Les communistes présents avec l’AFPS à Brest pour dénoncer l’assassinat de la journaliste Shireen Abu Akleh par l’armée d’occupation israélienne

C’est finalement une soixantaine de personnes (dont 2 Morlaisien.ne.s!) qui se sont réunies à Brest ce samedi 14 mai pour dénoncer la violence insupportable des forces israéliennes hier lors des funérailles de Shireen Abu Akleh assassinée mercredi matin par un sniper alors qu’elle couvrait une attaque des militaires israéliens dans le camp de Jénine, et pour réaffirmer leur soutien au peuple palestinien.

Claude Léostic, AFPS Pays de Brest

 

Shireen Abu Aqleh, grande journaliste d’al Jazeera, a été assassinée à Jénine mercredi matin par l’armée israélienne. Portant un gilet pare-balles et un casque PRESSE, elle était, avec ses collègues, clairement identifiable. Un sniper de l’armée israélienne qui menait une attaque militaire au camp de réfugiés de Jénine l’a abattue d’une balle dans la tête, là où le casque ne la protégeait pas. Les soldats ont tiré sur les autres journalistes aussi, en blessant un deuxième. Selon les témoins oculaires ils tiraient pour tuer.
Après un passage à Naplouse et Ramallah, Shireeen a été amenée aujourd’hui à Jérusalem, sa ville, pour y être enterrée dans le cimetière chrétien de Sion. Alors que l’énorme cortège l’accompagnant se trouvait sur l’esplanade de l’hôpital français de Jérusalem, les soldats israéliens ont attaqué violemment la foule qui portait le  cercueil, le faisant pratiquement tomber à terre. Ils ont frappé les porteurs, et toutes les autres personnes présentes, ont arraché les drapeaux palestiniens et lancé des grenades lacrymogènes.
Insupportable, inacceptable, honteux et monstrueux. Les mots me manquent.
L’AFPS avait décidé en urgence, au vu de ces événements, d’appeler à un rassemblement le samedi 14 mai à 14 h 30 devant le monument aux morts à Brest pour dénoncer la violence israélienne et rappeler notre solidarité avec le peuple palestinien.
 Plusieurs camarades du PCF du Pays de Brest étaient présents à ce rassemblement.
À Brest, l’indignation après la mort d’une journaliste d’Al-Jazeera
Les membres de France Palestine Solidarité avaient imprimé des photos pour rendre hommage à la journaliste tuée au cours d’une opération israélienne. (Le Télégramme/Jean-Luc Padellec)

Un rassemblement de France Palestine Solidarité s’est tenu à Brest, ce samedi, pour rendre hommage à la journaliste d’Al-Jazeera tuée par un soldat israélien.

Des militants brestois de France Palestine Solidarité ont improvisé un rassemblement, ce samedi 14 mai, en début d’après-midi, devant le monument aux morts de Brest, pour exprimer leur indignation après la mort de la journaliste Shireen Abu Akleh, mercredi dernier, en Cisjordanie. Alors qu’elle couvrait un raid de la police israélienne, en portant un gilet pare-balles et un casque « Press », cette grande voix de la Palestine sur la chaîne Al-Jazeera a été tuée d’une balle en pleine tête par un soldat de l’armée israélienne. Puis, vendredi, lors de ses funérailles, les soldats israéliens ont attaqué violemment la foule qui portait son cercueil sur l’esplanade de l’hôpital français de Jérusalem.

Pour Claude Léostic, la présidente de l’AFPS nord-29, qui a vécu en Palestine pendant la deuxième intifada, « cet acte odieux met en évidence le caractère violent et criminel de l’État d’Israël ». Son association demande la traduction de l’État d’Israël devant la cour pénale internationale pour crime de guerre.iuz

Palestine. L’occupation, responsable de la mort de Shireen Abu Akleh

L’assassinat de la journaliste dans le camp de réfugiés de Jénine et le déchaînement de violences policières israéliennes lors de son enterrement ne doivent rien au hasard. C’est la marque de la politique coloniale. La Cour pénale internationale doit être saisie.

Publié le

Lundi 16 Mai 2022

L’émotion internationale suscitée par la mort de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh n’était pas encore retombée, son corps pas encore mis en terre, peu importe pour les autorités israéliennes, qui, à l’assassinat, mêlent le mépris, l’injure et l’irrespect.

Sitôt connue la mort de notre consœur, abattue dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée où l’armée israélienne menait un raid, le premier ministre, Naftali Bennett, s’est écrié : « Il semble probable que des Palestiniens armés soient responsables de la mort malheureuse de la journaliste. » Son ministre de la Défense, Benny Gantz, assurait même avec l’aplomb d’un arracheur de dents qu’ « il n’y avait eu aucun tir (de l’armée) en direction de la journaliste ».

« La violence, le sentiment de haine et le mépris de la dignité humaine »

Vendredi, à Jérusalem, des milliers de Palestiniens participaient avec tristesse et dignité aux obsèques de Shireen. À la sortie du cercueil de l’hôpital Saint-Joseph à Jérusalem-Est, secteur de la ville également occupé par Israël, la police a pénétré dans l’enceinte de l’établissement et chargé une foule brandissant des drapeaux palestiniens.

Le cercueil a failli tomber des mains des porteurs frappés à coups de matraque, avant d’être rattrapé in extremis, selon des images des télévisions locales. Mais, là encore, si les policiers israéliens ont fait usage de la force, c’est parce qu’ils « avaient été exposés à la violence des émeutiers, ce qui les a poussés à recourir à la force », explique sans honte leur hiérarchie.

Dans les deux cas, l’assassinat de la journaliste puis le matraquage de la foule lors de ses obsèques ont provoqué un rare tollé. Ces scènes, où l’on voit les forces de sécurité israéliennes faire vaciller le cercueil, « font froid dans le dos, rappelant la brutalité infligée aux personnes endeuillées lors de funérailles de militants contre l’apartheid », dénonce ainsi Mamphela Ramphele, présidente de la Fondation Desmond-Tutu, consacrée au regretté archevêque sud-africain et prix Nobel de la paix. Elle déplore « la violence, le sentiment de haine et le mépris de la dignité humaine » affichés.

55 journalistes palestiniens tués depuis 2000

Une fois n’est pas coutume, le « meurtre » de la journaliste d’Al-Jazeera a été condamné à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU, qui réclame une « enquête transparente et impartiale ». Même son de cloche à Washington. « Nous condamnons fermement le meurtre de la journaliste américaine Shireen Abu Akleh », a tweeté le porte-parole du département d’État américain. L’Union européenne a condamné « l’usage disproportionné de la force et le comportement irrespectueux de la police israélienne » durant les obsèques. La représentation française à Jérusalem a jugé «  profondément choquantes » les «  violences policières ». Autant dire que les responsables israéliens n’ont pas envisagé une enquête de gaieté de cœur. Ils tergiversent, réclament que leur soit remise la balle afin de réaliser un examen balistique – ce que refusent les Palestiniens. « Les autorités israéliennes ont commis ce crime et nous ne leur faisons pas confiance », a déclaré le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

Une commission d’enquête indépendante démontrera certainement la culpabilité d’un soldat israélien dans le meurtre de Shireen  Abu Akleh ou dans l’ordre d’attaquer le convoi funéraire. Mais la question essentielle est la suivante : que faisait l’armée israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine là où, il y a exactement vingt ans, elle avait déjà perpétré un massacre ? Pourquoi la police israélienne était-elle dans l’enceinte de l’hôpital de Jérusalem-Est ? Tout simplement parce qu’Israël occupe les territoires palestiniens et que sa nature coloniale implique d’annihiler toute résistance, partout.

La mort de la journaliste ne peut masquer la répression en cours depuis des années et son aggravation ces dernières semaines. Fadwa Khader, membre de la direction du Parti du peuple palestinien (PPP), a été blessée, jeudi, lors d’une manifestation. Un Palestinien est mort, dimanche, des suites de blessures subies lors de tirs de l’armée israélienne, deux jours plus tôt. Un autre a succombé, samedi, à ses blessures infligées lors de heurts avec la police israélienne en avril, sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est. Depuis 2000, au moins 55 journalistes palestiniens ont été tués par les forces d’occupation et 16 d’entre eux sont actuellement emprisonnés.

Quant au blocus contre la bande de Gaza, il se poursuit depuis plus de quinze ans maintenant. Magnanimes, les Israéliens ont autorisé, dimanche, le passage aux travailleurs de cette enclave palestinienne après environ deux semaines de fermeture, pour qu’ils viennent travailler… en Israël. Preuve, s’il en fallait une, du sentiment d’impunité de Tel-Aviv, la construction prochaine de près de 4 500 logements dans des colonies en Cisjordanie a été approuvée le lendemain même de l’assassinat de Shireen Abu Akleh.

Il existe aujourd’hui 5,7 millions de réfugiés palestiniens répartis entre la Cisjordanie, la bande de Gaza, la Jordanie, le Liban et la Syrie. Israël mène une guerre de tous les instants contre la population palestinienne : bombardements sur Gaza, incursions militaires, bouclage des villes et des villages, destructions de maisons en Cisjordanie. Les journalistes sont des témoins, donc des cibles. Mais les Palestiniens ont besoin d’actes, pas de paroles. Ils rejettent le « deux poids, deux mesures » des Occidentaux, celui qui, avec le même cocktail Molotov, fait du Palestinien un terroriste et de l’Ukrainien un résistant. Qui fait décider de sanctions contre la Russie mais laisse impuni Israël. C’est aussi sans doute ce qui a déclenché une réaction ulcérée dans les pays du monde entier.

Les États européens, France en tête, pourraient saisir la Cour pénale internationale (CPI), comme la ratification du statut de Rome leur en donne la possibilité, pour examiner les possibles crimes de guerre, sans attendre une enquête du procureur qui déciderait éventuellement de la saisie de la CPI. Ils pourraient également reconnaître l’État de Palestine, décider un certain nombre de mesures, comme des sanctions, pour imposer à Israël le respect du droit international et des résolutions de l’ONU. Sans cela, inutile de parler d’une solution à deux États. Et inutile de s’émouvoir du décès d’une journaliste. Sa mort porte un nom : occupation.

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :