Dans le couple État-collectivités, les maires ont souvent l’impression d’être les dindons de la farce, tant notre République est engagée dans la règle d’or des 3 % de déficit et la limite des 60 % de dette publique fixée par l’Union européenne. Et au bout de la chaîne, ce sont les collectivités territoriales qui payent les pots cassés du libéralisme économique et c’est sur elles que l’étau se resserre !
Alors que le gouvernement tablait sur 4,9 % d’un déficit public qui s’est envolé à 5,5 % et que notre dette publique est de 110,6 % du PIB, le ministre de l’Économie et des Finances a annoncé 10 milliards d’euros d’économies en 2024 puis 20 milliards en 2025. Cette marche forcée de la baisse des dépenses publiques est imposée par la réforme du pacte de stabilité et de croissance qui a été concocté par les libéraux, la droite et les sociaux-démocrates. Il impose, à partir de 2025, à tous les États membres de l’Union européenne, qui se sont affranchis des 3 % de déficit, de le baisser chaque année de 0,5 %.
Et nos gouvernants font payer la note aux collectivités par un nouveau coup de rabot de 2,5 milliards d’euros en 2024. Ils s’ajoutent aux 71 milliards pris sur le dos du bloc communal, depuis 2010, via les baisses de dotations et les suppressions non compensées de recettes fiscales. Les communes font pourtant montre de sérieux budgétaire et ont déjà la tête prise dans l’étau, tenues qu’elles sont à des budgets en équilibre réel et exposées à des dépenses structurellement en hausse avec l’augmentation en flèche des prix de l’énergie.
Sans vouloir enfoncer un coin entre ses membres qui semblent divisés sur la question, le gouvernement ferait bien de taxer les superprofits et les 145 milliards d’euros des géants du CAC 40, en 2023. Il a, pour l’heure, avec sa taxe sur les revenus des énergéticiens, accouché d’une souris de 600 millions d’euros sur un déficit de 154 milliards en 2023.
Il semble plus que jamais temps de s’attaquer aux logiques libérales, à moins, selon l’expression du sénateur communiste Éric Bocquet dans la Dette à perpète, que nous voulions être condamnés à vivre comme un hamster tournant en rond dans sa cage. En attendant, nos institutions démocratiques de proximité agissent avec des moyens de plus en plus contraints pour faire vivre une République du quotidien empreinte de liberté, d’égalité et de fraternité.
Notamment dans les territoires ruraux et les quartiers populaires, où les besoins en services publics locaux sont les plus prégnants ! Les collectivités regorgent de solutions innovantes pour l’égalité ou la transition écologique. Avec Léon Deffontaines et sa liste aux élections européennes, nous pouvons sortir de notre roue en trouvant des recettes fiscales chez les plus nantis. Et mettre fin au nivellement par le bas des services publics qui crée du désespoir et dope les scores électoraux du Rassemblement national.
Philippe Rio, maire de Grigny, président de la coopérative des élu.e.s communistes, chroniqueur dans « L’Humanité », article publié dans L’Humanité du 17 avril 2024