Contribution d’Yvonne Rainero, membre de la commission nationale santé-protection sociale du PCF et élue de Quimper, au débat public sur la santé.
Toutes les enquêtes l’attestent, la santé est la 2ème préoccupation des Français après le pouvoir d’achat.
Certes la pandémie est passée par là, mais les difficultés d’accès aux soins et la situation alarmante de nos hôpitaux publics interpellaient bien avant la Covid 19. Les fortes mobilisations sociales autour de la santé, celles aussi des collectifs d’usagers et de professionnels, ont donné l’alerte depuis longtemps mais se sont heurtées à la surdité de nos gouvernements.
Le fil conducteur des politiques de santé, c’est la réduction des dépenses publiques inscrite dans la loi de financement de la Sécurité sociale, et la privatisation de toutes les activités qui peuvent être source de profit, cette mise en concurrence fragilisant d’autant l’hôpital public.
Elles ont ouvert la voie à de grands groupes privés très lucratifs comme Korian et Orpea-Clinea qui caracolent en tête pour les cliniques comme pour les Ehpad, et dont les actionnaires principaux sont souvent des fonds de pension comme le canadien CPPIB pour Orpea.
Cette orientation s’est traduite par la suppression de lits et services hospitaliers, une concentration accélérée des structures au détriment de la proximité, un déficit vertigineux de formation et de recrutement de soignants pour la ville comme pour l’hôpital, une dégradation des conditions de travail et de rémunération des personnels, la dévalorisation des métiers de la santé et du médico-social.
Et un autoritarisme grandissant des décisions sous l’égide des ARS. Celles-ci, créées par la loi HPST de Mme Bachelot ministre à l’époque du gouvernement Sarkozy-Fillon, avant d’être ministre de M. Macron, sont dirigées en région par de super-préfets de la santé nommés en Conseil des ministres.
Ces choix ont conduit depuis des années à un recul de l’accès aux soins et à la dégradation de notre politique de santé, ils représentent un coût humain insupportable mais aussi un coût financier : sacrifier la prévention et le dépistage, ne pas soigner à temps, est au final source de dépenses pour la société. Une bonne santé de la population est un atout pour la bonne marche de l’économie.
La mise en place en 1971 du numérus clausus pour les études de médecine s’est inscrite dans cette volonté de réduire les dépenses publiques, des esprits qui se croyaient ingénieux ayant imaginé qu’en diminuant le nombre de médecins on diminuerait les dépenses de santé, assimilées à une consommation marchande…
Les communistes ont été les seuls à s’élever à l’époque contre ce numérus clausus qui a transformé notre pays tout entier en désert médical, éloignant de ces professions des milliers de jeunes motivés et capables de faire de bons médecins qui seraient bien utiles aujourd’hui.
Certes depuis la rentrée 2021, le numérus clausus est devenu…apertus.
Mais il y a le mot et la chose.
Le nombre de places n’a été que faiblement augmenté, par exemple pour Brest de 176 à 191 à la dernière rentrée.
Pour ouvrir des places il faut des locaux, des postes d’enseignants, des budgets qui le permettent…et qui ne sont pas là. Et leur nombre est déterminé en lien avec les ARS, qu’il faudrait remplacer par des organismes démocratiques associant usagers, professionnels de santé et élus du territoire.
A ce rythme-là on n’est pas près de redresser la situation.
Les études de médecine restent très sélectives par le faible nombre de places proposées, et peu ouvertes aux jeunes de familles modestes en l’absence d’allocation leur permettant de s’engager dans un parcours long et difficile.
Il est bien que ces questions soient dans le débat public, car c’est à l’Assemblée nationale que se prennent les décisions déterminantes pour notre accès aux soins.
Cela suppose un changement total des orientations actuelles, pour lequel on ne peut compter ni sur la droite, ni sur le parti de la députée sortante, fut-il rebaptisé Renaissance par M. Macron.
Il dépend de nos choix citoyens qu’un autre monde devienne possible, où l’humain primera sur la finance.
Pour la santé aussi !
Yvonne Rainero, Quimper, 27 mai 2022