Xavier Compain a animé pendant l’Université du PCF à Angers un débat avec Jean Louis Durand , chercheur communiste à l’INRA, cégétiste , sur le thème « l’agriculture au défi de la transition écologique « .
A la Fête de l’Humanité, le samedi 16 septembre à 14h30, il animera un débat sur l’Alimentation, la Santé, l’Agriculture et l’Environnement sur le thème « Du danger dans nos assiettes. Pas de capitalisme sans casser des œufs ».
Parallèlement, dans le sillage de la vente solidaire de fruits et légumes à juste prix du 17 août des agriculteurs du MODEF et du Parti Communiste sur une centaine de points de vente, les communistes bretons présents sur la fête de l’Humanité au parc de la Courneuve organiseront un marché solidaire de légumes et de fruits bretons le samedi 16 septembre dans l’après-midi.
Voici une interview de Xavier Compain réalisée pour le journal du PCF Finistère du mois de septembre « Rouge Finistère » en lien avec le récent scandale des œufs contaminés au Fipronil
Xavier Compain, porte-parole du PCF Bretagne et responsable de la commission Agriculture-Pêche-Fôrets du PCF avec Martine Sellier, présidente de la CGT Indecosa
PAS DE CAPITALISME SANS CASSER DES ŒUFS !
3 questions à Xavier Compain, porte-parole du PCF Bretagne, animateur de la commission Agriculture-Pêche-Forêt du Parti Communiste. Sommes-nous sûrs de ce que nous consommons ?
Avec les poulaillers traités au Fipronil, pourtant interdit on a l’impression qu’une crise agro- sanitaire succède à une crise agro-sanitaire.
Cette crise dite du Fipronil (des poulaillers géants ont été désinfectés avec ce produit interdit) fait suite à d’autres crises dans des secteurs très différents les uns des autres… On a des alertes depuis des années. Souvenons nous de la « vache folle » entre 1996 et les années 2000, des épidémies de grippe aviaire qui traversent le globe, des lasagnes à la viande de cheval. N’oublions pas non plus les dommages collatéraux, qui touchent notre environnement : les marées d’algues vertes sur nos côtes, les pollutions au nitrate des cours d’eau. Si les crises s’enchaînent, c’est que peu de choses changent et que les changements, quand il y en a, prennent un temps fou ou sont partiels. Et je ne parle pas des décisions publiques contradictoires et brouillonnes. Tout cela n’est pas lié au hasard, au « pas de chance ». Le système de production est directement en cause. C’est un système à bout de souffle qui interpelle à juste titre.
C’est, comme on dit, un risque systémique ?
Oui. Bien sûr C’est le gigantisme des lieux de production, la standardisation des produits et des cultures, la spécialisation des exploitations, la course au profit, en amont des fournisseurs, en aval des distributeurs. Certains qualifient le système comme « industriel libéral ». Appelons un chat un chat et une poule une poule, c’est la marque même du système capitaliste. Reprenons le cas du Fipronil. Quand une exploitation accueille 30 000 poules, pondeuses ou non, bien évidemment la désinfection obligatoire des immenses locaux ne peut être confiée qu’à des entreprises de nettoyage industriel et/ou à des procédés de décontamination particulièrement agressifs. C’était le cas en l’espèce. Le développement sans limite des exploitations – 20 000 porcelets pour 980 truies gestantes là, 1000 vaches ici, 35 000 canards ailleurs – expose le cheptel entassé au moindre virus, à la moindre attaque bactériologique et favorise les réponses en « cides » : fongicide, insecticide, pesticide, et « aincide » de suite…
Xavier Compain, Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF et Nicolas Bonnet-Ouladj, président du groupe communiste des élu.e.s de Paris lors d’une vente solidaire de fruits et légumes, organisée par le PCF, place de la Bastille à Paris.
Alors ?? STOP… ou encore ?
Pour des raisons impérieuses qui intéressent l’emploi, le revenu des agriculteurs et la reconnaissance de leur savoir faire, la qualité alimentaire, l’aménagement du territoire, l’environnement, il est urgent de reconsidérer le modèle agricole qui nous a été progressivement imposé au tournant des années 70. Un modèle qui a démontré sa nocivité et son inadéquation avec les besoins humains. Nous n’en voulons plus. Le monde ne se divise pas entre je ne sais quels détenteurs des progrès techniques et les folkloristes, adeptes des sabots de bois et des sols en terre battue dont nous serions.
Nous travaillons à la promotion d’une agriculture paysanne capable de satisfaire en tout premier lieu les besoins locaux et nationaux, libérée des contraintes mortifères de la concurrence internationale, hautement qualifiée, notamment d’un point de vue agronomique, respectueuse des consommateurs et de ceux qui les nourrissent.
Propos recueillis par Gabriel Collorec.