Nous voulons d’une reprise d’école qui fasse sens. Communiqué du PCF Finistère – 6 mai 2020.

Nous voulons d’une école qui fasse sens, c’est pourquoi nous remettons en cause le bien-fondé d’une reprise de l’école prématurée, dans des conditions dégradées et inégalitaires, anxiogènes pour les enfants, les équipes éducatives et les familles.

L’épidémie du Covid-19 et la fermeture des établissements scolaires liées aux contraintes de confinement ont mis en avant toute l’importance de l’école. L’école doit être reconnue comme bien commun indispensable à tous, et doit faire l’objet d’investissements qui permettent de faire face aux inégalités d’accès à la réussite et à l’ambition collective d’une culture commune de bon niveau pour tous nos jeunes. Ce ne sont pas les choix budgétaires et économiques du gouvernement actuel.

En ce sens, l’attitude de Macron et de son gouvernement est irresponsable : l’annonce d’une date de réouverture des écoles ne s’accompagne d’aucune véritable politique pour rendre cette reprise possible dans des conditions acceptables et égales pour toutes et tous ! L’État se défausse sur les collectivités territoriales, les directions d’écoles, les enseignant.es, les familles et laisse les enseignant.e.s dans l’inquiétude la plus profonde. La situation est chaotique, dantesque: les préconisations se suivent et ne cessent de se contredire, à l’image d’un gouvernement qui a fait la preuve de son incompétence et qui confond communication à l’emporte pièce et action sérieuse dans toute cette crise du Covid-19.

A chacun de bricoler avec les moyens du bord, quitte à provoquer une relance de l’épidémie…

Les avis du Comité scientifique sur le caractère prématuré de la date du 12 mai pour une reprise de l’école n’ont pas été pris en compte, pas plus que l’avis des organisations syndicales enseignantes en France, en Bretagne et dans le Finistère, ou l’avis du CHSCT (comité hygiène et sécurité) et d’une association de parents importante comme la FCPE.

Les équipes éducatives se sentent trahies par l’éducation nationale et leur ministre. On ne répond à aucune de leurs interrogations, par exemple sur la comptabilité d’un maintien du travail à distance avec les temps d’apprentissage en présence des élèves. Les directeurs-ices d’école vivent une période très douloureuse où ils/elles sont balloté.es entre des discours très éloignées de leurs problématiques de terrain et des réalités pédagogiques.

Le retour des enfants en classe est avant tout pour le gouvernement un levier de la reprise générale de l’activité économique dans le pays et un moyen de contrainte sur les salariés. Mais il ne faut pas mentir aux parents, aux enfants et aux équipes éducatives… En vérité, ce n’est pas pour des raisons de lutte contre le décrochage scolaire, d’efficacité pédagogique, d’intérêt des enfants, que l’école reprend à la mi mai. Sinon, comment expliquer que ce gouvernement n’ait absolument rien fait en matière sociale pour les familles en situation de grande précarité et de fragilité depuis le début du confinement alors qu’il débloque des dizaines de milliards pour les acteurs économiques ? Il y a une imposture et un mensonge fondamental à vouloir investir l’école d’une fonction que l’Etat est incapable d’assumer.

Quelle mobilisation exceptionnelle des aides, des services sociaux, des éducateurs, des moyens de liens avec les familles et les jeunes par la puissance publique pour répondre à la question de l’isolement et de la précarité des familles ? L’État n’a même pas été capable de mobiliser des moyens contre la fracture numérique pour rendre possible pour tous les enfants, toute les familles, le travail à distance pendant la durée du confinement, par l’aide à la mise à disposition de matériel informatique.

Quel sens cela a t-il d’un point de vue éducatif de faire reprendre les plus jeunes et pas les 4e et 3e, les lycéens, les étudiants, dont la rentrée n’interviendra pas avant juin ou septembre ? Quelle liberté laisse t-on vraiment aux parents si l’ouverture de l’école de leurs enfants leur enlève toute possibilité de dérogation et d’aménagement de travail à distance pour garder leurs enfants ? Comment se propose t-on d’assurer une continuité de la prise en charge scolaire des enfants en situation de handicap ?

Le gouvernement, tout à sa volonté de ré-ouvrir au plus vite les écoles fait reposer sur les équipes pédagogiques et sur les parents d’élèves l’entière responsabilité de la reprise des cours.

Il se contente de faire circuler un protocole sanitaire de 54 pages qui montre bien à quel point la « rentrée » des classes pose, dans la situation actuelle, un problème majeur. Ce protocole sanitaire qui s’impose aux directions d’école et aux collectivités de référence est par bien des aspects inapplicable dans des conditions réelles, et il est basé sur l’hypothèse d’une reprise d’une partie des élèves seulement. Les moyens d’application ne sont aucunement garantis par l’État, par la mise à disposition de personnels et de locaux adaptés, de matériel de protection, ce qui fait que les dispositions prises localement, y compris sur l’offre de scolarité proposée aux enfants et aux familles d’une école à l’autre, vont être extrêmement disparates et inégalitaires.

Ce protocole sanitaire apparaît comme un  parapluie géant et illusoire dressé par l’État et le ministère de l’éducation nationale pour dire aux écoles, aux collectivités locales, confrontées aux injonctions les plus contradictoires : « c’est pas moi, c’est votre responsabilité, c’est votre faute ».

Et cela en dehors de tous moyens supplémentaires attribués encore une fois… Ce protocole sanitaire risque de conduire à vider de nombreux enseignements d’une grande part de leur sens, comme en EPS (éducation physique et sportive), et à brouiller le sens de l’école pour les enfants, les familles, les enseignant.es, particulièrement pour les classes du premier degré. 

En maternelle par exemple : distance d’un mètre entre les élèves, pas de jeux collectifs, pas de coins jeux pour les petits, pas de proximité physique possible, lavages de mains à répétition, désinfection des objets, de locaux… D’emblée, il apparaît évident que les conditions d’accueil seront impossibles à tenir quand on connait la vie réelle d’un établissement qui reçoit des enfants., ce que dénoncent les syndicats de l’enseignement dans une courrier adressé le 4 mai à la Directrice académique du Finistère (SNUIPP, SUD Éducation, CGT éduc-action, SNUDI-FO). Quelle empathie a t-on vis-vis des petits en leur imposant ces conditions de reprise stressantes qui ruinent les efforts de construction pédagogique inclusive des enseignant.es ?

L’école transformée en caserne ou colonie pénitentiaire, est-ce encore l’école? Les équipes éducatives ont besoin de temps pour organiser une rentrée pour tous les élèves, et qui fasse sens. Les conditions de la reprise à la mi mai vont encore accroître les inégalités et les déséquilibres sociaux et territoriaux face à l’école. Il se pourrait même que le gouvernement cherche à instrumentaliser la crise sanitaire pour imposer son projet néo-libéral pour l’éducation : une école à la carte, différente d’un territoire à l’autre, d’un élève à l’autre.

Le Parti communiste qui a proposé un plan d’urgence pour l’éducation en 17 propositions veut d’une reprise scolaire qui n’exclue pas plus de la moitié des élèves et ne conduise pas à une caricature d’ « école » , et d’une rentrée dans des conditions préparées par les acteurs de l’éducation qui savent ce qu’est un élève et une classe, discutées démocratiquement, sans exclure les familles, les personnels, les collectivités.

Les communes tentent de s’adapter comme elles le peuvent dans le Finistère, en se souciant d’impliquer les conseils d’école, les personnels éducatifs et les parents dans la réflexion sur la reprise des écoles dans le premier degré. Nous saluons l’effort actuel de nombre d’entre elles dans des conditions rendues complexes par les responsabilités que n’assume plus l’État. Il serait souhaitable qu’elles soient prochainement en mesure de débloquer des moyens, avec l’appui de l’État, pour l’organisation des temps périscolaires, la mobilisation des éducateurs et animateurs des villes, des locaux et infrastructures des activités culturelles et sportives, et l’intégration progressive du maximum d’enfants.

Fédération du Parti Communiste Français du Finistère.

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