Category: Mémoire PCF
Août 20 2024
120 ans du journal L’Humanité: un livre et une revue à se procurer de toute urgence auprès de la fédération et des sections communistes du Finistère
Maud Vergnol le rappelle dans son avant-propos: « l’Humanité est un combat quotidien. » Jaurès l’exprime aussi dans l’éditorial « Notre but » du premier numéro de l’Humanité le 18 avril 1904, il y a 120 ans, tout juste: « notre tentative serait vaine ou même dangereuse si l’entière indépendance du journal n’était point assurée… L’indépendance du journal est entière. Faire un grand journal sans qu’il soit à la merci d’aucun groupe d’affaires est un problème difficile mais pas insoluble ».
Un problème difficile auquel s’attellent les directions de l’Humanité depuis 120 ans, et les communistes depuis plus de 100 ans. La publication de Hors-série, de numéros spéciaux et thématiques de l’Humanité, de beaux livres édités par l’Humanité, l’élan militant pour la vente de l’Humanité et obtenir des nouveaux abonnements, les efforts des journalistes pour se mettre à la page et s’adapter aux contraintes économiques et aux nouveaux besoins du lectorat font partie de l’équation, tout comme les fêtes de l’Humanité, dont la réussite financière est une condition sine qua non de la survie du journal dans des conditions acceptables et de sa qualité, le rôle des CDH, créés en 1930, des amis et lecteurs de l’Humanité, des nombreux donateurs à la souscription, principalement des adhérents communistes, mais aussi beaucoup de sympathisants et lecteurs de l’Humanité.
Un nouveau beau livre collector grand format de 275 pages est consacré à sonder avec originalité et en laissant une part à la subjectivité et à la diversité des approches du journal et de l’histoire qu’il reflète l’immense histoire du journal l’Humanité: « l’Humanité, 1904-2024: 120 ans, 120 unes, 120 regards »
Ce livre est disponible auprès de la fédération du PCF Finistère qui en a acheté plusieurs en lot pour diminuer les frais de port pour les militants, et des sections du PCF Finistère, au prix de 39,90€
Sa vente et son achat contribuent bien sûr aussi grand à soutenir le journal l’Humanité. Notre journal, un des moyens au centre de nos luttes pour l’égalité et la dignité humaine.
On y trouve des textes éclairant et commentant des Unes de journal, une pour chaque année depuis 120 ans d’existence du journal, correspondant à de grands évènements historiques à l’échelle nationale ou mondiale, ou des évènements moins connus mais significatifs de basculements que l’Humanité a mis en valeur plus que d’autres journaux de presse quotidienne: ainsi, le lecteur lira avec beaucoup d’intérêt en miroir d’évènements et de unes de l’humanité des textes ciselés de Fabien Gay, actuel directeur de l’Humanité, et sénateur communiste de Seine Saint-Denis, de l’ancien directeur de l’Humanité et député européen Patrick Le Hyaric, de Marie-George Buffet, de Pierre Laurent, de Fabien Roussel, , les trois derniers dirigeants du Parti Communiste qui se sont succédé depuis 20 ans, de Raoul Hedebouw, député et président du PTB (Parti du travail de Belgique), de Claude Askolovitch responsable de la revue de presse de France Inter et écrivain, de Christiane Taubira, du fondateur du groupe Zebda Moustafa Amokrane, des historiens Serge Wolikow, Alain Ruscio, Guillaume Roubaud Quashie, Roger Martelli, Nicolas Offenstadt, Patrick Boucheron, du sportif Lilian Thuram, du journaliste Daniel Mermet, de la journaliste Hajar Raissouni, de la déportée juive rescapée d’Auschwitz Ginette Kolinka, de l’ancien ministre communiste de la Fonction Publique Anicet Le Pors, du comédien, journaliste et écrivain François Morel, de l’astronaute Thomas Pesquet, de Ariane Ascaride, du cinéaste chilien Patricio Guzman (sur le coup d’état de Pinochet contre le gouvernement de Salvador Allende), des écrivains Lyonel Trouillot et Joseph Andras, de l’ambassadrice de l’OLP et de Yasser Arafat Leïla Shahid, ou de l’actuelle ambassadrice de la Palestine en France Hala Abou Hassira, de l’écrivain et journaliste Sorj Chalandon (sur la mort de Bobby Sands), de Rony Brauman, Hubert Védrine, Ian Brossat, Clémentine Autain, François Ruffin, Cédric Villani, de l’humoriste Guillaume Meurice, de la sociologue Monique Pinçon-Charlot.
Les éditions de « l’Humanité » publient aussi sous forme de revue souple papier glacé de 121 pages et moins onéreuse complémentaire pour célébrer ses 120 ans: « Instantanés d’Humanité. 120 ans d’un journal engagé ». Il s’agit d’un regard d’historien coordonné par Alexandre Courbat et de journalistes sur le fonctionnement du journal l’Humanité, ses principes, son éthique, ses directions, sur son originalité dans le monde des médias, et sur la fête de l’Humanité. On y trouve aussi de nombreux documents d’archives magnifiques – photos, unes, qui montrent le lien du journal communiste avec la grande Histoire, à la fois témoin et acteur de cette Histoire du côté de la défense des dominés, des exploités, des damnés de la terre. Ce hors-série fait notamment la part belle aux engagements féministes et internationales, pour la paix et la décolonisation, du journal L’Humanité. Il est à vendre au prix de 9,90€ et la fédération du PCF Finistère en dispose là encore d’un nombre important d’exemplaires à disposition des camarades, sympathisants, lecteurs et amis de l’Humanité, ou tout simplement des passionnés d’histoire et de la presse.
Le livre et la revue Hors-Série ne font pas doublon mais se complètent très utilement et viennent aussi compléter sans redondance des livres tout aussi indispensables comme:
– La fête de l’Humanité, 80 ans de solidarité, de Valère Staraselski (Le Cherche Midi, 2010, 32€)
– « Un siècle d’Humanité 1904-2004 » sous la direction de Roland Leroy au Cherche-midi toujours (2004, 18€)
ou d’autres livres monographiques de Alexandre Courban, Georges Cadiou, consacrés respectivement à Gabriel Peri, Marcel Cachin, grandes figures de l’Humanité des années 1920-1930.
A l’heure où l’invasion des idées d’extrême-droite dans les médias menace gravement notre démocratie (à l’image de beaucoup d’autres pays et régions du monde), ce qu’ont traduit les élections européennes et législatives de juin et juillet 2024, il est nécessaire de rappeler combien l’Humanité avec sa triple exigence d’engagement pour la transformation de la société et la cause des plus démunis et des travailleurs face aux capitalistes, de qualité et d’émancipation par l’éducation populaire, d’indépendance journalistique vis-à-vis des puissances d’argent, et son ambition d’exprimer l’originalité du point de vue communiste sur la société et le monde dans un esprit d’ouverture, d’intelligence, de débat et de rassemblement pour être utile au peuple, est une exception française et un patrimoine inestimable à préserver et faire fructifier pour défendre à la fois la République sociale, les valeurs universelles de l’internationalisme et des droits humains, et notre démocratie face aux coups de boutoir des Bolloré, Sterin, Elon Musk et consorts, ces forces du Capital qui sont prêts à nourrir la « bête immonde » du fascisme et du racisme pour mieux servir leurs intérêts.
Ismaël Dupont, 18 août 2024
Août 20 2024
A Douarnenez, on célèbre les 100 ans de la grève des sardinières
A Douarnenez, on célèbre les 100 ans de la grève des sardinières
Autour d’un tableau de Charles Tillon : la révolte des sardinières
Depuis le 6 juillet, et jusqu’au 1er février 2025, on peut aller découvrir gratuitement au port-musée de Douarnenez une très belle exposition sur la révolte des sardinières.
On y trouve plusieurs kakemonos explicatifs très bien faits avec des éclairages d’historiens et de nombreuses photos d’époque, dont certaines du fonds personnel de l’ancien maire communiste Michel Mazéas (1928-2013), par ailleurs prof d’histoire, à l’origine de l’aménagement du Port-Rhu et de la création du Port-Musée (1993), des reproductions d’archives de la presse communiste et régionale, des enregistrements sonores, faits en 1977, d’ouvrières, actrices du mouvement social, par Nicole Le Garrec (« Des pierres contre des fusils », « Avoir vingt dans les Aurès », avec René Vautier), des costumes d’ouvrières de l’époque de Douarnenez et du pays bigouden.
Le centre de cette exposition conçue par une équipe pluridisciplinaire avec notamment Sarah Chanteux, la directrice par intérim du port-musée, sur une idée originale de Kellig-Yann Cotto, avec le soutien de Fanny Bugnon, maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université de Rennes 2, spécialiste des questions de genre dans le rapport au pouvoir, à la politique et au mouvement social, autrice d’une biographie remarquée de Joséphine Pencalet, une des premières femmes élues en France (1925), présentée par le parti communiste à Douarnenez, est le prêt et la présentation du tableau « La révolte des sardinières » (1926).
Appartenant au musée de Bretagne de Rennes, c’est le tableau célèbre d’un peintre amateur, le rennais Charles Tillon, futur grand résistant et dirigeant communiste à l’origine du premier appel du 17 juin 1940 à la Résistance intérieure « luttant contre le fascisme hitlérien (…) pour l’indépendance nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes » et de la création des FTP, et trois fois ministre communiste (de l’Air, de l’Armement, de la Reconstruction et de l’Urbanisme) dans les gouvernements issus du CNR à la Libération.
Sorte de réplique bretonne en mode mineur du « Il Quarto Stato » (« le quatrième état » : le prolétariat), du peintre Giuseppe Pellizza, qui se suicidera en 1907, immense tableau réaliste présent au musée Novecento de Milan, on y voit une foule résolue d’ouvrières bretonnes en coiffes blanches porter fièrement le drapeau rouge en avançant vers nous le long de la grève, se détachant progressivement à l’arrière-plan et en queue de cortège d’une falaise, comme si leur force venait du granit, celui dont on forge les têtes dures des « Penn sardin ».
Charles Tillon ne fit pas peu pour rappeler la nouveauté et la fécondité des grèves gagnantes des sardinières finistériennes de 1924 à 1927 dans son livre : « On chantait rouge » (Robert Laffont, 1977).
En novembre 1924, quand commence la grève des sardinières de Douarnenez, pour gagner 5 sous supplémentaires (une augmentation réclamée de 25 centimes par heure : passer de 80 centimes de l’heure à 1,05 pour les ouvrières), Charles Tillon a 27 ans.
Ajusteur à l’arsenal de Brest en 1916, il s’est embarqué comme matelot mécanicien sur le croiseur « Guichen ». En 1919, par solidarité avec la révolution bolchevique que combat l’armée française, il provoque une mutinerie sur le « Guichen » en Méditerranée. Il est condamné au bagne pour 5 ans et envoyé au Maroc. Bénéficiant finalement d’une amnistie comme les mutins de la mer Noire, il devient ouvrier ajusteur à Nantes, puis adhère au Parti Communiste en 1921. Adhérent à la CGT, il soutient la scission avec la création de la CGTU en 1923 et devient permanent de la CGTU en 1924.
La grève des sardinières de Douarnenez constitue sa première grande mission sur le terrain pour organiser un mouvement social, avec pour associées l’institutrice savoyarde féministe, antimilitariste et communiste de la CGTU Lucie Colliard, puis Alice Brisset qui succédera à cette dernière.
Charles Tillon continuera son œuvre de « gréviculteur » comme il le disait dans la revue Bretagnes dans un très bel entretien accordé en 1978 au regretté journaliste morlaisien et militant syndical Michel Kerninon, l’organisation du mouvement de lutte des ouvrières bretonnes et pêcheurs à Lesconil et dans tout le pays bigouden en 1925 et 1926 : le tableau est d’ailleurs inspiré d’une photo noir et blanc d’une manifestation de sardinières bigoudènes à l’été 1926 entre le port de Lesconil et celui du Guilvinec. Charles Tillon accompagnait les 60 ouvrières chantant l’Internationale en cortège auprès des murets de pierre de la côte bretonne*.
Saluez, riches heureux
« Saluez, riches heureux
Ces pauvres en haillons
Saluez, ce sont eux
Qui gagnent vos millions »
Cette chanson anarchiste de la Belle époque est restée attachée au mouvement de grève des ouvrières de la sardine à Douarnenez, des sardinières ayant été licenciées après avoir chantée à l’usine cette chanson de lutte que leur avait apprise Charles Tillon. Cette chanson interdite, bréviaire de lutte des classes, contre l’exploitation capitaliste, deviendra une sorte d’« hymne national » douarneniste. Elle fut aussi connue et prisée des ouvrières bigoudènes.
Rembobinons un peu …
Dans le sud du Finistère, les années 1920 ont été marquées par de grands conflits sociaux dans l’univers de l’industrie de la sardine. Déjà, au tout début du siècle, les ferblantiers se sont mobilisés pour défendre des revendications salariales. Ils n’ont pas obtenu les résultats espérés. En revanche, entre 1905 et 1910, les ouvrières de conserverie du littoral finistérien exigent d’être payées à l’heure et non plus au rendement et au mille de sardines travaillées. Elles obtiennent gain de cause. Première victoire. Douarnenez, haut lieu de l’essor de la conserverie de poisson en Europe, est donc déjà une ville de lutte.
Il y avait à Douarnenez 2100 employés des conserveries, dont 1600 femmes. Celles-ci, vêtues de longues jupes épaisses et de sabots, pouvaient travailler jusqu’à 18 heures par jour sans interruption, rentrant chez elles à minuit pour être rappelées parfois à 4 heures du matin, quand la flottille de pêche rentrée au port déchargeait sa cargaison.
Douarnenez, port communiste de Bretagne depuis 1921
Quand s’engage la révolte des sardinières, Douarnenez, premier port sardinier de France depuis 1850, et premier site de mise en boîtes de sardines depuis le début du 20e siècle, travaillant en connexion avec le capitalisme et la métallurgie de la région nantaise, est déjà ce que l’Humanité de l’époque appelle un « port rouge ». Sa dépendance à la mono-industrie de la pêche rend la ville sensible aux crises de misère liées à la conjoncture économique.
En mai 1921, Sébastien Velly, tapissier, condamné par le conseil de guerre de Nantes en août 1917 pour désertion à deux ans de travaux forcés, trésorier de la nouvelle section communiste de Douarnenez, est élu maire de Douarnenez par le Conseil Municipal contre la tête de liste qui vient d’emporter les élections partielles, Fernand Le Goïc, professeur à Nantes, à qui l’on reproche son hostilité à l’adhésion à la IIIe Internationale et sans doute aussi sa présence insuffisante dans sa ville.
Douarnenez fut donc une des premières municipalités françaises à faire élire un maire communiste. Même si en Bretagne et dans le Finistère, le premier maire communiste est bien Louis Jacques Lallouet, maire de Huelgoat, ancien élu SFIO ayant fait le choix de l’Internationale communiste dès 1921.
Sébastien Velly prend des mesures symboliques : en août 1922, il fait baptiser une rue « Louise Michel » : cela devient une véritable affaire qui oppose gauche et droite et qui débouche sur un refus du ministre de l‘Intérieur. Les conservateurs ironisent : « Quant à Pasteur, on verra plus tard, quand on aura épuisé le calendrier rouge. Il reste encore Lénine, Trotski et quelques autres… ».
Le 18 juillet 1924, Sébastien Velly meurt d’une tuberculose galopante.
C’est Daniel Le Flanchec, ancien ouvrier et employé municipal, passé par l’anarcho-syndicalisme à Brest avant de rejoindre le parti communiste, qui est élu maire de Douarnenez en octobre 1924.
Il était depuis 1923 le secrétaire fédéral du PCF dans le Finistère.
Pemp real a vo ! (« 5 sous il y aura ! »)
Cette « grève de la misère » éclate donc pour obtenir un salaire horaire de 1,05 francs pour les ouvrières au lieu des 80 centimes payés, et s’étend aux vingt usines implantées dans la ville. 25 centimes d’augmentation, à rapporter aux prix de l’époque. Un kilo de pain valait 1,60 franc, la douzaine d’œufs 9 francs, le kilo de bœuf 23 francs. Le personnel des conserveries était sous-payé et les femmes à travail égal gagnait 40 % de moins que les hommes qui gagnaient 1,30 francs de l’heure. La grève, portée à 70 % par des femmes, voulait porter le salaire à 1,50 francs de l’heure pour les hommes.
Ces salaires sont près de trois fois inférieurs au salaire moyen des ouvriers au niveau national. Beaucoup de femmes et de familles vivent à crédit, tout en travaillant à la chaîne au gré des arrivages 10 à 14 heures par jours pour une paye minuscule versée par des industriels dont même le ministre du travail dira dans sa rencontre à Paris avec une délégation d’ouvriers et de sardinières emmenés par la syndicaliste Lucie Colliard en décembre 1924 qu’ils sont « des brutes et des sauvages ».
La réglementation du travail n’est pas appliquée : les heures de nuit ne sont pas majorées, le droit syndical n’est pas respecté, ni le code du travail avec notamment ce qu’il contient de garanties pour la protection de l’enfance. Dans les usines ni chauffées ni isolées, à même la terre battue, les filles d’usines enchaînent les heures de travail dans des conditions désastreuses, sous l’autorité intransigeante des contremaîtresses. Beaucoup d’entre elles sont malades.
Le 21 novembre 1924, un patron refuse de recevoir des ouvrières exténuées. Cet évènement met le feu aux poudres.
Elles vont être une centaine à se mobiliser immédiatement, avec 40 manœuvres de l’usine métallurgique Carnaud qui débrayent avec elles, suivies par d’autres les jours suivant dans les 20 conserveries de la ville aux côtés de leurs maris, artisans-pêcheurs, de leur maire. Une lutte de 7 semaines et 46 jours de grève générale s’engage, rythmée par des manifestations et des meetings, où s’expriment de nombreux dirigeants nationaux du PCF et de la CGTU venus sur place. 2000 grévistes sont recensés, aux trois quart des femmes. Le 26 novembre, un comité de grève se met en place sous l’impulsion des cadres communistes de la CGTU venus organiser le mouvement et unifier ses revendications.
Les réunions publiques du soir regroupent de 2000 à 4000 participants. Des soupes populaires et caisses de solidarité sont organisées par la CGTU, le PCF, la mairie. On y distribue jusqu’à 2000 repas. Les vivres proviennent de dons de toute la France. En décembre, les marins rejoignent le mouvement, en soutien à leurs femmes, et donnent une partie de leur pêche au comité de grève.
Le syndicat des usiniers refuse d’aller à la négociation, dénonçant une « grève communiste, révolutionnaire, politique », sauf Mme Quéro, propriétaire d’une usine qui accorde satisfaction à certaines revendications des ouvriers en lutte en décembre.
La lutte douarneniste est spectaculaire et symbolique, notamment parce que des femmes et des travailleuses en sont le fer de lance.
Charles Tillon, permanent régional de la CGTU est à la manœuvre. Le PCF missionne aussi d’autres cadres dirigeants, comme Lucie Colliard et Marie Le Bosc. L’implication politique de ces deux femmes marque d’autant plus les esprits qu’elles ne sont pas citoyennes c’est-à-dire qu’elles n’ont pas le droit de vote.
Mais dans le port sardinier, ce sont bien les femmes qui sont en première ligne : au comité de grève elles sont 6 sur 15 membres. Parmi les responsables communistes, le Breton Marcel Cachin, directeur de l’Humanité, député communiste de la Seine, vient en décembre 1924 apporter « le salut de la classe ouvrière parisienne pour la grève si sympathique des sardinières ». Il dira aussi : « Là où est la femme est la victoire ».
Le maire communiste est aux côtés des grévistes : Le Flanchec défile en tête de cortège, ceinturé de son écharpe tricolore, et l’Internationale en bouche. Le maire met en place un fonds de chômage. Mais les patrons de conserverie ne veulent rien lâcher. Deux d’entre eux financent l’intervention violente de briseurs de grève. Le 1er janvier 1925 ces hommes tirent sur le maire : une balle lui traverse la gorge. La presse militante s’écrie : « On a voulu tuer notre camarade Le Flanchec et l’on voulait aussi tuer la grève ». L’émotion est très forte au plan national. On en débat à la Chambre des députés. Des députés de gauche criant : « Assassins ! », « Assassins ! », ceux de droite répondant : « Nous ne laisserons pas saboter la République ».
L’Humanité, dont un journaliste, Daniel Renoult, est sur place à Douarnenez depuis décembre pour suivre le conflit social au jour le jour, titre début janvier à la Une: « A Douarnenez : première « flaque de sang fasciste » ». La quasi totalité de la Une, reproduite à l’entrée de l’exposition, est consacrée à la description de la « Journée sanglante » à Douarnenez, à la description de la misère des ouvrières et pêcheurs de Douarnenez, et à l’appel de la CGTU à l’action de l’État pour faire plier les patrons d’usine.
Le Flanchec sort de l’hôpital le 5 janvier 1925. Plus de 1500 grévistes l’escortent jusqu’au centre-ville au son de l’Internationale.
Le préfet exige finalement des industriels une sortie du conflit : le 8 janvier les revendications salariales sont satisfaites. Le lendemain, les usiniers acceptent les mêmes conditions négociées dans l’usine de Madame Quero, la première patronne a avoir satisfait une partie des revendications des ouvriers en décembre : une augmentation de 20 centimes de l’heure, la majoration des heures supplémentaires et des heures de nuit, le respect du droit syndical ainsi que l’interdiction du renvoi du personnel gréviste.
La ville est en fête. Une gigantesque manifestation est organisée sur le port du Rosmeur. Le travail reprend le 8 janvier.
La grève des sardinières chantant « Pemp real a vo ! » est aussi le symbole de l’engagement citoyen et social autonome des femmes pour leurs droits, même si l’on n’est pas encore sur une revendication d’égalité salariale absolue, ce qu’aurait souhaité Lucie Colliard (cette grève féminine inspiratrice du féminisme n’est pas encore à proprement parler une grève féministe) mais aussi de la fin d’une résignation qui n’est plus de mise face aux magnats de l’industrie qui emploient et exploitent, les grandes dynasties industrielles comme Chancerelle ou la famille Béziers représentant une bourgeoisie vivant dans le luxe et l’ostentation. Appuyées par un clergé très réactionnaire, qui pesait encore beaucoup en Bretagne sur les consciences, elles dominaient un large prolétariat d’ouvriers et d’ouvrières des conserveries, et de marins pêcheurs.
Ces semaines de lutte, relayées au plan national, sont un succès pour le jeune PCF et la CGTU. Douarnenez est désormais un phare du communisme en France. Son maire, devenu célèbre, est autant admiré des marins et des usinières qu’il est détesté des puissants. L’élection municipale de 1925 se transforme en plébiscite en faveur de Le Flanchec. Le Flanchec a incarné, de 1924 à 1940, un communisme municipal original faisant honneur à la réputation douarneniste de « turbulence et d’audace téméraire » (Michel Mazéas). La suite est plus complexe. Électron libre en position tendue avec la direction départementale et régionale du PCF dès le début des années 1930, il est exclu en 1937 et rejoint le parti de Doriot, le PPF. Resté patriote, après avoir symboliquement refusé de retirer le drapeau tricolore de l’Hôtel-de-ville de Douarnenez à l’arrivée des troupes allemandes, il est destitué comme maire de Douarnenez. En 1941, après avoir été dénoncé par sa compagne, une comtesse collaborationniste, pour « propagande communiste », Daniel Le Flanchec est arrêté. Il est déporté par les Allemands en mars 1944 et il meurt en camp de concentration dans des conditions mystérieuses, peut-être exécuté par la résistance communiste du camp.
Au final, ces luttes sociales et politiques auront néanmoins ancré pour longtemps le communisme à Douarnenez et ouvert la voie, après-guerre, à ses maires PCF : Joseph Pencalet, Yves Caroff, Joseph Trocmé et surtout à Michel Mazéas qui dirigea la ville de 1971 à 1995.
A la suite du mouvement de grève, Joséphine Pencalet, ouvrière mobilisée dans la grève, est présentée en quatrième position sur la liste communiste (Bloc ouvrier et paysan) aux élections municipales et élue conseillère municipale en mai 1925. L’élection de Joséphine Pencalet fut annulée par arrêté préfectoral le 16 juin 1925, décision confirmée cinq mois plus tard par le Conseil d’État. Signalons que la décision du Conseil d’État du 27 novembre 1925 concerna également l’annulation de l’élection de Charles Tillon pour non-résidence à Douarnenez.
On peut saluer dans cette exposition un très bel éclairage sur l’histoire sociale de la ville de Douarnenez, et plus généralement des ports ouvriers du sud-Finistère, avec une mise en avant particulière de l’histoire ouvrière et du rôle des femmes dans celle-ci, mais aussi une reconnaissance tout à fait significative du rôle joué par les militants communistes pour ces luttes pour la dignité au travail et l’émancipation des ouvriers et des femmes.
Ismaël Dupont,
* A Michel Kerninon, qui m’a fait découvrir cette interview il y a quelques années pour la publier dans le Chiffon Rouge, dans la revue Bretagnes, en 1978, il dit avec passion l’importance dans sa vie de ces combats avec les pêcheurs et les ouvrières du pays Bigouden et de Douarnenez:
« J’ai donc appris à devenir ce que le « Comité des Forges » de l’époque appelait un « gréviculteur ». La plus belle des grèves, la plus héroïque et la plus empreinte de sentiment populaire fut certainement pour moi la grève de Douarnenez. Alors j’en ai fait d’autres, au milieu de ceux qui parlaient la langue bretonne, je suis vraiment devenu non seulement un Breton de la région des fortifications qui défendaient la Bretagne autrefois, c’est à dire de l’Ille-et-Vilaine mais de cette Bretagne plus profonde, moins connue et si vivante, celle du Finistère, des Côtes-du-Nord, cette Bretagne « qui va au-devant de la mer » (…) En Bretagne, « il y avait une grande misère, le long des côtes surtout. Pour le reste, il n’y avait pratiquement pas d’industrie. Sur la côte, la pêche nourrissait l’industrie de la conserve; à la fois la pêche du 19e siècle et le début d’une industrialisation de la conserve. Les pêcheurs étaient des artisans. Ils allaient à la mer et ne connaissaient qu’elle. Mais, à terre, ils se défendaient mal. Les tempêtes ne leur faisaient pas peur, mais ils restaient désarmés devant les préfectures et leurs moyens de police. Soutenus par l’appareil d’État, les acheteurs s’entendaient pour contraindre les pêcheurs à vendre le moins cher possible. Mais voilà bientôt qu’en Bretagne, la grande grève des usines de Douarnenez rayonnait de la juste fierté d’avoir vaincu le patronat le plus rapace qu’on puisse trouver puisqu’il avait osé aller jusqu’à l’organisation du crime pour terroriser la population et faire tuer, s’il l’avait pu, le maire communiste Le Flanchec! Avant la grève, les pêcheurs n’étaient pas syndiqués, il fallait donc organiser dans le même syndicat le patron de la barque qui gagnait un peu plus, et ses matelots, ses compagnons de tempêtes et de souffrances. Ce n’était pas simple et c’est sans doute pourquoi il n’y avait pas eu, jusque là, de syndicat durable. Mais les femmes avaient le leur. Et la fierté qui les avaient animées gagnait en 1925 tous les ports de Bretagne. La colère déferlait parmi les ouvrières les plus exploitées, comme à Pont-l’Abbé ou à Concarneau, où une jeune fille d’usine sur quatre ou cinq était tuberculeuse… Le mouvement victorieux des femmes d’usine a entraîné les pêcheurs à mieux prendre conscience de leurs droits, et qu’en labourant la mer, ils étaient la source de tout. Mais le patronat de la côte aussi s’organisait. Et, au lieu de petits syndicats locaux, les patrons jusqu’à Saint-Jean-de-Luz, s’unissaient en un énorme Comptoir d’achat soutenu par le Comité des armateurs de la marine marchande et par l’Administration maritime. Alors commença leur grande offensive pour rationaliser l’industrie de la pêche, pour exporter des capitaux et des usines au Portugal, au Maroc, là où les salaires sont les plus misérables. Une « révolution » sur le dos des salariés et qui dure encore.. Nous avions été heureux pendant deux ans. Mais viendraient les défaites! Rationaliser l’industrie de la pêche pousserait à rationaliser l’industrie de la conserve. Aussi, commençait une autre histoire de la mer… »
(Charles Tillon, entretien avec Michel Kerninon dans la Revue « Bretagnes. Littérature. Art. Politique », daté de mars 1978, dont le siège se trouvait à Morlaix, impasse de la Fontaine-au-lait)
A lire aussi sur le Chiffon Rouge:
1978: Charles Tillon revient sur sa traversée du siècle et ses engagements avec Michel Kerninon dans la revue Bretagnes n°8 : Désenchaîner l’espérance
1920-2020: 100 ans d’engagements communistes en Finistère: 34/ Michel Mazéas (1928-2013)
1920-2020: 100 ans d’engagements communistes en Finistère: 39/ Sébastien Velly (1878-1924)
1920-2020: 100 ans d’engagements communistes en Finistère: 40/ Joséphine Pencalet (1886-1972)
1920-2020: 100 ans d’engagements communistes en Finistère: 41/ Daniel Le Flanchec (1881-1944)
Juin 13 2024
Commémoration, 15 juin 2024: il y a 80, les fusillés de Lesconil
1944 le fascisme est là.
2024 : 80 ans après coupons lui la route : Front Populaire !
N’oublions pas.
Gaston Balliot
Avr 19 2024
Une voix puissante et nécessaire pour tous les combats d’émancipation : L’Humanité a 120 ans (PCF, 18 avril 2024)
Une voix puissante et nécessaire pour tous les combats d’émancipation : L’Humanité a 120 ans
En avril 1904, Jean Jaurès proposait un nouveau journal pour porter haut la volonté de paix face au « chaos de nations hostiles et blessées », la lutte impérieuse contre « l’oligarchie capitaliste ».
Tenant le flambeau de « notre grand communiste Babeuf », il créait un journal se proposant, par le travail et par l’enquête, par l’analyse, le souci du débat et de la vérité, de combattre « le préjugé, l’injustice et le mensonge ».
Il fondait un journal pour contribuer à ce qu’advienne l’humanité même.
Contemplant les 120 années écoulées, chacun pourra juger combien féconde fut cette initiative. Au feu de l’action, en dépit des risques pour ses équipes – parfois extrêmes – et des difficultés financières – toujours présentes, sans soutien de grand groupe capitaliste –, L’Humanité a porté cette voix du monde du travail et de la création.
Libre journal de création communiste, indépendant des puissances de l’argent, il est un organe de presse absolument singulier dans le paysage médiatique national et européen. Les communistes et le camp progressiste tout entier y trouvent cette indispensable matière à information et à réflexion, à l’heure où le pluralisme de la presse est toujours plus menacé.
L’Humanité a 120 ans, l’âge des plus âpres luttes de classes. Dans notre monde martyrisé par un capitalisme sénile, elle est pourtant d’une jeunesse éblouissante à l’image de ce qui demeure, en 1904 comme en 2024, « notre but » et notre combat quotidien : la réalisation de l’humanité.
Parti communiste français,
Paris, le 18 avril 2024.
Avr 17 2024
Hommage à Edouard Mazé ce mercredi 17 avril 2024 devant la maison du Peuple de Brest
Ce mercredi 17 avril à Brest, la CGT, le PCF et le MJCF célébraient la mémoire de notre camarade Edouard Mazé tué par les gendarmes lors de la répression d’une manifestation à Brest en 1952 dans un contexte de guerre froide.
Avr 17 2024
Jeudi 11 avril la section PCF du pays de Quimper recevait Gérard Streiff aux Halles St François dans le cycle des conférences de Quimper Rouge
Avr 07 2024
Venue de Gérard Streiff pour présenter son « Missak et Mélinée Manouchian: Un couple en Résistance » dans le Finistère en avril 2024
Notre camarade Gérard Streiff, auteur de l’excellent « Missak et Mélinée Manouchian – Un couple en résistance » (l’Archipel, janvier 2024, 21€) sera dans le Finistère à l’invitation des sections PCF à:
- Quimper le jeudi 11 avril, 18h
- Morlaix le mardi 23 avril, 18h – Mardi de l’éducation populaire PCF Morlaix
Retenez les dates.
Mar 31 2024
Triste nouvelle: décès de notre camarade de Concarneau Raymond Tézé
Cher.e.s Camarades,
Nous avons appris hier, le 30 mars 2024, avec sa petite-fille la triste nouvelle du décès de Raymond Tézé, un camarade de la section du PCF Pays de Concarneau qui avait auparavant milité à la section de Quimper.
La fédération exprime toutes ses condoléances à sa famille, ses amis, ses camarades. Et exprime aussi sa reconnaissance à Raymond pour ses années d’engagement au service de la justice sociale et d’égalité des droits et d’un avenir meilleur pour tous, et notamment nos concitoyens les plus défavorisés.
Piero Rainero, ancien secrétaire fédéral du Finistère, nous rappelle quelques souvenirs sur Raymond Tézé:
« J’ai bien connu Raymond Tézé qui avait rejoint la section de Quimper au début des années 80. Il avait été membre du comité de section de Quimper avant de s’installer à Concarneau. C’était un camarade très présent et constructif dans la vie du parti avec qui j’aimais beaucoup m’entretenir.
Il aimait souvent venir parler avec moi à la fédé. Je me souviens de ses appels téléphoniques : » Tu es disponible ? Je passe à la fédé ». Et nous dialoguions ainsi pendant un bon moment en toute liberté avec un plaisir partagé. Les questions sociales, la place faite à la jeune génération dans notre société par le pouvoir, la course dangereuse et ruineuse aux armes atomiques, la montée de l’extrême -droite qui s’annonçait alors le préoccupaient beaucoup.
Raymond était toujours présent, toujours disponible, sa réflexion et ses expériences militantes diverses nous ont manqué lorsqu’il a dû réduire ses activités.
Raymond avait été aussi un ami de Pierre le Rose.
Toutes mes condoléances à sa famille et aux camarades de Concarneau. »
Mar 08 2024
Jeudi 7 mars 2024: photos de l’hommage organisé par la CGT et le PCF à Pierre Sémard en gare de Brest, discours de Jean-Christophe Hamon pour la CGT Cheminots
Hommage à Pierre Sémard 2024
Discours de Jean-Christophe Hamon pour la CGT Cheminots
Camarades, ami.es, collègues, Mesdames et Messieurs les élus.
C’est toujours avec beaucoup de recueillement, de ferveur, de gratitude que les Cheminotes et Cheminots commémorent le 7 mars.
Je vous remercie donc au nom du syndicat CGT des cheminots de Brest / Landerneau et de sa section Retraités, de votre présence aujourd’hui afin de rendre hommage à l’un des nôtres, Pierre Sémard, devant cette stèle, lieu de recueillement.
Cette année, peut-être plus encore que les précédentes, commémorer Pierre Sémard relève d’une brûlante actualité.
Après la panthéonisation des Manouchian, des vingt et trois étrangers morts pour la France, la paix et la liberté le 21 février 2024. Vingt et trois étrangers et nos frères et sœurs pourtant.
Le 21 février 1944, les membres des FTP-MOI (Les Francs-tireurs et partisans – main-d’œuvre immigrée) seront fusillés. Avec Missak et Mélinée Manouchian, c’est toute la Résistance cégétiste, communiste, et étrangère qui se voit honorée à la hauteur de son sacrifice pour libérer la France.
2 ans plus tôt, Il y a 82 ans c’est si peu à l’échelle de l’Histoire. Et pourtant, mesurons à quel point dans une si courte période certains repères pourraient aisément s’effacer si nous n’étions pas suffisamment attentifs.
Pierre était cheminot, engagé au parti communiste français, résistant de la seconde guerre mondiale, mais aussi Secrétaire de la Puissante fédération CGT des Cheminots, notre Fédération.
Cette année, honorer Pierre Sémard relève d’une actualité à soigner. Elle nous relève et nous fait prendre de la distance face aux matraquages fabriquant de la peur, du repli sur soi et un avenir obturé.
Les historiens et ses compagnons de route ont coutume de dire de cet homme qu’il était un visionnaire parce qu’il fut parmi ceux qui ont écrit les 1ères pages d’une conception moderne du syndicalisme.
Il prônait déjà le rassemblement des salariés et la dimension unitaire à donner aux luttes comme dimension indispensable à la construction du rapport de force.
C’est à partir de son étude sur l’environnement politique, économique et social, qu’il a porté la nécessité d’un syndicalisme qui doit garder son indépendance vis à vis des partis politiques tout en précisant avec beaucoup de clairvoyance qu’indépendance ne signifie pas neutralité.
Il est livré par l’État français de Vichy et la bourgeoisie collaboratrice, à la barbarie des forces nazies.
Il est fusillé le 7 mars 1942, à Évreux à l’âge de 55 ans. C’était il y a 82 ans.
Nous pensons que ses idées avant- gardistes étaient guidées avant tout par des valeurs profondément humaines.
Cet homme était surtout animé par la volonté de voir se construire une société sur les bases de la Paix, de la justice, de la démocratie, de la solidarité entre les hommes et les peuples, du respect de l’être humain et de son travail.
Ces valeurs manquent cruellement dans la situation que nous vivons actuellement.
Pierre Sémard demeure à jamais le symbole de la Résistance des Cheminots.
Cet homme représente encore à notre sombre époque une référence dans la lutte que nous menons pour plus de justice sociale et surtout pour la Paix.
Il s’agit de faire en sorte que ceux qui comme lui sont morts pour défendre nos idéaux nous servent de guide.
C’est faire œuvre utile pour les générations présentes et à venir d’entretenir la mémoire de ceux qui ont défriché la Terre où nous sommes.
Nous pouvons constater combien les idées pour lesquelles il s’est battu sont toujours d’actualité surtout pour son combat pour imposer la Paix.
Alors que la Guerre fait rage sur le continent européen, et au Proche-Orient, il est des valeurs qui doivent guidées notre quotidien, tel un phare éclairant de sa lumière les dangers proches et imminents.
Nous sommes en responsabilité pour imposer la Paix, partout dans le monde, dans chaque endroit de la planète.
Nous avons l’obligation de protéger tous les peuples de la barbarie, de la bestialité de certains.
Attention chers camarades, quelques fois les thèses racistes, xénophobes, homophobes, sexistes peuvent pénétrer notre propre camp par ignorance, parce qu’elles sont prononcées dans des discours populistes volontairement banalisées.
Nous nous devons d’être très attentifs.
La perte de repères historique et politiques conduit parfois à des raccourcis et à des dérives graves. Nous devons être fermes et intransigeants sur ces questions-là.
Le devoir de mémoire et de transmission de la connaissance des faits est indispensable pour lutter contre l’oubli et les révisions de l’Histoire.
Les Cheminots sont porteurs d’esprit de Solidarité et de lutte, valeurs qui structurent de manière prépondérante une conscience de résistance reconnue historiquement et politiquement.
Dans sa dernière lettre, Pierre s’adresse aux cheminots et aux français en ces mots :
« Une occasion inespérée me permet de vous transmettre mon dernier mot puisque dans quelques instants je serai fusillé.
J’attends la mort avec calme, ma dernière pensée est pour vous camarades de lutte.
Je meurs avec la certitude de la libération de la France.
Dites à mes amis les cheminots qu’ils ne fassent rien qui puissent aider les nazis.
Les Cheminots me comprendront, ils m’entendront, ils agiront, j’en suis convaincu.
Adieu chers amis, l’heure de mourir est proche. Mais je sais que les nazis qui vont me fusiller sont déjà vaincus et que la France saura poursuivre le combat »
Quelle lucidité et quelle clairvoyance dans ses dernières paroles. Elles ont une résonance particulière aujourd’hui.
Les cheminots ont entendu son appel, multipliant les actes héroïques durant la guerre. Il est toujours bon de s’en souvenir.
Rappelons que notre corporation a payé un lourd tribu à la Paix, à l’Indépendance et à la liberté puisque 8938 cheminots y laissèrent leur vie, 15 977 ont été blessés pour fait de Résistance et 1157 sont morts en déportation.
Ce combat est encore et toujours d’actualité. Pas contre un occupant mais pour l’instauration d’un monde plus juste, plus solidaire, plus démocratique, passant par une autre répartition des richesses, bref un monde meilleur, donc plus heureux.
Souvent comme militant de la CGT, lorsque nous nous plongeons dans l’histoire et la vie des camarades durant cette période, une question nous vient à l’esprit :
Qu’aurions nous fait à leur place ? Et eux que feraient- ils aujourd’hui à notre place ? Surtout dans la période que nous traversons.
Que ferait Pierre Sémard face à la tentative de reprise en main par le Capital de ce bien démocratique, ce bien social, ce bien économique, ce bien industriel qu’est l’Entreprise publique nationale SNCF ?
Artisan du regroupement des diverses sociétés de transport par chemin de fer, contribuant à la fondation unique et nationale de la SNCF, il disait entre autre :
« Ce que nous devons défendre, ce n’est pas le profit capitaliste du rail et des transports, mais ce sont les commodités et les besoins des usagers !!!
Ce que nous défendons dans le chemin de fer, c’est un grand service public qui devrait être au service de la collectivité et non au service d’une oligarchie financière. »
Certains dirigeants et responsables politiques seraient bien inspirés d’y réfléchir !!!
C’est le sens du combat de Pierre Sémard pour le Service Public et le progrès social que certains essaient de démolir.
Alors qu’il coule dans les veines du Monde, en Europe et aussi en France, un venin de couleur brune, comme si aucune leçon n’avait été retenue de l’Histoire, l’arrivée aux portes du pouvoir de partis de droite extrême nationaliste est une réalité qu’il nous faut prendre en compte pour ne pas retomber dans les atrocités qui ont marquées, marquent encore et marqueront encore pour longtemps des générations entières.
Oui mes camarades, la Bête immonde n’est pas morte !
Les serviteurs les plus zélés du monde des affaires de la Finance et du Patronat poursuivent leur campagne contre les travailleurs, les exclus de l’emploi, les retraités.
Et certains dirigeants politiques vont encore faire la part belle à la destruction du programme du Conseil National de la Résistance. Et tous les moyens sont bons pour y parvenir.
Déni de démocratie, répressions et criminalisation des syndicalistes, censure des citoyens et des représentants élus du peuple.
Dans la période actuelle, au-delà du souvenir, rappelons-nous ses engagements.
Ils sont précieux pour refuser l’inacceptable banalisation dessinée par les médias aux élections !!!
Le devoir de mémoire et de transmission est indispensable pour lutter contre l’oubli et les tentatives de certains à réécrire l’Histoire.
Il est crucial dans cette période trouble, de rappeler que face à certaines idées, à ses propos, ses agissements, la Gauche politique, associative et syndicale doit continuer à être vigilante et combative partout et à chaque instant.
Pour la CGT, il s’agit de réaffirmer clairement nos valeurs de tolérance, d’humanité, de solidarité, de fraternité et de Paix dans le monde.
Les cheminotes et cheminots et la CGT constatent le balai incessant des camions, la congestion routière, la multiplication des pollutions et des accidents de la route.
Alors donnons au transport ferroviaire la dimension publique indispensable au développement de la Nation répondant aux besoins de la population et associer à cette dimension l’exigence d’un statut et d’une protection sociale de haut niveau pour tous les salariés du rail.
C’est ce contreprojet que porte la CGT Cheminots, alors que d’autres, direction SNCF comprise, travaillent à la libéralisation du secteur à marche forcée depuis des années et démantèle l’Entreprise nationale de Service Public.
Alors OUI, camarades, honorer la mémoire de Pierre Sémard en 2024, 82 ans après son assassinat, n’a rien d’archaïque ou de passéiste comme certains pourraient le dire ou le penser.
Bien au contraire, se souvenir de ce combattant, de ce militant syndical et politique qui nous a fait l’honneur d’être le dirigeant de notre fédération, c’est nous engager à poursuivre les mêmes combats.
C’est perpétuer inlassablement cette bataille pour une société, un monde plus juste, pour la Paix entre les peuples.
C’est aussi, nous attacher à être très modestement, mais avec lucidité et détermination ses dignes et fiers héritiers, guidés par son courage et ses convictions.
Mettons tout en œuvre, partout, pour faire vivre les idées révolutionnaires de Pierre Sémard et parmi elles, un monde plus juste, en Paix, pour que reviennent enfin les JOURS HEUREUX.
Je vous remercie de votre attention.
Cérémonie d’hommage à Pierre Semard en gare de Brest ce jeudi 7 mars avec la CGT et le PCF. 70 personnes présentes pour honorer notre camarade fusillé le 7 mars 1942. Un discours très fort de Jean-Christophe Hamon, secrétaire du syndicat CGT des cheminots, devant la stèle à la mémoire de Pierre Semard en gare de Brest à l’occasion du triste anniversaire de la 82e année de son exécution par les nazis et d’une cérémonie organisée par la CGT et le parti communiste en hommage à notre glorieux camarade cheminot fusillé à Evreux, résistant, dirigeant cégetiste et communiste, antifasciste, et militant du progrès social et du service public ferroviaire.
Mar 06 2024
7 mars 2024, Gare de Brest – Hommage de la section PCF de Brest à Pierre Sémard fusillé par les Nazis le 7 mars 1942
Alors qu’il coule dans les veines du continent européen un venin de couleur brune comme si aucune leçon n’avait été retenue de l’histoire, il est important de rendre hommage à ceux qui se sont battus contre le fascisme et pour la paix.
Pierre SEMARD, fusillé le 7 mars 1942.
Pierre Sémard est né le 15 février 1887 à Bragny-sur- Saône dans une famille de cheminots. Devenu cheminot lui-même, Pierre Sémard s’engage activement dans le syndicalisme. Il devient le secrétaire général de la Fédération des cheminots CGT en juin 1921, de la Fédération des cheminots CGTU après la scission, puis de nouveau avec la CGT réunifiée en 1936.
La famille Pierre Sémard habitait au 65 avenue Secrétan dans le 19èarrondissement où se trouve aujourd’hui un nouvel immeuble des HLM.
En 1939, à la déclaration de guerre, Pierre Sémard est réquisitionné comme cheminot et doit s’installer avec sa famille à Loches en Indre et Loire. C’est dans cette ville qu’il est arrêté, en octobre 1939, par le gouvernement de l’époque en vertu d’un décret qui interdit le Parti Communiste Français.
Alors que l’armée allemande envahit le pays, Pierre Sémard est maintenu en détention au camp de Gaillon dans l’Eure d’où les autorités de Vichy le livreront plus tard comme otage à l’occupant.
Durant sa captivité, Pierre Sémard, malgré son internement, réussit à garder le contact avec les syndicats clandestins, il sera un personnage-phare dans la mobilisation des Cheminots contre les nazis.
Il apporte ses conseils, rédige des appels au combat et dans sa dernier lettre avant d’être fusillé, il lance un ultime appel à ses amis cheminots : » Je meurs avec la certitude de la libération de la France. Dites à mes amis cheminots qu’ils ne fassent rien qui puisse aider les nazis. Les cheminots me comprendront, ils m’entendront, ils agiront. Adieu chers amis, l’heure de mourir est proche. Mais je sais que les nazis qui vont me fusiller sont déjà des vaincus et que la France saura poursuivre le bon combat ».
Les cheminots joueront un rôle considérable dans ce qu’on a appelé « la bataille du rail ».
Le 6 mars 1942, Pierre Sémard est transféré à la prison d’Évreux et remis le lendemain aux autorités allemandes pour être fusillé comme otage, le lendemain.
Juliette, l’épouse de Pierre Sémard, fut elle aussi arrêtée le 7 août 1941, elle avait assuré durant l’internement de son mari la liaison avec la direction clandestine des cheminots. Jugée le 5 janvier 1942, elle fut condamnée à 8 ans de travaux forcés. Déportée à Ravensbrück, elle fut rapatriée le 24 juin 1945.
Avec la complicité de son épouse, Pierre Sémard avait, jusqu’à son exécution, tenu une place considérable dans la direction de la Résistance cheminote. Cette place lui a été reconnue officiellement au titre de la Résistance Intérieure Française. Pierre Sémard est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.
Fév 23 2024
Panthéonisation de Manouchian: Communiqué du PCF Quimper
À Manouchian, la France reconnaissante.
Les communistes du pays de Quimper saluent avec émotion l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian et de sa femme Mélinée, et à travers eux celle des résistants communistes de l’Affiche rouge et de la FTP-MOI, Arméniens, Polonais, Roumains, Hongrois, Tchèques, Espagnols, Italiens, et même des Bretons… Beaucoup étaient juifs. Avec cet hommage national c’est la Résistance communiste et celle des « Étrangers et nos frères pourtant » qui sont enfin reconnues dans leur rôle essentiel pour la Libération de notre pays.
Nous nous félicitons que la ville de Quimper participe à cette reconnaissance nationale par la décision de ses élus lors du conseil municipal du 1er février de donner le nom de Missak et Mélinée Manouchian à un rond-point du Boulevard de France, c’était une demande portée de longue date par les communistes de notre ville.
La France, ce pays qu’ils avaient fait leur pour ses idéaux issus de la Révolution française, mais qui ne leur a pas accordé sa nationalité.
Face à la montée du fascisme, Missak et Mélinée Manouchian s’engagent en 1934 au parti communiste. C’est aussi l’année de leur mariage.
Front Populaire, écrasement de la République espagnole, invasion de la France par les armées nazies…
Interné comme communiste, puis libéré, Missak reprend ses activités clandestines.
En février 1943 il prend sous la direction de Joseph Epstein, la tête d’un détachement de résistants communistes FTP -MOI, Francs-tireurs et partisans Main d’œuvre immigrée.
Sabotages, exécution du colonel allemand Ritter responsable en France du STO…leurs actions font mal à l’Occupant.
Mais ce sont des policiers français des brigades spéciales qui vont mener la traque pendant de longs mois et faire tomber tout le groupe.
Joseph Epstein arrêté en même temps que Manouchian ne sera jamais identifié et sera fusillé plus tard sous le nom de Joseph Estain.
Torturés par la police française, remis à la Gestapo, à nouveau torturés, les 23 membres du groupe sont condamnés à mort par un tribunal de guerre allemand, 22 fusillés le 21 février 1944 au Mont Valérien, Olga Bancic sera guillotinée en Allemagne.
Les nazis veulent en faire une opération de propagande en désignant avec l’Affiche rouge la Résistance comme l’Armée du crime, aux mains des étrangers, des judéo-bolcheviques…
Opération qui échoue lamentablement.
L’histoire du groupe Manouchian popularisée par le poème d’Aragon mis en musique ensuite par Léo Ferré fait résonner encore aujourd’hui les valeurs de liberté, de fraternité, d’engagement.
Les lettres qu’ils ont laissées parlent de paix et de bonheur pour ceux qui vont survivre.
En ces temps où la question de la nationalité fait l’objet de graves remises en cause, où les traditions d’accueil et de solidarité sont battues en brèche, pour le plus grand profit des porteurs des idées de haine et de xénophobie, écoutons Manouchian devant le tribunal de guerre allemand, s’adressant aux collaborateurs français présents :
« Nous avons combattu pour la France, pour sa Libération. Vous avez hérité de la nationalité française, nous nous l’avons méritée »
Comme ils ont mérité leur place au Panthéon.
Le 11 avril prochain, aux Halles St François , les communistes du pays de Quimper auront le plaisir de recevoir pour une conférence publique Gérard Streiff auteur du livre « Missak et Mélinée Manouchian. Un couple en Résistance » préfacé par Didier Daeninckx. »
Yvonne Rainero
co-secrétaire de la section PCF du pays de Quimper, élue communiste de la ville
Fév 22 2024
Discours d’hommage d’Ismaël Dupont pour le PCF Finistère à Missak et Mélinée Manouchian et aux 23 FTP-MOI du groupe Manouchian le 21 février 2024 à Brest et Morlaix pour l’entrée au Panthéon de Missak et Mélinée
« Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants »
Sur l’AFFICHE ROUGE de la Propagande Nazie, au-dessus des images d’attentats, d’un corps criblé de balles, de déraillements, et d’armes censées identifier les résistants à des criminels, les visages et les noms de dix camarades arrêtés à la mi-novembre 1943.
Dix sur vingt-trois du groupe Manouchian qui furent condamnés à mort, dont 21 exécutés avec Missak, leur commandant militaire, le 21 février 1944, au Mont Valérien, il y a 80 ans, jour pour jour.
A l’affiche en haut, de gauche à droite:
Szlama Grzywacz : 35 ans, juif polonais, de Wolomin, communiste depuis 1925, qui logeait chez les Krasucki avant guerre, de la même ville que la famille de Henri Krasucki.
Thomas Elek : 20 ans, juif hongrois, né à Budapest, dans une famille d’intellectuels communistes qui émigre en France en 1930. Il quitte le lycée Louis Le Grand pour s’engager dans la Résistance en 1941.
Wolf Wajsbrot: 19 ans, juif polonais né à Krasnik. Apprenti mécanicien engagé dans les FTP-MOI en 1942.
Robert Witchitz, 20 ans, né dans le département du Nord, d’une famille juive polonaise. Le jeune homme milite à la Jeunesse communiste et travaille comme ajusteur.
Moska ou Maurice Fingercweig dit « Marius ». Né à Varsovie en 1923. Ouvrier tapissier, militant de la Jeunesse communiste, il s’engage dans le 2e détachement juif des FTP-MOI et prend part à des actions armées.
Son père et ses deux frères sont morts en déportation.
Plus bas :
Joseph Boczov: 38 ans. Juif hongrois, c’est un chimiste, spécialiste des explosifs. Communiste depuis longue date, ancien des Brigades Internationales, il devient chef du détachement FTP-MOI, qui se spécialise dans le déraillement de trains transportant des troupes et du matériel de guerre allemands.
A sa droite :
Spartaco Fontano, 22 ans, fils d’antifascistes italiens réfugiés en France après sa naissance. Il interrompt ses études à l’École des arts et métiers en 1942 pour rejoindre les FTP.
A son père, sa mère, sa sœur, il écrit : « Ma mort n’est pas un cas extraordinaire, il faut qu’elle n’étonne personne et que personne ne me plaigne, car il en meurt tellement sur les fronts et dans les bombardements qu’il n’est pas étonnant – que moi, un soldat, je tombe aussi. »
Célestino Alfonso, 28 ans, menuisier, espagnol, responsable des Jeunesses Communistes à Ivry, Combattant et commissaire politique dans les Brigades Internationales où il a dû croiser notre Henri Tanguy, devenu Rol-Tanguy suite à la mort de son copain Rol pendant la Guerre d’Espagne.
« La mort n’éblouit pas les yeux des partisans », le vers des Strophes pour ce souvenir d’Aragon, poème chanson sous le nom de l’Affiche Rouge avec Léo Ferré, s’applique si bien à sa dernière lettre de condamné à mort, écrite le 21 février 1944 à ses parents, ses frères et sœurs, sa femme et son fils :
« Je ne suis qu’un soldat qui meurt pour la France.
Je vous demande beaucoup de courage comme j’en ai moi-même: ma main ne tremble pas, je sais pourquoi je meurs et j’en suis très fier.
Ma vie a été un peu courte, mais j’espère que la vôtre sera plus longue.
Je ne regrette pas mon passé, si je pouvais revivre, je serais encore le premier. »
et Marcel Rajman, 21 ans, juif polonais, ouvrier du textile, tricoteur, jeune communiste engagé dans la Résistance depuis le début de l’occupation dans les « Bataillons de la Jeunesse » sous la direction d’Albert Ouzoulias, qui écrit ses paroles étranges et pleines d’euphorie à sa mère dans sa dernière lettre, lui l’auteur de « 13 attentats » de la Résistance (mettons des guillemets), et de l’exécution du Patron SS du STO Julius Ritter :
« Excuse-moi de ne pas t’écrire plus longuement, mais nous sommes tous tellement joyeux que cela m’est impossible quand je pense à la peine que tu ressens. Je ne puis te dire qu’une chose, c’est que je t’aime plus que tout au monde et que j’aurais voulu vivre rien que pour toi. Je t’aime, je t’embrasse, mais les mots ne peuvent dépeindre ce que je ressens. »
Sa maman sera gazée à Auschwitz.
Et enfin
Missak MANOUCHIAN, arménien, qui signe sa dernière lettre à Mélinée, son orpheline bien aimée, une lettre signée « Manouchian, Michel ».
Missak le poète, l’animateur d’une revue culturelle et politique arménienne, Zangou, l’ouvrier, l’amoureux, le militant communiste infatigable depuis 1934, le rescapé du Génocide arménien, qui a grandi dans des orphelinats, en Syrie et au Liban, avant d’arriver en France, à Marseille, à 18 ans, comme son amour, Mélinée Soukémian, née à Constantinople (Istanbul) et ayant été éduquée dans des orphelinats à Smyrne, et à Thessalonique et Corinthe en Grèce, après le massacre de ses parents dans le Génocide de 1915, qui coûta la vie à 1,200 000 Arméniens au moins.
Avec eux, et ils ne figurent pas sur l’Affiche Rouge, furent arrêtés, jugés, et moururent:
Roger Rouxel, ouvrier tourneur, 18 ans, réfractaire du STO
Georges Cloarec, 21 ans, d’origine bretonne, mais né en Eure-et-Loir, ouvrier agricole, refractaire du STO
Rino della Negra, 21 ans, footballeur talentueux du Red Star né dans le Pas-de-Calais et d’origine italienne
Jonas Geduldig, juif polonais, ancien des Brigades Internationales, 25 ans
Emeric Glasz, juif hongrois, mécanicien, 22 ans
Léon Goldberg, juif polonais, 20 ans
Stanislas Kubacki, bûcheron communiste polonais, ancien des Brigades Internationales, 36 ans
Cesare Luccarini, italien, 22 ans
Antonio Salvadori, ouvrier du bâtiment, 23 ans
Amadeo Ussiglio, terrassier carreleur, 32 ans
Willy Schapino, juif polonais, 33 ans
Arpene Tavitian, arménien soviétique, 49 ans, l’aîné du groupe.
Et la belle Olga Bancic seule femme du groupe Manouchian des 23, même si les femmes étaient très nombreuses dans la FTP MOI, dont beaucoup d’autrichiennes, de polonaises, de tchèques, de hongroises, de roumaines germanophones, qui faisaient du renseignements et un travail de propagande auprès des troupes d’occupation.
Elle fait partie du groupe des 23 de Manouchian, mais n’a pas fusillée le 21 février 1944 contrairement à ses camarades mais est décapitée le jour de son trente-deuxième anniversaire, le 10 mai 1944 en Allemagne, à Stuttgart, après avoir été affreusement torturée.
Olga Bancic est une juive roumaine née en 1912 en Bessarabie, alors province russe, ouvrière et communiste depuis ses 16 ans, qui fut arrêtée et maltraitée par la dictature fasciste en Roumanie avant d’arriver en France et de reprendre le combat avec la MOI, le PCF, et la Résistance.
Sous le pseudonyme de « Pierrette », elle était chargée de l’assemblage des bombes et des explosifs, de leur transport et de l’acheminement des armes avant et après les opérations. Elle a ainsi participé indirectement à une centaine d’attaques contre des allemands et des collaborateurs.
A sa fille Dolorès, appelée ainsi en hommage à la passionaria Dolores Ibarruri, elle écrit :
« Je meurs avec la conscience tranquille et avec toute la conviction que demain tu auras une vie et un avenir plus heureux que ta mère. Tu n’auras plus à souffrir. Sois fière de ta mère, mon petit amour. J’ai toujours ton image devant moi. »
On ne peut pas ne pas citer non plus Joseph Epstein, communiste juif polonais, « Colonel Gilles, arrêté avec Missak Manouchian à la sortie de la gare d’Evry Petit-Bourg le mardi 16 novembre 1943. C’était le grand chef politique des FTP-MOI.
Le 16 novembre 1943, 68 partisans FTP-MOI sont arrêtés par la police française, ses brigades spéciales et renseignements généraux, qui les traquaient depuis des mois.
En tout, en quatre rafles l’année 1943, 200 résistants de la FTP MOI auront été arrêtés en région parisienne entre mars et début décembre. L’organisation combattante qui organisait des attentats à Paris est très affaiblie et la lutte armée dans la capitale ne reprendra vraiment qu’au moment de l’insurrection.
Cette histoire vient de loin :
Les résistants d’origine étrangère engagés dans les FTP MOI pour beaucoup fuient des pays où ils ont été persécuté par le racisme, l’antisémitisme, le fascisme, et lui ont parfois mener la guerre aussi, une guerre qu’ils reprennent en France. Avant d’être des patriotes français, ce sont des antifascistes, des communistes, des militants internationalistes, des révolutionnaires. Leur combat est politique au sens plein.
Manouchian meurt sans « haine en lui contre le peuple allemand » comme il l’écrit dans sa lettre à Mélinée parce qu’il est anti-nazi et pas anti-allemand. Il est pour l’union des travailleurs et des peuples dans un objectif de révolution et d’émancipation sociale et humaine. Voir des nationalistes d’extrême-droite héritiers de la collaboration s’associer à l’hommage national à Missak et Mélinée Manouchian, deux militants qui ont sacrifié leur vie à combattre ces idées racistes et xénophobes, et autoritaires, est un scandale !
Beaucoup des militants FTP-MOI ont milité dans un PCF et une JC alors que les militants communistes étaient traqués, arrêtés, après la Pacte Germano-Soviétique, avant même l’installation de Vichy, puis après la débâcle, les communistes étant la cible privilégiée de Vichy avec les Juifs et les Franc-maçons. Cela a été le cas du jeune Guy Môquet, livré ensuite aux allemands comme « otage » subversif et interné politique et fusillé à Châteaubriant le 22 octobre 41.
La MOI – Main d’œuvre Immigrée – est une des structures créée par le PCF dans les années 1920 (d’abord sous le nom de Main d’œuvre étrangère) pour organiser par groupe de langues les ouvriers immigrés appelés en nombre pour la reconstruction de la France après la première guerre mondiale.
La MOI dépendait directement de la direction centrale du PCF et visait à faire progresser son influence dans le prolétariat d’origine étrangère afin de favoriser les objectifs révolutionnaires et d’émancipation.
Dans la clandestinité, la MOI joue un rôle important dans la participation des immigrés et étrangers – juifs persécutés et entrés dans la clandestinité et la résistance, anciens des Brigades internationales, arméniens, exilés antinazis allemands et autrichiens, prisonniers de guerre soviétiques – à la Résistance.
La MOI a également édité en France une presse en langue étrangère et de nombreuses publications communautaires et antiracistes.
A partir de l’été 1941, sur la base d’une Organisation Spéciale et d’un entraînement militaire déjà donnés à des Jeunesses Communistes clandestins, le Parti communiste s’engage dans la lutte armée contre l’occupant nazi et ses collaborateurs à Paris et dans tout le pays. Le signal de ce déclenchement de la lutte armée contre l’occupant est donné sur le sol de France par Pierre Georges, Colonel Fabien, quand il tue l’officier de marine Allemand Moser à la station Barbès-Rochechouart en août 1941 pour venger à la fois les crimes abominables de l’armée nazie en Union Soviétique et l’exécution de ses camarades de la jeunesse communiste, Henri Gautherot et Samuel Tyszelmann, fusillés le 19 août 1941 par les Allemands suite à la manifestation patriotique du 11 août 1941.
Auparavant les communistes, et singulièrement les communistes juifs de la FTP MOI avaient dénoncé les rafles dites du billet vert des juifs étrangers d’Ile-de-France en mai 1941 – plus de 4000 juifs étrangers raflés et qui iront presque tous en déportation à Auschwitz quelques mois plus tard.
Et beaucoup de jeunes ouvriers juifs, notamment originaires d’Europe centrale et de l’est, ont à ce moment rejoint la rejoint la Résistance communiste.
Et parmi les 522 otages fusillés d’août 1941 à juin 1942 par les Allemands, 124 étaient juifs, soit 20%, et la plupart étaient communistes. Parmi ces résistants juifs MOI figuraient notamment le père du chanteur Jean-Jacques Goldman, Albert Goldman.
Les MOI comptent environ 300 militants d’origine juive étrangère, mais aussi de nombreux italiens, espagnols, polonais, et arméniens, etc.
Ce sont ces résistants d’origine étrangère organisés dans l’action directe contre l’occupant et ses collaborateurs par le Parti Communiste qui sont honorés par la Nation avec l’entrée de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon, Mélinée décédée en 1989 à qui l’on doit la publication des œuvres poétiques de Missak Manouchian qui était une grande âme « ivre de liberté » et d’amour en même temps qu’un grand Résistant, le premier honoré d’une entrée au Panthéon parmi d’autres résistants communistes qui auraient pu y prétendre aussi :
Marie-Claude Vaillant Couturier, Martha Desrumaux, Danielle Casanova, Rol-Tanguy, Henri et Cécile, Guy Môquet, Croizat, Marcel Paul, etc. Cela viendra peut-être un jour. Il ne faut désespérer.
En tout cas c’est un oubli et une injustice réparés, celui infligés au combat des communistes pour le progrès humain et social en France, se traduisant par de grandes conquêtes sociales (La Sécurité Sociale et les retraites par répartition, les congés payés, la limitation du temps de travail, les services publics, EDF, le statut de la fonction publique), un héritage que tente de détruire et d’effacer le président Macron et l’idéologie néo-libérale qu’il sert, comme celui de la tradition d’accueil de notre pays, et du droit d’asile, battu en brèche par la récente loi immigration.
C’est ce qui rend cet hommage à Missak et Mélinée Manouchian si important, au moment où la peste brune, le racisme et la guerre reviennent dans le monde, en Europe, et où l’extrême-droite est banalisée et plus forte que jamais en France.
« Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement ». écrivait Manouchian dans sa dernière lettre. Soyons dignes de lui et de son sacrifice !
Ismaël Dupont, secrétaire départemental du PCF Finistère.
Fév 22 2024
Morlaix – Photos de l’hommage à Missak et Mélinée Manouchian et aux résistants des FTP MOI à Morlaix, place Rol Tanguy, ce mercredi 21 février 2024
Hommage à Missak et Mélinée Manouchian et aux combattants de la Résistance des FTP MOI et du parti communiste et des jeunesses communistes à Morlaix place Rol Tanguy à la gare de Morlaix à l’occasion de l’entrée de Missak et Melinee Manouchian au Panthéon, qui accueille pour la première fois des ouvriers et des personnalités communistes en son sein.
Un moment d’une grande intensité avec Roger Heré chantant l’affiche rouge avec sa voix magnifique, Patricia Paulus lisant la lettre à Mélinee, les discours de Marc Corbel pour la CGT, de Daniel Ravasio pour la section PCF pays de Morlaix, de Taran Marec pour les jeunesses communistes du Finistère, et celui d’Ismaël Dupont sur l’histoire du groupe Manouchian et des FTP Moi pour le PCF Finistère.
Merci à tous les participants à ce bel hommage, notamment nos camarades du PCF Carhaix Huelgoat et des Jeunesses communistes et à Pierre-Yvon Boisnard et Daniel Laporte pour leur reportage photo.
Une cinquante de personnes était présente à cet hommage qui s’est terminé en déposant une gerbe et des fleurs en l’honneur de Missak et Mélinée Manouchian et en chantant la Marseillaise et l’Internationale.
Morlaix le PCF rend hommage à Missak et Mélinée Manouchian mercredi 21 février 2024 – photos Pierre-Yvon Boisnard
https://youtu.be/KgC7zzFEK0k
Fév 22 2024
A Brest, ce 21 février, on célébrait la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian
Fév 20 2024
Mercredi 21 février à 10h30 à la Maison des services publics de Penhars – 2 rue de l’Île de Man – la ville de Quimper invite à un hommage à Missak et Mélinée Manouchian – l’ANACR et le PCF s’y associent
« Nous avons combattu pour la France, pour sa Libération. Vous avez hérité de la nationalité française, nous nous l’avons méritée »
Manouchian qui écrit dans sa dernière lettre « Je n’ai aucune haine contre le peuple allemand ».
Et aussi « Bonheur à ceux qui vont nous survivre ».
Fév 19 2024
21 février 2024 – Morlaix, 17h Place Rol-Tanguy: hommage à Missak et Mélinée Manouchian pour leur entrée au Panthéon
Manouchian, le 21 février, pour leur entrée au Panthéon
Publié le
Missak et Mélinée Manouchian, deux résistants du groupe Manouchian, durant la Seconde Guerre mondiale, entreront au Panthéon, le 21 février 2024. Un hommage est prévu à Morlaix (Finistère).
Le panthéon à Paris. | DANIEL FOURAY / ARCHIVES OUEST FRANCE
Le Parti communiste français (PCF) appelle au rassemblement à Morlaix (Finistère), mercredi 21 février 2024, à 17 h, sur l’esplanade de la gare, pour un dépôt de gerbes, devant la plaque Rol Tanguy.
Un « héros de la Résistance »
Ce jour-là, Missak et Mélinée Manouchian entreront au Panthéon. Missak Manouchian, « héros de la Résistance », écrit le PCF, a été chef militaire des Francs-tireurs et partisans de la main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) de la région parisienne. Il a été fusillé en 1944, le 21 février. Mélinée Manouchian, son épouse, a été résistante des FTP-MOI. Elle est décédée en 1989.
Lire aussi : Comment va se dérouler l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian, prévue le 21 février ?
Missak Manouchian, qui est né en Turquie, est « le premier résistant étranger à accéder au Temple des grandes figures de la République que représente le Panthéon », indique le PCF. Il précise : « Le groupe Manouchian était membre de la FTP-MOI, une organisation créée par le Parti communiste français. Ils étaient italiens, hongrois, polonais, arméniens, espagnols… ».
Le Parti relie cet événement à l’actualité et conclut : « Ne laissons pas la place à celles et ceux qui voudraient nous vendre le mythe de l’intégration à la française mais qui, sous la dictée de la droite extrême, n’ont pas hésité à adopter le projet de loi Asile et immigration. »
Diaporama Le Homard Enchaîné : Hommage à Rol Tanguy Morlaix le 12 juin 2019
Fév 07 2024
Missak et Mélinée Manouchian des FTP MOI au Panthéon: mercredi 21 avril à 11 h 30 une cérémonie et un dépôt de gerbe au monument aux morts de Brest organisé par la section PCF de BREST
Déc 11 2023
Mémoire et révisionnisme – réaction d’Yvonne Rainero, élue communiste de Quimper, à une conférence à la gloire de l’Abbé Perrot
Mémoire et révisionnisme
Il est choquant, en ces temps où une extrême-droite décomplexée trouve un écho complaisant pour ses discours de haine et de xénophobie, d’apprendre que, sous le patronage de l’évêché, va se tenir dans une chapelle de Quimper, ville qui porte jusque dans sa préfecture le souvenir de Jean Moulin, une conférence dont l’objet est clairement de réhabiliter la collaboration et de salir la Résistance.
Le site d’extrême-droite Breizh-info qui la sponsorise ne s’y est pas trompé.
Il ne s’agit pas ici d’apaiser la mémoire, mais bien de revisiter l’histoire.
Ce n’est pas un hasard si la sinistre milice armée bretonne constituée pour combattre la Résistance a pris en 1943 le nom de Bezen Perrot en hommage à cet abbé qui exprimait sa sympathie pour les régimes amis d’Hitler en Europe centrale et dont la proximité avec la collaboration ne fait aucun doute.
La Bezen Perrot incorporée dans la SS hitlérienne a semé la terreur et la mort en Bretagne, poursuivant son parcours sanglant jusque dans sa fuite avec les armées nazies à la Libération.
L’un des acteurs de cette réécriture de l’histoire n’hésite pas à traiter d’assassins les résistants communistes.
C’est la résistance au nazisme dans son ensemble qu’il prend pour cible.
La résistance communiste y a joué un rôle essentiel, le Finistère en a été un bel exemple.
La tenue de cette conférence est une insulte à la mémoire des deux jeunes communistes Pierre Jolivet et Émile Le Page, premiers résistants fusillés à Quimper par les Allemands, ils avaient 19 et 20 ans, cela s’est passé au champ de tir de La Tourelle, à proximité de la chapelle Saint-Laurent.
Elle est une insulte à la mémoire de tous les résistants communistes de ce département, et dont beaucoup étaient bretonnants.
Elle est aussi une insulte à la mémoire de ceux qui se sont engagés dans les combats de la Résistance au nom de leur foi comme le frère Joseph Salaün du Likès.
Ne laissons pas les héritiers des mouvements racistes et antisémites qui proclamaient dès 1938 « La France aux Juifs, la Bretagne aux Bretons » répandre leurs idées malsaines.
Yvonne Rainero
élue communiste de Quimper
Nov 08 2023
Francette Lazard, dirigeante du PCF et suivi de la fédération du Finistère, nous a quittés – nous lui rendons hommage
Francette Lazard nous a quittés
C’est une perte majeure pour le parti communiste tant Francette Lazard n’aura cessé d’apporter son énergie, son intelligence et sa longue expérience pour que vive et grandisse une perspective communiste en France et dans le monde. Elle l’aura fait continûment, avec discrétion souvent mais une inébranlable détermination.
Issue d’une lignée de la grande bourgeoisie, elle avait tôt plongé dans le combat communiste. À 15 ans, elle rejoint le PCF et l’Union des jeunes filles de France côtoyant chez elle Benoît Frachon, secrétaire général de la CGT que la guerre froide contraignit un temps à la clandestinité et accueilli dans ce cadre par la famille Lazard. Agrégée d’histoire, elle veut tout comprendre pour tout changer, dévore Le Capital, rejoint une section économique du PCF en pleine ébullition théorique, découvre Paul Boccara avec lequel une amitié durable se nouera vite. Appelée à la tête de la section du 6e arrondissement de Paris, peuplée de nombreux ouvriers mais aussi d’étudiants et d’intellectuels, elle est de plain-pied dans les combats du temps. Bientôt chargée de responsabilités dans l’univers de la presse communiste, elle met sa plume et sa vivacité d’esprit au service d’Économie et politique, France nouvelle, L’Humanité.
En 1979, elle entre au Bureau politique avec la mission de réorganiser le pôle d’analyse et d’élaboration théorique communiste. Elle préside ainsi à la création de l’institut de recherches marxistes et s’affirme, en ces temps de grandes difficultés pour le communisme, comme une dirigeante de premier plan, alliant une boussole fermement fixée sur l’ambition communiste et un sens de la mobilité, de l’ouverture. C’est elle qui, avec Georges Marchais, initie ce mouvement pionnier pour un parti politique national : l’ouverture des archives du PCF. Ce sera aussi l’annulation solennelle des exclusions brutales opérées en des temps révolus.
Au mitan des années 1990, elle fut de celles qui accompagnèrent la transformation de l’IRM en Espaces Marx avant de quitter ses responsabilités nationales. Depuis lors, elle demeurait toujours disponible pour un conseil, une conférence, un échange, les yeux grands ouverts sur notre monde avec la volonté intacte de le voir changer pour de bon.
Au nom des communistes, je salue sa mémoire avec une vive peine. J’adresse mes sincères condoléances à sa famille, à ses proches, aux nombreux camarades qui ont eu la chance de la connaître et de partager leur engagement avec elle.
Fabien Roussel,
Secrétaire national du PCF
Francette Lazard dont je viens d’apprendre le décès avait avec la Bretagne et le Finistère en particulier des liens étroits.
Par sa maison de famille surplombant la mer à Morgat où elle aimait séjourner quand ses responsabilités au PCF le lui permettaient, et où j’ai eu le plaisir de la rencontrer plusieurs fois.
C’est dans cette villa que Benoît Frachon, secrétaire général de la CGT, trouva refuge de mars à novembre 1953, il était poursuivi par le gouvernement de l’époque en raison de son engagement auprès des salariés de la Fonction Publique d’État en grève pour défendre leur statut acquis en octobre 1946 grâce au ministre communiste, Maurice Thorez.
Par aussi sa présence active auprès des communistes de toute notre région dans les années 80-90.
Elle était chargée, comme membre du Bureau Politique du PCF, d’apporter son concours aux fédérations communistes bretonnes, puis parallèlement à celle du Finistère-nord jusqu’à sa réunification, en mai 1986, avec celle du Sud du département. Secrétaire régional et fédéral, j’ai eu le bonheur de militer à ses côtés pendant toutes ces années. C’était une dirigeante à l’écoute des autres, attentive, bienveillante, n’imposant jamais mais argumentant toujours avec patience et passion. C’était une intellectuelle intimidante malgré sa modestie et sa présence sur le terrain auprès des militants, toujours disponible malgré ses multiples activités pour répondre aux sollicitations que nous ne manquions pas de lui adresser.
Dans cette période politique complexe, elle plaçait en toutes circonstances le débat d’idées sur les questions de fond.
Les communistes bretons lui doivent beaucoup et garderont longtemps le souvenir de cette grande dame qui fut une dirigeante nationale de leur parti.
Piero Rainero, ancien secrétaire départemental du PCF dans le Finistère, membre du CN et conseiller régional, adjoint au maire à Quimper.
Le 6 novembre 2023.
Sep 24 2023
À Brest, les 19 Résistants communistes fusillés en 1943 honorés – Le Télégramme, 19 septembre 2023
À Brest, les 19 Résistants communistes fusillés en 1943 honorés
Il y a 80 ans, dix-neuf résistants communistes de Brest et Lanester étaient fusillés au Mont Valérien. La ville a rendu hommage hier à ces hommes en majorité ouvriers, en présence de leurs descendants.
Le maire de Brest François Cuillandre a rappelé qu’une gerbe avait aussi été déposée au Mont Valérien le 14 septembre par Éric Guellec, second adjoint. (Le Télégramme/Sophie Joubert Nevière)
« La mort paraît douce quand on songe au bonheur que connaîtront les tout-petits grâce à nous », écrit Albert Abalain juste avant son exécution. Des mots qui résonnent face à une foule essentiellement composée d’enfants, dont certains sont les descendants des martyrs bretons.
Sep 24 2023
18 septembre 2023: Brest rend hommage aux résistants et victimes de la guerre (Groupe des élu.e.s communistes de Brest)
Août 30 2023
Le lundi 18 septembre 2023, Brest rend hommage aux 19 resistants FTP, communistes et cégétistes, fusillés au Mont Valérien il y a 80 ans, le 17 septembre 1943
Lundi 18 septembre 2023
Cérémonies d’hommage organisées par la ville de Brest, l’ANACR, l’ARAC, le comité du souvenir.
Pour nos camarades tombés au Mont Valérien il y a 80 ans:
Jardin des 19 fusillés – Rue Georges Mélou, à 11h30
et Rue Coat ar Gueven, devant la plaque en hommage aux FTPF, 14h30
Plus de mille résistants tombèrent dans la clairière du mont Valérien, parmi eux de très nombreux résistants communistes.
Ces 19 héros, ces 19 camarades communistes brestois et finistériens fusillés au Mont Valérien par l’armée allemande le 17 septembre 1943, étaient:
Albert Abalain
Lucien Argouarc’h
André Berger
Louis Departout
Yves Giloux
Eugène Lafleur
Louis Le Bail
Paul Le Gent
Louis Leguen
Paul Monot
Henri Moreau
Jean-Louis Primas
Jean Quintric
Albert Rannou
Albert Rolland
Etienne Rolland
Joseph Ropars
Jean Teuroc
Charles Vuillemin
Il faut relire les biographies et les dernières lettres de condamnés à mort de ces fusillés, résistants exécutés par l’armée allemande d’occupation le 17 septembre 1943, il y a 80 ans, des militants communistes finistériens (ou originaires de Lanester pour Louis Le Bail et Jean-Louis Primas, mais actifs dans le Finistère au moment de leur arrestation) qui furent ne l’oublions pas, traqués, arrêtés, et interrogés et torturés par la police française de la collaboration:
1920-2020: 100 ans d’engagements communistes en Finistère: 13/ Albert Abalain (1915-1943)
1920-2020: 100 ans d’engagements communistes en Finistère: 32/ Jean-Louis Primas (1911-1943)
1920-2020: 100 ans d’engagements communistes en Finistère: 105/ Charles Vuillemin (1918-1943)
1920-2020: 100 ans d’engagements communistes en Finistère: 22/ André Berger (1922-1943)
1920-2020: 100 ans d’engagements communistes en Finistère: 36/ Henri Moreau (1908-1943)
1920-2020: 100 ans d’engagements communistes en Finistère: 104/ Louis Le Guen (1907-1943)
http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/2020/05/1920-2020-100-ans-d-engagements-communistes-en-finistere-106/louis-departout-1916-1943.html
Juil 04 2023
Triste nouvelle: décès de notre camarade du PCF Fouesnant Denise Blanche
La fédération du FINISTÈRE du PCF rend hommage à notre camarade DENISE BLANCHE, dont nous avons appris avec peine le décès, intervenu le dimanche 2 juillet.
Denise Blanche avait 88 ans. Nous voulons dire notre amitié et notre soutien à son mari, Fernand Blanche, à ses enfants, Jean-Marc et Brigitte, et à leurs conjoints, à ses petits-enfants, ainsi qu’à toute la famille de Denise, à ses camarades de la section PCF de Fouesnant, à ses amis.
Denise était une militante convaincue et aguerrie, elle a eu des responsabilités syndicales à la CGT de la Banque de France. Elle a adhéré au PCF dans les années 60 avec Marie-Claude Vaillant Couturier qui lui a remis sa première carte, c’était une femme qu’elle admirait profondément et qui a contribué à la former politiquement.
Elle est arrivée en 1986 à Fouesnant, et n’a cessé d’y militer, animant la section PCF de Fouesnant pendant plusieurs décennies. Et restant jusqu’au bout très impliquée politiquement.
C’était une femme déterminée et chaleureuse, admirable à plus d’un titre.
Nous ne l’oublierons pas !
L’enterrement de Denise Blanche aura lieu le jeudi 6 juillet:
Rendez-vous à 13h au funérarium de Fouesnant (situé à l’entrée basse du cimetière de Fouesnant).
Départ vers le cimetière à 14h
Inhumation au cimetière de La Forêt-Fouesnant à 14h30
Tous les camarades sont les bienvenus pour adresser un dernier adieu à Denise.
Juin 23 2023
René Vautier dans le Finistère – le témoignage de Piero Rainero
Beaucoup de choses sont dites et écrites concernant les rapports du cinéaste anticolonialiste René Vautier avec le Parti Communiste Français. Je veux donner mon témoignage portant sur plus de 40 ans de rencontres, d’échanges, d’amitié.
Je fis la connaissance de René Vautier en 1972, alors que j’étais l’un des responsables des Jeunesses communistes du Finistère. Il nous avait sollicités pour apporter notre soutien à la diffusion de son film « Avoir 20 ans dans les Aurès » qui venait de sortir et déclenchait la colère de ceux qui n’avaient pas accepté l’indépendance algérienne.
Ce film, qui reçut le prestigieux Prix de la Critique Internationale du Cinéma à Cannes, était l’objet de manifestations violentes de la part de nostalgiques des guerres coloniales.
Les JC participèrent avec enthousiasme, avec le concours de militants de la JOC, à sa popularisation.
Le 1er janvier 1973, René Vautier engagea une grève de la faim dans les locaux de l’UPCB (Union de Production Cinématographique de Bretagne) qu’il avait créée et dont le siège était situé à Plomelin près de Quimper dans le Finistère.
Il voulait ainsi protester contre la censure dont était l’objet le film documentaire de son ami Jacques Panigel, « Octobre à Paris », qui témoignait du massacre des Algériens le 17 octobre 1961 à Paris par la police agissant sous les ordres du Préfet Maurice Papon ; plus de 300 morts et disparus selon le FLN.
Dès le 2 janvier il téléphona au siège de la fédération du PCF du Sud-Finistère à Quimper pour me faire part de sa décision, et de sa détermination, me demandant d’en informer Roland Leroy, alors responsable de la politique culturelle à la direction nationale du PCF.
Le jour même, j’avertis le secrétaire de la fédération communiste du Sud-Finistère, Paul le Gall, qui prit aussitôt contact avec Roland Leroy.
Roland Leroy nous demanda de faire savoir à René qu’il avait le plein soutien du PCF dans sa dénonciation de la censure, et de lui transmettre ses amitiés.
Il souhaitait aussi que nous assurions un contact amical permanent avec lui.
Ce contact fut établi par Jean-François Hamon, alors secrétaire de la section de Quimper du PCF et moi-même. C’est ainsi que nous nous rendîmes le jour même à Plomelin pour assurer René Vautier du soutien et de l’amitié des communistes.
Il apprécia particulièrement cette démarche, nous disant : « Je sais que je peux compter sur le parti ».
Plusieurs fois par semaine, tout au long de sa grève de la faim, Jean-François et moi allèrent donc le rencontrer. Nos échanges étaient parfois brefs, il était souvent entouré de beaucoup de monde, mais il arrivait que nous puissions, lorsqu’il était seul, parler plus longtemps ensemble ; de cinéma, de ses films, de la censure, de son passé de jeune lycéen résistant à Quimper, de son soutien à la résistance algérienne, « avec des copains du coin comme Michel Mazéas »
Michel Mazéas, élu maire de Douarnenez en 1971, me raconta plus tard qu’il recevait à l’époque de la guerre d’Algérie des lettres sur lesquelles étaient dessinées des cercueils portant son nom. Si ces missives étaient courageusement anonymes, leur contenu signait l’identité de leurs auteurs : l’extrême-droite et les terroristes de l’OAS.
René aimait aussi à évoquer la projection mouvementée en décembre 1950, « en première mondiale » , de son film anticolonialiste « Afrique 50 » au gymnase municipal de Quimper rue Jean Jaurès, dans une salle archi-comble, avec le concours de plusieurs organisations de jeunesse – JC, JOC, Scouts de France – sous la protection des militants communistes. « On avait prévu une seule projection mais comme la salle était trop petite pour accueillir tout le monde on en fit 2 dans la même soirée » rapportait-il. Il nous apprit aussi que le commentaire du film devait être porté par le grand comédien Gérard Philippe mais que des contraintes de tournage ne lui permirent pas d’ y participer .
« Afrique 50 », réalisé sur commande de la Ligue Française de l’Enseignement, qui prit ensuite ses distances, avait été, dès sa sortie, interdit de diffusion en France et valut à son réalisateur d’être condamné à 1 an de prison. Le ministre de la France d’Outremer était alors François Mitterrand.
Le film n’obtint son visa de distribution qu’en 1996.
J’ai entendu par la suite plusieurs communistes quimpérois, Jean le Berre, Louise Tymen, Étienne Perchec, qui avaient participé à cette « première mondiale », raconter le déferlement de violence ce soir-là d’une poignée de parachutistes de la caserne de la ville qui voulaient empêcher la diffusion du film.
Mais force était restée à la démocratie et à la liberté d’information.
Nos visites à René se faisaient d’abord dans les locaux de l’UPCB à Plomelin puis au siège d’une association d’artisans à Quimper, située rue de la Fontaine, où il avait souhaité poursuivre son mouvement.
Parmi les proches qui l’entouraient il y avait Nicole et Félix le Garrec, très attentionnés, ainsi que son frère Jean avec qui Jean-François et moi eurent plusieurs échanges.
Alors que les jours passaient nous constations combien son organisme s’affaiblissait, il s’amaigrissait, il nous dit un jour souffrir de crampes à l’estomac, mais il restait toujours déterminé, allongé sur un lit de camp, des bouteilles d’eau posées près de lui. Son état était tel que Nicole et Félix le Garrec voulaient le faire hospitaliser.
Paul le Gall informa Roland Leroy de sa santé qui se dégradait.
Roland lui dit alors son inquiétude car il connaissait bien René Vautier, son courage et sa détermination : « René a encore trop de choses à créer, il ne doit pas se laisser partir, le monde de la culture et du cinéma ont besoin d’un homme de cette qualité. »
Jean-François et moi en firent part dans la journée à René, Jean Vautier était présent. Il y fut très sensible et nous dit: « Ces gens là ne me feront pas crever, je vais gagner»
Quelques jours plus tard, le Ministre de la culture, Jacques Duhamel, dans un courrier au député de Quimper, Marc Bécam, écrivit que « les critères politiques n’entreraient plus en ligne de compte dans les décisions de la commission de contrôle du cinéma. »
René Vautier arrêta alors sa grève de la faim , elle avait duré 31 jours, et « Octobre à Paris » obtint peu après son visa d’exploitation.
René fut accueilli, au terme de cette épreuve, chez des amis dans une villa proche de Quimper, au bord de la mer à l’Ile-Tudy, où nous lui rendions visite, et où il reprit très rapidement des forces.
A partir de cet évènement nos relations devinrent plus fréquentes et des liens d’amitiés se nouèrent entre nous.
J’ai toujours les lettres qu’il m’adressait alors.
René répondait toujours présent à nos sollicitations, pour un débat, une conférence, une projection, un appel, une pétition à signer où à écrire, un conseil, une demande d’information.
En décembre 1979 avec 6 autres militants communistes je fus traduit devant le tribunal de Quimper, pour avoir avec de nombreux amis stoppé des trains afin de défendre les lignes et gares de proximité de Bretagne sud. Nous étions poursuivis au titre d’une loi de 1942 édictée pour réprimer les résistants.
René Vautier fut l’un des témoins cités par les avocats de la défense, Roland Weyl et Claude Larzul.
Il déclara sa surprise de voir traîner devant un tribunal en application d’une loi de Pétain, « un collabo condamné à mort », des jeunes qui avaient manifesté pacifiquement dans une gare alors que ses amis résistants avaient été décorés pour avoir fait sauter des trains ! Il ponctua son propos, tourné vers nous, en disant : « vous devriez être remerciés et félicités », provoquant l’ire du Procureur de la République.
Il fut également le président de mon comité de soutien lorsque je fus candidat aux élections législatives en 1988 et en 1993 dans la 1ère circonscription du Finistère.
Quelques années plus tard, alors que j’étais engagé dans des missions de solidarité aux côtés du peuple palestinien, en Israël, au Liban et en Palestine occupée, il avait évoqué le projet d’un film sur la situation dans les camps de réfugiés. Il était enthousiasmé par cette idée. Mais sa santé ne lui permit pas de la réaliser.
René Vautier s’est éteint le 4 janvier 2015 à Cancale des suites d’une maladie implacable. Il me fut demandé de prononcer une allocution lors de ses obsèques, le 8 janvier, à la Maison Funéraire de Saint-Malo. Un témoignage d’amitié de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, empêché d’être présent, fut lu lors de la cérémonie. L’Ambassadeur de la République Algérienne en France M. Amar Bendjama lut des messages du Président Abdelaziz Bouteflika ainsi que du Ministre des Moudjahidines, M. Tayeb Zitouni.
Un hommage fut rendu à René Vautier par la direction nationale du PCF, place du Colonel Fabien à Paris, les 25 et 26 mars 2016 avec la participation de l’historien Alain Ruscio, de Jean Salem (le fils d’Henri Alleg), de Dominique Noguères de la LDH, de plusieurs cinéastes. Je fus invité à témoigner lors de cet hommage sur le parcours en Bretagne de René Vautier.
René Vautier, avant d’être le cinéaste mondialement connu, avait été un jeune élève du Lycée la Tour d’Auvergne à Quimper, résistant à 15 ans.
Il avait participé, dès décembre 1940, avec son groupe des Éclaireurs de France à de nombreux actes de résistance aux nazis et à leurs collaborateurs : aide à l’évasion d’aviateurs tombés dans la région, sabotages (rail, lignes téléphoniques et électriques…), renseignements divers (notamment sur la localisation précise des blockhaus du mur de l’Atlantique).
La ville de Quimper, pour rendre hommage à ces jeunes résistants, dont René et son frère aîné Jean, a érigé en 2008 une stèle à proximité du lieu où ils avaient étudié.
À noter que le Clan des Éclaireurs de Quimper est la seule unité scout à avoir été décorée de la Croix de guerre.
En octobre 2011 René Vautier avait fait don aux archives de la ville de Quimper de divers documents cinématographiques dont l’un de ses films : « Et le mot frère, et le mot camarade » inspiré d’un poème de Paul Eluard.
Piero Rainero.
22 / 06 / 2023
Lire aussi:
Disparition de René Vautier, cinéaste militant communiste et anti-colonialiste: article du Monde
1920-2020: 100 ans d’engagements communistes en Finistère: 7/ René Vautier (1928-2015)
René Vautier, le porteur de drapeau à droite, en 1945. Le scout de Quimper a effectué de nombreuses « missions », l’année où il préparait son bac: c’était lui qui représentait le clan des Eclaireurs lors des cérémonies officielles (collection René Vautier – repris par Philippe Chapleau et l’équipe du livre « Des enfants dans la Résistance », Ouest-France)
Mai 29 2023
Décès de notre camarade Jean-Claude Le Naour, ancien élu communiste brestois – Hommage de la section de Brest du PCF, du groupe des élus communistes, et de la fédération du Finistère du PCF
C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès de notre camarade Jean-Claude Le Naour le 23 mai à l’âge de 84 ans . Cadre bancaire et syndicaliste CGT à la Banque Populaire.Jean-Claude a rejoint le parti en 1972 .Il participe à la création de la cellule Lénine sur le quartier St Martin et sera candidat du PCF à plusieurs élections cantonales et législatives.
A la création de la Communauté Urbaine de Brest il sera désigné par les élu.e.s communistes Conseiller communautaire. Après la victoire de la gauche en 1989 il sera Adjoint au Maire chargé des travaux et conseiller communautaire. De 1995 à 2001 il sera conseiller communautaire et vice président de la Communauté Urbaine de Brest en charge des mobilités.Il sera aussi président du groupe des élu.e.s communistes de 1989 à 1997.
Attaché à faire vivre le souvenir et les valeurs de la résistance il sera président du comité du souvenir des fusillés de Châteaubriant.
Fidèle dans ses convictions il sera membre du comité de soutien à Fabien Roussel.
Conformément à ses volontés, un hommage lui a été rendu dans la plus stricte intimité.
La fédération du Finistère et la section du Pays de Brest du Parti Communiste Français,le groupe des élues et élus communistes de la Ville de Brest et de Brest métropole,ainsi que le Comité brestois du Souvenir des Fusillés de Châteaubriant présentent à son fils et à toute la famille leurs sincères condoléances
Mai 24 2023
Triste nouvelle – décès de notre camarade de la section de Morlaix René Bertré
Notre camarade René BERTRE nous a quitté le mercredi 10 mai à près de 104 ans.
Les obsèques se sont déroulées dans l’intimité familiale.
J’ai eu un contact téléphonique avec sa fille adoptive pour lui présenter mes condoléances, nos condoléances.
Il s’est retiré dans le Finistère tardivement et, vu son âge, a peu participé à l’activité de notre section.
Mais il a un passé militant important (voir ci-dessous un article du Maitron, dictionnaire du mouvement ouvrier français)
Né le 26 septembre 1919 à Crespin (Nord) ; photographe puis technicien du cinéma ; militant marxiste, antifasciste puis communiste en Belgique et en France ; maire adjoint de Saint-Quentin (Aisne) de 1977 à 1983.
Fils d’Albert Bertré, herboriste, et de Anne Tellier native de Bruxelles, René Bertré avait deux frères nés en 1909 (Albert) et 1911 (Henri). Il eut à l’école de Crespin, comme instituteur, Eugène Thomas, qui fut ministre socialiste. Il vécut à Vendeuil-Caply dans l’Oise puis après l’impasse professionnelle de son père qui devint jardinier, à Bruxelles (Belgique) de 1929 à 1939. Il fréquenta l’Athénée communal d’Uccle, « véritable creuset de libres penseurs » dit-il. En 1935, il étudia le marxisme, le matérialisme dialectique et historique à de l’Université ouvrière de Bruxelles (UOB). Il suivit notamment les cours de dialectique donnés par le mathématicien Jean Gorren. Il fut dès lors, selon ses termes, un « militant pour la défense de la conception matérialiste de l’histoire, interdite à l’Université comme subversive ». Auditeur au cours du soir de l’Académie royale des Beaux-arts de Bruxelles, il dessinait et peignait des paysages et des portraits.
Militant antifasciste, soutien de l’Union soviétique et des républicains espagnols, le Pacte germano-soviétique ne modifia pas sa position vis-à-vis de l’URSS, estimant que l’échec des négociations tripartites France-Garande-Bretagne-Union soviétique incombait « à l’anticommunisme des gouvernements anglais et français ». Il revint en France en novembre 1939. En 1941, il était à Saint-Quentin où il exerça sa profession de photographe. Isolé politiquement, sans amis ni connaissances, il ne répondit à aucune des convocations allemandes pour l’organisation Todt. Il écrit : « Pendant l’occupation, j’ai été comme tous les citoyens, dans l’attente ».
En août 1944, marié à Madeleine Vrebos, il milita au Front national de Libération dirigé localement par Jean Cailluyer et par Paule Cailluyer qui devinrent ses amis. Il adhéra au PCF début 1945, milita avec Achille Borgniet et Robert Monfourny. Secrétaire de la cellule Wolf, membre du comité de section, il fut chargé de la diffusion de la presse communiste. Secrétaire du Comité de défense de l’Humanité (CDH) il vendit lui-même le journal dans la rue et au porte-à-porte jusqu’en 1977. Il écrivait des articles dans la rubrique départementale.
René Bertré s’est toujours préoccupé de la « faiblesse idéologique » des militants aussi participa-t-il aux écoles fédérales ou il enseigna les données essentielles du marxisme. En 1970, à son initiative personnelle et bénévolement, il ouvrit durant une saison un cours de sociologie et de philosophie marxiste. au premier étage du restaurant « Le Faisan doré », place de l’Hôtel de ville.
Daniel Lemeur devenu député, Émile Tournay, secrétaire fédéral et Joseph Leroux, lui demandèrent d’entrer au secrétariat de la section de Saint-Quentin et, en 1977, d’être adjoint à la mairie de la ville.
Technicien de l’industrie cinématographique, il réalisait des courts métrages destinés à l’enseignement. Il participait à des colloques sur l’homme et la nature et fonda avec Serge Boutinot, ornithologue, un Institut des sciences de l’environnement qui s’intéressait notamment à l’étude de la Réserve naturelle des marais de d’Isle de Saint-Quentin.
Approuvant le Programme commun mais réservé par rapport à son application de l’époque, réservé quant à l’abandon de la thèse de la « dictature du prolétariat », hostile à l’entrée des communiste dans les gouvernements socialistes, René Bertré, au-delà de ses cent ans, resta au Parti communiste tout en étant “critique”. Il approuva le Front de gauche, regretta son échec et se rallia avec le PCF à la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle de 2012 et 2017.
Il se retira ensuite dans le Finistère avec sa fille adoptive Sylvie Druart-Bertré.
Avr 19 2023
Mardi 18 avril 2023 – Mardi de l’éducation populaire du PCF Morlaix avec Alain Prigent sur Madeleine Marzin
Avec Alain Prigent, historien, ce mardi 18 avril, un très beau Mardi de l’éducation populaire sur l’histoire du PCF dans les années 30 et pendant l’occupation, ainsi que dans les années 50, autour des parcours de Madeleine Marzin, amie de Louis Guilloux et Renée Guilloux, institutrice rouge, résistante communiste, torturée, condamnée a mort, évadée, femme la plus recherchée de France, députée communiste du quartier de Belleville de 1951 a 1958, première présidente femme d’un groupe politique au conseil municipal de Paris (le groupe communiste bien sûr), de Francis Marzin, son frère aîné, responsable régional du PCF breton dans les années 30, qui signait les éditoriaux de la « Bretagne ouvrière, paysanne et maritime », et luttait contre les ventes-saisies de fermes de petits paysans a l’ouest de la Bretagne, mais aussi de Gustave Marzin, résistant communiste déporté, rescapé d’un terrible naufrage à la fin de la guerre, ou deux bateaux remplis de déportés ont été coulés par l’aviation anglaise dans la baie de Lubeck, avec près de 10 000 morts …
Une conférence et un livre passionnants…
Ismaël Dupont
Avr 02 2023
Mardi de l’éducation populaire – 18 avril 2023 – Conférence-débat sur Madeleine Marzin, bretonne, résistante, députée communiste du Paris populaire, avec l’historien costarmoricain Alain Prigent à Morlaix, 2 petite rue de Callac, 18h
Avr 02 2023
Exposition Willy Ronis à Pont-Aven et conférence de Renaud Faroux au port de Brigneau sur ce grand photographe humaniste compagnon de route des communistes et de L’Humanité et Regards – C’est le samedi 6 mai au matin, à l’initiative du PCF Finistère: pensez à réserver
























































































































