Quimper, lettre ouverte sur la vente de la maison de Max Jacob.

Monsieur le Maire,

La mise en vente de la maison familiale de Max Jacob constitue pour notre ville une opportunité que vous ne pouvez laisser passer.

Son acquisition par la collectivité constituerait un bel hommage à l’une des grandes figures de la littérature française et permettrait d’en faire un lieu de culture et d’échange ouvert sur le monde . Elle contribuerait au rayonnement de la ville qui l’a vu naître et de sa région. À l’instar de ce qui existe déjà dans plusieurs villes et dont Quimper pourrait s’inspirer : par exemple la maison d’Arthur Rimbaud à Charleville-Mézières, celle de Pierre Loti à Rochefort, de Jean-Jacques Rousseau à Montmorency, de Jules Verne à Amiens etc……

Il y a 75 ans, le 24 février 1944, Max Jacob était arrêté à son domicile par la Gestapo. Parce que « d’origine juive », il fut conduit, sous la responsabilité des autorités françaises de collaboration, au camp d’internement de Drancy, antichambre des camps de la mort. Pour lui le chemin s’arrêta à Drancy où il mourut le 5 mars 1944, avant son transfert à Auschwitz.

Ni sa conversion à la religion catholique, ni sa Légion d’honneur qu’il portait à côté de son étoile jaune, ni son œuvre, ni ses amitiés avec les plus grands écrivains, peintres, musiciens, de son temps, ne l’ont protégé de la haine.

S’il avait quitté Quimper, où il était né et avait fait ses études, il y revenait souvent, notre ville était présente dans ses œuvres, tant graphiques que littéraires.

C’est là aussi qu’il avait connu Jean Moulin, alors sous-préfet de Châteaulin, qui prit dans la Résistance le nom de Max en hommage à son ami.

À l’heure où la  bête immonde du racisme et de l’antisémitisme relève la tête, notre ville se doit, Monsieur le Maire, de tout faire pour que la maison de Max Jacob, à laquelle a été décerné le label officiel « Maison des Illustres » ne tombe pas dans l’oubli.

Un musée pourrait y être implanté, des expositions, des conférences pourraient y être organisées autour de l’œuvre de ce grand poète et du message humaniste qu’elle porte, comme dans « Le crapaud », que bien des enfants ont appris à l’école :

Qui a vu le crapaud traverser la rue ?
C’est un tout petit homme : une poupée n’est pas plus minuscule.
Il se traîne sur les genoux : il a honte on dirait.
Non. Il est rhumatisant, une jambe reste en arrière, il la ramène.
Où va-t-il ainsi ? Il sort de l’égout, pauvre clown.
Personne n’a remarqué ce crapaud dans la rue ;
Jadis, personne ne me remarquait dans la rue.
Maintenant, les enfants se moquent de mon étoile jaune.
Heureux crapaud !… Tu n’as pas d’étoile jaune.

L’achat de ce bien, dont le montant reste à évaluer par les services des domaines avant préemption municipale, pourrait être envisagé avec le conseil départemental et le conseil régional afin d’en mutualiser les coûts.

De plus une initiative culturelle de cette ambition devrait être éligible pour son fonctionnement à des subventions des différentes collectivités territoriales et y compris de l’État et de l’Europe.

Allez-vous encore une fois laisser ce patrimoine culturel et mémoriel tomber aux mains d’hommes d’affaires plus soucieux de leurs intérêts privés que de culture?

Dans l’attente de votre réponse, recevez, Monsieur le Maire, mes salutations distinguées.

Piero RAINERO

Conseiller Municipal

Conseiller Comunautaire

Quimper,  le 13 mars 2019.

 

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