Jean Le Brun (1905-1983): grand résistant et maire du Guilvinec
Cent ans d’engagements communistes en Finistère
Source: essentiellement la page consacrée à Jean Le Brun par Alain Prigent dans le Maitron.
http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article136587&id_mot=
Né le 1er mars 1905 et mort le 2 décembre 1983 au Guilvinec (Finistère) ; officier de marine marchande ; résistant et déporté ; conseiller municipal (1947-1965) puis maire du Guilvinec (1965-1983) ; candidat suppléant du PCF aux élections législatives de juin 1968 dans la circonscription de Quimper.
Son père Jean Marie Le Brun, marin, épousa Marie Maréchal, ménagère. Ayant reçu une formation de radio à L’Abri du Marin, puis à l’école des radios de la marine, Jean Le Brun quitta Le Guilvinec en 1935 et s’engagea à la pêche à Boulogne-sur-Mer à bord des grands chalutiers. Il se maria le 30 janvier 1935 à Boulogne-sur-Mer avec Madeleine Geneau. Le couple eut eu six enfants ; les deux aînés nés à Boulogne-sur-Mer, les suivants au Guilvinec.
Membre du Parti communiste boulonnais dès 1935, il fut officier radio en 1937-1938 à la compagnie France-Navigation créée par le PCF pour assurer le ravitaillement en armes des républicains espagnols. Après la débâcle de 1940 il revint en Bretagne recevant l’ordre du PC clandestin de ne pas reprendre contact avec les communistes du Guilvinec.
Quand la direction clandestine nationale réorganisa son réseau de radios décimé par la Gestapo, elle se tourna vers les officiers radios de France-Navigation et contacta secrètement Jean Le Brun. Tous se retrouvèrent à Paris pour mettre au point leur méthode et prendre livraison de matériel. L’épouse de Jean et leur dernier né furent du voyage malgré les difficultés de déplacement de l’époque. Le matériel radio prit place au retour parmi les affaires du bébé, Maxime Le Brun. Jean Le Brun reprit la pêche à la sardine au Guilvinec puis obtint un poste de répartiteur du poissons auprès des mareyeurs. Il appartenait au réseau le plus secret de toute la guerre, le Service B, assurant les liaisons radios avec Londres.
Les services goniométriques de l’armée d’occupation repérant les émissions venant du Guilvinec, il fut arrêté le 12 janvier 1943 par la Gestapo et condamné à quinze mois de prison par la cour spéciale de Paris pour faits de résistance. Incarcéré à la Santé, à Poissy, à Melun, à Chalons-sur Marne, puis à Compiègne, il fut déporté le 14 mai 1944 par les nazis au camp de concentration de Buchenwald où il devient un matricule, le N° 51801, dans le block 19. Les 2055 prisonniers de ce convoi portèrent les matricules à partir de 50000. Il fit partie du groupe de protections des détenus organisés clandestinement sous la direction de Marcel Paul.
Il a reçu la médaille de la Résistance par décret du 3 août 1946 (JO du 31 octobre 46, p. 96), en même temps que trois autres résistants, dont Roger Arnould, également déporté à Buchenwald. Jean Le Brun et Roger Arnould ont en commun d’avoir sauvé la vie de Marcel Bloch (qui deviendra Dassault), qu’ils exfiltrèrent des convois de la mort le 8 avril 1945, quelques jours avant la libération du camp (qui a eu lieu le 11 avril 1945).
Revenu de l’enfer concentrationnaire, il reprit ses activités militantes et fut élu en 1947 au conseil municipal du Guilvinec. Il devint maire de la commune en 1965, succédant à Marc Scouarnec qui conduisit en 1935 la liste d’union conduite enlevant 19 sièges sur 23. Jean Le Brun dirigea la commune pendant trois mandats jusqu’en mars 1983. Pendant cette période, la municipalité œuvra au développement de la commune (école maternelle, ateliers municipaux, salle omnisports, aménagement du collège Paul Langevin et de l’arrière-port).
Jean Le Brun fut candidat suppléant du PCF aux élections législatives de juin 1968 dans la circonscription de Quimper avec Jean-François Hamon. Arrivés en tête au premier tour ils représentèrent la gauche au second tour.
Louis Péron de l’Association Nationale des anciens Combattants de la Résistance, Mme Yvonne Kervarec de la FNDIRP et Jean Kervision pour le PCF prononcèrent son éloge funèbre.
Jean Le Brun grand résistant, maire du Guilvinec (Photo Jean Le Brun – Maitron)