Triste nouvelle: décès de Jean Dréan, notre camarade cheminot de la CGT et du PCF

Notre ami et camarade Jean Dréan vient de décéder à Quimper ce samedi 31 août 2024 à l’âge de 91 ans (il était né en 1933). 

Ses obsèques auront lieu le vendredi 6 septembre avec une cérémonie d’hommage à 13 h 30 avant la crémation (Crématorium Quimper : 15 Allée Mail Stang Vihan).

Le corps de Jean Dréan reposera à la chambre funéraire 106 avenue de Ty Bos à Quimper à partir de lundi après-midi: accès libre de 9 h à 18 h.

Nous pensons fort à sa famille, sa fille Hélène, ses petits-enfants qu’il aimait tant, ses beaux-enfants, ses amis et camarades endeuillés de la CGT et du PCF. Nous leur exprimons notre solidarité et partageons leur tristesse au départ de notre camarade et ami, une grande figure militante, un grand bonhomme.
Daniel Ravasio avec toute la section de Morlaix et Ismaël Dupont au nom de la fédération du Finistère du PCF expriment toute leur reconnaissance pour les décennies d’engagement total de notre ami et camarade au service de nos idéaux communs et d’une société plus humaine, plus égalitaire, plus fraternelle.
Jean vivait depuis 2014 à l’EHPAD Thérèse Rondeau-Kernisy à Quimper, où il a avait dû déménager depuis sa maison de Saint Didy à Plouigneau pour accompagner son épouse bien aimée Annick, malade et en perte d’autonomie.
Il était toujours adhérent au PCF, dans la section de Morlaix et la fédération du Finistère. 
Il avait adhéré à la CGT et au PCF pendant la guerre d’Indochine en 1953. Son père était déjà communiste. Un jeune commandant, fils d’un cheminot communiste, lui évitera de faire la guerre d’Algérie. Il ira en coopération en Algérie en tant que cheminot après les accords d’Évian pour aider le jeune état indépendant à utiliser ses infrastructures ferroviaires.
Jean était une grande figure de la CGT Cheminots, du Parti communiste finistérien et de la région de Morlaix, un militant infatigable, doté d’un solide sens de l’humour, d’une gouaille et d’une détermination sans faille, malicieux, généreux, fraternel, toujours passionné et solide dans ses convictions sans être sectaire.
Il savait toujours aider les personnes dans le besoin, discrètement.
Homme de caractère, franc-tireur, il n’avait peur de rien ni de personne, et il parlait à tous d’égal à égal, avec bienveillance et gentillesse, mais aussi exigence pour ceux qui avaient des responsabilités.
Il écrivait régulièrement à ses camarades, aux ministres, aux députés, à ses secrétaires nationaux du Parti (Marie-George Buffet, Pierre Laurent, Fabien Roussel), à Patrick Le Hyaric, au secrétaires généraux de la CGT pour interpeller sur la situation de la santé, du grand âge, des EHPAD, sur l’absence de prise en compte des enjeux du vieillissement et du droit à une vie digne jusqu’au bout de tous les citoyennes et citoyens.
A son arrivée à la maison de retraite Thérèse Rondeau allée de Kernisy à Quimper, l’aumônier, Louis Biannic, est venu le saluer au bout de deux jours. « Tu es communiste, j’ai été curé à Huelgoat. Mon meilleur ami était le maire communiste Alphonse Penven, député-maire à la Libération. Une page d’histoire ».
En 2019, la mère supérieure de l’EHPAD remet à Jean, qui reçoit l’Humanité et le journal de la CGT, comme les lettres du Parti communiste, chez les religieuses, le journal du diocèse, sous l’égide de l’épiscopat, avec un entretien avec le père Louis Biannic, en EHPAD, sous le titre: « Je vis mon ministère avec le handicap ».
L’aumônier rendait à Jean Dréan un vibrant hommage:
 » Comment votre ministère de prêtre a t-il évolué avec votre situation dans un EHPAD?
Jusqu’à présent, j’étais reconnu comme l’aumônier, je pouvais parler avec les gens, même ceux qui n’étaient pas chrétiens. Maintenant, je suis pensionnaire, je vis mon ministère avec le handicap. C’est d’abord une fraternité de misère. Ceux qui sont un peu plus valides viennent en aide. Mon grand copain est un ancien Cégétiste qui est là (* Jean note sur l’article du diocèse qu’il m’a envoyé: il est toujours cégétiste et communiste). Il est toujours attentif à la moindre personne qui a besoin. C’est lui qui apporte mon chariot jusqu’à ma chambre. Il est formidable. On découvre les gens quand on est soi-même atteint, on découvre des richesses qui passaient inaperçues avant » (le prêtre Louis Biannic).
C’est Louis Biannic qui a assuré les obsèques religieuses d’Annick en 2018, de belle façon. Il savait qu’elle était catholique, quoique également adhérente communiste.
***
Voilà un récit autobiographique (encore très partiel, car il y aurait tant à dire) qui avait été publié il y a quelques années sur Jean et ses engagements dans Le Chiffon rouge:
Né en 1933, Jean Dréan, l’homme à la haute stature solide de breton taillé dans le roc et au collier de barbe à la mode des certitudes anciennes, personnalité haute en couleurs que nombreux, de tous bords, connaissent et apprécient à Morlaix et à Plouigneau, vient d’intégrer une maison de retraite à Quimper pour accompagner son épouse dont les problèmes de santé s’opposaient à un retour à la maison.
Cela a été un choix douloureux pour ce pilier de la section communiste et de la CGT de Morlaix, un franc-tireur plein de crânerie, d’esprit d’indiscipline d’humour malicieux et d’intelligence, un obstiné prêt à soulever ciel et terre pour que son parti, sa CGT, ses parlementaires et ministres œuvrent enfin pour la prise en compte des enjeux du vieillissement et la mise en place d’une civilisation de la personne âgée basée sur la Sécurité Sociale Universelle et le partage des richesses.
Jean Dréan a encore toute sa lucidité, sa vivacité d’esprit, sa mémoire et des tonnes d’histoires plus ou moins exemplaires, mais souvent drôles et passionnantes, à nous raconter. Voici déjà quelques unes d’entre elles, écrites une nuit sans sommeil à la maison de retraite.
Chacun sait ce qu’il gardera de cet homme généreux et rebelle qui a su rester curieux et ouvert pour les jeunes et la nouveauté, mais son vécu n’est pas connu de tous et intéressera sans nulle doute. Il éclaire en particulier ses attaques verbales courageuses il y a quelques mois face à une Marine Le Pen méprisante et ses menaçants nervis du service d’ordre du Front National venus sonder le terrain d’une région traumatisée par la crise de l’agro-alimentaire sur le marché de Guerlesquin: s’il devait n’en rester qu’un, ce serait encore lui, n’en doutons pas, qui ferait barrage aux héritiers du fascisme et de l’OAS.
Le vécu d’un modeste citoyen engagé
Notre génération a connu des turbulences: les camps de concentration, le goulag, Oradour, la torture en Algérie, Dien Bien Phu la capitulation. Aujourd’hui tout le monde musulman est en ébullition: parfois sanguinaire, cruel, barbare. On viole, on égorge à tour de bras. Dans une indifférence coupable. Certes avec quelques réactions.
Aujourd’hui le camarade Ismaël me sollicite pour expliciter une tranche de vie, certes modeste, mais trop souvent absente de l’évolution de notre Pays, de son histoire. Le refus des guerres coloniales, le traité d’Evian. Son contenu, entre autre la coopération découlant de ce traité.
Pour expliciter, comprendre un temps soit peu mon engagement citoyen de toujours, quelques rappels.
Durant la guerre 39-45, quoique très jeune, j’ai pratiqué la débrouillardise, le chapardage, le hors la loi. Il fallait survivre: on allait mon frère et moi traire les vaches pendant la nuit, étrangler les poules. Père cheminot – il entretenait les voies près de Rosporden – il a modestement participé au sabotage de son outil de travail. Ma mère était garde-barrière: les trains ravitaillant la troupe allemande à Brest s’arrêtaient devant chez nous: des cheminots complices nous indiquaient les wagons intéressants à piller: nous récupérions de l’huile, des matières premières que nous échangions ensuite avec les paysans, parfois contre des cochons que nous envoyons en boîte de conserve à des camarades de résistance parisiens. En 44, mes parents nous envoyaient mon frère et moi avec nos deux chiens ravitailler le maquis avec une brouette: en arrivant dans les bois auprès des résistants, quelle n’a pas été ma surprise en voyant que leur commandant était mon instituteur, Mr Le Corre. Celui-ci n’a même pas eu besoin de me faire promettre de garder le secret. L’ennemi: le boche. Les cheminots résistants de toujours ont été les premiers a déclencher la Grève insurrectionnelle.
1947: ils ont continué la lutte. Soutien aux mineurs en grève en bloquant les trains de charbon. Les champions de la trahison permanente entraient en action: Jules Moch créait les CRS pour gazer les mineurs en grève.
1949: entrée à la SNCF, école d’apprentissage.
1953: adhésion à la CGT. Participation à la grève historique contre les prétentions d’une droite revancharde. Le fameux président du Conseil Laniel prétendait casser le statut de cheminot, massacrer le service public ferroviaire (déjà!). Un mois d’une grève dure. Le pays paralysé. Démission de Laniel. Décrets abrogés. Interdit du droit de grève (j’étais hors statut), j’ai été licencié. Soupe populaire à Clichy. Adhésion au PCF (mon père était déjà communiste) puis réintégration à la SNCF.
1954: Appel sous les drapeaux. Mont Valérien. La guerre d’Indochine fait rage. Les fellaghas s’agitent. Le canal de Suez s’enflamme. Nationalisé par Nasser. La France et l’Angleterre se précipitent dans une action de représailles coloniale. Les Nations Unies condamnent. La France capitule.
L’Algérie à son tour s’enflamme: les forces progressistes appellent au refus. Avec trois appelés, trois cheminots, une nuit nous inondons les murs de la Caserne d’affiches fourrnies par les cheminots communistes des ateliers de la Garenne . « Paix en Indochine, Paix en Algérie ».
Le lendemain matin, le commanbdant sonne le tocsin. Tout le monde consigné. Arrivée de la police militaire. Silence dans les rangs. Dénoncés deux mois plus tard par des « nostalgiques des colonies » du contingent comme nous. Jugement sans sommation: cellule-prison. Le commandement était désorganisé en France: les cadres de l’armée opérant en Indochine, en Algérie. Surprise un matin. Appelé au commandement de la compagnie qui m’adresse un message très particulier: « vous disparaissez du paysage, je ne veux plus entendre parler de vous ».
Destination Centre de sélection de Guingamp. Comme Testeur. Pourvu du BEPC, je faisais passer des tests aux appelés. Inespéré et hasard de son engagement.
Dix ans plus tard m’a été explicité la vérité sur ce miracle. Ce jeune commandant, rappelé à l’époque, était tout simplement le fils d’un cheminot communiste. Il avait abusé de son autorité.
Le dénouement: Ho Chi Minh triomphait, Ben Bella franchissait la frontière tunisienne avec ses troupes. La France capitulait dans la débâcle et les attentats de l’OAS.
Toutes ces péripéties digérées, je répondais à un Appel des Accords d’Evian: coopération technique en Algérie. Détaché de la SNCF à la « SNCFA ». Mon épouse acceptait un détachement d’enseignement. Bien sûr, c’était une décision d’importance. L’aventure dans un monde sortant d’une guerre salie par la torture.
Quel accueil dans ce pays meurtri, saccagé, méprisé? Embarquement Marseille pour Annaba (ex Bône). Voyage superbe en première classe (les arabes étaient entassés dans les cales) !!! Débarquement le lendemain. Quelle surprise: un pays grouillant d’arabes!!! Du soleil. Puis train pour Souk Arhas. Gros centre ferroviaire. 600 cheminots. Accueil par un cadre cheminot algérien. Qui pour me saluer me tend la main gauche. J’ai appris quelques mois après par lui-même – sans rancoeur ni haine- qu’il avait été torturé par les Paras de Le Pen.
Seul européen parmi 600 cheminots algériens. Vraiment surpris et interrogatif sur la qualité des installations ferroviaires: ce qui était manuel en France était mécanisé là-bas. C’était l’effet du plan de modernisation de Constantine. J’ai dû me former rapidement en prenant des cours du soir pour me mettre à niveau par rapport à ces installations modernes. Le monde à l’envers: c’était moi qui était censé apprendre aux autres. Le plan de Constantine et ce chemin de fer moderne était surtout là pour acheminer le fer, le phosphate, le pétrole sur l’Europe. Pas pour le bonheur du peuple algérien.
Rapidement au boulot. Accompagnateur de 8 jeunes algériens. Jeunes surpris de voir un européen en bleu de travail, sac à outils sur le dos. Moi-même, j’étais surpris du niveau de connaissance de ces jeunes algériens, des musulmans qui n’hésitaient pas à puiser une bière dans le frigo présent en permanence dans le 4/4 sur rail qui servait à nous déplacer, frigo approvisionné par mes soins.
Là aussi surprenant. Aucune rancoeur, aucun rejet de l’ordre donné, de l’engagement volontaire.
Notre parcours de travail s’étendait sur 200 km le long de la frontière tunisienne. Des paysages superbes, le maquis, le sable des montagnes. Une multitude de Djellabas. Le terrain propice à la pénétration de fellaghas dans l’Algérie Française. Là aussi, je fus surpris par l’accueil dans un monde que nous avons bafoué, massacré, traité au Napalm. J’ai visité avec le commandant de la place de Tebessa des galeries de mine qu’ils utilisaient à la barbe du colon pour franchir la frontière (technique à la Hamas).
Je passerais sur les villages de montagne passés au Napalm, les défoliants pour dénuder les caches des fellaghas.
Rien d’exceptionnel pour une guerre de pacification. Accueil dénué de tout esprit de revanche. Ce qui prouve bien comme avec le camarade Ho Chi Minh du Vietnam qu’il eut été possible d’instaurer un climat de coopération économique profitable aux peuples. De quoi écrire un roman.
Je terminerai sur quelques anecdotes.
A chaque voyage retour nous avions la possibilité de ramener une voiture neuve entièrement détaxée. Personnellement et pour cause, j’alimentais le chef de la police de Souk Arhas et le patron des douanes, ceci prouvant s’il en était besoin la tendance à la mise en place d’une Mafia qui a conduit progressivement l’Algérie à sa situation d’aujourd’hui. Ces personnages me gratifiaient de leur carte de visite. Bien utile. Par exemple, au cours d’une ballade en montagne (50° à l’ombre), dépourvu de tout papier d’identité, j’ai été embarqué brutalement par une patrouille. Mis à l’ombre. Soudain me vient l’idée de demander au chef de poste d’appeler le numéro du chef de la police sans lui dire à qui ce numéro appartenait. Garde à vous au téléphone: mille excuses et retour à la maison avec la jeep de la patrouille. La raison: entre l’Algérie et la Tunisie existait un fort trafic de Kif. Quatre anglais étaient signalés dans la montagne. Il y eut confusion à notre dépens.
Je m’appelle Dréan. A 50 km de Souk Arhas, il y avait une ville s’appelant « Drean », le nom d’un martyr de l’ALN. Les contrôles de police étaient légion, à chaque entrée de localité. Un jour, je me trouvais dans une file de contrôle. Se présente un policier. Je lui confie mon passeport: il l’ouvre, se met au garde à vous et me fait déboîter de la file, le nom l’ayant certainement impressionné. Un autre jour, un tapis que j’avais commandé arriva au bureau de poste de Drean tandis que je l’attendis chez moi pendant quatre mois.
Mon épouse, institutrice détachée, pendant 5 ans, le temps de ma coopération, fit la leçon à 40 jeunes algériens (qu’elle avait troqué contre 8 élèves français dans son école de village des Côtes du Nord). Le matin 40, l’après-midi une foule aussi impressionnante. Un silence, une discipline tout aussi surprenante. De jeunes palestiniens sortant des grandes écoles américaines – interdits de rentrer en Palestine – enseignaient l’arabe aux jeunes algériens. Coopérants, nous avions droit au consulat d’acheter du Ricard, du Porto détaxé. Ces jeunes palestiniens se faisaient un plaisir d’en déguster à la maison. Bien que musulmans m ais fortement teintés laïques. Après deux ou trois coups, le débat sur le colonialisme ressurgissait. Cordialement. Mais prévoyant et réaliste. « Ce que vous avez fait dans vos ex colonies et ailleurs, vous le paierez cher, très cher, pendant longtemps ». Un constat sans haine. Aujourd’hui nous y voilà.
J’ai connu de retour en France 20 ans après des Algériens sans pays. Après guerre, les nombreux algériens engagés dans l’Armée Française contre les nationalistes vietnamiens en Indochine ont reçu l’ordre de déserter en Indochine. Condamnés en France. Pourchassés en Algérie. Des vies brisées.
Le plus sanguinaire. Le Parti Communiste Algérien (PCA), soutien du FLN pendant la guerre de libération, y compris avec des ressortissants européens, d’ailleurs désavoués par le PCF même si celui-ci demandait la clémence pour les militants anti-colonialistes arrêtés et condamnait tortures et exécutions clandestines, était fortement implanté chez les cheminots. J’avais lié connaissance avec eux. Boumediene exile Ben Bella. Prend le pouvoir. Constatant la disparition de plusieurs camarades du P.C.A dans les gares environnantes, je m’en inquiète auprès d’un camarade de l’UGTA. Réponse: t’occupe pas de ça, c’est pas ton affaire. Huit jours après, dix d’entre eux étaient retrouvés égorgés dans un oued. Une multitude de drames affreux. J’ai connu tous les 15 jours l’atterrissage d’un Boeing américain à Annihi. Repartant avec 500 jeunes algériens pour l’Afghanistan traquer les russes. Que sont-ils devenus aujourd’hui? Irak, Syrie, Mali….
Jean Dréan

Portrait de Jean DREAN paru dans « LE TELEGRAMME » (29 Octobre 2010).

Cheminot depuis 1949, il adhère en 1953 à la CGT et au Parti communiste.

Son premier combat a lieu cette année-là. Les cheminots font grève pour la défense de leurs retraites. Déjà. Il a 20 ans. « Un vendredi matin, au Journal officiel, sort un décret sur la suppression du régime particulier des cheminots. À midi, plus un seul train ne roulait. À l’époque, 80% des cheminots étaient à la CGT. La grève a duré un mois. Le pays, totalement bloqué. Joseph Laniel, président du Conseil à l’époque, a démissionné et le décret n’est pas passé !».

Ce premier combat remporté le marque à tout jamais du fer rouge du militantisme. « Tout le monde partait en grève. On n’avait pas vraiment le choix ».

Depuis, Jean a toujours été sur les rails de la contestation. Militant et activiste De militant à activiste il n’y a qu’un pas. « Je faisais mon service militaire à la caserne du Mont-Valérien (92) au moment de la guerre en Algérie. Avec des militants du FLN on l’a recouverte d’affichettes (« paix en Algérie, paix en Indochine »). Au bout de trois mois, on a été dénoncé par des camarades du contingent. On s’est retrouvé quatre mois en prison. Avec l’aide d’un fils de cheminot, on a été transféré à Guingamp. J’ai été prié d’arrêter mes activités de militants ». « Je devais m’écraser » En 1964, deux ans après la fin de la guerre, Jean est envoyé en Algérie. « Sur 500 cheminots algériens, j’étais le seul Européen ». Il y travaille pendant cinq ans et devient spectateur passif de la bataille de mai 68. « De là-bas, on avait l’impression que le pays était à feu et à sang », se souvient-il.

De retour en France en 69, il est transféré à Trappes (78). L’homme n’a pas froid aux yeux. Pour revenir en Bretagne, il écrit au président du Conseil. « Quinze jours après, j’étais transféré à Morlaix où j’ai pu rejoindre les camarades ».

D’autres batailles Parmi les « milliers » de manifestations à son actif, voici les plus marquantes : 1970, il se bat pour la défense de la ligne Morlaix/Roscoff. « On a fait grève trois semaines en décembre ». 1986-87: il lutte avec les cheminots. « On bloquait des trains en gare de Morlaix. À l’époque on était 300 ». 2010 : les retraites.

« Plus tard, je ne veux pas être à la charge de mes enfants. Or, la situation dans les maisons de retraite est désastreuse. Et tout se fait dans l’indifférence générale. J’ai interpellé notre députée Marylise Lebranchu. Mais sans réponse ». Militant jusqu’au bout de la barbe, Jean ne renoncera pas.

En attendant le prochain combat, il ira comme chaque matin regarder passer les trains, acheter Le Télégramme, Ouest France et L’Humanité.

Ses obsèques auront lieu le vendredi 6 septembre avec une cérémonie d’hommage à 13 h 30 avant la crémation (Crématorium Quimper : 15 Allée Mail Stang Vihan).

Un covoiturage devrait être organisé pour les camarades souhaitant être présent à ses obsèques

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