Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste, fera étape à Morlaix, lundi (*), dans le cadre d’un tour de France axé sur le monde du travail. L’occasion de réaffirmer une ligne qui met parfois la Nupes sous tension.
Morlaix sera la sixième étape de votre tour de France. Que vous ont appris les rendez-vous précédents ?
Dans ce tour de France, j’ai fait le choix d’aller dans des villes moyennes plutôt que dans des grandes capitales régionales. Ce que j’ai entendu, ce sont des questions : pourquoi la gauche ne nous parle-t-elle pas ? Pourquoi, d’une certaine façon, nous rend-elle responsable de ce qui se passe en France, en nous culpabilisant d’utiliser la voiture ou de vouloir vivre dans des maisons ? Ce que je souhaite dire aux habitants de ces territoires, c’est qu’il existe une gauche qui se bat pour eux. Pendant la campagne présidentielle, j’ai été un des rares à parler à ce monde-là. Je souhaite continuer, en réaffirmant le besoin de défendre nos cultures, notre art de vivre et, en même temps, la nécessité de changer ce système économique qui fait le choix de privilégier la rentabilité à court terme.
L’insoumis François Ruffin vous décrivait récemment, sur son blog, comme un chef marketing cherchant à capter un segment électoral, celui des « prolos des champs », plutôt qu’un rassembleur de la gauche. Qu’avez-vous à répondre à cela ?
François Ruffin et moi vivons dans des territoires qui se ressemblent beaucoup. Je partage avec lui la vision qu’il faut remettre de l’humain dans l’économie. Qu’on vive en Seine-Saint-Denis, à Brest ou dans une petite commune, il y a la même colère et les mêmes attentes. Notamment que le travail paie, qu’il permette de vivre dignement. Lui, comme moi, voulons une France qui défende le travail. Et qui ne s’accommode plus de ces délocalisations à répétition.
Vos déclarations opposant « gauche des allocs » et « gauche du travail » ont mis la Nupes sous tension. Ne risquez-vous pas de provoquer l’explosion de cet attelage ?
Mon objectif est que la gauche puisse être majoritaire dans notre pays. Elle est représentée par différents courants de pensée que je respecte. Nous avons des différences avec les écologistes, les insoumis, les socialistes, mais elles ne nous empêcheront pas, demain, de gouverner le pays. En sachant que l’essentiel, c’est d’augmenter les salaires, d’avoir de bonnes retraites, de croire dans l’industrie et dans les services publics.
Finalement, comment définiriez-vous l’ADN communiste ?
Dans le communisme, il y a l’idée de mettre en commun nos ressources, au service de l’intérêt général. C’est tout l’inverse de l’intérêt particulier qui est, aujourd’hui, à la tête de l’État. Nous vivons une crise majeure. Les entreprises, comme les ménages, comme les communes, souffrent de la hausse des prix de l’énergie, des matières premières, de l’alimentation. C’est extrêmement grave, tout le monde n’en a pas conscience. Je tire la sonnette d’alarme. Si nous ne nous attaquons pas aux causes de l’inflation, si nous n’arrivons pas à rétablir un prix de l’énergie correspondant au coût de production, nous allons avoir une crise extrêmement grave.
(*) Réunion publique ouverte à tous, à 19 h, au Roudour, à Saint-Martin-des-Champs