Monsieur le Président, Chers collègues,
Vous serez sans doute d’accord avec nous sur ce sujet, homme moderne que vous êtes: l’éveil des jeunes aux changements de leur corps, à la vie affective et à la sexualité, au consentement, au respect des uns et des autres, sont des éléments fondamentaux de leur développement en tant que futurs citoyennes et citoyens.
Cela tombe bien que l’on soit d’accord sur l’importance de ce sujet, puisqu’en tant que conseil départemental nous sommes en mesure de garantir des projets éducatifs sur ces sujets à tous les collégiennes et collégiens du Finistère.
Alors que l’inflation impacte lourdement le portefeuille des familles, des produits de première nécessité et d’hygiène demeurent néanmoins indispensables pour la santé, la dignité et le confort de toutes et tous. Les associations ne cessent d’alerter les pouvoirs publics: un nombre croissant de ménages rencontre des difficultés importantes pour assouvir ses besoins fondamentaux et doit être soutenu.
Alors parce que le Département est la collectivité des solidarités, la proposition que nous vous faisons dans ce Débat d’Orientations Budgétaires est pleinement du ressort du Département. En effet, cette proposition vise à répondre à des enjeux de dignité, de solidarité et de santé.
En France, 2 millions de femmes sont touchées par la précarité menstruelle. En effet, l’achat de protections menstruelles représente des dépenses importantes pour les familles, les femmes et les jeunes filles: en moyenne 150€ par an, parfois davantage encore. 3 800€ à l’échelle d’une vie. De plus, au sein de la sphère éducative, il existe parfois un manque de sensibilisation à la vie sexuelle et affective, qui génère une méconnaissance voire des tabous chez les plus jeunes.
Ces situations portent clairement atteinte à la dignité des femmes et des jeunes filles et peuvent générer des freins voire des obstacles à l’épanouissement et à l’insertion scolaire de certaines. Aussi, à cette situation de fragilité économique, s’ajoute le risque d’absentéisme scolaire. Car chaque année ce sont 130 000 jeunes filles qui ne vont pas en cours durant leurs règles.
L’année dernière, la ministre de l’Enseignement Supérieur annonçait la mise à disposition gratuite de protections hygiéniques pour toutes les étudiantes en France. Nous croyons qu’il s’agit d’une bonne avancée.
La semaine dernière, le président de la République annonçait la gratuité des préservatifs pour les jeunes français. Nous croyons aussi qu’il s’agit d’une réelle avancée pour la santé publique et la prévention chez nos jeunes.
Alors Monsieur le Président, à l’occasion de ce DOB et dans l’esprit de construction qui anime le groupe “Finistère et Solidaires”, nous proposons de déployer en 2023 un plan ambitieux visant à rétablir dignité et confort pour les jeunes filles, additionné à un accroissement de l’accompagnement des collégiens à l’éducation sexuelle et affective.
Concrètement, ce plan reposerait sur 3 mesures :
1/ Déployer dans chaque collège finistérien des distributeurs de protections hygiéniques et financer totalement leur fonctionnement. Cela contribuera à garantir dignité et autonomie aux collégiennes finistériennes, mais aussi à soutenir les familles qui font face à l’inflation. Cela contribuera également à sécuriser les collégiennes dont les parents sont séparés. Chaque collégienne doit pouvoir avoir accès gratuitement et librement à des protections hygiéniques. Librement, j’insiste là-dessus, parce qu’il est parfois difficile pour les élèves d’aller demander à l’infirmière de son établissement, c’est moins digne pour celles qui bien souvent préfèrent se procurer des protections de manière autonome, sans avoir à en parler.
Membres des Conseils d’administration des collèges de nos cantons, nous avons entendu à de nombreuses reprises les délégués de classe, filles ou garçons, solliciter la mise en place de ces distributeurs. Le Département doit répondre à cette demande des jeunes. Des entreprises bretonnes, finistériennes comme Marguerite et Compagnie Entreprise Ethique, Ecologique et Solidaire de Lesconil qui a mis le premier distributeur à Liffré dans un collège publique, qui peut permettre d’y répondre rapidement.
2/ Prévoir et animer des lieux et temps d’écoute et d’accompagnement pour réduire les tabous culturels sur les cycles menstruels.
3/ Garantir chaque année davantage de temps de dialogue et de sensibilisation à la vie sexuelle et affective pour les jeunes filles et jeunes garçons de notre Département. Le Finistère est riche des CSS (Centre de Santé Sexuelle) anciennement CPEF (centre de planification et d’éducation familiale) et d’associations qui accompagnent déjà ponctuellement les collèges sur l’éducation sexuelle et affective: il convient de généraliser leurs interventions et pérenniser leur action via des conventions.
Ces 3 mesures peuvent être mises en œuvre assez simplement et rapidement, leur coût peut être budgété dès le BP 2023.
Comme c’est écrit sur les distributeurs qui sont déjà en place dans les lycées et collèges d’autres départements : Changeons les règles!
Isabelle Maugeais
Conseil Départemental à Quimper le 15 décembre – Isabelle Maugeais, élue Finistère & Solidaires apparentée communiste dans le groupe Finistère et Solidaires, au côté de Julien Poupon, son binôme sur le canton de Pont-de-Buis.