Fabien Roussel : « C’est une véritable provocation, une gifle ! »
Lille (Nord), correspondance
Le secrétaire national du PCF et député du Nord a réagi depuis Lille à la décision rendue par le Conseil constitutionnel. Il dénonce une loi dont on n’a retenu que le pire et la perspective d’une promulgation immédiate.
Les principales dispositions de la loi sont validées, seules des mesures annexes sont repoussées. Quelle est votre réaction ?
Ce texte a été amputé des seules mesures qui étaient présentées comme sociales. La moindre des choses, c’est de le représenter au Parlement dans son entièreté. L’article 10 de la Constitution le permet. Le pire de cette loi a été retenu: deux ans de plus pour tous les travailleurs. C’est une véritable provocation, une gifle. Ce n’est plus jeter de l’huile sur le feu mais un jerrican d’essence. Nous avons besoin de démocratie. Il faut retirer cette réforme ou au moins consulter le peuple.
Le Conseil constitutionnel avait beaucoup de motifs d’invalider la loi. A-t-il joué son rôle ?
Je ne remets pas en cause le Conseil constitutionnel, ni les décisions qu’il prend mais je regrette ce choix car nous avions donné beaucoup d’arguments. Il a encore une possibilité de se rattraper. Nous espérons en effet que la deuxième demande de référendum d’initiative partagée sera retenue, d’ici le 3 mai.
Quelle est la priorité aujourd’hui, après cette décision et la perspective d’une promulgation rapide ?
La priorité est de réagir fortement, peut-être sortir tous dans la rue, face à l’annonce du Conseil constitutionnel, qui est extrêmement grave. On verra ce que décidera l’intersyndicale. Le 1er-Mai doit être puissant, mais peut-être y aura-t-il d’autres mobilisations avant. Il faut une réaction la plus pacifique et déterminée, pour se faire respecter face à ce que nous vivons : un président qui décide de promulguer à peine la décision du Conseil constitutionnelle connue. C’est une provocation supplémentaire.
La première ministre assure qu’il n’y a « ni vainqueur ni vaincu ». Comment prenez-vous cette phrase ?
Ce sont des propos très provocants. Le gouvernement est très minoritaire, enfermé dans ses ministères. On a un président en fin de règne et la réaction du peuple peut être violente. Je souhaite l’apaisement. Nous devons être unis dans la diversité de nos opinions. Dans la France qui manifeste, il y a des gens de tous bords, même certains qui votent à l’extrême droite, je suis pour tendre la main à tout le monde.