Intervention d’Ismaël Dupont à la fête du travailleur bigouden de Loctudy le 19 août 2023 pour la fédération PCF Finistère

Loctudy, 19 août 2023 – Intervention d’Ismaël Dupont, secrétaire départemental de la fédération du Finistère du PCF

Bonjour à toutes et tous,

Merci de votre présence à cette fête du Travailleur Bigouden de Loctudy. Et merci et bravo aux militants et chevilles ouvrières de cette fête, la deuxième cette année du PCF dans le Pays Bigouden après celle de Lesconil le 22 juillet.

Nous avons besoin de ces fêtes populaires, solidaires et politiques parce que les communistes savent que le commun et l’espoir se construisent aussi dans ces moments de fraternité.

J’en profite pour vous encourager à acheter la vignette bon de soutien de la fête de l’Humanité qui aura lieu dans l’Essonne à Le Plessis-Paté comme l’an passé les 15, 16, 17 septembre. Vous pouvez acheter 40€ cette vignette bon de soutien auprès des militants communistes qui constitue le plus grand festival politique, populaire, culturel et musical de France (300 000 spectateurs) et qui permet au seul quotidien indépendant des puissances d’argent et qui défend le mouvement social de perdurer : L’Humanité, le journal créé par Jean Jaurès en 1904, il y a 120 ans.

Le cambriolage des locaux de l’Humanité cette semaine rend notre soutien au journal d’autant plus nécessaire dans le moment. Vous trouverez ces vignettes tout à l’heure au stand du PCF et de la Jeunesse communiste du Finistère.

Merci aussi à nos partenaires présents sur la fête – le Mouvement de la Paix, l’Association France Palestine Solidarité.

Face à ce monde qui ne tourne pas rond, plus que jamais, nous avons besoin d’engagement, de débats politiques, d’efforts de construction en commun.

Nous vivons en effet une période politique pleine d’injustices, d’inégalités, de violences, de contradictions et de dangers.

Sur le plan international, la situation est très inquiétante et périlleuse:

La croissance économique capitaliste, la domination mondiale d’une oligarchie financière, le néo-libéralisme contredisent l’accès aux droits élémentaires pour tous.

10 % de la population mondiale ne mange pas à sa faim (800 millions)

30 % de la population mondiale vit dans l’insécurité alimentaire

10 % de la population mondiale qui n’a pas accès à l’eau potable

250 millions d’enfants n’ont pas accès à l’éducation.

Chez nous, plus de 1 million de personnes ont basculé dans la pauvreté depuis 2020, comme en témoigne l’augmentation des personnes qui doivent avoir recours au restos du coeur, au Secours Populaire, etc.

Pendant ce temps, les 1 % les plus riches de la planète se partagent 63 % des nouvelles richesses mondiales produites. Les 20 plus grosses fortunes du monde possèdent autant de richesses que la moitié de l’humanité. Ce phénomène s’est amplifié après la crise financière de 2008 où les États sont venus à la rescousse des banques et des grandes fortunes et après la crise sanitaire du COVID-19. Ils en veulent toujours plus ! Ils n’en ont jamais assez !

Pour exemple, en France, les patrons des 100 plus grosses entreprises françaises se sont augmentés de 66 % entre 2011 et 2020 alors que la rémunération de leurs salariés stagnait, suivant tout juste l’inflation. La fortune des 500 milliardaires français les plus riches a augmenté de 17 % en un an seulement : 1170 milliards d’euros, soit 40 % du Produit Intérieur Brut de la France. C’est juste hallucinant !

Bien sûr cet enrichissement accéléré des plus riches est un effet direct, et le but des logiques de privatisation, de financiarisation, de recul des services publics, des garanties collectives des travailleurs, de la protection sociale, au profit des logiques du tout-marché.

« C’est de de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches, disait déjà Victor Hugo » en 1869. C’est toujours vrai. On est loin du mythe du ruissellement du président Macron.

Un exemple : la CGT pointe la « nette augmentation des radiations » des droits au chômage : + 6,8 % pour un an et + 3,6 % sur le trimestre, soit 54 700 radiés durant les trois derniers mois !

Le capitalisme met nos sociétés et la planète en crise. Les logiques du système capitaliste, du libre-échange, des délocalisations, de la course au productivisme et à la consommation, ne cessent aussi d’aggraver la crise climatique et la crise écologique, avec des conséquences sans doute déjà irréversibles, sans que les réponses des gouvernements ne soient à la hauteur des enjeux. Les incendies et les températures caniculaires dans beaucoup de régions du monde en témoignent. L’érosion dramatique de la biodiversité aussi, avec une extension de masses d’espèces animales et végétales sauvages. C’est aussi la pollution de l’air dans les grandes métropoles, les montagnes de déchets créés par la société d’hyper-consommation que l’on peine à traiter, les micro-plastiques qui se diffusent dans les océans.

 

Le capitalisme se nourrit aussi de la guerre et des tensions internationales qu’il alimente. Les conflits locaux sont légion, nourris souvent par la volonté de captation des ressources, en Afrique, en Asie, au Proche-Orient, au Moyen-Orient, dont le caractère meurtrier est alimenté par les marchands d’armes, les profiteurs de guerre, la France au premier chef dont les exportations d’armes ont connu un nouveau record en 2022 (27 milliards d’euros de ventes d’armes…

Avec Macron, comme avec Hollande et Sarkozy, on fait « de la politique à la corbeille », pour paraphraser De Gaulle, et ce sont trop souvent les promesses de vente de rafales ou d’autres armements qui guident nos alliances diplomatiques. En témoigne la venue de Modi, le premier ministre indien, raciste et suprématiste hindou au défilé du 14 juillet, les complaisances vis-à-vis de l’Arabie Saoudite, des Émirats Arabes, de l’Egypte du dictateur Sissi, du gouvernement d’extrême-droite israélien ). Ces derniers temps, on observe une fragilisation spectaculaire de l’influence française en Afrique, rançon de décennies où la France a capté les ressources et les richesses à vil prix en arrosant des élites politiques sans que les peuples ne profitent de conditions de développement véritable, coup d’État au Niger, et menaces d’intervention militaire qui pourrait encore plus déstabiliser ce pays et y installer le chaos, ainsi que dans la région, chaos dont profiterait à coup sûr le terrorisme islamiste.

Au Niger, 7e exportateur d’uranium au monde, 2e pour l’Europe lus de 40 % de la population vit avec moins de 1,90 dollar par jour. Et 40 % des enfants âgés de 5 à 14 ans travaillent. Les industries d’extraction minière y bénéficient d’indécentes exonérations fiscales à tel point que la production d’uranium ne contribue que pour environ 5 % de ses recettes publiques.

L’insécurité dans le monde et en Europe est alimentée par la guerre en Ukraine, qui a pris un tournant encore plus violent et meurtrier depuis l’invasion russe de février 2022 : 14 millions de déplacés, des dizaines de milliers de morts des deux côtés, une dizaine de milliers de civils tués. Fabien Roussel l’a exprimé au président Macron : Nous devons tout faire, par les voies diplomatique et politique, pour mettre rapidement un terme à cette guerre qui menace par ailleurs la sécurité européenne et mondiale. L’urgence, ce n’est pas d’alimenter l’escalade du conflit ukrainien mais de faire cesser cette guerre le plus tôt possible, d’épargner les vies humaines, de prendre des initiatives diplomatiques puisque de toute façon il faudra revenir à la table des négociations.

A ce titre, les communistes refusent aussi l’escalade de l’investissement dans l’armement nucléaire là où l’urgence serait à la ratification du traité d’interdiction des armes nucléaires et au désarmement multilatéral. Plutôt que d’avoir une « guerre d’avance » et de mettre 50 milliards pour le renouvellement de notre équipement militaire de force de frappe nucléaire, d’augmenter de 40 % les dépenses militaires françaises entre 2024 et 2030 par rapport aux 6 années précédentes, de doubler le budget de l’armée en 13 ans pour le faire devenir le plus important de l’État, ne peut-on pas mettre la priorité sur le développement humain et social ? Alors que nos hôpitaux, nos maternités, nos écoles, nos services publics en général ont tant de besoins non couverts. La France doit participer au désarmement nucléaire mondial et investir dans la paix et la diplomatie. Les communistes l’ont rappelé deux fois cette année en avril et en mai en manifestant devant l’Ile Longue au Port du Fret avec les Jeunesses communistes le 22 avril et le Mouvement de la Paix le 21 mai. Pendant que les dépenses d’armement atteignent des records depuis la guerre froide et ne cessent de progresser au niveau mondial depuis 8 ans, atteignant 2 220 milliards de dollars, il n’y a pas d’argent pour garantir l’accès aux droits essentiels pour tous les êtres humains. La misère, la guerre, les crises écologiques et alimentaires provoquent des centaines de millions d’exils contraints, de déplacés et de migrants. Et la réponse des gouvernements, européens au premier chef, est essentiellement répressive. C’est trop souvent celle du populisme xénophobe instrumentalisé à de viles finalités politiciennes : réduire les conditions d’accès à l’immigration légale, les droits des migrants irréguliers, et de mettre en danger les exilé.e.s, y compris les enfants, les mineurs non accompagnés. Déjà plus de 2000 noyades recensés de migrants en Méditerranée depuis le début de l’année 2023, sans compter celles que l’on ne connaît pas, celles provoquées par les forces de police en Afrique du Nord, en Grèce, en Turquie, sans compter les exilés que l’en renvoie mourir dans les déserts, dans leurs pays d’origine où ils sont en danger. Et malheureusement on s’habitue aux conséquences barbares de cette politique criminelle, contraire au plus élémentaire des droits de l’homme, le droit d’asile.

Et pendant ce temps, l’extrême-droite continue à progresser, nourrie par la crise des idées progressistes liés à la perte d’influence historique du communisme et aux trahisons des gouvernements de gauche convertis au libéralisme, par la crise sociale et économique, le sentiment de relégation vécus par des couches importantes de la population. Les fantasmes autour de l’immigration, de l’insécurité, de l’Islam alimentent également partout en Europe la progression des idées fascistes, des populismes d’extrême-droite, avec la complicité des milliardaires qui possèdent et contrôlent les médias de masse et qui donnent libre antenne aux propagandes les plus réactionnaires et racistes à la télé, dans les journaux, sur les radios, avec la complicité aussi des gouvernements qui s’appuient partiellement sur ces idées et les légitiment à des fins électoralistes. Pensons à l’empire que ce taille Bolloré avec le JDD, Europe 1, C NEWS, y véhiculant ces idées rances, réactionnaires et racistes. Emmanuel Macron, en jouant l’apprenti sorcier par rapport à l’extrême-droite, qu’il choisit délibérément d’avantager comme sparring-partner permettant aux politiques capitalistes et libérales ne l’emporter, porte une lourde responsabilité dans le fait de mettre le Rassemblement National en condition d’accéder au pouvoir. Ce qui était un scénario de science-fiction il y a 20 ans devient aujourd’hui de l’ordre du possible et du crédible, d’autant que les fachos ont exercé ou exercent le pouvoir dans de nombreux pays européens autour de nous.

En imposant la réforme des retraites par 49-3, cette nouvelle réforme d’inspiration néo-libérale et inégalitaire, ce nouvel allongement de la durée d’années de cotisation, et recul des droits à la retraite, alors qu’un mouvement social puissant, prolongé, unitaire avait rappelé l’opposition des 3/4 des français à cette réforme, Macron porte une lourde responsabilité dans cette mise en orbite du RN pour les prochaines élections présidentielles.

La gauche aussi bien sûr a ses responsabilités et doit être à la hauteur de l’histoire pour offrir une réponse, empêcher l’extrême-droite d’accéder au pouvoir, construire un chemin d’espoir.

Une victoire du RN aux présidentielles serait une catastrophe quand on voit les discours de certains syndicats de police, de certains haut-gradés de l’armée, quand on connaît d’expérience les potentialités autoritaires des institutions de la Ve République, et de la monarchie présidentielle. La gauche française doit montrer qu’elle peut s’unir et construire un projet de majorité crédible et à la hauteur des enjeux pour constituer une alternative sérieuse aux fachos et aux néo-libéraux, macronistes ou de droite. Elle doit prendre en compte les aspirations populaires, et les problèmes de société rencontrés par des millions de citoyens qui ont intérêt à ce que les choses changent vraiment et qu’une politique de justice sociale et d’écologie dans la justice sociale soit appliquée.

Le PCF se donne plusieurs chantiers dans la période dans le Finistère :

1/ Se battre avec la population pour obtenir la renationalisation d’EDF et de GDF, la sortie du gaz et de l’électricité du marché spéculatif européen, le retour à des prix contrôlés du gaz et de l’électricité, la fin de l’ARENH. La fin des tarifs réglementés et plafonnés, 10 % d’augmentation le 1er août des factures d’électricité et de gaz, 30 % depuis la mise en place des boucliers tarifaires, payés avec l’argent du contribuable pour engraisser des spéculateurs, pour les particuliers, c’est inacceptable. A la faveur du racket de l’ARENH, et de l’ouverture à la concurrence. Déjà en 2010, c’était folie d’obliger EDF à vendre un quart de sa production au prix de 42 euros le mégawattheure. Au lendemain d’une crise énergétique où celui-ci s’est échangé au prix de 1 000 euros sur le marché en août 2022, persister avec l’Arenh est une aberration. L’Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique), c’est ce système inventé de toutes pièces sous la présidence de Nicolas Sarkozy pour accélérer la libéralisation du secteur de l’énergie, sous l’impulsion de l’Union européenne. La seule véritable règle de ce système est de permettre aux acteurs alternatifs de revendre aux usagers – devenus des clients – l’électricité produite par EDF, plus chère que si lesdits usagers étaient restés chez EDF. Le tout, en leur faisant croire qu’ils allaient y gagner, et dans le seul but d’engranger des bénéfices.

2/ Nous nous battons également pour le droit à la mobilité pour tous. L’enjeu, c’est en particulier d’assurer le désenclavement du territoire, soutenir les lignes ferroviaires de proximité (Brest-Quimper, avec un arrêt à Hanvec, Morlaix-Roscoff, etc). Comme le fait la fédération du Finistère. A ce titre nous ne pouvons que regretter le faible niveau d’investissement du CPER : 189 millions pour la modernisation ferroviaire pour la Bretagne sur 5 ans 2023-2027. Si on était traités comme les franciliens, ce serait 1 milliard que nous devrions avoir.

3/ Nous participons aux mobilisations unitaires pour défendre l’accès au logement pour tous, le développement du logement social en Bretagne, la prise en compte des zones tendues. Et nous allons continuer à nous impliquer localement sur cette question de l’accessibilité des logements.

4/ Un autre sujet de mobilisation permanent, c’est le droit à la santé, la défense de l’hôpital public. Cest aussi de remettre du service public de qualité et des services tout court dans le domaine de la santé, de la prise en charge de la perte d’autonomie. À ce jour, la part du PIB consacré aux personnes âgées s’élève à 1,7 % en France. Par comparaison, les Pays-Bas y consacrent 3,7 % de leur PIB – On est à peine à six salariés pour dix résidents dans les EHPAD alors que le plan solidarité grand âge prévoyait huit pour dix dès 2012. Alors que le nombre de plus de 75 ans va doubler d’ici 2050.

Tout comme le danger d’une victoire de l’extrême-droite, les slogans du Front Populaire sont toujours d’actualité 90 ans après : PAIX, PAIN, LIBERTÉ.

La Paix, contre les logiques de concurrence guerrière des capitalismes, des nationalismes, des discours xénophobes, pour assurer le développement et la fraternité des peuples.

Le Pain, l’accès à une alimentation de qualité, à un logement salubre, à un logement chauffé, au droit aux vacances et aux loisirs pour tous. On est loin du compte en France : 40 % des français ne peuvent pas partir en vacances. C’est garantir aussi aux étudiants des conditions qui permettent à tous de poursuivre leurs études dans de bonnes conditions. Sachant que le coût des études et de la vie étudiante a encore progressé de 6 % selon l’UNEF.

La Liberté, la liberté à préserver mais aussi à conquérir : 6e République, retrouver les libertés syndicales rognées par les gouvernements précédents, retrouver une liberté des médias face aux puissances d’argent.

 

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :