Je suis intervenu hier, en début d’après-midi, vers 14h30, en Conseil départemental du Finistère à l’occasion de la séance plénière à Quimper le 14 décembre 2023 de présentation du Débat d’orientation budgétaire sur la situation des MNA pour le groupe Finistère & Solidaires.
Conseil départemental du Finistère, séance plénière à Quimper le 14 décembre 2023 – Intervention sur la situation des MNA d’Ismaël Dupont pour le groupe Finistère & Solidaires
Monsieur le Président, cher.e.s collègues,
A la suite de mes collègues Cécile Gaz Le Tendre et Gaëlle Zaneguy, qui ont évoqué d’autres aspects de la protection de l’enfance, je souhaite intervenir sur la situation des jeunes réfugiés qui arrivent dans notre département.
Voici ce que nous pensons d’un accompagnement adapté de ces jeunes aux parcours très difficiles.
Il est du devoir du département au regard de ses compétences d’assurer à ces enfants la jouissance pleine et entière de leurs droits, leur droit à un accès à l’éducation et à la scolarisation, leur droit à la santé, leur droit à un hébergement dans un cadre rassurant et protecteur, leur droit à la mobilité et à l’accès aux services publics, leur droit à l’insertion professionnelle, leur droit à l’accompagnement juridique et administratif pour une demande de reconnaissance de minorité et d’asile, pour la régularisation de leur situation.
Il y a tellement des freins et d’obstacles à lever pour rendre tout cela possible, tellement de besoins en accompagnement humain et social.
Les craintes que nous avons déjà formulées à de multiples reprises perdurent, nous continuons à être interpellés par des associations sur des situations qui nous semblent indignes :
– une scolarisation des jeunes mineurs isolés qui prend beaucoup de retard. Pratiquement aucun des jeunes qui sont arrivés à Brest puis Quimper depuis début août n’a été scolarisé. Juste quelques rendez-vous au CIO… Le Conseil départemental a t-il des échanges avec l’Éducation Nationale, les établissements à ce sujet pour résoudre ce problème ?
Certains de ces jeunes ont moins de 16 ans et sont donc soumis à l’obligation scolaire. Il y a besoin d’un accompagnement volontariste des agents du département pour prendre contact avec les établissements de l’éducation nationale et les établissements privés, les CLPS et les MLDS.
Le choix de concentrer l’hébergement des jeunes mineurs isolés à Brest, que ce soit en hôtel pour aujourd’hui (+ 250 jeunes exilés dit Mineurs Non Accompagnés dans les hôtels brestois) ou dans des centres d’accueil dédiés pour une partie d’entre eux demain, ne facilite pas le meilleur accès à la scolarisation et à l’éducation, surtout quand l’accompagnement humain des éducateurs du département est insuffisant, faute de moyens, et que l’on ne cherche pas à s’appuyer sur les associations de bénévoles pour aider les jeunes à s’intégrer et se faire un avenir.
– Des retards et des manques aussi dans l’accès à la santé, aux rendez-vous médicaux, aux kits d’hygiène, à des vêtements chauds, qu’il faut améliorer et rendre plus systématique.
On nous signale également des jeunes reconnus mineurs à Paris, par des juges, qui arrivent à Brest suite à un déploiement par la plateforme nationale (indépendant de la volonté des jeunes) et que le CDAS ne prend pas en charge socialement (en dehors de l’hébergement). On ne s’occupe pas d’eux notamment pour l’accès à la scolarité. ça concerne de nombreux jeunes ces dernières semaines, en octobre et en novembre.
Nous déplorons aussi la multiplication des « évaluations flash », en 2 heures ou une demi-journée, suite à des entretiens avec des agents du département qui se traduisent par de nombreuses mises à la rue pour doute sur la minorité liée à l’apparence physique des jeunes et leurs récits d’itinérance faits dans des conditions de stress et de fatigue, parfois parfois une nuit passé à la rue, avant que l’on fasse la demande d’obtention des papiers d’identité et actes de naissance pour prouver ou invalider la minorité invoquée. Résultats: beaucoup d’évaluations bâclées sont fausses et démenties ensuite par le juge, sur la base de papiers d’identité authentifiés et certifiés que les associations arrivent à obtenir en 6-9 mois en payant à leur charge les déplacements des jeunes dans les métropoles françaises, les timbres fiscaux, les cartes consulaires, et après avoir hébergé les jeunes mineurs mis à la rue par le CDAS suite à des évaluations bâclées pendant tous ces mois. Pas de demande de photographies de papiers d’identité, d’extraits de naissance auprès des ambassades alors que c’est possible d’objectiver leur minorité.
Vous aviez promis dans cet hémicycle en octobre dernier une réunion services du Conseil Départemental-assos-élus majorité et opposition : deux mois plus tard nous attendons encore. L’avenir de ces jeunes, leur place dans la société, surtout dans le contexte actuel, nous semblent mériter une mobilisation collective : nous demandons à ce que vous teniez votre engagement au plus vite.
Les associations, marries d’avoir été qualifiées lors d’une précédente qualifiées de menteuses et de gauchistes lors d’une précédente séance du Conseil départemental, alors qu’elles sont constituées de bénévoles qui font au quotidien don de leur temps et de leur énergie pour aider ces jeunes, attendent aussi que leurs demandes de rendez-vous et de rencontre soient suivies d’actes.
Ces jeunes exilés ont besoin de toute notre attention. Ils ont besoin d’un accompagnement humain et social de qualité, qui leur offre un cadre protecteur et bienveillant.
Alors je sais ce que vous allez nous répondre : « vous, vous parlez, nous, nous agissons », mais ce qui compte en l’occurrence c’est bien la direction, l’orientation de l’action, et les valeurs qui l’inspirent.