Commémoration, 15 juin 2024: il y a 80, les fusillés de Lesconil

1944 le fascisme est là.
2024 : 80 ans après coupons lui la route : Front Populaire !
N’oublions pas.

Gaston Balliot

 

Plusieurs résistants communistes de Quimper ont été retrouvés dans la fosse commune des dunes du Poulguen à Penmarc’h, fusillés dans le pays bigouden ou à Quimper – après être passés parfois par la prison St Charles de Quimper. Leurs corps furent retrouvés à l’ouverture de la fosse en août 1944.
Marcel Kergonna d’Ergué-Armel (aujourd’hui quartier de Quimper), était sergent-chef dans la 1ère compagnie « Sous-Marin Curie » du bataillon FTP La Tour D’Auvergne. Il fut arrêté en avril 44 avec plusieurs membres de son groupe, lors d’une opération militaire sur la route de Quimper à Plomelin, fusillé en mai près de Penmarc’h, son corps jeté dans la fosse de Poulguen. Il avait 24 ans.
Arthur Quéinec, Quimpérois dont une cellule d’Ergué-Armel a porté le nom, militaire de carrière démobilisé devenu ferblantier à Quimper, marié à Penhars (ancienne commune intégrée à Quimper en 1960), ayant rejoint les FTP en 1943, recherché à la suite d’une opération de sabotage à Briec, arrêté à Pouldreuzic, détenu à la prison St Charles, condamné à mort par le tribunal militaire allemand de Quimper, fusillé le même jour à Toulven le 21 avril 44 et enterré sur place dans le sable. Lui aussi avait 24 ans.
Charles Le Port, cheminot quimpérois d’Ergué-Armel, déporté du travail en Allemagne il s’évade et rejoint à son retour le bataillon FTP La Tour d’Auvergne en 1943. Arrêté en février 44 à Quimper, détenu à la prison St Charles, comme Arthur Quéinec il est condamné à mort le 21 avril 44 par le tribunal militaire allemand de Quimper pour activités communistes, fusillé le même jour au Poulguen et enseveli dans la fosse commune. 24 ans lui aussi. La cellule des cheminots de Quimper portait son nom.
Et encore Marcel Volant, né à Quimper, père de 2 enfants, domicilié à Pont L’Abbé, postier auxiliaire, qui rejoint lui aussi le bataillon FTP La Tour d’Auvergne en 44, il prend part à plusieurs déraillements. Arrêté en avril 44 avec Marcel Volant lors d’une action de nuit par la police allemande, interné à St Charles, fusillé en mai au Poulguen sans jugement, enseveli sur place dans la fosse. Il avait 27 ans.
Et Pierre Plouzennec, né à Plogastel St Germain, lui aussi membre des FTP, qui fit partie d’un groupe de 12 hommes qui attaqua la prison St Charles de Quimper le 9 avril 44 pour tenter de libérer les résistants qui y étaient internés (et torturés). Arrêté peu après sans lien avec cette action, il fut exécuté par les Allemands au champ de manœuvre de La Tourelle à Ergué-Armel (Quimper) et lui aussi jeté dans la fosse de Poulguen le 24 avril 44. Tl avait 23 ans.
A noter que c’est au champ de tir de La Tourelle qu’eut lieu la première exécution par l’occupant de résistants quimpérois en 1942. C’étaient deux jeunes postiers auxiliaires communistes FTPF de 20 et 19 ans, Pierre Jolivet et Emile Le Page, résistants de la 1ère heure. Militants de la Jeunesse communiste, ils avaient adhèré au parti communiste en 1939. Ils ont fait partie des premiers groupes résistants du parti communiste dans l’Organisation Spéciale (O.S.) reconnue comme unité combattante dès octobre 1940 et mise en place en Bretagne par Robert Ballanger, puis dans les FTPF, qui ont pris la suite de l’O.S. Avec leur groupe, Émile Le Page et Pierre Jolivet participaient aux distributions de tracts et journaux clandestins et dès janvier 1941 aux premières actions directes contre l’occupant : sabotages, attentats contre la caserne de la Wehrmacht, contre le Soldatenheim, foyer du soldat allemand, de Quimper.
Ils préparèrent l’attentat contre le siège de la LVF, leur groupe l’exécuta sans eux en juin 1942.
Car entretemps ils avaient été repérés, sur dénonciation, lors d’une distribution de tracts appelant à manifester le 1er mai 1942.
Arrêtés par des policiers français et torturés à la prison de Mesgloaguen à Quimper, ils furent remis par la police française aux Allemands, condamnés à mort et fusillés, Pierre Jolivet le 5 juin 1942, Émile Le Page, le chef de groupe, le 8 juillet.
Le 14 juillet 1942 un rassemblement se tint au cimetière d’Ergué-Armel près de la fosse commune où leurs corps avaient été jetés.
Une foule immense suivit leurs obsèques à la Libération quand leurs corps furent rendus à leurs familles.
Et tant d’autres résistants communistes de notre pays de Quimper dont on pourrait évoquer le souvenir.
Exécutés, morts en déportation.
J’ai connu certains des survivants si discrets sur leur passé, comme notre camarade Denise Larzul, véritable héroïne de la Résistance et de la Libération de Quimper et du Sud-Finistère dont je garde le souvenir ému.
Employée à la Sécurité Sociale de Quimper, elle s’engagea dans la Résistance à 21 ans. Menacée d’être arrêtée, elle rejoignit le maquis, puis la compagnie « Sous-Marin Curie » du bataillon FTP La Tour d’Auvergne; infirmière de la compagnie et combattante, elle remplaça même son chef de corps quand il fut incarcéré à la prison St Charles. Participant les armes à la main à la Libération de Quimper puis à celle du Sud-Finistère jusqu’à la presqu’île de Crozon, elle fut décorée de la Croix de guerre, et la ville de Quimper lui a rendu hommage après sa mort en donnant son nom à une salle municipale à Ergué-Armel.
1944 -2024, tirons les leçons de l’histoire, barrons la route au fascisme, Front Populaire !
Yvonne Rainero

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