Francette Lazard, dirigeante du PCF et suivi de la fédération du Finistère, nous a quittés – nous lui rendons hommage

Francette Lazard nous a quittés

C’est une perte majeure pour le parti communiste tant Francette Lazard n’aura cessé d’apporter son énergie, son intelligence et sa longue expérience pour que vive et grandisse une perspective communiste en France et dans le monde. Elle l’aura fait continûment, avec discrétion souvent mais une inébranlable détermination.

Issue d’une lignée de la grande bourgeoisie, elle avait tôt plongé dans le combat communiste. À 15 ans, elle rejoint le PCF et l’Union des jeunes filles de France côtoyant chez elle Benoît Frachon, secrétaire général de la CGT que la guerre froide contraignit un temps à la clandestinité et accueilli dans ce cadre par la famille Lazard. Agrégée d’histoire, elle veut tout comprendre pour tout changer, dévore Le Capital, rejoint une section économique du PCF en pleine ébullition théorique, découvre Paul Boccara avec lequel une amitié durable se nouera vite. Appelée à la tête de la section du 6e arrondissement de Paris, peuplée de nombreux ouvriers mais aussi d’étudiants et d’intellectuels, elle est de plain-pied dans les combats du temps. Bientôt chargée de responsabilités dans l’univers de la presse communiste, elle met sa plume et sa vivacité d’esprit au service d’Économie et politique, France nouvelle, L’Humanité.

En 1979, elle entre au Bureau politique avec la mission de réorganiser le pôle d’analyse et d’élaboration théorique communiste. Elle préside ainsi à la création de l’institut de recherches marxistes et s’affirme, en ces temps de grandes difficultés pour le communisme, comme une dirigeante de premier plan, alliant une boussole fermement fixée sur l’ambition communiste et un sens de la mobilité, de l’ouverture. C’est elle qui, avec Georges Marchais, initie ce mouvement pionnier pour un parti politique national : l’ouverture des archives du PCF. Ce sera aussi l’annulation solennelle des exclusions brutales opérées en des temps révolus.

Au mitan des années 1990, elle fut de celles qui accompagnèrent la transformation de l’IRM en Espaces Marx avant de quitter ses responsabilités nationales. Depuis lors, elle demeurait toujours disponible pour un conseil, une conférence, un échange, les yeux grands ouverts sur notre monde avec la volonté intacte de le voir changer pour de bon.

Au nom des communistes, je salue sa mémoire avec une vive peine. J’adresse mes sincères condoléances à sa famille, à ses proches, aux nombreux camarades qui ont eu la chance de la connaître et de partager leur engagement avec elle.

Fabien Roussel,
Secrétaire national du PCF

Francette Lazard dont je viens d’apprendre le décès avait avec la Bretagne et le Finistère en particulier des liens étroits.

Par sa maison de famille surplombant la mer à Morgat où elle aimait séjourner quand ses responsabilités au PCF le lui permettaient, et où j’ai eu le plaisir de la rencontrer plusieurs fois.

C’est dans cette villa que Benoît Frachon, secrétaire général de la CGT, trouva refuge de mars à novembre 1953, il était poursuivi par le gouvernement de l’époque en raison de son engagement auprès des salariés de la Fonction Publique d’État en grève pour défendre leur statut acquis en octobre 1946 grâce au ministre communiste, Maurice Thorez.

Par aussi sa présence active auprès des communistes de toute notre région dans les années 80-90.

Elle était chargée, comme membre du Bureau Politique du PCF, d’apporter son concours aux fédérations communistes bretonnes, puis parallèlement à celle du Finistère-nord jusqu’à sa réunification, en mai 1986, avec celle du Sud du département. Secrétaire régional et fédéral, j’ai eu le bonheur de militer à ses côtés pendant toutes ces années. C’était une dirigeante à l’écoute des autres, attentive, bienveillante, n’imposant jamais mais argumentant toujours avec patience et passion. C’était une intellectuelle intimidante malgré sa modestie et sa présence sur le terrain auprès des militants, toujours disponible malgré ses multiples activités pour répondre aux sollicitations que nous ne manquions pas de lui adresser.

Dans cette période politique complexe, elle plaçait en toutes circonstances le débat d’idées sur les questions de fond.

Les communistes bretons lui doivent beaucoup et garderont longtemps le souvenir de cette grande dame qui fut une dirigeante nationale de leur parti.

Piero Rainero, ancien secrétaire départemental du PCF dans le Finistère, membre du CN et conseiller régional, adjoint au maire à Quimper.

Le 6 novembre 2023.

Francette Lazard est morte.
Petite-fille de Max Lazard, le fondateur de la banque Lazard, Francette Lazard, née en 1937, est issue d’une famille de la grande bourgeoisie: son grand père Max Lazard est le fondateur de la banque Lazard.
En 1940, et dès l’occupation de la zone libre par la Wehrmacht, son père rejoint la France combattante en Afrique du Nord. Réfugiée dans un premier temps à Carpentras (Vaucluse), la famille fuit les persécutions contre les juifs. Francette Lazard et sa grande sœur Claudine sont cachées au village cévenol du Chambon-sur-Lignon, devenu Juste parmi les nations. Quelques années après la Libération, les deux parents adhèrent au Parti communiste français (PCF). Elle-même milite à l’Union des jeunes filles de France (UJFF) et au PCF dès 1952.
Professeure agrégée d’histoire et géographie en 1960, Francette Lazard enseigne à Orléans, puis au Lycée Fénelon à Paris. Fortement impliquée dans l’activité de la Section économique de son parti, elle est élue au Comité central en 1969. Elle apporte sa contribution à la revue Économie & Politique dont elle devient rédactrice en chef adjointe en 1966.
Elle participe à la direction de l’hebdomadaire France nouvelle (1970-1976) avant d’être nommée rédactrice en chef adjointe de L’Humanité (1976-1979). Élue membre du bureau politique de 1979 à 1996, elle est chargée de créer l’Institut de recherches marxistes, dont elle est en 1979 la première directrice, puis anime le lancement d’Espaces Marx en 1995.
Une grande figure du PCF disparaît.
Catherine Vieu-Charier
Triste de cette nouvelle, la disparition de Francette Lazard. Je me souviens il y a une dizaine d’années d’avoir accompagné Francette et René Piquet autre grand dirigeant du PCF lors de la sortie de leur livre d’échanges : Les vérités du matin comme ils avaient choisi, non sans humour, de l’intituler était un regard croisé, un dialogue revenant sur leur parcours et leur engagement communiste respectif, échangeant sur les constats et enseignements du passé, ses échecs aussi comme sur la nécessité de poursuivre avec vigueur le combat pour l’émancipation. Ils se projetaient ainsi ensemble vers l’énergie d’un avenir qu’il nous revient de réenchanter. Ils n’étaient pas toujours d’accord, loin de là mais leurs débats étaient fraternels et si joyeux, un hymne à la vie et à l’engagement
Laurence Patrice

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