Un débat sur la formation des architectes et les ENSA en lutte à la fête de l’Humanité, le samedi 16 septembre à 15h30

La France a la chance que ses architectes soient très majoritairement formés dans des écoles publiques d’architecture mais les conditions concrètes d’étude et d’enseignement dans ces écoles, indépendamment de l’exigence, de la qualité et du caractère multi-disciplinaire des cours dispensés, laissent parfois à désirer.

Les conditions d’intégration des jeunes architectes dans le métier aussi (abus des stages, précarité des contrats, bas salaires, inégalités fortes de revenus entre architectes, chômage, etc).

Les violences et discriminations ou brimades sont aussi présentes au sein des écoles d’architecture, comme l’injustice sociale, aggravée par le manque de moyen de nos services publics d’enseignement.

Comme les écoles supérieures d’art, et l’enseignement supérieur public en général, les écoles d’architecture sont en effet victimes d’une sous-dotation en moyens humains et matériels pour garantir le meilleur enseignement aux étudiants qui ont pourtant été retenus dans des écoles très sélectives et exigeantes.

Comme l’architecture a pour les communistes un rôle essentiel dans la construction d’une cité et d’une société désirables, et plus égalitaire et durable, et comme nous défendons un enseignement de qualité et un enseignement supérieur de qualité accessible à tous, nous considérons qu’il est important de s’intéresser à la manière dont sont formés nos architectes.

C’est pourquoi nous organisons:

à l’espace Bretagne de débats de la fête de l’Humanité (à l’angle de la rue Elsa Triolet et de la rue Gisèle Halimi)

le samedi 16 septembre à 15h30

un débat avec des étudiants en architecture engagés dans le mouvement des ENSA en lutte:

– Baptiste Bourven, étudiant à l’ENSA de Paris Malaquais originaire de Morlaix, membre du CA de l’établissement, membre de la cellule d’écoute et de veille PSL contre les discriminations et violences sexistes, et porte-parole média des ENSA en lutte

– et Naël Huppert, étudiant à l’ENSA de Paris La Villette

Débat qui sera animé par Ismaël Dupont, secrétaire départemental du PCF Finistère et membre du Conseil National du PCF.

Au mois d’avril 2023, les étudiants et enseignants des Écoles publiques nationales supérieures d’architecture ont publié un cahier de doléances qu’ils ont travaillé de manière collective entre étudiants de plusieurs écoles d’architecture.

Ce cahier de doléances des ENSA en lutte regroupant des enseignants, personnels et étudiants de plusieurs ENSA qui se sont coordonnés, s’articule notamment autour de plusieurs grandes orientations et axes de revendication:

1. L’abolition des précarités:

– une gratuité effective de l’enseignement public (prise en charge financière des voyages pédagogiques, du matériel de dessins et de maquette, des matériels et logiciels informatiques, abroger le droit des ENSA-P de demander de frais d’inscription supplémentaires)

– la fin des retards des bourses étudiantes, la lutte pour garantir aux étudiants les moyens d’étudier dans de bonnes conditions: 50% d’entre eux peuvent avoir des restes à vivre de 50€, le salariat pour financer les études est la première cause d’échec en licence, développer les résidences CROUS, garantir une allocation d’autonomie à tous les étudiants

– la lutte contre la précarité des enseignants contractuels et vacataires (+ d’un tiers des enseignants d’ENSA-P, 690 enseignants niveau BAC + 5) en augmentant leur indice salarial et par la titularisation des contractuels, des personnels ATS, la réduction des inégalités de statuts entre enseignants. Le collectif ENSA-P en lutte demande une juste revendication des vacataires, des doctorants et enseignants contractuels.

– la lutte contre la précarité des doctorants en architecture

2. La lutte contre les discriminations à l’intérieur des écoles d’architecture, contre les injustices et les violences, contre la culture de la sélection

31% des étudiants en architecture déclarent avoir été victimes d’agissements sexistes, la plupart du fait d’enseignants, et 6% déclarent avoir été victimes d’agressions sexuelles. Avec 60% d’étudiantes, les écoles d’architecture sont encore des lieux de violence de genre. Les femmes sont par ailleurs sous-représentées dans les postes de direction et d’enseignement titulaire (maîtres de conférence). Des violences pédagogiques peuvent également avoir lieu dans les ENSA-P avec notamment la culture de la charrette, des nuits à travailler pour pouvoir s’acquitter d’un travail trop conséquent dans des délais trop courts.

3. Des moyens pour avoir des conditions matérielles de travail et d’étude dignes.

L’enseignement supérieur accueille de plus en plus d’étudiants (+30% en 20 ans) mais la dotation financière de l’État par étudiant chute dans le même temps  (-10% en 10 ans), menant à une dégradation de l’accompagnement, et à des injustices croissantes en termes de réussite scolaire. Les ENSA-P accueillent moins d’étudiants ces 3 dernières années faute de moyens suffisants. L’attractivité de ces études les amène à être de plus en plus sélectives alors qu’un rapport de l’IGAC IGESR préconise de former davantage d’architectes chaque année. En effet, l’âge moyen des architectes est aujourd’hui de 51 ans, ce qui laisse augurer d’une pénurie d’architectes d’ici 10 ans. La France compte 0,4 architecte/ 1000 habitants alors que la moyenne européenne est de 0,8/1000 habitants. Actuellement, le taux d’admission moyen en ENSA est de 6,4%, ce qui est particulièrement faible. La plateforme des cahiers de doléance réclame donc plus d’architectes formés, la suppression de la sélection à l’entrée des ENSA-P, et plus d’ENSA-P par voie de conséquence.

Dans beaucoup d’ENSA-P, notamment ceux de Paris et des grandes métropoles, les locaux de centre-ville sont très exigus pour recevoir tous leurs étudiants et ne permettent pas de travailler dans de bonnes conditions, de stocker ses maquettes, matériels et ordinateurs. Les budgets de fonctionnement annuels sont sous-dotés, les lieux de travail collaboratif et de convivialité manquent.

4. Développer la démocratie au sein des ENSA-P

Le 7 juin dernier, l’Assemblée Nationale a adopté à 156 voix pour (celles de la droite et de l’extrême-droite) et 38 voix contre une résolution sur les ENSA-P contenant des préconisations que que le collectif des ENSA-P en lutte avait dénoncé, rencontrant plusieurs groupes parlementaires et leur adressant un courrier argumentaire. Cette résolution prévoie des frais pédagogiques supplémentaires et le développement de partenariats avec le privé pour augmenter les fonds propres des ENSA-P. Réduction de l’indépendance de l’enseignement supérieur vis-à-vis des pouvoirs et logiques économiques, augmentation de la sélection par l’argent, voilà ce à quoi peut conduire cette orientation. Stephane Peu pour le groupe GDR (celui des députés communistes) qui avait voté contre la résolution, s’était exprimé contre l’augmentation des frais d’inscription dans les ENSA, pour la nécessité d’avoir un débat approfondi sur le rôle des architectes dans la société, sur le rôle social de l’architecture (l’accès au beau et au bien-être dans l’habitat et les équipements publics pour tous) pour la prise en compte des mobilisations des étudiants et enseignants contractuels, la réduction de la précarité de ces enseignants.

 

 

 

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