L’ancien dirigeant des Jeunes communistes Léon Deffontaines a présenté plusieurs des membres de la liste qu’il conduira en juin prochain. Y figureront les syndicalistes Sigrid Gérardin et Marylène Faure, les élus Emmanuel Maurel pour GRS, Samia Jaber pour l’Engagement, Hélène Bidard, Fabien Roussel et André Chassaigne pour le PCF.
L’enfant de la Somme, Léon Deffontaines, part en campagne pour les élections européennes. Il a présenté certains de ses colistiers, mercredi, au siège du PCF. « Mon département est le deuxième à avoir le plus voté contre le traité constitutionnel européen en 2005, à 67 %, a rappelé l’ex-dirigeant des Jeunes communistes. C’est un département qui, peut-être avant tout le monde, savait les conséquences de la construction libérale de l’Union européenne (UE) sur l’emploi, l’industrie… » Léon Deffontaines, 27 ans, « fait partie de cette génération de moins de 35 ans qui n’a jamais eu son mot à dire sur la construction européenne », faute de consultation sur le sujet.
Il propose à ceux qui n’ont jamais été consultés, à « ceux qui ont voté contre le traité constitutionnel européen » et aux 52 % de Français qui n’ont plus confiance dans l’UE de « reprendre la main ». Un slogan qu’il décline. Il souhaite « reprendre la main sur notre alimentation » par une réorientation de la politique agricole commune (PAC) qui permette de restaurer une souveraineté alimentaire. Il fustige le marché européen de l’énergie qui indexe les prix de l’électricité sur ceux du gaz allemand. Il prône, là aussi, une reprise en main et une réindustrialisation. Autant de manières de recouvrer la souveraineté populaire.
Des personnalités identifiées sur certains sujets clés
La liste de rassemblement qu’il conduit comprendra des syndicalistes. Sigrid Gérardin, responsable nationale de la FSU, en charge des lycées professionnels, a fait le choix « d’entrer en politique » pour poursuivre son combat de protection des « biens communs » que sont les services publics. « On éprouve au quotidien les règles budgétaires qu’impose l’UE, qui restreignent l’investissement public et sont profondément injustes », dénonce-t-elle.
Marylène Faure, défenseure des droits des salariés dans le secteur de l’énergie, s’engage, elle aussi. Elle souhaite « voir le paysage politique évoluer dans les prochains mois ». Dans son secteur, elle a « combattu les méfaits occasionnés par les traités européens ». Dans un contexte où 12 millions de Français sont en situation de précarité énergétique, elle appelle à reconstruire « un service public de l’énergie au service des populations » qui voient sans cesse les prix augmenter.
Le PCF apportera des personnalités identifiées sur certains sujets clés. Son secrétaire national, Fabien Roussel, y contribuera avec sa forte popularité. Il entend mettre au cœur de la campagne « la vie chère, les salaires ». « L’UE agit sur la formation des salaires, cela va être l’occasion pour nous de dénoncer la concurrence libre et non faussée », explique-t-il, souhaitant aussi reprendre la main sur la Banque centrale européenne, dont les taux d’intérêt « écrasent l’économie ».
Adjointe à la maire de Paris en charge de l’égalité femmes-hommes, Hélène Bidard entend croiser le fer contre la pédocriminalité. Pour cela, elle fait le constat qu’il faut « responsabiliser les Gafam » (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft). Elle compte aussi « dévoiler la réalité des positions du Rassemblement national contre les droits des femmes ». Le président du groupe de la Gauche démocratique et républicaine à l’Assemblée nationale, André Chassaigne, s’engage à défendre une agriculture paysanne face aux traités de libre-échange.
Les noms des colistiers soumis au vote des adhérents PCF
Le PCF n’est pas seul à participer à l’aventure. Emmanuel Maurel, fondateur de la Gauche républicaine et socialiste et député européen sortant, rejoint la liste, séduit par l’idée de « reprendre la main ». Il souhaite poursuivre son combat contre les accords de libre-échange et pour défendre « l’exception culturelle menacée par les plateformes états-uniennes ». Samia Jaber représentera l’Engagement, le parti de l’ancien ministre de l’Économie, Arnaud Montebourg. Elle est élue de Belfort, siège d’Alstom et General Electric. « Ce territoire est l’un des symboles du renoncement industriel », explique-t-elle, souhaitant voir un sursaut en la matière.
Ni la liste ni l’ordre des candidats ne sont finalisés. Les noms des 81 colistiers seront soumis au vote des adhérents PCF début février. L’équipe devra se faire une place à gauche. Léon Deffontaines défendra sa « singularité ». Selon lui, « le peuple de gauche contre le traité constitutionnel européen de 2005 ne se mobilisera pas s’il n’y a pas une liste qui porte autre chose que le projet fédéraliste des écologistes ». Autre pomme de discorde : la place du nucléaire dans le mix énergétique. « Nous avons une vision différente de la manière d’atteindre la neutralité carbone », insiste-t-il. La liste s’opposera également aux nouveaux élargissements programmés à l’Ukraine, à la Géorgie et la Moldavie, pays où le salaire minimum est extrêmement bas (de 50 à 150 euros mensuels). « Cela mettra en concurrence nos agriculteurs et travailleurs », alerte Léon Deffontaines qui veut, au contraire, faire vivre la solidarité.