.) reconnue comme unité combattante dès octobre 1940 et mise en place en Bretagne par Robert Ballanger, puis dans les FTPF, qui ont pris la suite de l’O.S. Avec leur groupe, Émile Le Page et Pierre Jolivet participaient aux distributions de tracts et journaux clandestins et dès janvier 1941 aux premières actions directes contre l’occupant : sabotages, attentats contre la caserne de la Wehrmacht, contre le Soldatenheim, foyer du soldat allemand, de Quimper.
Ils préparèrent l’attentat contre le siège de la LVF, leur groupe l’exécuta sans eux en juin 1942.
Car entretemps ils avaient été repérés, sur dénonciation, lors d’une distribution de tracts appelant à manifester le 1er mai 1942.
Arrêtés par des policiers français et torturés à la prison de Mesgloaguen à Quimper, ils furent remis par la police française aux Allemands, condamnés à mort et fusillés, Pierre Jolivet le 5 juin 1942, Émile Le Page, le chef de groupe, le 8 juillet.
Le 14 juillet 1942 un rassemblement se tint au cimetière d’Ergué-Armel près de la fosse commune où leurs corps avaient été jetés.
Une foule immense suivit leurs obsèques à la Libération quand leurs corps furent rendus à leurs familles.
Et tant d’autres résistants communistes de notre pays de Quimper dont on pourrait évoquer le souvenir.
Exécutés, morts en déportation.
J’ai connu certains des survivants si discrets sur leur passé, comme notre camarade Denise Larzul, véritable héroïne de la Résistance et de la Libération de Quimper et du Sud-Finistère dont je garde le souvenir ému.
Employée à la Sécurité Sociale de Quimper, elle s’engagea dans la Résistance à 21 ans. Menacée d’être arrêtée, elle rejoignit le maquis, puis la compagnie « Sous-Marin Curie » du bataillon FTP La Tour d’Auvergne; infirmière de la compagnie et combattante, elle remplaça même son chef de corps quand il fut incarcéré à la prison St Charles. Participant les armes à la main à la Libération de Quimper puis à celle du Sud-Finistère jusqu’à la presqu’île de Crozon, elle fut décorée de la Croix de guerre, et la ville de Quimper lui a rendu hommage après sa mort en donnant son nom à une salle municipale à Ergué-Armel.
1944 -2024, tirons les leçons de l’histoire, barrons la route au fascisme, Front Populaire !
Yvonne Rainero

Semaine de la Résistance à Morlaix: exposition en mairie sur les Fusillés FTP MOI de l’affiche rouge (du 27 au 31 mai)

A voir absolument en mairie de Morlaix du 27 au 31 mai 2024 – L’exposition de la semaine de la Résistance sur les Fusillés de l’affiche rouge, avec le Musée de la Résistance Nationale et notre amie Lucienne Nayet pour accueillir.

Il y a 99 ans, Joséphine Pencalet, ouvrière d’usine, était élue à Douarnenez, sur la liste portée par les communistes (Ouest-France, Fanny Bugnon, 2 mai 2024)

Il y a 99 ans, Joséphine Pencalet, ouvrière d’usine, était élue à Douarnenez, sur la liste portée par les communistes, à l’époque où les femmes n’avaient pas encore le droit de vote. Article Ouest-France, entretien avec la maîtresse de conférence en histoire Fanny Bugnon, 2 mai 2024

Maryse Dumas: aux urnes, citoyennes! – La véritable histoire de l’introduction du droit des vote des femmes le 21 mars 1944 (L’Humanité Magazine, 18 avril 2024)

Une voix puissante et nécessaire pour tous les combats d’émancipation : L’Humanité a 120 ans (PCF, 18 avril 2024)

Une voix puissante et nécessaire pour tous les combats d’émancipation : L’Humanité a 120 ans

Publié le 18 avril 2024

En avril 1904, Jean Jaurès proposait un nouveau journal pour porter haut la volonté de paix face au « chaos de nations hostiles et blessées », la lutte impérieuse contre « l’oligarchie capitaliste ».

Tenant le flambeau de « notre grand communiste Babeuf », il créait un journal se proposant, par le travail et par l’enquête, par l’analyse, le souci du débat et de la vérité, de combattre « le préjugé, l’injustice et le mensonge ».

Il fondait un journal pour contribuer à ce qu’advienne l’humanité même.

 

Contemplant les 120 années écoulées, chacun pourra juger combien féconde fut cette initiative. Au feu de l’action, en dépit des risques pour ses équipes – parfois extrêmes – et des difficultés financières – toujours présentes, sans soutien de grand groupe capitaliste –, L’Humanité a porté cette voix du monde du travail et de la création.

 

Libre journal de création communiste, indépendant des puissances de l’argent, il est un organe de presse absolument singulier dans le paysage médiatique national et européen. Les communistes et le camp progressiste tout entier y trouvent cette indispensable matière à information et à réflexion, à l’heure où le pluralisme de la presse est toujours plus menacé.

 

L’Humanité a 120 ans, l’âge des plus âpres luttes de classes. Dans notre monde martyrisé par un capitalisme sénile, elle est pourtant d’une jeunesse éblouissante à l’image de ce qui demeure, en 1904 comme en 2024, « notre but » et notre combat quotidien : la réalisation de l’humanité.

Parti communiste français,

Paris, le 18 avril 2024.

Hommage à Edouard Mazé ce mercredi 17 avril 2024 devant la maison du Peuple de Brest

Ce mercredi 17 avril à Brest, la CGT, le PCF et le MJCF célébraient la mémoire de notre camarade Edouard Mazé tué par les gendarmes lors de la répression d’une manifestation à Brest en 1952 dans un contexte de guerre froide.

La section du Pays de Brest du PCF a rendu hommage ce mercredi 17 avril à 10 h 30 aux cotés de la CGT à notre camarade Édouard Mazé syndicaliste, résistant, communiste tué le 17 avril par les forces de l’ordre.
Une gerbe a été déposée par le PCF Brest en sa mémoire sur la stèle située place Édouard Mazé devant la Maison du Peuple
Ci dessous l’article de l’Humanité de Grégory Marin publié à la sortie du très beau livre « Un homme est mort », de Kris et Étienne Davodeau,
Indomptable mémoire ouvrière
Édition . Le 17 avril 1950, les gendarmes ont tiré sur des travailleurs brestois en grève. La bande dessinée Un homme est mort témoigne de cette sombre page de l’histoire ouvrière.
« Mort pour le pain, la paix et la liberté ». L’épitaphe gravée sur la tombe d’Édouard Mazé, militant CGT tué le 17 avril 1950 d’une balle en pleine tête, résume le combat d’une vie. La sienne, et celle de tous ses camarades qui ce jour-là, manifestaient dans Brest en reconstruction. Pour 10 francs de salaire supplémentaire. Pour leur dignité de travailleurs. Face à leur détermination, les gendarmes ont tiré dans la foule. Un geste terrible, exécuté pour la dernière fois en France. Pour Pierre Cauzien, le péroné fracassé et le mollet déchiqueté, un souvenir impossible à effacer.
L’État a toujours refusé de reconnaître le geste de ses agents, mais Pierre, aujourd’hui âgé de quatre-vingt-quatre ans, ne s’est jamais découragé. « J’ai perdu une jambe, pas la tête », lance-t-il, sourire en coin. Têtu, le vieux militant cégétiste et communiste a passé cinquante ans à la reconstituer le fil de l’histoire. Il a fini par envoyer une lettre aux archives départementales : « Je voulais savoir la vérité avant de passer de l’autre côté ». Finalement, celle-ci tient dans l’intitulé du rapport de gendarmerie, qu’il a eu entre les mains : « Manifestation du 17 avril 1950, mort d’Édouard Mazé tué par les forces de l’ordre ». Les archives de police sont protégées par le secret durant soixante ans. Mais « à mon âge, je ne me se soucie plus de ça », lâche « Pierrot ». La vérité, enfin sur ce que ce militant a toujours considéré comme « un crime d’État maquillé en fait divers »…
État de siège
Ce matin du 17 avril, Brest est en effervescence, et malgré l’arrêté municipal d’interdiction (antidaté à la demande de la préfecture de police, comme le prouve le document reproduit en annexe de la bande dessinée Un homme est mort de Christophe Goret, alias Kris, et Étienne Davodeau), les ouvriers, épaulés par la CGT et la CFTC, défilent en nombre. Jusqu’au drame de la rue Kérabécam. « Allez-y, tirez, mais tirez en l’air », aurait ordonné le commissaire Le Goan, selon le rapport 141W33 rédigé par le capitaine de gendarmerie Kerhoas, commandant le détachement de Chateaulin. « Aussitôt, quelques coups de feu sont partis, un homme est tombé parmi les manifestants. J’ai immédiatement donné l’ordre de cesser le feu (…) » écrit le gendarme.
Si la troupe affirme avoir « tiré en état de légitime défense », pour « sauver la vie du personnel », la contre-enquête menée par le scénariste Kris durant deux ans, à l’occasion de l’écriture de la bande dessinée, tend à montrer que les gendarmes n’étaient absolument pas en danger, face à des militants seulement armés de banderoles. Une révolte légitime matée dans le sang. Le lendemain, l’Humanité titrera en une : « Le gouvernement fait tirer sur des Français : un ouvrier assassiné par des CRS à Brest ». Mais Pierre Cauzien n’aura pas le loisir de lire « son » journal ce jour-là. À l’hôpital, le chirurgien extrait la « balle de gradé » qui lui a coûté la jambe.
Devoir de mémoire
En ville, les événements se poursuivent. Le réalisateur militant René Vautier, auréolé de la réussite de son film Afrique 50, a été appelé à la rescousse par la section brestoise de la CGT du bâtiment, « pour témoigner, raconter notre histoire ». C’est que, outre l’agression policière, il y a beaucoup à dire sur ces derniers jours. Depuis le 30 mars, au port de commerce, les dockers refusent de débarquer le matériel américain pour armer l’OTAN face à l’Union soviétique. Le 14 avril, femmes et enfants ont été matraqués à l’hôtel de ville alors qu’ils réclamaient les bons de lait promis par la ville. Le lendemain, excédées, elles ont séquestré quelques heures le secrétaire de la chambre patronale. En réponse, les autorités arrêtent au matin du 16 avril les responsables syndicaux Charles Cadiou et Raymond Bucquet, ainsi que Marie Lambert, députée communiste du Finistère, malgré son immunité parlementaire (un autre, Alain Signor, sera arrêté le 17 – NDLR). Vautier, flanqué de militants cégétistes, se démène, recueille un témoignage unique, malheureusement « mort au combat », la pellicule n’ayant pas supporté les dizaines de projections. Il est là aussi à l’enterrement religieux d’Édouard Mazé. « Dans Brest totalement paralysé, c’est près de 80 000 personnes qui accompagneront pour son suprême voyage le camarade Édouard Mazé, de la maison des syndicats au cimetière de Kerfautras, par l’église Saint-Martin, dont la nef et le parvis uniront dans le même espoir d’une vie meilleure pour le monde du travail, les chants liturgiques et le drapeau rouge de la CGT du bâtiment », écrivait Pierre Cauzien trente ans plus tard dans un journal du syndicat. « Un pied de nez à ceux qui voulaient nous diviser », se souvient Pierre.
Aujourd’hui, la vérité enfin révélée, Pierre jette « un regard sans haine » sur ce moment de sa vie. Même s’il lui a valu des années de souffrance, dues autant à la perte de sa jambe qu’à la non-reconnaissance de son statut de travailleur handicapé par l’arsenal de Brest, où il était dessinateur. Sans compter les manifestations de « haine et de mépris des travailleurs traités en voyous » : « Ça t’apprendra, à toi et à ta bande », lui a lancé un cadre, un jour. « Je gênais. J’étais communiste, un mauvais Français. Dans un endroit stratégique, en plus… » De ces années, « Pierrot » retient surtout « la solidarité des gars », qui se sont cotisés pendant six mois pour compléter le demi-salaire auquel il avait droit après son accident. « À mon âge, on n’a plus de haine. Même pas envers celui qui a tiré », soupire le sympathique vieillard. Plus de haine, mais de la mémoire. Une « mémoire militante » qui ne s’éteindra pas, grâce au travail de Kris et Davodeau.
(1) Un homme est mort, Kris et Étienne Davodeau, Éditions Futuropolis, octobre 2006, 15 euros.
Grégory Marin

Jeudi 11 avril la section PCF du pays de Quimper recevait Gérard Streiff aux Halles St François dans le cycle des conférences de Quimper Rouge

 

Jeudi 11 avril la section PCF du pays de Quimper recevait Gérard Streiff aux Halles St François dans le cycle des conférences de Quimper Rouge – Prezegennou Kemper Ruz – pour évoquer Missak et Mélinée Manouchian, un couple en résistance, auxquels il vient de consacrer son dernier livre.
Assistance attentive et curieuse – 35 personnes – et participative, nombreuses questions à notre ami Gérard Streiff qui a dédicacé 14 livres, signe de l’intérêt de son auditoire.
A noter la présence de plusieurs élus de Quimper et de Mme Chambeiron dont le mari Robert Chambeiron a été un des fondateurs du Conseil National de la Résistance
Une belle soirée historique mais aussi dans l’actualité car les valeurs de progrès social et humain du CNR et de la Résistance sont mises à mal aujourd’hui.
La ville de Quimper vient de décider le 1er février à l’unanimité de son conseil municipal de donner les noms accolés de Missak et Mélinée Manouchian à l’un de ses rond-points, c’était une très ancienne demande des élus communistes de Quimper.
Elle a aussi acquis la belle exposition du Musée National de la Résistance de Champigny qui a déjà été présentée à la maison des services publics et va circuler.
Yvonne Rainero

La trajectoire de Missak et Mélinée Manouchian avec Gérard Streiff – Mardi 22 avril 2024 , 18h – Mardi de l’éducation populaire du PCF Morlaix

Venue de Gérard Streiff pour présenter son « Missak et Mélinée Manouchian: Un couple en Résistance » dans le Finistère en avril 2024

Notre camarade Gérard Streiff, auteur de l’excellent « Missak et Mélinée Manouchian – Un couple en résistance » (l’Archipel, janvier 2024, 21€) sera dans le Finistère à l’invitation des sections PCF à:

  • Quimper le jeudi 11 avril, 18h
  • Morlaix le mardi 23 avril, 18h – Mardi de l’éducation populaire PCF Morlaix

Retenez les dates.

Triste nouvelle: décès de notre camarade de Concarneau Raymond Tézé

Cher.e.s Camarades,

Nous avons appris hier, le 30 mars 2024, avec sa petite-fille la triste nouvelle du décès de Raymond Tézé, un camarade de la section du PCF Pays de Concarneau qui avait auparavant milité à la section de Quimper.

Raymond était toujours adhérent cotisant à Concarneau. Il avait 92 ans.

La fédération exprime toutes ses condoléances à sa famille, ses amis, ses camarades. Et exprime aussi sa reconnaissance à Raymond pour ses années d’engagement au service de la justice sociale et d’égalité des droits et d’un avenir meilleur pour tous, et notamment nos concitoyens les plus défavorisés.

Piero Rainero, ancien secrétaire fédéral du Finistère, nous rappelle quelques souvenirs sur Raymond Tézé:

« J’ai bien connu Raymond Tézé qui avait rejoint la section de Quimper au début des années 80. Il avait été membre du comité de section de Quimper avant de s’installer à Concarneau. C’était un camarade très présent et constructif dans la vie du parti avec qui j’aimais beaucoup m’entretenir.
Il aimait  souvent venir parler avec moi à la fédé. Je me souviens de ses appels téléphoniques :  » Tu es disponible ? Je passe à la fédé ». Et nous dialoguions ainsi pendant un bon moment en toute liberté avec un plaisir partagé. Les questions sociales, la place faite  à la jeune génération dans notre société par le pouvoir, la course dangereuse et ruineuse aux armes atomiques, la montée de l’extrême -droite qui s’annonçait alors le préoccupaient beaucoup.
Raymond était toujours présent, toujours disponible, sa réflexion et ses expériences militantes diverses nous ont manqué lorsqu’il a dû réduire ses activités.
Raymond avait été aussi un ami de Pierre le Rose.

Toutes mes condoléances à sa famille et aux camarades de Concarneau. »

Jeudi 7 mars 2024: photos de l’hommage organisé par la CGT et le PCF à Pierre Sémard en gare de Brest, discours de Jean-Christophe Hamon pour la CGT Cheminots

Hommage à Pierre Sémard 2024

Discours de Jean-Christophe Hamon pour la CGT Cheminots

Camarades, ami.es, collègues, Mesdames et Messieurs les élus.

C’est toujours avec beaucoup de recueillement, de ferveur, de gratitude que les Cheminotes et Cheminots commémorent le 7 mars.

Je vous remercie donc au nom du syndicat CGT des cheminots de Brest / Landerneau et de sa section Retraités, de votre présence aujourd’hui afin de rendre hommage à l’un des nôtres, Pierre Sémard, devant cette stèle, lieu de recueillement.

Cette année, peut-être plus encore que les précédentes, commémorer Pierre Sémard relève d’une brûlante actualité.

Après la panthéonisation des Manouchian, des vingt et trois étrangers morts pour la France, la paix et la liberté le 21 février 2024. Vingt et trois étrangers et nos frères et sœurs pourtant.

Le 21 février 1944, les membres des FTP-MOI (Les Francs-tireurs et partisans – main-d’œuvre immigrée) seront fusillés. Avec Missak et Mélinée Manouchian, c’est toute la Résistance cégétiste, communiste, et étrangère qui se voit honorée à la hauteur de son sacrifice pour libérer la France.

2 ans plus tôt, Il y a 82 ans c’est si peu à l’échelle de l’Histoire. Et pourtant, mesurons à quel point dans une si courte période certains repères pourraient aisément s’effacer si nous n’étions pas suffisamment attentifs.

Pierre était cheminot, engagé au parti communiste français, résistant de la seconde guerre mondiale, mais aussi Secrétaire de la Puissante fédération CGT des Cheminots, notre Fédération.

Cette année, honorer Pierre Sémard relève d’une actualité à soigner. Elle nous relève et nous fait prendre de la distance face aux matraquages fabriquant de la peur, du repli sur soi et un avenir obturé.

Les historiens et ses compagnons de route ont coutume de dire de cet homme qu’il était un visionnaire parce qu’il fut parmi ceux qui ont écrit les 1ères pages d’une conception moderne du syndicalisme.

Il prônait déjà le rassemblement des salariés et la dimension unitaire à donner aux luttes comme dimension indispensable à la construction du rapport de force.

C’est à partir de son étude sur l’environnement politique, économique et social, qu’il a porté la nécessité d’un syndicalisme qui doit garder son indépendance vis à vis des partis politiques tout en précisant avec beaucoup de clairvoyance qu’indépendance ne signifie pas neutralité.

Il est livré par l’État français de Vichy et la bourgeoisie collaboratrice, à la barbarie des forces nazies.

Il est fusillé le 7 mars 1942, à Évreux à l’âge de 55 ans. C’était il y a 82 ans.

Nous pensons que ses idées avant- gardistes étaient guidées avant tout par des valeurs profondément humaines.

Cet homme était surtout animé par la volonté de voir se construire une société sur les bases de la Paix, de la justice, de la démocratie, de la solidarité entre les hommes et les peuples, du respect de l’être humain et de son travail.

Ces valeurs manquent cruellement dans la situation que nous vivons actuellement.

Pierre Sémard demeure à jamais le symbole de la Résistance des Cheminots.

Cet homme représente encore à notre sombre époque une référence dans la lutte que nous menons pour plus de justice sociale et surtout pour la Paix.

Il s’agit de faire en sorte que ceux qui comme lui sont morts pour défendre nos idéaux nous servent de guide.

C’est faire œuvre utile pour les générations présentes et à venir d’entretenir la mémoire de ceux qui ont défriché la Terre où nous sommes.

Nous pouvons constater combien les idées pour lesquelles il s’est battu sont toujours d’actualité surtout pour son combat pour imposer la Paix.

Alors que la Guerre fait rage sur le continent européen, et au Proche-Orient, il est des valeurs qui doivent guidées notre quotidien, tel un phare éclairant de sa lumière les dangers proches et imminents.

Nous sommes en responsabilité pour imposer la Paix, partout dans le monde, dans chaque endroit de la planète.

Nous avons l’obligation de protéger tous les peuples de la barbarie, de la bestialité de certains.

Attention chers camarades, quelques fois les thèses racistes, xénophobes, homophobes, sexistes peuvent pénétrer notre propre camp par ignorance, parce qu’elles sont prononcées dans des discours populistes volontairement banalisées.

Nous nous devons d’être très attentifs.

La perte de repères historique et politiques conduit parfois à des raccourcis et à des dérives graves. Nous devons être fermes et intransigeants sur ces questions-là.

Le devoir de mémoire et de transmission de la connaissance des faits est indispensable pour lutter contre l’oubli et les révisions de l’Histoire.

 

Les Cheminots sont porteurs d’esprit de Solidarité et de lutte, valeurs qui structurent de manière prépondérante une conscience de résistance reconnue historiquement et politiquement.

Dans sa dernière lettre, Pierre s’adresse aux cheminots et aux français en ces mots :

« Une occasion inespérée me permet de vous transmettre mon dernier mot puisque dans quelques instants je serai fusillé.

J’attends la mort avec calme, ma dernière pensée est pour vous camarades de lutte.

Je meurs avec la certitude de la libération de la France.

Dites à mes amis les cheminots qu’ils ne fassent rien qui puissent aider les nazis.

Les Cheminots me comprendront, ils m’entendront, ils agiront, j’en suis convaincu.

Adieu chers amis, l’heure de mourir est proche. Mais je sais que les nazis qui vont me fusiller sont déjà vaincus et que la France saura poursuivre le combat »

Quelle lucidité et quelle clairvoyance dans ses dernières paroles. Elles ont une résonance particulière aujourd’hui.

Les cheminots ont entendu son appel, multipliant les actes héroïques durant la guerre. Il est toujours bon de s’en souvenir.

Rappelons que notre corporation a payé un lourd tribu à la Paix, à l’Indépendance et à la liberté puisque 8938 cheminots y laissèrent leur vie, 15 977 ont été blessés pour fait de Résistance et 1157 sont morts en déportation.

 

Ce combat est encore et toujours d’actualité. Pas contre un occupant mais pour l’instauration d’un monde plus juste, plus solidaire, plus démocratique, passant par une autre répartition des richesses, bref un monde meilleur, donc plus heureux.

Souvent comme militant de la CGT, lorsque nous nous plongeons dans l’histoire et la vie des camarades durant cette période, une question nous vient à l’esprit :

Qu’aurions nous fait à leur place ? Et eux que feraient- ils aujourd’hui à notre place ? Surtout dans la période que nous traversons.

Que ferait Pierre Sémard face à la tentative de reprise en main par le Capital de ce bien démocratique, ce bien social, ce bien économique, ce bien industriel qu’est l’Entreprise publique nationale SNCF ?

Artisan du regroupement des diverses sociétés de transport par chemin de fer, contribuant à la fondation unique et nationale de la SNCF, il disait entre autre :

« Ce que nous devons défendre, ce n’est pas le profit capitaliste du rail et des transports, mais ce sont les commodités et les besoins des usagers !!!

Ce que nous défendons dans le chemin de fer, c’est un grand service public qui devrait être au service de la collectivité et non au service d’une oligarchie financière. »

Certains dirigeants et responsables politiques seraient bien inspirés d’y réfléchir !!!

C’est le sens du combat de Pierre Sémard pour le Service Public et le progrès social que certains essaient de démolir.

Alors qu’il coule dans les veines du Monde, en Europe et aussi en France, un venin de couleur brune, comme si aucune leçon n’avait été retenue de l’Histoire, l’arrivée aux portes du pouvoir de partis de droite extrême nationaliste est une réalité qu’il nous faut prendre en compte pour ne pas retomber dans les atrocités qui ont marquées, marquent encore et marqueront encore pour longtemps des générations entières.

Oui mes camarades, la Bête immonde n’est pas morte !

Les serviteurs les plus zélés du monde des affaires de la Finance et du Patronat poursuivent leur campagne contre les travailleurs, les exclus de l’emploi, les retraités.

 

Et certains dirigeants politiques vont encore faire la part belle à la destruction du programme du Conseil National de la Résistance. Et tous les moyens sont bons pour y parvenir.

Déni de démocratie, répressions et criminalisation des syndicalistes, censure des citoyens et des représentants élus du peuple.

Dans la période actuelle, au-delà du souvenir, rappelons-nous ses engagements.

Ils sont précieux pour refuser l’inacceptable banalisation dessinée par les médias aux élections !!!

Le devoir de mémoire et de transmission est indispensable pour lutter contre l’oubli et les tentatives de certains à réécrire l’Histoire.

Il est crucial dans cette période trouble, de rappeler que face à certaines idées, à ses propos, ses agissements, la Gauche politique, associative et syndicale doit continuer à être vigilante et combative partout et à chaque instant.

Pour la CGT, il s’agit de réaffirmer clairement nos valeurs de tolérance, d’humanité, de solidarité, de fraternité et de Paix dans le monde.

Les cheminotes et cheminots et la CGT constatent le balai incessant des camions, la congestion routière, la multiplication des pollutions et des accidents de la route.

Alors donnons au transport ferroviaire la dimension publique indispensable au développement de la Nation répondant aux besoins de la population et associer à cette dimension l’exigence d’un statut et d’une protection sociale de haut niveau pour tous les salariés du rail.

C’est ce contreprojet que porte la CGT Cheminots, alors que d’autres, direction SNCF comprise, travaillent à la libéralisation du secteur à marche forcée depuis des années et démantèle l’Entreprise nationale de Service Public.

Alors OUI, camarades, honorer la mémoire de Pierre Sémard en 2024, 82 ans après son assassinat, n’a rien d’archaïque ou de passéiste comme certains pourraient le dire ou le penser.

Bien au contraire, se souvenir de ce combattant, de ce militant syndical et politique qui nous a fait l’honneur d’être le dirigeant de notre fédération, c’est nous engager à poursuivre les mêmes combats.

C’est perpétuer inlassablement cette bataille pour une société, un monde plus juste, pour la Paix entre les peuples.

C’est aussi, nous attacher à être très modestement, mais avec lucidité et détermination ses dignes et fiers héritiers, guidés par son courage et ses convictions.

Mettons tout en œuvre, partout, pour faire vivre les idées révolutionnaires de Pierre Sémard et parmi elles, un monde plus juste, en Paix, pour que reviennent enfin les JOURS HEUREUX.

Je vous remercie de votre attention.

 

 

Cérémonie d’hommage à Pierre Semard en gare de Brest ce jeudi 7 mars avec la CGT et le PCF. 70 personnes présentes pour honorer notre camarade fusillé le 7 mars 1942. Un discours très fort de Jean-Christophe Hamon, secrétaire du syndicat CGT des cheminots, devant la stèle à la mémoire de Pierre Semard en gare de Brest à l’occasion du triste anniversaire de la 82e année de son exécution par les nazis et d’une cérémonie organisée par la CGT et le parti communiste en hommage à notre glorieux camarade cheminot fusillé à Evreux, résistant, dirigeant cégetiste et communiste, antifasciste, et militant du progrès social et du service public ferroviaire.

Commémoration en gare de Brest de l’assassinat de Pierre Sémard livré par Vichy aux nazis, qui l’ont fusillé le 7 mars 1942 .
Pierre Sémard était secrétaire général de la Fédération CGT des cheminots et dirigeant du Parti Communiste Français, dont il fut le premier secrétaire général.
Alors qu’il coule dans les veines du continent européen un venin de couleur brune comme si aucune leçon n’avait été retenue de l’histoire, il est important de rendre hommage à ceux qui se sont battus contre le fascisme et pour la paix.