Aide à mourir : ouvrons en grand le débat sur la fin de vie, le grand âge, la santé publique !

Le Président de la République vient de s’exprimer sur la fin de vie en formulant plusieurs propositions concernant les soins palliatifs, les droits des patient·es et des aidant·es ainsi que l’aide à mourir. Après la convention citoyenne sur la fin de vie, le débat doit désormais s’ouvrir en grand dans la société et doit également concerner la question de la protection sociale du grand âge et de la santé publique dans son ensemble.

Une aspiration légitime s’exprime aujourd’hui dans notre société sur la possibilité, pour des malades atteints d’un mal incurable ou dont les souffrances sont devenues insupportables de décider de leur fin de vie. Le Parti communiste français se félicite donc que le chef de l’État se décide enfin, après bien des atermoiements, à proposer au pays de premières solutions, allant au-delà des conclusions de la loi Claeys-Léonetti, qui avait marqué une incontestable avancée dans le traitement de cette question de société.

Le premier enjeu de ce débat, dont nos compatriotes doivent pouvoir s’emparer, concerne l’accès aux soins palliatifs.

Cet accès est aujourd’hui contrarié par l’absence d’unités spécialisées dans de trop nombreux départements et par la politique d’austérité qui frappe le secteur dans la santé.

Chaque année la France compte près de 300 000 personnes environ qui auraient besoin, à différents niveaux, de soins palliatifs. Près de la moitié d’entre eux n’en bénéficie pas à l’heure actuelle, en dépit d’une loi votée en France en 1999 instaurant l’accès aux soins palliatifs pour « toutes les personnes dont l’état de santé le requiert ».

La stratégie décennale annoncée par Emmanuel Macron est contradictoire avec la politique d’austérité en cours qui conduit à des fermetures de services et de lits. Une prise en charge palliative de qualité ne peut se concevoir sans moyens conséquents, investissements, vaste plan de formation et recrutements de personnels, qui vont se heurter aux 25 milliards de restrictions budgétaires annoncés dernièrement par le ministre de l’Économie.

C’est pourquoi le PCF, ses parlementaires, propose plusieurs mesures pour un développement accéléré des soins palliatifs : suppression de l’ONDAM, de la T2A et des politiques de restrictions des dépenses de santé ; développement des services, des milliers de lits et effectifs médicaux permettant de répondre aux besoins ; dans l’attente, création dans chaque hôpital de lits de repli dédiés à l’accompagnement des malades en fin de vie ; développement de la formation initiale et continue des professionnels de santé sur la fin de vie.

Si le développement massif des soins palliatifs est aujourd’hui une priorité pour une politique de santé publique digne de ce nom, il ne résume pas la réponse qui doit être apportée aux demandes des malades dont les souffrances ne peuvent plus être atténuées par un simple accompagnement.

La mort ne saurait évidemment être donnée contre la volonté de la personne par « euthanasie », ou sur simple demande du malade sans autre critère. Des conditions strictes et un contrôle des décisions médicales doivent donc être proposées, donnant à la loi les moyens  d’écarter totalement les dérives. Sur ces questions, il faudra des propositions concrètes. Nous y contribuerons.

L’accompagnement vers la mort doit enfin rester hors marché, dans le cadre du service public, avec des professionnels de santé uniquement soucieux de l’intérêt des malades.

Il serait à présent inconcevable qu’après la Convention citoyenne sur la fin de vie, le débat soit confisqué par des forces réactionnaires ou intégristes. Son enjeu n’est autre qu’un nouveau progrès de la liberté de conscience des citoyens et des citoyennes. C’est à l’échelle de toute la société qu’il doit se mener.

Paris, le 12 mars 2024

Parti communiste français.

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