Lecture publique, soutien à la bibliothèque départementale du Finistère – Intervention d’Ismaël Dupont en séance du Conseil départemental du 11 décembre

Conseil Départemental du 11 décembre 2025

Intervention Ismaël Dupont, sur les moyens de la culture, de la lecture publique, les moyens et la politique pour la Bibliothèque départementale du Finistère

On fête ce jour même, jeudi 11 décembre, à Plonévez-du-Faou, les 50 ans de la bibliothèque départementale du Finistère. Quel bel évènement, et que de chemin parcouru en terme de lecture publique depuis 50 ans !

Combien de communes finistériennes se sont dotées de médiathèques qui sont des vrais lieux de vie, de rencontres, de culture, d’échanges entre lecteurs, d’ateliers d’écriture, de conférences-débat, de développement de la curiosité et d’enrichissement personnel !

C’est tellement important dans notre société d’avoir ces lieux de respiration inter-générationnels, de détente, de plaisir, de culture et d’émancipation qui sortent des logiques de marché et de consommation, qui sont accessibles à tous, souvent gratuits ou de prix adapté et très modique.

Combien de belles médiathèques ont fleuri dans nos communes ces dernières années ? Derrière l’incroyable réussite des Capucins à Brest, il y a aussi des équipements nouveaux très attractifs et attirants de nouveaux usages à Plouhinec, Mellec, Riec-sur-Belon, Pont Croix, Pont L’abbé, Saint-Thégonnec, Plougoulm, Landivisiau. Citons aussi tout récemment aussi la mise en réseau des médiathèques de Morlaix-Co et la mise en place du réseau public des médiathèques Penn-da-Benn à Morlaix-Communauté, entièrement gratuit.

Nous saluons les élus des communes et personnels et animateurs de ces bibliothèques porteurs de ces beaux projets culturels.

Tous ces nouveaux équipements, prévus pour les jeunes, adaptés aux usages multimédias et numériques, engendrent un renouvellement et une augmentation des usagers des bibliothèques et médiathèques, à rebours des tendances nationales à la baisse du nombre d’emprunts et de lecteurs dans les médiathèques. Le nombre d’utilisateurs sur le réseau couvert par la bibliothèque départementale, en dehors de Brest et QBO, augmente à proportion !

Quand on parle de proximité des collectivités et de l’action publique avec le quotidien et la qualité de vie des habitants, de sens de l’action publique vis-à-vis de l’éducation populaire, de l’accès facilité de tous à la culture, aux savoirs, au pluralisme de l’information, de responsabilité vis-à-vis de la jeunesse et de son ouverture au monde et à la réflexion, le soutien à la lecture publique, aux bibliothèques et médiathèques apparaît essentiel.

Pourtant, sur le budget du département en matière de Culture, Patrimoine et langue Bretonne, on observe une baisse significative en fonctionnement et investissement en 3 ans, du BP 2022 au BP 2025 :

– 700 000€ en fonctionnement – 3 millions d’euros en investissement.

Et cette baisse du budget de fonctionnement de la culture est notamment supporté par la BDF. Dans ce chapitre, les moyens alloués à la bibliothèque départementale, aux bibliothèques et à la lecture baissent de près de – 400 000 € en fonctionnement à ce qu’on peut lire dans vos tableaux, avec des moyens financiers divisés par 3.

On parle de 5 équivalents temps plein supprimés, avec des départs à la retraite non remplacés, moins postes à Quimper, et moins deux postes à Sainte-Sève, qui a perdu un tiers de ses effectifs.

Le budget pour renouveler, maintenir la richesse et l’actualité des collections a lui aussi fortement fondu.

En la matière, comme sur les moyens dévolus à la culture, c’est avec le temps que l’on prend la mesure des conséquences néfastes des restrictions budgétaires.

Il est aussi question d’arrêter l’achat de CD Audio pour emprunter des albums de musique dans les bibliothèques, voir d’arrêter l’achat des DVD pour visionner des films. Cela pose la question par rapport à notre responsabilité de service public en matière de conseil et d’ouverture artistique et culturelle, de soutien à la création et aux droits d’auteur. Va t-on laisser tout le champ libre à l’audiovisuel, aux plateformes de téléchargement, en terme de prescription ?

Pour ce qui est des documents écrits, la baisse des budgets pour enrichir les collections se traduit par des documents moins accessibles pour les bibliothèques et médiathèques, une rotation plus forte.

Or justement, dans le Finistère, qui est depuis des décennies et vous aimez le souligner un territoire d’excellence scolaire, et de pratiques culturelles développées, aussi bien en milieu urbain que rural, il y une demande de plus en plus forte vis-à-vis de la bibliothèque départementale.

Notamment avec ces équipements nouveaux et la montée en qualité et professionnalisme des médiathèques dans les communes rurales et les petites villes. Il y a une homogénéisation vers le haut, et c’était bien le but de la bibliothèque départementale, de l’offre de lecture publique sur le territoire finistérien et la bibliothèque départementale doit continuer, avec des moyens pérennisés, garantis, et mêmes renforcés, à accompagner ce développement, particulièrement à une époque où les écrans, les réseaux, la concentration des médias, développent les fake news, et rendent plus que jamais nécessaire pour notre démocratie l’accès à la culture et aux moyens de la réflexion et de la pensée critique.

Nous savons qu’une nouvelle directrice culture a été recrutée en juillet.

Nous souhaitons qu’elle, et son équipe, aient les moyens, accordés par notre collectivité, de porter un haut niveau d’ambition de développement de la lecture publique sur tout le Finistère.

Vous écrivez que « La feuille de route de la Bibliothèque du Finistère sera revue en 2026 afin de prendre davantage en compte les plus petites bibliothèques, qui nécessitent un soutien plus important. »

Sans doute, mais nous questionnons la refonte ou la réactualisation de la feuille de route de la Bibliothèque Départementale du Finistère dans d’autres domaines.

Le Finistère était reconnu pour son travail d’accès à la lecture pour les publics empêchés : illettrisme, mais aussi handicaps ou Personnes âgés par exemple. Va-t-il continuer à animer l’ensemble du réseau bibliothèques/médiathèques en ingénierie et formation des professionnels, pour encourager au développement de la lecture pour différents publics ?

Chef de fil des solidarités, que compte faire le Conseil départemental ?

Vous avez dit : Prévention? ça rejoindra nos interventions précédentes mais il y a un lien évident entre le soutien à la démocratisation de la culture et la prévention des parcours de délinquance. 

Citons Hugo, ce qui vaut pour l’école vaut aussi pour le soutien à la lecture publique et à la démocratisation de la culture. 

« Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne.
Quatre-vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
Ne sont jamais allés à l’école une fois,
Et ne savent pas lire, et signent d’une croix. »

C’est dans cette ombre-là qu’ils ont trouvé le crime.
L’ignorance est la nuit qui commence l’abîme.
Où rampe la raison, l’honnêteté périt. »


Victor Hugo 

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