Notre camarade René BERTRE nous a quitté le mercredi 10 mai à près de 104 ans.
Les obsèques se sont déroulées dans l’intimité familiale.
J’ai eu un contact téléphonique avec sa fille adoptive pour lui présenter mes condoléances, nos condoléances.
Il s’est retiré dans le Finistère tardivement et, vu son âge, a peu participé à l’activité de notre section.
Mais il a un passé militant important (voir ci-dessous un article du Maitron, dictionnaire du mouvement ouvrier français)
Né le 26 septembre 1919 à Crespin (Nord) ; photographe puis technicien du cinéma ; militant marxiste, antifasciste puis communiste en Belgique et en France ; maire adjoint de Saint-Quentin (Aisne) de 1977 à 1983.
Fils d’Albert Bertré, herboriste, et de Anne Tellier native de Bruxelles, René Bertré avait deux frères nés en 1909 (Albert) et 1911 (Henri). Il eut à l’école de Crespin, comme instituteur, Eugène Thomas, qui fut ministre socialiste. Il vécut à Vendeuil-Caply dans l’Oise puis après l’impasse professionnelle de son père qui devint jardinier, à Bruxelles (Belgique) de 1929 à 1939. Il fréquenta l’Athénée communal d’Uccle, « véritable creuset de libres penseurs » dit-il. En 1935, il étudia le marxisme, le matérialisme dialectique et historique à de l’Université ouvrière de Bruxelles (UOB). Il suivit notamment les cours de dialectique donnés par le mathématicien Jean Gorren. Il fut dès lors, selon ses termes, un « militant pour la défense de la conception matérialiste de l’histoire, interdite à l’Université comme subversive ». Auditeur au cours du soir de l’Académie royale des Beaux-arts de Bruxelles, il dessinait et peignait des paysages et des portraits.
Militant antifasciste, soutien de l’Union soviétique et des républicains espagnols, le Pacte germano-soviétique ne modifia pas sa position vis-à-vis de l’URSS, estimant que l’échec des négociations tripartites France-Garande-Bretagne-Union soviétique incombait « à l’anticommunisme des gouvernements anglais et français ». Il revint en France en novembre 1939. En 1941, il était à Saint-Quentin où il exerça sa profession de photographe. Isolé politiquement, sans amis ni connaissances, il ne répondit à aucune des convocations allemandes pour l’organisation Todt. Il écrit : « Pendant l’occupation, j’ai été comme tous les citoyens, dans l’attente ».
En août 1944, marié à Madeleine Vrebos, il milita au Front national de Libération dirigé localement par Jean Cailluyer et par Paule Cailluyer qui devinrent ses amis. Il adhéra au PCF début 1945, milita avec Achille Borgniet et Robert Monfourny. Secrétaire de la cellule Wolf, membre du comité de section, il fut chargé de la diffusion de la presse communiste. Secrétaire du Comité de défense de l’Humanité (CDH) il vendit lui-même le journal dans la rue et au porte-à-porte jusqu’en 1977. Il écrivait des articles dans la rubrique départementale.
René Bertré s’est toujours préoccupé de la « faiblesse idéologique » des militants aussi participa-t-il aux écoles fédérales ou il enseigna les données essentielles du marxisme. En 1970, à son initiative personnelle et bénévolement, il ouvrit durant une saison un cours de sociologie et de philosophie marxiste. au premier étage du restaurant « Le Faisan doré », place de l’Hôtel de ville.
Daniel Lemeur devenu député, Émile Tournay, secrétaire fédéral et Joseph Leroux, lui demandèrent d’entrer au secrétariat de la section de Saint-Quentin et, en 1977, d’être adjoint à la mairie de la ville.
Technicien de l’industrie cinématographique, il réalisait des courts métrages destinés à l’enseignement. Il participait à des colloques sur l’homme et la nature et fonda avec Serge Boutinot, ornithologue, un Institut des sciences de l’environnement qui s’intéressait notamment à l’étude de la Réserve naturelle des marais de d’Isle de Saint-Quentin.
Approuvant le Programme commun mais réservé par rapport à son application de l’époque, réservé quant à l’abandon de la thèse de la « dictature du prolétariat », hostile à l’entrée des communiste dans les gouvernements socialistes, René Bertré, au-delà de ses cent ans, resta au Parti communiste tout en étant “critique”. Il approuva le Front de gauche, regretta son échec et se rallia avec le PCF à la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle de 2012 et 2017.
Il se retira ensuite dans le Finistère avec sa fille adoptive Sylvie Druart-Bertré.