Entre 1:22 et 1:25 sur la vidéo de la séance plénière du Conseil Départemental du 9 février 2023
Monsieur le président, cher.e.s collègues,
J’ai été un peu surpris par rapport à l’argument que vous avez donné pour justifier votre soutien à la réforme des retraites en opposant l’argent qui manquait pour les services publics, les EHPAD, l’éducation, la santé, et la nécessité de financer ces retraites. Je voulais vous rappeler monsieur le président que ce n’était pas principalement l’Etat qui finançait les retraites des salariés mais les cotisations sociales payées par les employeurs et les salariés. L’État verse ses cotisations au titre de ses fonctionnaires mais si on veut s’intéresser au déséquilibre du financement des retraites, il faut principalement se tourner du côté des baisses de montant des cotisations sociales. C’est lié au chômage qui frappe notre pays depuis les années 80, c’est lié aussi aux politiques de lutte contre le chômage d’inspiration néo-libérale qui se traduisent par des politiques de baisse des cotisations sociales notamment sur les bas salaires, c’est lié à la politique d’individualisation du rapport au travail où on préfère donner des primes plutôt que d’augmenter les salaires intégrant les cotisations sociales, et c’est lié également à des politiques qui favorisent plutôt les actionnaires des entreprises. Parce que si l’État manque d’argent pour tout comme vous l’avez dit, monsieur le président, ce qui est vrai en partie, c’est bien parce que d’un autre côté le coût du capital augmente et que depuis la période de la crise sanitaire notamment chaque année les revenus des milliardaires augmentent de 50% à 100% et c’est le cas des grands groupes du CAC 40 et des dividendes versés aux actionnaires. Il n’y a qu’à voir hier le chiffre de 17 milliards de reversement à ses actionnaires par l’entreprise Total. Cette réforme des retraites a essentiellement pour but de réduire le coût du travail pour favoriser les profits des entreprises et notamment des grandes entreprises et de nourrir la spéculation en favorisant l’émergence des fonds de pension, mais pour la grande masse de la population ça va se traduire par une baisse drastique des pensions par le jeu des décotes et c’est ce qu’ont bien compris les finistériens qui ont été présents comme jamais dans la rue depuis 1995 et 2010, et ce n’était pas 36 000 personnes qu’il y avait dans la rue le 7 février dernier dans notre département, mais bien plutôt 50 000, et 70 000 le 31 janvier. Donc je pense qu’il faut prendre la mesure de cette mobilisation. Cela fait plus de 20 ans qu’on avait pas vu 2,5 millions de personnes dans la rue dans notre pays pour des journées de mobilisations syndicales. Une réforme qui est rejetée par 75% des Français et que le gouvernement voudrait nous imposer de force via un tour d’artifice réglementaire et un raccourcissement du débat parlementaire. Sur cette réforme les Français doivent avoir la parole et il faut un référendum. On ne peut pas s’attaquer à un des piliers de notre république et de notre contrat social sans consulter les Français.
Ismaël Dupont