Tredudon-le-Moine, 8 mai 2025 – Intervention de Leïla Sarrazin pour l’ANACR 29

Allocution ANACR – Capitulation de l’Allemagne Nazie

8 mai 2025 – Berrien – Tredudon-Le-Moine

Monsieur le Maire,

Mesdames, messieurs les élus,

Mesdames, messieurs les Portes-drapeaux,

Mesdames, messieurs, fidèles du devoir de mémoire,

C’est avec beaucoup d’honneur que je m’adresse à vous en ce jour, ici à Berrien, à Trédudon-Le Moine, 1er village résistant de France, entouré par nos camarades, au nom de l’ANACR.

Nous commémorons aujourd’hui,la résistance, la victoire des Alliés sur le nazisme et sur l’obscurantisme qui sont à l’origine d’une des périodes les plus sombres de l’histoire de l’humanité, de notre histoire.

Commémorer cette date, cette victoire, c’est également rappeler les défaites qui l’ont précédé ainsi que les terribles errances qui les ont nourries. « les vivants ne peuvent plus rien apprendre aux morts, (…) les morts au contraire, instruisent les vivants » disait Chateaubriand.

Nous devons toujours nous rappeler que cette victoire du 8 mai est d’abord celle de millions de combattants. Ces soldats du monde entier, de la France coloniale, ces civils hommes et femmes, ces victimes juives dont de nombreux enfants, homosexuelles, tziganes ; ces résistants, ces combattants sont tous des artisans de cette victoire.

Aujourd’hui, c’est d’abord à eux que nous pensons, à eux que

nous rendons hommage. Un hommage à ces armées visibles et invisibles, ces hommes et femmes volontaires qui ont donné leur vie pour qu’arrive ce jour de liberté, pour que nous soyons libres, 80 ans après.

Le 8 mai est une victoire sur la dictature et le fascisme, la victoire d’hommes et de femmes d’horizons différents, souvent opposés, mais qui ont décidé d’unir leurs forces, de se rassembler pour défendre leurs idéaux communs de liberté, d’égalité de justice et de dignité.

Cette date ne signifie pas pour autant la fin de la seconde Guerre Mondiale. Jusqu’en septembre 1945, des centaines de milliers d’hommes et de femmes, militaires et civils, ont perdu la vie dans le Pacifique notamment. Les deux bombes atomiques larguées début août sur le Japon nous permettent de mesurer toute l’horreur et l’impact que ce conflit a eut sur les populations.

En France, ceux qui ont donné leurs vies étaient habités par des convictions, un courage et une volonté à toutes épreuves, qui ont menés notre pays à la victoire. Une volonté qui ne s’est pas arrêtée à la victoire idéologique et militaire. En effet, suite à la capitulation allemande, la paix était loin d’être acquise, elle était même fortement menacée, notre pays était ravagé. Il fallu construire la paix, rassembler les français.

En cette année 1945, première année civile de la paix rétablie, la France est dévastée, en proie à toutes les souffrances. Les plaies sont béantes, c’est la découverte de l’horreur des camps, le retour des prisonniers, déportés et travailleurs forcés. Les survivants ont du mal à raconté l’horreur d’où ils reviennent. Les fractures de la société française sont à vif, le territoire est dévasté par les combats. L’économie est au plus mal.

C’est dans ce contexte que renaît la France Nouvelle : une réforme des institutions décidée par le peuple, un nouveau modèle social et économique. Sans l’appel du 18 juin 1940, sans ce cri de colère face à l’invasion et la désespérance d’un pays tout entier, sans ceux qui refusèrent la soumission, pas de Librerté.

L’avenir fût bâti par le Conseil National de la Résistance. La cause de leur combat commun dépassait le sens de leur propre vie. C’est leurs convictions et

leur détermination qui a porté toute une nation. Ils ont posé les fondations de notre monde d’aujourd’hui.

Cette horreur, il y a 80 ans, a trouvé son essence et sa force dans la haine semée dans les consciences de chacun, en profitant avec un cynisme inouï de l’aggravation des tensions culturelles et sociales dans une société en crise.

80 ans après, de nombreux signaux doivent nous alerter. Aussi, ne laissons pas glisser notre pays dans la haine de l’autre. Comme l’écrivait Louis Aragon en 1943 :« Je vous salue ma France où les blés et les seigles mûrissent au soleil de la diversité ».

Ces dernières années, ces derniers mois, ces dernières semaines nous rappellent que face à la progression intolérable du racisme, de l’antisémitisme et du communautarisme dans notre société, nous devons être à la hauteur de ces combattants de la liberté, ne pas « trahir le passé » et encore moins

« hypothéquer l’avenir ».

Nous nous rappelons Jean Jaurès, homme politique français, homme de paix, lâchement assassiné en 1914. Jean Jaurès ne cessait de nous alerter sur la nature même des Hommes : « Toujours, même à l’état de l’apparent repos, nos sociétés portent en elles la guerre comme la nuée porte l’orage ».

Les 60 millions de morts d’un conflit unique par l’ampleur de sa violence, ont conduit à l’avènement d’un monde nouveau et ces victimes ont encore bien des choses à nous enseigner.

Nous devons faire ce travail ensemble. Face au négationnisme, au révisionnisme, à la haine, à la réécriture de l’Histoire, aux interprétations… Face à l’oubli, à l’oisiveté, au désintérêt, entretenir la flamme pour qu’elle ne s’étouffe pas sous les cendres de multiples incendies, est notre rôle essentiel. Et nous n’avons qu’un seul mot d’ordre : Résistance.

Leïla Sarrazin 

(avec Yoann Daniel pour la rédaction)

Comité ANACR du Finistère.

Photos Hervé Ricou et Daniel Laporte

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