Décès de Jean-Pierre Jeudy:

Une figure de la gauche bretonne et Finistère nous a quittés.

Le PCF Finistère lui rend hommage. 

 

Jean-Pierre Jeudy,  ancien maire de Carhaix de 1977 à 1995 et ancien conseiller général, militant et dirigeant communiste entre 1966 et 1987, avant de quitter le parti pour des différends de ligne, a œuvré à la transformation de sa ville, Carhaix, et à la défense de valeurs d’égalité et de justice sociale comme d’idéaux internationalistes, pour la Paix, la reconnaissance des droits du peuple palestinien, des idéaux qu’il a continué à défendre jusqu’au bout dans ses engagements associatifs notamment en étant à l’origine et acteur de liens très forts entre Carhaix et le centre-Finistere et la Palestine, le camp de réfugiés d’El Arroub entre Bethléem et Hébron.
Il a aussi milité inlassablement pour le désarmement nucléaire.
Un désaccord avec le positionnement de Georges Marchais sur la centrale nucléaire de Plogoff et la manière dont la direction nationale du PCF avait à l’époque soutenu le projet de Plogoff alors que les élus locaux et régionaux et directions départementales du PCF avaient commencé à exprimer leurs réserves critiques et à présenter des alternatives avait commencé à le mettre dans une position de réserve vis-à-vis de la direction de son parti, confirmée ensuite dans le moment des « rénovateurs » et par un soutien à la campagne présidentielle de Pierre Juquin.
Personnellement j’ai toujours eu plaisir à rencontrer Jean-Pierre Jeudy, à partager avec lui des moments de manifestation, de réunions publiques pour la paix, la Palestine, la gauche, à défendre avec lui les orientations politiques du Front de Gauche du temps de son existence. 
C’était resté jusqu’au bout un lutteur.
Un très bon orateur aussi avec une culture et un sens politique et humain développés.
Son départ me peine ainsi que de nombreux autres camarades qui l’ont connu et apprécié et la fédération du Finistère salue sa mémoire et des années d’engagement au service du parti communiste même si l’histoire avec sa complexité nous a éloignés un peu politiquement pendant quelques années.
On continuait à se retrouver sur l’essentiel.
 
Je me permets de citer une partie du message de Piero Rainero ancien dirigeant du parti communiste finistérien qui est de la génération de Jean-Pierre Jeudy, comme mon camarade de Morlaix et ami Alain David, trop tôt disparu lui aussi, qui m’en parlait aussi souvent, et qui l’appréciait.
 
 
. Toutes mes condoléances à la famille de Jean-Pierre Jeudy et à ses amis, aux carhaisiens pour qui il était une figure aimée et appréciée. Il restera dans la mémoire des communistes du Finistère et du parti communiste dans le Finistère et en Bretagne comme l’a écrit Piero Rainero.  
 
Ismaël Dupont, secrétaire départemental du PCF Finistère. 
 
 
« Je viens d’apprendre avec tristesse que Jean Pierre Jeudy était décédé. C’est un camarade et un vieil ami qui nous quitte . Nous nous connaissions depuis près de 60 ans. Depuis que nous avons participé tous les deux à un stage fédéral d’une semaine au Guilvinec en 1969 puis à un nombre incalculable de réunions et de congrès. Nous avons ensemble mené tant et tant de combats; pour le programme commun et l’union de toutes les forces de gauche, contre la droite et l’extrême droite, pour les services publics, pour la paix et contre l’arme nucléaire, pour les droits du peuple palestinien.
Jean Pierre avait fait, en 1987, pour les élections présidentielles, un autre choix que celui des adhérents de notre parti dont il était alors membre. Mais nous avons tous les deux gardé des relations amicales et avons continué à partager bien des engagements, comme celui de la solidarité avec le peuple palestinien.
Il m’avait fait part de ses problèmes de santé qui le contraignaient à réduire ses activités.
Jean-Pierre a été longtemps membre du comité fédéral du PCF dans le Finistère, puis maire communiste de Carhaix et conseiller général du Finistère. En 1999 il apporta son soutien à la liste communiste pour les européennes.
C’est une personnalité politique sincère, généreuse, ayant joué un rôle important dans notre département qui nous quitte, il restera dans la mémoire des communistes, et de tous ceux qui l’ont connu.
A Marie Claire son épouse, à ses enfants j’adresse mon témoignage d’amitié. »
 
Piero Rainero ancien secrétaire départemental du PCF Finistère et membre du conseil national, ancien conseiller régional PCF et adjoint à Quimper.
 
 

Jeudy Jean-Pierre

Né le 26 janvier 1944 à Condé-sur-Huisne (Orne) ; instituteur puis PEGC ; militant syndicaliste du SNI ; militant communiste, maire de Carhaix-Plouguer, conseiller général du Finistère.

Ses parents étaient des militants communistes à Argenteuil (Seine-et-Oise). Son père, lithographe, après avoir participé à la Résistance, resta dans l’Armée jusqu’à sa démission au début de la guerre d’Indochine. Permanent communiste en Seine-et-Oise puis journaliste à La Renaissance de Seine-et-Oise, après avoir travaillé pour l’éditeur de musique « Chant du monde », il tint un commerce de restauration à Aubervilliers. Sa mère, institutrice, utilisait la pédagogie Freinet, et mourut en 1955. Leurs trois enfants effectuèrent un an de scolarité dans l’école Freinet à Vence et participèrent, en 1949, au tournage du film de Jean-Paul Le Chanois L’école buissonnière, retraçant l’expérience de Célestin Freinet.

Jean-Pierre Jeudy. élève du cours complémentaire Paul Vaillant-Couturier à Argenteuil, entra à l’Ecole normale d’instituteurs de Versailles en 1959. Il se maria en juillet 1963 à Carhaix-Plouguer (Finistère) avec une institutrice. Le couple eut deux filles.

Nommé d’abord instituteur à Carhaix-Plouguer, il devint professeur d’enseignement général au collège de Carhaix où il enseigna jusqu’à sa retraite en 1999. Il effectua son service militaire dans l’infanterie de marine à Vannes (Morbihan) et le termina avec le grade d’officier.

Jean-Pierre Jeudy fut membre du conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des instituteurs dans les années 1970. Il adhéra au Parti communiste français en 1966 et devint le secrétaire de la section communiste de Carhaix. Il entra au comité de la fédération communiste du Finistère en 1968 et devint membre du bureau fédéral en 1970, membre de la commission du travail en direction des paysans, puis de l’éducation. Il suivit l’école centrale du PCF d’un mois en 1972. À partir de 1977, il fut le responsable des questions municipales et cantonales.

Élu conseiller général en 1973, il fut candidat aux élections législatives dans la sixième circonscription (Châteaulin-Carhaix) la même année. Il arriva en tête des candidats de gauche avec 10 270 voix sur 58 554 inscrits et réunit 18 630 voix au deuxième tour. Candidat en 1978, il obtint 12 529 voix puis 22 543 voix au deuxième tour sur 62 875 inscrits. Il fut à nouveau candidat en 1981. Il ne fut pas réélu conseiller général en 1979, ni en 1985.

En mai 1975, Jean-Pierre Jeudy fut un des organisateurs d’une importante fête au cours de laquelle fut célébrée à Carhaix le 300e anniversaire de la révolte des bonnets rouges. Yvon Garlan et Claude Nières*, universitaires rennais, membres du PCF, y présentèrent leur récent livre paru aux Éditions sociales devant près de 300 personnes. Une rencontre eut lieu le lendemain avec Jacques Chambaz, membre du bureau politique du PCF, responsable du travail en direction des intellectuels.

Jeudy, en tête d’une liste d’union de la gauche, fut élu maire de Carhaix-Plouguer en 1977. Il fut réélu en 1983 et en 1989. Pendant ses mandats, furent créés notamment une salle de cinéma associative, une bibliothèque municipale, une école municipale de musique. Plusieurs innovations en Bretagne intervinrent : des usines relais, le premier crématorium de Bretagne, un groupe scolaire de conception architecturale d’avant-garde. La création de la communauté de communes du Poher impulsa aussi la construction d’une usine intercommunale d’incinération d’ordures ménagères et la reconstruction du centre hospitalier. La radio locale permit la retransmission des séances du conseil municipal. La commune accueillit le festival des « Vieilles Charrues » à partir de 1995. En 1995 également, fut créée une pépinière d’entreprises pour dynamiser les initiatives économiques locales.

En 1979, le secrétaire général du PCF Georges Marchais, lors d’un meeting à Carhaix dans le cadre des élections cantonales, critiqua les manifestations contre le projet d’installer une centrale nucléaire à Plogoff, auquel s’opposaient les fédérations communistes de Bretagne. Jeudy exprima son désaccord avec cette position. Les deux fédérations communistes du Finistère connaissaient des tensions. Dans la période suivante, en désaccord avec la rupture de la politique de l’union de la gauche, il participa aux mouvements de contestation des orientations de la politique de la direction du PCF, appelant à soutenir les propositions des « reconstructeurs » puis des « rénovateurs ». Il fut exclu du PCF en 1987 pour avoir été un des signataires soutenant la candidature de Pierre Juquin à la présidence de la République.

Lors des élections municipales de 1995, la gauche se présenta divisée. Jean-Pierre Jeudy conduisait une liste de gauche, alors que les communistes présentaient une liste qui obtint un faible résultat et se retira pour le deuxième tour. Mais la liste qu’il conduisait n’obtint que 43 % des voix. Il fut élu seulement conseiller municipal d’opposition. En 2001, il se représenta à la tête d’une liste « divers gauche », qui arriva en troisième position et fusionna avec l’autre liste « divers gauche », qui la précédait, conduite par Christian Troadec, le président du Festival des Vieilles charrues. Élu conseiller municipal, Jeudy présida la communauté de huit communes dite « Poher- communauté » jusqu’en 2008, année où il ne se représenta pas aux élections municipales de Carhaix-Plouguer, estimant qu’il fallait laisser la place aux jeunes.
Pour les élections européennes de 2008 et pour les élections régionales de 2010, il appela à voter pour les listes présentées par le Front de Gauche.

Responsable de l’Association France-Palestine pour le Centre-Finistère, il écrivit au Garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, en 2016, pour dénoncer les poursuites contre des militants appelant au boycott des produits israéliens.

 

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